liquos de ce sanctuaire. Un cabinet de bois de thuya d’Algérie, une encoignure d’ébène, une table à trictrac incrus
tée, une autre en chêne sculpté, un piano droit à M. Ilerz, et deux modèles de chaises, complètent cette collection miraculeuse, et sont, comme elle, au-dessus de toute expression admirative.
Liénard, le maître à tous, le collaborateur de toutes nos illustrations industrielles, le plus grand sculpteur ornema
niste de ce siècle, n’expose pas, comme à Londres, en son nom particulier. Mais ce nom n’en remplit pas moins toute l’enceinte du Palais; il est d’abord dans l’armoire de chasse en chêne clair achetée par l’Empereur à M. Jeanselme, un vrai meuble de souverain, celui-là ; il est sur la fontaine du transept, sur les armes de luxe de nos meilleurs arquebu
siers, sur les reliures, les bijoux, les éventails les plus ad
mirés. U est dans les œuvres de ses élèves, parmi lesquels nous ne citerons que Zuloaga, le merveilleux ciseleur espa
gnol dont nous vous parlions l’autre jour; il est enfin dans les souvenirs de cette grande maison du faubourg Saint-Antoine, dont Liénard a fait la renommée, et qui, bien qu’affaiblie par sa retraite, expose encore des meubles où se tra
hissent son inspiration élevée et sa désespérante exécution.
Nous avons nommé Fossey ; sa triple armoire de chasse et de guerre est, par les deux statues et le trophée qui la dé
corent, une simple et grandiose interprétation de la devise qu’il a mise au fronton : Si vis pacem, para bellum. Sèvres a de lui la toilette dorée et sculptée de S. M. l Impéra
trice, avec cariatides, panneaux sur porcelaine et médaillon au sommet de l’armoire, un bijou de peinture et de sculp
ture; M. Mercier, tout une chambre à coucher en ébène, et M. Ple.yel un piano ; sans compter des coffrets, des mi
roirs, des nécessaires, exposés par d’autres industriels. Un de ses neveux, jeune peintre déjà remarquable, M. Félix Fossey, a exécuté les panneaux sur fond d’or du beau dres
soir de MM. Riballier et Mazaroz, dont les figures et le fronton sont loin d’être irréprochables, et rappellent trop, comme le font ailleurs les chiens assis, les quatre parties du monde et les génies plus ou moins costumés de la chasse et de la pêche, le meuble historique de Fourdinois à l’exposition de Londres.
Mais Fossey, Liénard, Fourdinois, sont déjà de vieilles gloires. Et ce que nous demandions surtout à notre expo
sition de 1855, c’était la révélation d’un talent jusqu’alors complètement inédit, d’un grand artiste, inconnu hier, et venant, dans cette magnifique série des sculpteurs sur bois, se placer, comme nous l’avons constaté dans nos comp
tes-rendus des bronzes et de l’orfèvrerie, sur la même ligne que les maîtres les plus illustres, auxquels il peut promet
tre un digne successeur. Ici encore cette joie nous a été donnée ; ici encore la décision du jury et l’acclamation de l’opinion ratifieront notre affirmation : comme initiative purement individuelle, comme perfection suprême d’exécution, comme sûreté de goût et modèle de grâce, l’Exposi
tion n’a rien qui surpasse les deux collections apportées par M. Guéret, et placées, l’une, dans la grande nef, derrière la vitrine de Tahan, et se composant de coffrets, jardiniè
res, coupes et miroirs à main ; l’autre, tout en face de Fossey, en tête de la galerie circulaire des meubles, comme un arc de triomphe devant un palais, et comprenant une armoire à fusils, chêne, ébène et tilleul, un bureau de dame en poirier, un encrier, un bénitier et un coffret. Par suite de celte distribution mal entendue, qui a déjà soulevé tant de réclamations, on n’a pas pu ou on n’a pas voulu réunir en un seul groupe ce faisceau de chefs-d’œuvre entièrement exécutés par la main qui les signe, main d’un humble ouvrier qui, il y a deux ans à peine, au moment où les gran
des maisons étaient depuis longtemps en mesure, eut l’idée lui aussi, de travailler à son compte, et, comme on dit au faubourg, de « faire quelques petites choses pour l’Exposi
tion. » fl a fait des merveilles, froidement parlant. La place nous manque pour mentionner les menues pièces étalées dans le palais central, bijoux ou plutôt dentelles de bois, où la plus exquise sculpture n’est encore que l’accessoire d’une composition et d’un dessin incomparables de verve, de sen
timent et de fraîcheur. Et quant aux deux grands meubles du Panorama, l’armoire, malgré son groupe de chiens mo
delés par Fremiel, son fronton composé d’enfants sonnant de la trompe près d’une tête de cerf, œuvre de Hugues Protat, et son panneau central, orné d’une nature morte due au ciseau si pur de M. Guéret lui-même, l’armoire s’efface pour nous devant ce bureau de dame (on devrait dire de reine, car une reine seule pourrait, non pas le payer, mais le loger dignement), dont une vigne vierge, mêlée à des vo
lubilis épanouis, entoure, caresse et couvre toute la surface de liserons, de feuilles et de bourgeons, monte des pieds au sommet, où un adorable enfant vient de surprendre un nid,
duquel, — idée charmante et simple, — un pauvre petit oiseau est tombé sur la table, où deux autres enfants se disputent sa prise1. Mouvement, vie, jeunesse, tout est là, et la sculpture est si fouillée et si ferme, le dessin si correct dans ses ondulations capricieuses, la végétation si luxu
riante et si harmonieuse, les moindres détails si prodigieu
sement traités qu’on ne voit plus ni le travail, ni l’art, ni la main, ni la pensée. Voilà line œuvre, voilà un maître, voilà l’Exposition comme nous l’avons voulue.
