c’est un plaisir calme, et qui ne va jamais jusqu’à l’émotion.
Le poème a été ramassé un peu partout. Un roi libertin, qui devient amoureux d’une femme inconnue, sur un por
trait qu’il a trouvé dans une allée de son parc, et promet tous les biens de ce monde à celui de ses courtisans qui découvrira l’original. Un marquis Casilhas, qui accepte cette honorable mission, trouve la beauté qu’il cherche parmi les blanchisseuses de Santarem, l’enlève , et la con
duit à Mafra, où est le Parc aux cerfs de ce nouveau Louis XV ; un soldat du régiment de Santarem, amant aimé de la blanchisseuse, et qui déserte pour courir après elle, quand il apprend qu’elle a été enlevée : tout cela n’a rien de bien nouveau pour le lecteur, et nous lui épargnerons les détails.
Ce M. de Casilhas, qui se fait avec tant de zèle le pourvoyeur des plaisirs de Sa Majesté Portugaise, est dévoré
d’un ardent désir de faire fortune, et le duc d’Aguilar lui a promis la main d une jeune fille inconnue qu’il protège mystérieusement, et à laquelle il doit léguer tous ses biens. Or cette jeune fille est précisément la blanchisseuse ou la
vandière que Casilhas a enlevée. Margarida la blanchisseuse est fille naturelle du duc d’Aguilar. Voilà Casilhas bien at
trapé ! Margarida heureusement a autant de présence d’esprit que de sagesse, et, lorsqu’elle se voit enfermée avec le roi dans un appartement où elle ne peut espérer aucun secours, elle s’arme d’une hougie, et met courageusement le feu aux rideaux. Le roi crie : Au secours, et la belle est délivrée. Il faut rendre justice aux auteurs du livret : ce moyen de tirer la vertu d’embarras n’avait pas encore été employé au théâtre.
Ce qui ne s’était pas vu non plus, c’est l’audace du soldat Manoël, qui, se trouvant à un certain moment dans les jar
dins de Mafra, — tout le monde y entre, comme on entre, à Paris, aux Champs-Elysées, — se place résolument entre Margarida et le monarque, et dit à celui-ci : Vous ne passe
rez pas. Le roi, furieux, fait comme Néron, quand il ne sait plus que répondre à Britannicus : Holà, gardes ! Une meute de laquais galonnés et titrés se jette aussitôt sur Manoël et l’entraîne au cachot. Le roi se vengera sur lui de toutes ses
déconvenues. Casilhas, qui a promis au duc d’Aguilar de. réparer ses infamies, obtient, il est vrai, la liberté du généreux soldat. Mais cette clémence n’est qu’apparente.— Je lui pardonne son insolence, dit le roi, mais c’est la der
nière grâce que je lui ferai. — 11 croit le régiment de Santa
rem devant l’ennemi, et se promet bien de faire fusiller Manoêl comme déserteur. Il a compté sans le colonel du régi
ment, jeune guerrier qui n’a pas encore quinze ans, mais en qui l’esprit comme la valeur n’a pas attendu Îe nombre des années. Il aime tendrement Manoël, et a juré de ne le point laisser périr, il ramène donc son régiment à Mafra par une marche adroite et rapide. Il entre sans façon dans les appar
tements du château, avec toute sa troupe, tambour battant, baïonnette au eanon. — Tu ne voulais pas revenir au régiment : il a bien fallu que le régiment vint à toi. — Sa Ma
jesté donc se voit encore une fois déçue; Manoël n’est plus déserteur, et devient l’heureux époux de la file, hautement reconnue, du duc d’Aguilar. Ce bonhomme de dpc n’a jamais voulu épouser la mère de Margarida parce qu’elle n’é tait pas noble; mais tous les pères d’opéra-comique deviennent philosophes au dénoûment.
Ce livret est aussi extravagant qu’un livret doit l’être au
jourd’hui pour réussir. Il a donc réussi, et avec éclat. Nous osons lui promettre autant de représentations qu’en a eues Jaguarita L’Indienne, dont la vogue n’est pas encore épuisée.
