Après avoir lu l homélie du P. Ventura, nos belles dames vont se faire coiffer, rue de la Paix, chezM“e Mélanie Brun.
Comme il n’est pas question de la coiffure dans le sermon, elles en concluent, sans doute, que le révérend Père auto
rise un luxe qui s’accommode en effet de toutes les parures, y compris la robe de la grâce, mais qui complète encore mieux les riches toilettes dont l’Inde et l’industrie lyonnaise fournissent les éléments aux ingénieuses artistes de la mode.
Prêchez donc la simplicité à toutes ces filles d’Eve que tente incessamment le démon industriel, lorsqu’on peut voir d’ail
leurs à l’Exposition universelle tous les ingrédients d’une toilette de luxe, et ces objets ne coûtent guère que la peine de les porter ; leur bas prix est incroyable. Il y a des robes presque en soie à six francs, des chapeaux à plumes aussi économiques, et des bottines à vingt-neuf sous dans les
quelles un pied féminin se trouve fort à l’aise. Quant aux vêtements masculins, comment ne pas se sentir un peu hu
milié devant tant de mannequins si bien habillés pour dix francs, tout compris. Même bon marché pour une foule d’ustensiles de ménage qu’on ne voit que là et dans J’éta
lage des boutiques à quatre sous; on y trouve jusqu’à des verres à vin de Champagne à l’usage de ceux qui a en boi
vent jamais. Ah ! les pauvres ouvriers de tant d’ouvrages au rabais, que gagnez-vous donc à ce métier? les moyens de vivre au rabais, tout au plus. Mais la conversation devient trop grave, passons à quelque chose de plus réjouissant.
Un savant vient de découvrir que le monde finira en 1865; c’est un peu vague, et ce docteur devrait préciser le jour et l’heure de ce spectacle extraordinaire que sa science veut bien nous promettre. Ses preuves, du reste, sont à la hauteur de son pronostic. Il a vu des taches dans la lune ; et les procédés du soleil ne lui inspirent aucune confiance.
La terre d’ailleurs n’est-elle pas très-malade? El qu est-ce que la guerre, la disette et la peste enfin, sinon les symptômes d’une dissolution prochaine? Dans cette débâcle universelle, un seul coin du monde sera sauvé. C’est Γ Angleterre qui surnagera, comme un grand vaisseau qu’elle est, et comme l’arche de Noé qui recueillit jadis les débris du genre humain. Le moment est donc venu d’organiser les plus puissants moyens de sauvetage clans son île flottante, en la mettant à même de tendre la perche au reste des hommes. On voit que la découverte du docteur remonte au dé


luge, et elle n’en est que plus respectable. Supposez pour


tant que son information s’ébruite, et voilà le monde entier qui va se ruer sur l’Angleterre, au risque de la faire chavi
rer. Un autre savant, dont les visions sont moins inquiétantes, veut absolument changer la mécanique céleste, le système de Copernic, démontré par Newton, lui paraît insuffi
sant. Il veut bien que la terre tourne encore, mais à condi
tion que, de son côté, Iè soleil tournera toujours. Mais voyez la prévention, l’Académie, sommée par M. Charles-Emma
nuel d’avoir à s’expliquer avec lui sur ce sujet brûlant, ne daigne pas s’en occuper. Elle a arrêté le soleil comme Josué, et elle n’entend plus qu’il bouge de place. On ne peut nier cependant que, malgré ses allures aventureuses, la pro