Un homme aussi qui expose pour la première fois, et qui nous paraît appelé au plus bel avenir, c’est M. Roudillon,
auteur d’une cheminée en chêne dans le plus large style Louis xrv, de deux meubles en bois de rose et en palissan
dre, et d’une console destinée à la dorure, tous tracés et exécutés avec une ampleur magistrale, une simplicité de composition et une habileté de sculpture des plus remarquables.
M. Barbedienne, le plus intelligent des commerçants de Paris, s’est élevé dans la Rotonde une chapelle consacrée à l’ébénisterie, et digne en tout point de son lumineux tro
splendide bibliothèque noire à deux corps, dessinée par Clesinger, et revêtue et couronnée de ces diamants de la sta
tuaire qui s’appellent les bas-reliefs de Ghiberti et le Pen
seroso de Michel-Ange. Il donne cette année, pour pendant à ce chef-d’œuvre, un dressoir eu noyer, pure Renaissance, enrichi des bas-reliefs de Lucca délia liobbia, des deux es
claves du Buonarotti et de deux des figures couchées du tombeau des Médicis ; un architecte d’avenir, M. Manguin, a conçu le dessin et dirigé l’exécution de cette œuvre de liant gofit, de grand prix et d’inappréciable ornementation, qui est incontestablement l’une des perles de l’Exposition.
De tous les meubles de l’importante maison Grohé frères, nous préférons un bureau-ministre, simple, correct, sévère
ment orné, vrai type de lionne el sérieuse fabrication, ne sacrifiant pas aux recherches de style et d’école que nous remarquons dans leurs autres produits, et qui cadrent mal avec les proportions un peu mesquines des modèles. Liénard n’est plus là : jusqu’à ce que MM. Grohé l’aient remplacé, — ce qui sera difficile, — nous leur conseillons de s’en te
nir à l’industrie proprement dite plutôt qu’à l’ébénisterie d’art.
Les coffrets et les petits meubles ont fait à M. Tahan une réputation si légitime et si élevée que nous avons craint un moment de lui voir compromettre dans les grandes entre
prises cette supériorité que nul ne lui conteste : il n’en a rien été. Sa belle armoire en acajou, Louis XVI, avec ornements de bronze doré, dont le fond, chef-d’œuvre de marqueterie ingénieuse et hardie, est malheureusement la par
tie qui ne doit pas se voir quand les rayons seront garnis ;
sa ravissante volière-jardinière, dont le corps principal est un peu écrasé peut-être par les accessoires, mais qui rachète ce défaut, facile à réparer, par une richesse de dé
tails et une légèreté de tournure extraordinaires ; son gué
ridon incrusté de porcelaines, son meuble de cabinet, son bureau de dame et toutes ces délicieuses fantaisies qui ont tant de vogue, lui font le plus grand honneur et témoignent autant de son goût que du talent d’Eugène Cornu, son dessinateur principal.-
M. Cremer est le prince de la marqueterie, comparable, sous sa main, à la plus fine peinture. Il se borne à compo
ser ses panneaux au moyen de procédés à la fois artistiques el galvanoplastiques, et les livre ensuite aux fabricants de meubles qui les emploient comme ils l’entendent. Le pin
ceau le plus exact n’eût rien produit de semblable à un pe
il faut toucher et regarder à la loupe pour reconnaître que c’est du bois incrusté. L’armoire qu’il expose et le billard de M. Cosson offrent d’autres spécimens non moins parfaits du grave et consciencieux talent de M. Cremer, à côté de qui figurent dignement, dans la même spécialité, MM.Hoefer, Wasmuss, Marcelin et M. Rivard, inventeur de l’incrus
tation de porcelaine peinte et découpée dans le bois et le marbre.