C’est Mme Lauters qui remplit le rôle de Margarida. Sa voix est superbe ; on lui voudrait seulement une vocalisation plus facile, avec un style moins emphatique et plus varié. — Mlle Girard est amusante dans le rôle du petit colonel, et M. Dulaurens, dans celui de Manoël, fait preuve d’adresse et de talent comme acteur et comme chanteur.
Le Théâtre-Italien nous a rendu Mario et Le Barbier. Mario, fait, comme acteur, bien plus de frais qu’autrefois : il joue son rôle avec intelligence, et dit très-finement beau
coup de choses. Mais sa finesse ne dépasse pas toujours la rampe : c’est une miniature qu’on voit de trop loin. J1 a toujours son timbre flatteur, sa vocalisation facile et son style élégant : on voit seulement qu’il a chanté à Londres,
à Saint-Pétersbourg, ailleurs encore peut-être, ce que nul ténor ne chantera jamais impunément, la musique des compositeurs qui ont aujourd’hui la vogue, soit en France, soit en Italie. Mario est fatigué. Mario n’est plus sûr de son sol. Mario est obligé de baisser d’un ton le duo avec Figaio : AU’ idea di quel métallo. Quel meurtre!
M. Everard n’a pas eu dans le Barbier le même succès que dans Cenerentola. Il s’y agite beaucoup, comme fai
sait M. Gassier l’année dernière. Mais le mouvement n’est pas la finesse, ni la malice, ni l’esprit brillant, intrépide et effronté, ni enfin ce, je ne sais quoi qu’avait Ronconi, et que Figaro devrait toujours avoir. Nous parlons, bien entendu, du jeu de M. Everard ou Everardi. Quant à son exé
cution vocale, nous n’avons que des compliments à lui faire. Mais il a trop de talent, et il est arrivé déjà trop haut pour que ces compliments-là puissent lui suffire.
VI. Angelini s’est fait applaudir dans l’air de la Calomnie, quoiqu’il l’ait dit avec un peu de recherche et d’affecta
tion. C’est là aussi son défaut dans le récitatif. U a trop de ce qui manque à M. Mario. Il exagère tout, même sa lai
deur. Mais il a, au final du premier acte, une belle idée.
Profiler de la stupéfaction de Bartholo pour lui voler son tabac, c’est un exploit digne en tout point d’un friponneau tel que maître Basile.
M. Zucchini est un comédien. Il a de la finesse, de la gaieté, et ne manque pas de verve. Il fait seulement, ce nous semble, Bartholo un peu trop vieux et pas assez passionné. Il chante, au premier acte, un air étranger à la partition, et qui n’a aucun rapport de style, de couleur, de ca
ractère avec ce qui a précédé, ni avec ce qui doit suivre. Il
est vrai que l’air de Rossini est très-difficile à débiter. Si c’est par respect que M. Zucchini ne le chante pas, il faut approuver sa discrétion.
C’est à M“c Borghi-Mamo que reviennent les honneurs de la journée. Elle chante parfaitement le rôle de Rosine, sauf quelques petites duretés dans les traits aigus. Elle fait, dans la cavatine et le duo, des choses assez nouvelles, et qui ne
font pas avec le texte une trop grande disparate. Elle a de la gaieté, de l’éclat, de la verve, avec sa facilité et son élé
gance habituelle. De plus, — et c’est en cela surtout qu’elle a surpris tout le monde, — elle joue son rôle avec beaucoup d’intelligence, de grâce, d’esprit, et y met une foule de nuances délicates et fines, dignes des plus habiles actrices. Mme Borglii, comédienne! qui s’y serait attendu ?