position de M. Charles-Emmanuel n’ait quelque chose de


très-sérieux, et d’ailleurs il a pour lui l’autorité du plus grand des géomètres, celle de Pascal, qui, dans une phrase célèbre, a peint le soleil se mouvant dans les espaces infi
nis. Il est vrai que les trouvailles des illustres membres de l’Académie lui donnent trop d’occupation pour qu’elle puisse perdre son temps à écouter le premier venu qui n’en est pas.
La science a, comme les théâtres, son feuilleton du lundi, qu’il est essentiel de meubler de choses mémorables. Il s’a­
git bien d’ailleurs des rêveries d’un astronome, lorsque le prince de nos savants vient de doter le monde d’un nouveau prodige de la chimie. Oui, pour que tout le monde le sache, l’eau de savon est mortel aux punaises (pouah!) et l’bumanité souffrante doit ce bienfait à M. le baron Thénard, lequel, aux applaudissements de ses confrères, vient de le li
vrer au public avec la manière de s’en servir. « Les doigts humectés de savon, vous décrivez un cercle sur le fond d’une assiette, puis, saisissant l’horrible insecte, vous le placez au centre, et à l’instant même il tombe pour ne plus se relever. » C’est foudroyant — je parle de la démonstra
tion. — Mais que dira Coilinet, un grand chimiste en plein vent, qui colportait son élixir avec accompagnement de grosse caisse? L’autre jour encore, il en criait les proprié
tés aux oreilles de son auditoire dans les termes suivants, que nous certifions conformes à l’original : « Dès que vpus tenez l’ennemi de votre repos, vous lui versez sur le crâne une goutte de mon élixir, et au bout de quelques secondes vous le voyez expirer dans des convulsions. » Or i’élixir de Coilinet, c’est précisément l’eau de savon de M. le baron Thénard.
Hélas, et trois fois hélas ! nous disait hier un humoriste, grand louangeur du temps passé, la science se décourage depuis que le charlatanisme s’est mis à opérer sous ses en
seignes; elle lui livre le vaste champ des découvertes, et se résigne à n’ètre plus que le patrimoine des ingénus et des inconnus, tl en est d’ailleurs des illustrations scientifiques ainsi que des illustrations littéraires, qui croiraient déroger si elles n’étaient pas un jour ou l’autre des notabilités offi
cielles. il en est bien peu qui cultivent encore l’art pour l’art; les jeunes cherchent des protections, les plus mûrs visent aux positions. Il y a toujours çà et là beaucoup d’activité et de zèle, mais c’est pour les petites choses et les résultats secondaires. Quand l’idéal s’est matérialisé, com
ment le niveau des intelligences ne s’abaisserait-il pas? Certes, je le reconnais, on tourmente la vapeur pins que jamais, on collectionne des fossiles, on dissèque des grenouil
les, on amalgame bien des corps qui doivent être surpris de se trouver ensemble; on va même jusqu’à supputer, avec la dernière précisiou, le nombre de gouttes d eau qui sont tombées dans l’année, mais il devient de plus en plus douteux qu’on arrache à la nature quelqu’un de ces grands se
crets qui font l’honneur d’une époque. Bichat, Vauquelin, Laplace, Cuvier, pour ne parler que des inventeurs les plus récents, ont encore des confrères dans les académies savantes, mais ils n’y ont guère laissé de successeurs.
Je voudrais bien égayer le speach. Malheureusement nos nouvelles ne s’y prêtent guère, il n’y a point la moindre commutation de plaisirs à enregistrer, si ce n’est que le règne du cheval recommence sur toute la ligne qui va de la Marche à Chantilly. Ce dernier tournoi aura, dit-on, ses amazones ou du moins ses écuyères, plusieurs dames étant déridées à affronter le turf et à disputer à ces messieurs le prix du sport. C’est un empiètement de plus que le beau sexe se permet dans les domaines du vilain. La rose et le myrte sont de vieux emblèmes qu’on répudie décidément pour le laurier et la folle avoine.
Avant d’arriver au théâtre, dépêchons-nous de recommander à votre attention un journal qui la mérité à tous égards, c’est la Revue franco-italienne, un recueil qui a grandi vite et qui grandira encore comme cette belle Italie dont il retrace l’image et raconte les faits et gestes tous les dimanches aux Parisiens. Bien de plus italien que les senti
ments de ses rédacteurs, et rien de plus français que leur langage; c’est un grand charme que cette lecture et une plus grande surprise, vous verrez ! Aucune, publication ne pouvait venir plus à propos pour les deux pays, en rendant plus étroils les liens de solidarité qui les unissent dans la science, dans l’art, dans l’industrie et dans tout. Il faut vous signaler encore, pour être juste envers tout le monde, la Rivista contemporanea qui se publie à Turin, le Paris de la péninsule. Cette autre Revue accomplit exactement làbas pour la France, et avec le même succès, ce que la Re
vue franco-italienne a si bien fait à Paris dans l’intérêt de l’Italie.
Depuis que l’engagement de M ” lïistori au Théâtre- Français est devenu un fait accompli, il ne paraît pas que l’absence de M11 Rachel doive se prolonger beaucoup. Ainsi parlent du moins les oisifs, apparemment pour amuser d’autres oisifs. Toujours est-il certain que les premières recettes de la tragédie n’ont pas répondu à l’atlenle de la tragé