notons aussi les meubles à usage, solides, élégants et économiques, que M. Beaufils, de Bordeaux, fabrique pour l’exportation et qui, par l’heureux choix de leurs bois et de leurs placages, résistent aux chaleurs tropicales et aux in
tempéries des traversées; — les meubles en érable de M. Vieux ; — le joli dressoir de MM. Viardot; — les « bon
heurs du jour, » tables à ouvrage et incrustées, jardinières, étagères et fantaisies de MM. GirouX, Audot et Gradé; —
les beaux travaux en imitation de laque de M e veuve Osmont; ·— les lits somptueux de MM. Osmont, lioll et Dagrin, et Philippe; — les meubles en fer de MM. Dupont, lluret et Tronchon , — et enfin les innombrables et super
bes applications de nos bois d’Algérie, gloire toute spéciale de cette Exposition, en tête desquels l’admirable thuya,
traité, par presque tous nos premiers industriels en grands et petits meubles, a conquis déjà la vogue la plus considérable et la plus méritée. L’acajou n’est plus qu’un souvenir.
Le bilan de Pébénislerie étrangère ne saurait être long : les seuls beaux meubles qu’elle exhibe sont de reproduc
tion ou d’exécution françaises. Londres ouvre la série par une superbe toilel te-console en bois de rose et marqueterie, avec figurines debronze doré et glace dans son cadre sculpté, qu’un artiste français, M. Eugène Prigneaux, ancien contre-maître de Fourdinois, a dessinée et exécutée. MM. Trollope et Hol
land exposent un bureau, une bibliothèque, une armoire à glace dont on ne peut comprendre le style et admirer le mérite qu’en se reportant par la pensée aux intérieurs con
fortables et grandiosement bourgeois de nos voisins et amis ; puis viennent les meubles gothiques, octogones, massifs, cyclopéens de la consommation courante et de la fabrication mécanique, en noyer, en tilleul, en tulipier, en syco
more ; puis la curieuse collection des colonies anglaises : Van-Diémen avec ses meubles en bois de musc, Sydney avec sa bibliothèque en bois de rose indigène, le Canada avec ses chaises sculptées, recouvertes et brodées de poil
d’orignal, et enfin et surtout l’Inde, la merveilleuse et naïvement fantastique patrie des sculptures incroyables et des incrustations dessinées par des artistes ivres d’opium,
— sophas, fauteuils et dressoirs en bois de fer et en ébène massifs, tables d’ivoire et de sandal, échiquiers qu’on prendrait pour des écrins, meubles de laque, de cristal, de jade,
de calcédoine, d’agate, d’argent et d’or, en dehors de toute assimilation pour les gens du métier, mais au delà de toute admiration pour les amateurs et les poètes.
A propos de parquets en mosaïque, nous retrouvons encore M. Cremer, avec une exposition d’échantillons qui dé
passe tout ce qu’on a tenté jusqu’ici. M. Cremer n’est pas l’inventeur de ce système; mais on ne pouvait pas s’adresser mieux qu’à lui pour réaliser avec un art et un goût in
finis un placage qui affecte les dessins les plus riches, et dont le prix de revient est au-dessous de tout ce qu’on a fait avant lui, sans compter que le parquet stéréotique, — c’est le nom qu’on donne à celui-ci, — est en même temps propre à être employé en panneaux, et même en plafonds.
La Hollande a droit à deux mentions des plus honorables, d’abord pour ses fonts baptismaux et chaires gothiques de Ruremonde et de Bois-le-Duc, qui sont les plus belles de l’Exposition, et qui ne coûtent pas cher, — puis pour ses charmantes imitations de laques du Japon, dignes de rivali
ser avec, les laques véritables dont elle est la marchande authentique, honnête et consacrée.
de marqueterie, et enfin des meubles à combinaison et à cachettes, qui ne valent pas ses parquets en mosaïque de bois.
Rome, la Toscane et le Piémont maintiennent, par des spécimens fort curieux, leurs spécialités de meubles incrustés, œuvres de patience fabuleuse, de goût douteux, de for
mes vieillies, mais de travail infiniment exagéré au point de vue de l’exécution : ce sont des tableaux plutôt que des meubles. L’Espagne les imite avec assez peu de bonheur, et intitule cette fabrication du nom assez étrange de genre- Boule.
L’Autriche, dont l’ébénisterie fit une si grande sensation à l’Exposition de Londres, n’a de remarquable ici que les sièges en bois ployé etsarmenté de M. Thonnet, de Vienne. — La Suède apporte ses fauteuils-balançoires, et ses singu
liers meubles incrustés de mousse d’arbre, de pierres, de pommes de pin et d’écorce de bouleau; — la Norwégé, des chaises taillées dans un tronc d’arbre ; —la Suisse, la Prusse, le Danemark et les Etats-Unis d’Amérique, rien. Bien, pour nous, veut dire rien qui vaille une citation.