— Encore un succès aux Bouffes-Parisiens! M. Offenbach marche de victoire en victoire. Perrinette est une petite pièce très-jolie, amusante, spirituelle, d’un certain M. Lussan, que ni vous ni nous ne connaissons, mais dont le nom cache, nous a-t-on assuré, un autre nom très-connu. M. Paimpol, revenant d’un voyage de quatre années, imagine de rentrer au pays sous le·nom d’un autre, afin de sur
prendre sa femme Perrinette, et de s’assurer de sa fidélité. Perrinette, prévenue, se venge de son jaloux en le mysti
fiant d’une façon, peu vraisemblable à coup sûr, mais trèsdivertissante. Vous entendrez les deux airs chantés par Paimpol, un air chanté par Perrinette, et deux duos pleins d’esprit, de gaieté, de verve, de mélodies charmantes, d’har
monies distinguées, de choses fines et originales à tous les points de vue. Nous ne croyons pas que M. Offenbach ail jamais été mieux inspiré, ni M. Berteliernon plus, qui joue Paimpol avec un rare talent. Mllc Dalmont, qui vient de sortir du Conservatoire avec le premier prix de chant, a fait, dans le rôle de Perrinette, un début très-heureux. Une belle voix et la manière de s’en servir, une prononciation excellente, de l’expression, de l’intelligence : que pouvezvous désirer de plus ?
— Laissons de côté le théâtre, où souvent rien n’est plus rabattu que ce que l’on donne pour du neuf. Ne vaut-il pas mieux vous parler de vieilles choses rendues nouvelles? C’est ce que vient de faire un intelligent éditeur dont nous avons eu souvent l’occasion d’entretenir nos lecteurs.
M. Heugel s’est engagé, depuis quelques mois, dans une grande entreprise de librairie musicale qu’il est en train de mener à bien. C’est un recueil complet de toutes les pièces écrites par les grands maîtres qui servent habituellement à 1’enseignement du piano. Nous en avons bon nombre de livraisons sous les yeux, car la publication est déjà passablement avancée.
Elle doit embrasser six séries, contenant chacune cinquante-deux morceaux. Ces morceaux ont pour auteurs Uændel, Seb. Bach, Domenico Scarlalti, Clementi, Haydn, Mozart, Dussek, Beethoven, Sleibèll, Weber, Ilummel, Cramer, Ries, J. Field, Mendelsshon-Barlholdy. Peut-être quelques noms plus modernes enrichiront-ils les dernières sé
ries. Chaque morceau est précédé d’un petit commentaire indiquant son caractère, l’expression qu’il faut lui donner, les difficultés soit d’interprétation, soit d’exécution maté
rielle, qui lui sont particulières, et la marche à suivre pour les surmonter. Ces commentaires, rédigés avec une grande concision , sont également remarquables par la justesse des appréciations, etpar l’utilité des conseils qu’on y trouve.
Cela n’étonnera personne si nous ajoutons que leur auteur est M. Marmontel. Ce très-habile professeur a d’ailleurs révisé avec le plus grand soin chaque pièce de la collection, ·— après avoir collationné toutes les éditions précédentes, — substitué partout la leçon correcte à mainte et mainte le
çon plus ou moins vicieuse, noté avec la plus rigoureuse exactitude les liaisons, les accents, et tous les autres signes qui indiquent les détails et les nuances de l’exécution.
M. Marmontel ne s’est point borné à cela. Il a marqué, avec un soin minutieux, le doigté de tous les passages diffi
ciles : quiconque touche un peu du piano comprendra le prix d’une édition qui dégage l’exécution d’une grande par
tie de ses obstacles matériels, et, dans lire certaine mesure, permet à l’étudiant de se passer du professeur.
Cette nouvelle édition a d’autres mérites encore. Jamais nous n’avons vu de gravure plus nette, plus facile à lire, plus agréable à l’œil, A la simple inspection de la première page venue on voit que l’éditeur a mis son honneur à faire, à tous les égards, le mieux possible, et qu’il n’a négligé au
cun détail. L’encre, le papier, l’impression y sont au niveau de la gravure, et peuvent lutter avec les produits les plus parfaits de l’Allemagne. Ils les surpassent même au point de vue de la correction, et M, IJeugel a été jusqu’à offrir,
avant le tirage, une prime à quiconque découvrirait et lui signalerait une faute, quelle qu’elle fût, sur la dernière épreuve. Tant de bon vouloir et tant de soins ont porté leurs fruits, et si, à l’Exposition universelle, M. Heugel a rencontre des rivaux, nous ne croyons pas qu’il ait pu trouver un maître.