dienne. Les Américains n’ont pas l’air de se passionner ex


trêmement pour sa musique, et il a fallu renoncer à la voie fructueuse des enchères pour le placement des billets. Après avoir rêvé le triomphe et les dollars de Jenny Lind, c’est un grand crève-cœur de ne produire qu’un effet à la Tom- Pouce. Les Américains auraient-ils la fibre assez peu drama
tique pour rester impassibles devant ce magnifique talent ? Je ne dis pas cela, mais il est fort douteux qu’ils puissent consommer avec le même enthousiasme tant de tragédie pendant quinze mois consécutifs.
Au Théâtre-Français, la rentrée de M“° Arnouid-Plessy a été fêtée comme une nouvelle victoire sur la Russie, puisqu’il est trop vrai que le czar avait fait cette brillante conquête, et qu’il nous l’aura gardée dix ans. L’aimable reve
nante a joué Elmire, non pas tout à fait à la façon de Mars la grande et l’inimitable, mais à la façon Plessy, et c’en est assez pour être enchanté. Elle y amis beaucoup de tenue et de retenue, ettoule sa fine intelligence, et tout son esprit qui pétille, et toute sa beauté qui rayonne. A vrai dire, ce rôle magistral n’a qu’une scène, la scène de la tentation, enga
gée, nouée et dénouée par la nouvelle Elmire avec une au


dace pudique, un tact suprême et une dignité triomphante.


On ne saurait démasquer Tartufe avec plus d’honnêteté, de grâce et de perfidie. Ensuite, dans la Ligne droite, pro
verbe de son adoption, M1 Plessy nous a rendu les plus charmantes coquetteries de Célimène, en attendant Araminthe et Sylvia. Dans cette reprise du Tartufe, Dorine a été presque autant fêtée qu’Elmire, et Mlle Augustine Brohan est une forte en gueule des plus spirituelles et des plus charmantes. Et puis les pompons, et puis les chiffons, Do
rine en avait à faire envie aux plus belles dames, car enfin on peut bien consentir à jouer les soubrettes, mais à la condition de ne pas déroger.
Allons maintenant oü tout le monde va, c’est-à-dire à l’Odéon, en l’honneur de Maître Favilla. Ami intime et maître de chapelle d’un baron de Muldorff qui vient de mourir intestat, maître Favilla a rêvé par une nuit d’orage qu’il héritait de son château, et que ce château lui appartient. En réalité, c’est un bon gros bourgeois , M. Keller, qui a pris possession du domaine à titre d’héritier collatéral, mais cette rêverie du pauvre musicien qui se croit propriétaire lui semble originale, et M. Keller veut bien ne pas mettre à la porte cet usurpateur sans le savoir. «Va, bonhomme, tu peux errer à ton aise dans mes jardins et y cueillir la mar
guerite, pendant ce temps-là je conterai fleurette à ta
femme. » Mais au bruit de la déclaration, qui est trèsbruyante, Favilla retrouve un éclair déraison, il veut qu’on
s’explique, et, pour toute explication, Al. Keller le somme de déguerpir. Le château m appartient , je te ferai con- Ttaitre, réplique notre songeur, et le voilà qui fouille dans sa mémoire pour y retrouver les circonstances d’une dona
tion qui n’avait rien de fantastique, mais dont il a détruit la preuve écrite. Ainsi maître Favilla n’a plus qu’à se reti
rer, et cependant il ne partira pas, grâce à sa fille Juliette qui aime Roméo Keller et qui en est aimée. Un mariage réunira les deux familles, et le maître de chapelle reste pour tout de bon le maître du château.
Rien de plus simple que la pièce, le rêve d’une ombre, et en même temps rien de plus poétique et de plus char
mant. Le cadre semble petit, mais la peinture est élevée et vaste comme le génie de l’auteur. Un comédien dont le ta
lent tut longtemps contesté ou méconnu aura une belle part dans ce grand succès. Il a fait de son personnage une ombre qui marche, un rêve qui agit, c’est l’idéal de l’âme
qui s’est débarrassée de son corps, cela tient du vertige et avoisine la magie. Et certes le musicien Kraisler des Contes d’Hoffmann n’est pas d’un fantastique plus prononcé que ce maître Favilla.
Philippe Busoni.