Les sculptures et œuvres plastiques de toute nature, la tabletterie, l’ivoirerie, les cadres, les papiers peints, les stores et les travaux divers de décoration et d’ameublement feront le sujet de. notre, prochain article.
Ch.-P. Magne.
(La suite au prochain numéro.)
Nous recevons, un peut tard pour l’examiner avec toute l’attention qu’il mériterait, le livre par lequel un de nos bons poètes et de nos prosateurs distingués, M. Maxime Du Camp, a payé également son tribut aux splendeurs de l’Exposition actuelle. Cet ouvrage considérable et important a pour titre : Les Beaux-Arts à L’Exposition universelle de 1855. On y retrouve toutes les qualités élevées et sérieuses qui distinguent le talent de l’auteur. Nous ne pro
fessons pas toutes les opinions artistiques de Μ. M. Du Camp, et il nous est arrivé, notamment à l’égard de M. Eu
gène Delacroix, qu’il maltraite fort, précisément le contraire des impressions qu’en a d’abord reçues notre confrère, et qui ensuite se sont modifiées dans son esprit. Nous avons été tort longtemps sans pouvoir comprendre M. Delacroix : sa peinture nous repoussait, et l’incorrection parfois si ou
trée de son dessin, qu’on la dirait voulue, nous ôtait tout courage pour admirer les qualités. Les défauts demeurent les mêmes sans doute; mais les beautés nous sont appa
rues si saillantes, si poétiques, si originales à l’Exposition actuelle, que nous nous sommes converti, malgré nous, non point au culte, non point au fanatisme des chevelus de l’é
cole, mais à une grande et sincère admiration pour M. É. Delacroix, à nos yeux le roi du Salon, et sans conteste pos
sible. La métamorphose inverse s’est produite cbez M. Du Camp : la nôtre propre nous défend absolument de l’en blâmer. Nous ne savons, au contraire, rien de plus respectable et de plus digne que l’aveu de ce qu’on croit une erreur. M. Du Camp n’en est pas à nous donner pour la pre
mière fois de ces bons et salutaires exemples. Nous l’eu remercions au nom de la franchise, si souvent outragée, dé
primée par l’orgueil et l’entêtement endémiques. Qu’il se défie, toutefois d’un peu de passion qui peut-être contribue à entretenir cbez lui ces mouvements oscillatoires. La passion est une grande, et belle, et sainte chose. Elle est né
cessaire dans les arts ; mais c’est elle qui, non suffisamment réglée, égare trop souvent, en croyant la conduire, la main
de M. Delacroix, et lui fait commettre ces fautes qui nous ont tant choqué, et que lui reproche un peu trop sévère
ment, selon nous, M. Du Camp. Livre d’ailleurs bien fait, très-approfondi, plein de. science et de conscience.
F. Mornand.
Prise de Malakoff.
Un peu avant midi, toutes les troupes étaient parfaitement en ordre sur les points indiqués, et les autres dispositions .étaient ponc
tuellement exécutées Le général de Salles était prêt. ; te général Bosquet était au poste de combat qu’il avait choisi dans la 6e parallèle, et le maréchal Pélissier lui-même était arrivé, avec les géné
raux Thiry, de l’artillerie ; Miel, du génie, et de Martimprey, chef d’état-major général, à la redoute Brandon, que le maréchal avait prise pour quartier général.
Les montres avaient été réglées. A. midi juste, toutes nos batteries cessèrent de tonner pour reprendre un tir plus allongé sur les réserves de l’ennemi. A la voix de leurs chefs, les divisions de Mac- Matin i, Dulac et de ia Motterouge sortent des tranchées. Les tam
bours et les clairons battent et sonnent la charge, et, au cri de ·, Vive l’empereur ! mille fois répété sur toute la ligne, nos intrépides soldats se précipitent sur les défenses de l’ennemi. Ce fût un moment solennel.
La lre brigade de la division Mac-Mahon, le 1er de zouaves en tête, suivi du 7e de ligne, ayant à sa gauche le 4 chasseurs à pied, s’élance contre la lace gauche et le saillant de l’ouvrage Maiskoff.
La largeur et la profondeur du fossé , la hauteur et l’escarpement des talus rendent l’ascension extrêmement difficile pour nos hom
mes ; mais enfin ils parviennent sur le parapet, garni de Russes qui se font tuer sur place, et. qui, à défaut de fusil, se font armes de pio
ches, de pierres, d’écouvilkms, de tout ce qu’ils trouvent sous leur main. Il y eut là une lutte corps à corps, un de ces combats émouvants dans lequel l’intrépidité de nos soldats et de leurs chefs pou
vait seule leur donner le dessus. Ils sautent aussitôt dans l’ouvrage,
refoulent les Russes qui continuent de résister, et, peu d’instants après, le drapeau de la France était planté sur Malakoff pour ne plus en être arraché.
tée, une autre en chêne sculpté, un piano droit à M. Ilerz, et deux modèles de chaises, complètent cette collection miraculeuse, et sont, comme elle, au-dessus de toute expression admirative.