G. Héquet.
Courrier de Paris.
La plus grande affaire de la semaine, c’est encore l’Exposition de l’Industrie. A la veille d’une clôture qui sera définitive, les indifférents s’avisent enfin que le spectacle méri
tait d’être vu. Une foule de retardataires accourent aussi de la province à toute vapeur, si bien qu’on n’a plus lieu de re
gretter le fiasco des premiers jours , lorsque le tourniquet fonctionne si bien. Quant à la prorogation, quelques mar
chands pétitionnent encore pour l’obtenir, mais la fabrique n’en veut pas. Elle a la modestie de croire que ses produits les plus merveilleux ne le sont pas encore assez pour soutenir l’intérêt jusqu’au bout de l’année. Les exposants éprou
vent d’ailleurs l’impatience très-légitime d’entendre sonner l’heure des récompenses. La cérémonie aura lieu le jeudi
15 novembre, avec un éclat proportionné à l’importance des résultats obtenus. C’est sans doute pour procurer à l’évé
nement le plus de bruit possible, qu’on a fait choix de la musique de M. Berlioz; aulcuns disent que le vacarme au
rait lieu sous un autre chef.Douze eents· exécutants, armés d’instruments de toutes les dimensions et du plus fort cali
bre, ont été recrutés pour opérer, dans ce concert-monstre, l’étourdissement après l’éblouissement.
D’autres plaisirs en perspective, ce n’est pas là ce qui manque aux Parisiens. Depuis hier la situation devient sou
riante, et nous dormirons bientôt sur des roses, les roses de l’hiver ! ce qui s’entend des bals, raouts, et autres galas
en préparation, et il faudrait être un alarmiste incorrigible. pour en signaler les épines. Il y en a une principalement qu’on ne saurait trop tôt leur ôter du pied, la locomotive et son remue-ménage, vous savez. Le fait est qu’elle ne nous laisse pas le temps de respirer entre deux chroniques, et que les accidents se suivent et se ressemblent avec une persévérance peut-être inquiétante pour l’avenir de l’insti
tution. Cela lui a valu un joli coup de flèche décoché à toute vapeur par la main de Rossini ; le mot court la ville et les gazettes, et il n’en est que plus digne d’être recueilli, le spirituel maestro disait donc à quelque fanatique admira
teur de la machine et de ses procédés : « Croyez-moi, mon cher monsieur, celui qui dans cinquante ans inventera la diligence, celui-là fera une belle fortune. » Beaucoup de voyageurs n’attendront peut-être pas un demi-siècle, et vou
dront s’épargner la chance d’être abîmés en train express ou non. C’est pourquoi les entrepreneurs de voitures et les postillons relèvent la tète ; au nord comme à l’ouest, et ailleurs encore, la locomotive est menacée de la concurrence du cheval. Le péril est extrême, et les compagnies entendent trop bien leurs intérêts pour ne pas le conjurer.
Sauvegarder la vie des voyageurs, c’est encore le meil
leur moyen de sauver la caisse ; on va donc redoubler de vigilance et réclamer de la science toutes les ressources qu’elle peut donner. Qu’importe le bénéfice de la vitesse, si vous n’y joignez celui de la sécurité ? Il s’agit surtout de trouver le frein capable d’arrêter court, ou du moins trèspromptement, un convoi en marche, et voilà qu’on s’avise
rait enfin que la science l’a trouvé depuis deux ans. C’est ou ce serait le frein à vapeur, de l’invention d’un habile mécanicien, M. llaux. Son système part de cette donnée, simple comme toutes les grandes données, que la vapeur, étant assez puissante pour mettre un train en mouvement,
doit être non moins efficace pour l’arrêter. Maintenant puisse l’application ne pas trouver trop ingénieuse cette extrême simplicité.