La mission de France à Téhéran.


En même temps que le Moniteur du 9 septembre publiait la lettre suivante, nous· recevions de Téhéran un des
sin qui décrit la scène racontée par le correspondant du journal officiel :


Téhéran, le 15 juillet 1855.


Enfin, nous voici arrivés au but de notre grand et merveilleux voyage La mission de France est à Téhéran, et, profitant de l’au ­ torisation qui m’était donnée de marcher à sa suite, je puis dater cette lettre de la capitale de la Perse et vous transmettre les renseignements qui sont de nature à intéresser vos lecteurs.
Je passe sous silence notre itinéraire jusqu’à Bouschir. Les trente et quelques lieues qui séparent cette ville d’Ispahan ont été faites heureusement. Vingt lieues environ avant Scliiraz, nous avons ren
contré le mitunandar envoyé par le roi Ali-Khan, sertit) ou général de brigade, qui, depuis Scliiraz jusqu’à Téhéran, devait se charger de tous tes soins relatifs au voyage. Un autre mihmandar, de dignité moindre, nous avait attendus à Bouschir avec les tentes et les chevaux de selle ou de trait nécessaires..
Partout sur le chemin, conformément aux ordres précis du gouvernement persan, des députations sortaient à l’arrivée de M. Bou
rée et Raccompagnaient au départ. A Scliiraz, le prince, frère du gouverneur, est venu au-devant du ministre de France avec une nombreuse suite d’infanterie et de cavalerie que grossissait encore une population curieuse et empressée. La même cérémonie s’est reproduite à Ispahan dans de plus grandes proportions, Le gouver
neur s’est avancé à deux lieues de la ville et a conduit, lui-même M. Bourée dans le palais splendide qui, comme à Schiraz, avait été préparé pour la légation.
Rien n’a été épargné par les autorités persanes afin d’honorer, suivant leurs usages, l’envoyé de l’Empereur : déploiement de trou
pes, mouvement des populations, bons offices de tous les moments et de tou te nature.
Le trajet d’Ispahan à Téhéran s’est fait en quatorze jours de marche, pendant lesquels nous avons eu souvent à souffrir d’une cha
leur excessive. Aussi, en approchant de la capitale, avions-nous un grand besoin de repos, qu’expliquent surabondamment les fatigues d’un voyage de quatre mois et de 2,800 lieues (le terre ou de mer.
Nous sommes arrivés le 2 juillet, vers les neuf heures du matin, à une lieue de Téhéran, sans pouvoir aller plus loin, car les usages persans font toujours une cérémonie pompeuse de l’entrée des mi
nistres étrangers. Il fallut attendre, dans un dernier campement, que tous les préparatifs fussent achevés. Le lendemain, sous la tente, M. Bourée a reçu la visite des grands fonctionnaires du gou


vernement persan, et, accompagnée par eux, précédée par de nom


breux officiers et par les fermehes de la maison royale, la légation de France a fait son entrée par la grande porte de Téhéran. Le roi avait envoyé pour les principaux membres de la mission trois de ses propres chevaux richement harnachés dans le goût orient al.
Pendant plus (l’une heure, nous eûmes à traverser les rues et les bazars au milieu des troupes rendant les honneurs militaires et d’une foule grossissante, qui cependant a eu tout récemment deux occasions de jouir

Le roi a admis M. Bourée à lui présenter ses lettres de créance le 5, surlendemain de notre arrivée.