Liénard, le maître à tous, le collaborateur de toutes nos illustrations industrielles, le plus grand sculpteur ornema
niste de ce siècle, n’expose pas, comme à Londres, en son nom particulier. Mais ce nom n’en remplit pas moins toute l’enceinte du Palais; il est d’abord dans l’armoire de chasse en chêne clair achetée par l’Empereur à M. Jeanselme, un vrai meuble de souverain, celui-là ; il est sur la fontaine du transept, sur les armes de luxe de nos meilleurs arquebu
siers, sur les reliures, les bijoux, les éventails les plus ad
mirés. U est dans les œuvres de ses élèves, parmi lesquels nous ne citerons que Zuloaga, le merveilleux ciseleur espa
gnol dont nous vous parlions l’autre jour; il est enfin dans les souvenirs de cette grande maison du faubourg Saint-Antoine, dont Liénard a fait la renommée, et qui, bien qu’affaiblie par sa retraite, expose encore des meubles où se tra
hissent son inspiration élevée et sa désespérante exécution.
Nous avons nommé Fossey ; sa triple armoire de chasse et de guerre est, par les deux statues et le trophée qui la dé
corent, une simple et grandiose interprétation de la devise qu’il a mise au fronton : Si vis pacem, para bellum. Sèvres a de lui la toilette dorée et sculptée de S. M. l Impéra
trice, avec cariatides, panneaux sur porcelaine et médaillon au sommet de l’armoire, un bijou de peinture et de sculp
ture; M. Mercier, tout une chambre à coucher en ébène, et M. Ple.yel un piano ; sans compter des coffrets, des mi
roirs, des nécessaires, exposés par d’autres industriels. Un de ses neveux, jeune peintre déjà remarquable, M. Félix Fossey, a exécuté les panneaux sur fond d’or du beau dres
soir de MM. Riballier et Mazaroz, dont les figures et le fronton sont loin d’être irréprochables, et rappellent trop, comme le font ailleurs les chiens assis, les quatre parties du monde et les génies plus ou moins costumés de la chasse et de la pêche, le meuble historique de Fourdinois à l’exposition de Londres.
Mais Fossey, Liénard, Fourdinois, sont déjà de vieilles gloires. Et ce que nous demandions surtout à notre expo
sition de 1855, c’était la révélation d’un talent jusqu’alors complètement inédit, d’un grand artiste, inconnu hier, et venant, dans cette magnifique série des sculpteurs sur bois, se placer, comme nous l’avons constaté dans nos comp
tes-rendus des bronzes et de l’orfèvrerie, sur la même ligne que les maîtres les plus illustres, auxquels il peut promet
tre un digne successeur. Ici encore cette joie nous a été donnée ; ici encore la décision du jury et l’acclamation de l’opinion ratifieront notre affirmation : comme initiative purement individuelle, comme perfection suprême d’exécution, comme sûreté de goût et modèle de grâce, l’Exposi
tion n’a rien qui surpasse les deux collections apportées par M. Guéret, et placées, l’une, dans la grande nef, derrière la vitrine de Tahan, et se composant de coffrets, jardiniè
res, coupes et miroirs à main ; l’autre, tout en face de Fossey, en tête de la galerie circulaire des meubles, comme un arc de triomphe devant un palais, et comprenant une armoire à fusils, chêne, ébène et tilleul, un bureau de dame en poirier, un encrier, un bénitier et un coffret. Par suite de celte distribution mal entendue, qui a déjà soulevé tant de réclamations, on n’a pas pu ou on n’a pas voulu réunir en un seul groupe ce faisceau de chefs-d’œuvre entièrement exécutés par la main qui les signe, main d’un humble ouvrier qui, il y a deux ans à peine, au moment où les gran
des maisons étaient depuis longtemps en mesure, eut l’idée lui aussi, de travailler à son compte, et, comme on dit au faubourg, de « faire quelques petites choses pour l’Exposi
tion. » fl a fait des merveilles, froidement parlant. La place nous manque pour mentionner les menues pièces étalées dans le palais central, bijoux ou plutôt dentelles de bois, où la plus exquise sculpture n’est encore que l’accessoire d’une composition et d’un dessin incomparables de verve, de sen
timent et de fraîcheur. Et quant aux deux grands meubles du Panorama, l’armoire, malgré son groupe de chiens mo
delés par Fremiel, son fronton composé d’enfants sonnant de la trompe près d’une tête de cerf, œuvre de Hugues Protat, et son panneau central, orné d’une nature morte due au ciseau si pur de M. Guéret lui-même, l’armoire s’efface pour nous devant ce bureau de dame (on devrait dire de reine, car une reine seule pourrait, non pas le payer, mais le loger dignement), dont une vigne vierge, mêlée à des vo
lubilis épanouis, entoure, caresse et couvre toute la surface de liserons, de feuilles et de bourgeons, monte des pieds au sommet, où un adorable enfant vient de surprendre un nid,
duquel, — idée charmante et simple, — un pauvre petit oiseau est tombé sur la table, où deux autres enfants se disputent sa prise1. Mouvement, vie, jeunesse, tout est là, et la sculpture est si fouillée et si ferme, le dessin si correct dans ses ondulations capricieuses, la végétation si luxu
riante et si harmonieuse, les moindres détails si prodigieu
sement traités qu’on ne voit plus ni le travail, ni l’art, ni la main, ni la pensée. Voilà line œuvre, voilà un maître, voilà l’Exposition comme nous l’avons voulue.