11 faut enregistrer, à propos de railway, deux de ses nouvelles conquêtes. La ligne de Paris à Cologne s’est enrichie d’un nouveau tronçon qui met en communication directe les deux grandes villes ; de même Strasbourg est mainte
nant relié à Mayence; mais ces inaugurations ne sont plus guère des fêtes, si ce n’est pour ceux qui les donnent. La vapeur ne rallie plus essentiellement l’enthousiasme des populations à son panache de fumée, et les chants ont cessé,
excepté dans les comptes rendus. Les compagnies ont pris d’ailleurs le très-louable parti de donner aux pauvres l’ar
gent qui se gaspillait autrefois dans des galas. Les chemins de fer abrègent les distances, comme dit une insuppor
table réclame qui fleurit en toutes saisons à la quatrième pages des journaux; voici pourtant une restriction à cet axiome de la spéculation, et pour n’en citer qu un exem
ple : Sur la ligne de Paris à Cologne, les formalités du passe-port lui barrent tout net le cliémin. Cette dure nécessité du visa, qui fait du parcours direct un voyage en zig
zag, a inspiré au rédacteur du Journal des Débats, M. Louis Ratisbonne, des réflexions trop sensées pour qu’on ne les écoute pas : « Le passe-port, et le visa engendré du passe
port, ne sont guère que des fiscalités vexatoires qui seront supprimées tôt ou tard, comme les dernières barrières matérielles qui séparent les peuples. Aujourd’hui encore,
par tous pays, la législation administrative ne traite certes pas l’homme comme s’il naissait bon, suivant la doctrine de Rousseau, ou bien elle croit, comme lui, que la civilisation l’a bien gâté. Tous les voyageurs sont suspects et con
sidérés, au préalable, comme des gens dangereux. Si la li
berté n’est que le droit d’aller et de venir, nous voudrions du moins que ce droit fût entier, et qu’on pût aller et venir à son aise quand on n’est pas en prison. »
Trêve au sérieux et venons à l’agréable. A l’instar de l’industrie, la littérature aura prochainement son grand jour, et ses lauréats avec accompagnement de grosse caisse. La musique est déjà commandée, et on cherche encore le lo
cal. On avait bien pensé à la coupole de l’Institut, mais l’emplacement n’est pas assez vaste. Songez qu’on a pour 10,000 francs de lauriers à distribuer, et que l’aréopage qui les décerne se compose de quatre ou cinq cents membres.
Il s’est dit, — nous n’en croyons rien, — que pour ajouter à la pompe de la cérémonie l’éclat du costume, la société reprendrait la marque distinctive que des fantaisistes lui
avaient inventée en I8/18. C’était un large ruban de soie verte, orné d’une broderie en argent figurant une couronne de laurier surmontée de deux plumes en sautoir, comme si la verdurette dès membres de l’Institut qui font partie des commissions n’était pas suffisante pour égayer un peu ce grand parterre d’hommes d’esprit. Il est plus certain que les honneurs de la présidence, offerts d’abord à l’auteur de ces largesses qui est aussi l’auteur des Méinoires d’un Bourgeois de Paris, se trouvent finalement dévolus à M. Sainte-Beuve. Et personne encore, que nous sachions, même parmi les plus sincèrement lettrés, n’a relevé la sin
gularité de ce choix. Ainsi c’est au critique dont la main sournoise s’est armée de verges pour fustiger les plus grands d’entre vous, que vous confiez le soin de récompenser les débutants et de leur distribuer les dragées de votre concours.