Conformément à l’étiquette persane, le second maître des cérémonies est venu prendre le ministre de France, et l’a mené, avec tout le personnel de la mission, au palais du roi, en cortège, comme le jour de l’entrée à Téhéran. Depuis notre sortie de l’hôtel de la légation jusqu’au retour, tout s’est passé conformément aux stipu
lations du traité conclu en 1828 entre la Russie et la Perse, et qui régit tout le cérémonial relatif à la réception des ministres que s’envoient réciproquement les deux cours.
M. Bourée a été conduit d’abord près des grands officiers de la couronne, réunis dans une salle d’attente où se sont, longuement accomplies les formalités du kalioun et du café. Le même usage existe à Constantinople. De là, après avoir chaussé les babouches noires, qui ont remplacé les longs bas de laine rouge, contre les
quels la Russie a protesté depuis quelques aimées, nous avons pris le chemin de la salle d’audience. Du plus loin que nous ayons aperçu le roi assis sur son trône, le grand maître des cérémonies,
qui était devenu notre guide, éleva la voix, autant que l’exigeait la distance, et elle était grande, et exposa que le ministre de l’Empe
reur des Français demandait à être admis devant le centre du monde quibhiï alèm) pour présenter ses lettres de créance. Sur un signe du roi, on se remit en marche, et, après trois battes et trois saluts, nous étions devant Nasr-ed-din-Schah.
Le roi, assis sur son trône de nacre et de perles, dans un costume que couvraient à profusion les pierreries, nous attendait, immobile. Un fauteuil avait été préparé pour M. Bourée ; le personnel de la légation devait rester debout. La sympathie de S. M. l’empereur Na
poléon pour le roi, le désir d’établir des relations durables entre ta France et la Perse, furent le texte des parûtes dont le ministre de l’Empereur fit précéder la remise de ses lettres de créance. Le roi
répondit que le rétablissement des relations avec la France était le plus cher de ses voeux, puis fit à M. Bourée de nombreuses ques
fions sur l’Empereur, s’intéressa visiblement au récit de la récente tentative d’assassinat commise aux Champs-Elysées, et qui rappe
lait l’attentat d’un autre scélérat auquel il avait aussi heureusement échappé au début de son règne. Le reste de l audience, qui se pro
longea contrairement à tous les usages, fut consacré au siège de S( - bastopol et aux détails de la prise de Rertch. Leroi ne se lassait pas d’interroger, et il interrogeait d’ailleurs comme étant fort ; u
courant de la situation. La forme donnée aux questions révélait ur.e vive sympathie pour notre armée.
En sortant, de l’audience royale, pendant laquelle le roi ne cessa de montrer une bienveillance et une affabilité extrêmes, M. Bourée se rendit chez le premier ministre, Mirza-Agha-Khan
Neuf jours après notre arrivée à Téhéran, c est-à-dire le ^juillet le ministre de l’Empereur a signé un traité de commerce et d’a­
mitié qui doit unir la France et la Perse à l’avenir. Les ratifications de ce traité ont été échangées le 14.
Voici le protocole mis en tête de cet important document : « Au nom du Dieu clément et miséricordieux,
« Sa Haute Majesté l’empereur Napoléon, dont l’élévation est pareille à celle de la planète Saturne, à qui le soleil sert d’étendard, l’astre lumineux du firmament des têtes couronnées, le soleil du ciel de la royauté, l’ornement, du diadème, la splendeur (les étendards, insignes impériaux, le monarque illustre et libéral,
«Et Sa Majesté élevée comme la planète de Saturne, le souverain à qui le soleil sert d’étendard, dont la splendeur et la magnificence sont pareilles à celles des cieux, le souverain sublime, le monarque dont les armées sont nombreuses comme les étoiles, dont la gran
deur rappelle celle de Djemsclüd, dont la magnificence égale celte de Darius, et héritier de la couronne et du trône des Keyamens, l’empereur sublime et absolu do toute la Perse. »