Un homme aussi qui expose pour la première fois, et qui nous paraît appelé au plus bel avenir, c’est M. Roudillon,
auteur d’une cheminée en chêne dans le plus large style Louis xrv, de deux meubles en bois de rose et en palissan
dre, et d’une console destinée à la dorure, tous tracés et exécutés avec une ampleur magistrale, une simplicité de composition et une habileté de sculpture des plus remarquables.
M. Barbedienne, le plus intelligent des commerçants de Paris, s’est élevé dans la Rotonde une chapelle consacrée à l’ébénisterie, et digne en tout point de son lumineux tro
phée de bronzes du transept. Il a rapporté de Londres sa
splendide bibliothèque noire à deux corps, dessinée par Clesinger, et revêtue et couronnée de ces diamants de la sta
tuaire qui s’appellent les bas-reliefs de Ghiberti et le Pen
seroso de Michel-Ange. Il donne cette année, pour pendant à ce chef-d’œuvre, un dressoir eu noyer, pure Renaissance, enrichi des bas-reliefs de Lucca délia liobbia, des deux es
claves du Buonarotti et de deux des figures couchées du tombeau des Médicis ; un architecte d’avenir, M. Manguin, a conçu le dessin et dirigé l’exécution de cette œuvre de liant gofit, de grand prix et d’inappréciable ornementation, qui est incontestablement l’une des perles de l’Exposition.
De tous les meubles de l’importante maison Grohé frères, nous préférons un bureau-ministre, simple, correct, sévère
ment orné, vrai type de lionne el sérieuse fabrication, ne sacrifiant pas aux recherches de style et d’école que nous remarquons dans leurs autres produits, et qui cadrent mal avec les proportions un peu mesquines des modèles. Liénard n’est plus là : jusqu’à ce que MM. Grohé l’aient remplacé, — ce qui sera difficile, — nous leur conseillons de s’en te
nir à l’industrie proprement dite plutôt qu’à l’ébénisterie d’art.
Les coffrets et les petits meubles ont fait à M. Tahan une réputation si légitime et si élevée que nous avons craint un moment de lui voir compromettre dans les grandes entre
prises cette supériorité que nul ne lui conteste : il n’en a rien été. Sa belle armoire en acajou, Louis XVI, avec ornements de bronze doré, dont le fond, chef-d’œuvre de marqueterie ingénieuse et hardie, est malheureusement la par
tie qui ne doit pas se voir quand les rayons seront garnis ;
sa ravissante volière-jardinière, dont le corps principal est un peu écrasé peut-être par les accessoires, mais qui rachète ce défaut, facile à réparer, par une richesse de dé
tails et une légèreté de tournure extraordinaires ; son gué
ridon incrusté de porcelaines, son meuble de cabinet, son bureau de dame et toutes ces délicieuses fantaisies qui ont tant de vogue, lui font le plus grand honneur et témoignent autant de son goût que du talent d’Eugène Cornu, son dessinateur principal.-
M. Cremer est le prince de la marqueterie, comparable, sous sa main, à la plus fine peinture. Il se borne à compo
ser ses panneaux au moyen de procédés à la fois artistiques el galvanoplastiques, et les livre ensuite aux fabricants de meubles qui les emploient comme ils l’entendent. Le pin
ceau le plus exact n’eût rien produit de semblable à un pe
tit tableau où il a représenté le VIoine priant de Zurbaran ;
il faut toucher et regarder à la loupe pour reconnaître que c’est du bois incrusté. L’armoire qu’il expose et le billard de M. Cosson offrent d’autres spécimens non moins parfaits du grave et consciencieux talent de M. Cremer, à côté de qui figurent dignement, dans la même spécialité, MM.Hoefer, Wasmuss, Marcelin et M. Rivard, inventeur de l’incrus
tation de porcelaine peinte et découpée dans le bois et le marbre.
notons aussi les meubles à usage, solides, élégants et économiques, que M. Beaufils, de Bordeaux, fabrique pour l’exportation et qui, par l’heureux choix de leurs bois et de leurs placages, résistent aux chaleurs tropicales et aux in
tempéries des traversées; — les meubles en érable de M. Vieux ; — le joli dressoir de MM. Viardot; — les « bon
heurs du jour, » tables à ouvrage et incrustées, jardinières, étagères et fantaisies de MM. GirouX, Audot et Gradé; —
les beaux travaux en imitation de laque de M e veuve Osmont; ·— les lits somptueux de MM. Osmont, lioll et Dagrin, et Philippe; — les meubles en fer de MM. Dupont, lluret et Tronchon , — et enfin les innombrables et super
bes applications de nos bois d’Algérie, gloire toute spéciale de cette Exposition, en tête desquels l’admirable thuya,
traité, par presque tous nos premiers industriels en grands et petits meubles, a conquis déjà la vogue la plus considérable et la plus méritée. L’acajou n’est plus qu’un souvenir.
Le bilan de Pébénislerie étrangère ne saurait être long : les seuls beaux meubles qu’elle exhibe sont de reproduc
tion ou d’exécution françaises. Londres ouvre la série par une superbe toilel te-console en bois de rose et marqueterie, avec figurines debronze doré et glace dans son cadre sculpté, qu’un artiste français, M. Eugène Prigneaux, ancien contre-maître de Fourdinois, a dessinée et exécutée. MM. Trollope et Hol
land exposent un bureau, une bibliothèque, une armoire à glace dont on ne peut comprendre le style et admirer le mérite qu’en se reportant par la pensée aux intérieurs con
fortables et grandiosement bourgeois de nos voisins et amis ; puis viennent les meubles gothiques, octogones, massifs, cyclopéens de la consommation courante et de la fabrication mécanique, en noyer, en tilleul, en tulipier, en syco
more ; puis la curieuse collection des colonies anglaises : Van-Diémen avec ses meubles en bois de musc, Sydney avec sa bibliothèque en bois de rose indigène, le Canada avec ses chaises sculptées, recouvertes et brodées de poil
d’orignal, et enfin et surtout l’Inde, la merveilleuse et naïvement fantastique patrie des sculptures incroyables et des incrustations dessinées par des artistes ivres d’opium,
— sophas, fauteuils et dressoirs en bois de fer et en ébène massifs, tables d’ivoire et de sandal, échiquiers qu’on prendrait pour des écrins, meubles de laque, de cristal, de jade,
de calcédoine, d’agate, d’argent et d’or, en dehors de toute assimilation pour les gens du métier, mais au delà de toute admiration pour les amateurs et les poètes.
A propos de parquets en mosaïque, nous retrouvons encore M. Cremer, avec une exposition d’échantillons qui dé
passe tout ce qu’on a tenté jusqu’ici. M. Cremer n’est pas l’inventeur de ce système; mais on ne pouvait pas s’adresser mieux qu’à lui pour réaliser avec un art et un goût in
finis un placage qui affecte les dessins les plus riches, et dont le prix de revient est au-dessous de tout ce qu’on a fait avant lui, sans compter que le parquet stéréotique, — c’est le nom qu’on donne à celui-ci, — est en même temps propre à être employé en panneaux, et même en plafonds.
La Hollande a droit à deux mentions des plus honorables, d’abord pour ses fonts baptismaux et chaires gothiques de Ruremonde et de Bois-le-Duc, qui sont les plus belles de l’Exposition, et qui ne coûtent pas cher, — puis pour ses charmantes imitations de laques du Japon, dignes de rivali
ser avec, les laques véritables dont elle est la marchande authentique, honnête et consacrée.
La Belgique, apporte, aussi de, belles sculptures ecclésiastiques, d’un bon marché étonnant ; puis une bibliothèque
de marqueterie, et enfin des meubles à combinaison et à cachettes, qui ne valent pas ses parquets en mosaïque de bois.
Rome, la Toscane et le Piémont maintiennent, par des spécimens fort curieux, leurs spécialités de meubles incrustés, œuvres de patience fabuleuse, de goût douteux, de for
mes vieillies, mais de travail infiniment exagéré au point de vue de l’exécution : ce sont des tableaux plutôt que des meubles. L’Espagne les imite avec assez peu de bonheur, et intitule cette fabrication du nom assez étrange de genre- Boule.
L’Autriche, dont l’ébénisterie fit une si grande sensation à l’Exposition de Londres, n’a de remarquable ici que les sièges en bois ployé etsarmenté de M. Thonnet, de Vienne. — La Suède apporte ses fauteuils-balançoires, et ses singu
liers meubles incrustés de mousse d’arbre, de pierres, de pommes de pin et d’écorce de bouleau; — la Norwégé, des chaises taillées dans un tronc d’arbre ; —la Suisse, la Prusse, le Danemark et les Etats-Unis d’Amérique, rien. Bien, pour nous, veut dire rien qui vaille une citation.
Les sculptures et œuvres plastiques de toute nature, la tabletterie, l’ivoirerie, les cadres, les papiers peints, les stores et les travaux divers de décoration et d’ameublement feront le sujet de. notre, prochain article.
Ch.-P. Magne.
(La suite au prochain numéro.)
Nous recevons, un peut tard pour l’examiner avec toute l’attention qu’il mériterait, le livre par lequel un de nos bons poètes et de nos prosateurs distingués, M. Maxime Du Camp, a payé également son tribut aux splendeurs de l’Exposition actuelle. Cet ouvrage considérable et important a pour titre : Les Beaux-Arts à L’Exposition universelle de 1855. On y retrouve toutes les qualités élevées et sérieuses qui distinguent le talent de l’auteur. Nous ne pro
fessons pas toutes les opinions artistiques de Μ. M. Du Camp, et il nous est arrivé, notamment à l’égard de M. Eu
gène Delacroix, qu’il maltraite fort, précisément le contraire des impressions qu’en a d’abord reçues notre confrère, et qui ensuite se sont modifiées dans son esprit. Nous avons été tort longtemps sans pouvoir comprendre M. Delacroix : sa peinture nous repoussait, et l’incorrection parfois si ou
trée de son dessin, qu’on la dirait voulue, nous ôtait tout courage pour admirer les qualités. Les défauts demeurent les mêmes sans doute; mais les beautés nous sont appa
rues si saillantes, si poétiques, si originales à l’Exposition actuelle, que nous nous sommes converti, malgré nous, non point au culte, non point au fanatisme des chevelus de l’é
cole, mais à une grande et sincère admiration pour M. É. Delacroix, à nos yeux le roi du Salon, et sans conteste pos
sible. La métamorphose inverse s’est produite cbez M. Du Camp : la nôtre propre nous défend absolument de l’en blâmer. Nous ne savons, au contraire, rien de plus respectable et de plus digne que l’aveu de ce qu’on croit une erreur. M. Du Camp n’en est pas à nous donner pour la pre
mière fois de ces bons et salutaires exemples. Nous l’eu remercions au nom de la franchise, si souvent outragée, dé
primée par l’orgueil et l’entêtement endémiques. Qu’il se défie, toutefois d’un peu de passion qui peut-être contribue à entretenir cbez lui ces mouvements oscillatoires. La passion est une grande, et belle, et sainte chose. Elle est né
cessaire dans les arts ; mais c’est elle qui, non suffisamment réglée, égare trop souvent, en croyant la conduire, la main
de M. Delacroix, et lui fait commettre ces fautes qui nous ont tant choqué, et que lui reproche un peu trop sévère
ment, selon nous, M. Du Camp. Livre d’ailleurs bien fait, très-approfondi, plein de. science et de conscience.
F. Mornand.
Prise de Malakoff.
Un peu avant midi, toutes les troupes étaient parfaitement en ordre sur les points indiqués, et les autres dispositions .étaient ponc
tuellement exécutées Le général de Salles était prêt. ; te général Bosquet était au poste de combat qu’il avait choisi dans la 6e parallèle, et le maréchal Pélissier lui-même était arrivé, avec les géné
raux Thiry, de l’artillerie ; Miel, du génie, et de Martimprey, chef d’état-major général, à la redoute Brandon, que le maréchal avait prise pour quartier général.
Les montres avaient été réglées. A. midi juste, toutes nos batteries cessèrent de tonner pour reprendre un tir plus allongé sur les réserves de l’ennemi. A la voix de leurs chefs, les divisions de Mac- Matin i, Dulac et de ia Motterouge sortent des tranchées. Les tam
bours et les clairons battent et sonnent la charge, et, au cri de ·, Vive l’empereur ! mille fois répété sur toute la ligne, nos intrépides soldats se précipitent sur les défenses de l’ennemi. Ce fût un moment solennel.
La lre brigade de la division Mac-Mahon, le 1er de zouaves en tête, suivi du 7e de ligne, ayant à sa gauche le 4 chasseurs à pied, s’élance contre la lace gauche et le saillant de l’ouvrage Maiskoff.
La largeur et la profondeur du fossé , la hauteur et l’escarpement des talus rendent l’ascension extrêmement difficile pour nos hom
mes ; mais enfin ils parviennent sur le parapet, garni de Russes qui se font tuer sur place, et. qui, à défaut de fusil, se font armes de pio
ches, de pierres, d’écouvilkms, de tout ce qu’ils trouvent sous leur main. Il y eut là une lutte corps à corps, un de ces combats émouvants dans lequel l’intrépidité de nos soldats et de leurs chefs pou
vait seule leur donner le dessus. Ils sautent aussitôt dans l’ouvrage,
refoulent les Russes qui continuent de résister, et, peu d’instants après, le drapeau de la France était planté sur Malakoff pour ne plus en être arraché.