Si nous sommes maussades, c’est que la semaine n’est
Le poème a été ramassé un peu partout. Un roi libertin, qui devient amoureux d’une femme inconnue, sur un por
trait qu’il a trouvé dans une allée de son parc, et promet tous les biens de ce monde à celui de ses courtisans qui découvrira l’original. Un marquis Casilhas, qui accepte cette honorable mission, trouve la beauté qu’il cherche parmi les blanchisseuses de Santarem, l’enlève , et la con
duit à Mafra, où est le Parc aux cerfs de ce nouveau Louis XV ; un soldat du régiment de Santarem, amant aimé de la blanchisseuse, et qui déserte pour courir après elle, quand il apprend qu’elle a été enlevée : tout cela n’a rien de bien nouveau pour le lecteur, et nous lui épargnerons les détails.
Ce M. de Casilhas, qui se fait avec tant de zèle le pourvoyeur des plaisirs de Sa Majesté Portugaise, est dévoré
d’un ardent désir de faire fortune, et le duc d’Aguilar lui a promis la main d une jeune fille inconnue qu’il protège mystérieusement, et à laquelle il doit léguer tous ses biens. Or cette jeune fille est précisément la blanchisseuse ou la
vandière que Casilhas a enlevée. Margarida la blanchisseuse est fille naturelle du duc d’Aguilar. Voilà Casilhas bien at
trapé ! Margarida heureusement a autant de présence d’esprit que de sagesse, et, lorsqu’elle se voit enfermée avec le roi dans un appartement où elle ne peut espérer aucun secours, elle s’arme d’une hougie, et met courageusement le feu aux rideaux. Le roi crie : Au secours, et la belle est délivrée. Il faut rendre justice aux auteurs du livret : ce moyen de tirer la vertu d’embarras n’avait pas encore été employé au théâtre.
Ce qui ne s’était pas vu non plus, c’est l’audace du soldat Manoël, qui, se trouvant à un certain moment dans les jar
dins de Mafra, — tout le monde y entre, comme on entre, à Paris, aux Champs-Elysées, — se place résolument entre Margarida et le monarque, et dit à celui-ci : Vous ne passe
rez pas. Le roi, furieux, fait comme Néron, quand il ne sait plus que répondre à Britannicus : Holà, gardes ! Une meute de laquais galonnés et titrés se jette aussitôt sur Manoël et l’entraîne au cachot. Le roi se vengera sur lui de toutes ses
déconvenues. Casilhas, qui a promis au duc d’Aguilar de. réparer ses infamies, obtient, il est vrai, la liberté du généreux soldat. Mais cette clémence n’est qu’apparente.— Je lui pardonne son insolence, dit le roi, mais c’est la der
nière grâce que je lui ferai. — 11 croit le régiment de Santa
rem devant l’ennemi, et se promet bien de faire fusiller Manoêl comme déserteur. Il a compté sans le colonel du régi
ment, jeune guerrier qui n’a pas encore quinze ans, mais en qui l’esprit comme la valeur n’a pas attendu Îe nombre des années. Il aime tendrement Manoël, et a juré de ne le point laisser périr, il ramène donc son régiment à Mafra par une marche adroite et rapide. Il entre sans façon dans les appar
tements du château, avec toute sa troupe, tambour battant, baïonnette au eanon. — Tu ne voulais pas revenir au régiment : il a bien fallu que le régiment vint à toi. — Sa Ma
jesté donc se voit encore une fois déçue; Manoël n’est plus déserteur, et devient l’heureux époux de la file, hautement reconnue, du duc d’Aguilar. Ce bonhomme de dpc n’a jamais voulu épouser la mère de Margarida parce qu’elle n’é tait pas noble; mais tous les pères d’opéra-comique deviennent philosophes au dénoûment.
Ce livret est aussi extravagant qu’un livret doit l’être au
jourd’hui pour réussir. Il a donc réussi, et avec éclat. Nous osons lui promettre autant de représentations qu’en a eues Jaguarita L’Indienne, dont la vogue n’est pas encore épuisée.
C’est Mme Lauters qui remplit le rôle de Margarida. Sa voix est superbe ; on lui voudrait seulement une vocalisation plus facile, avec un style moins emphatique et plus varié. — Mlle Girard est amusante dans le rôle du petit colonel, et M. Dulaurens, dans celui de Manoël, fait preuve d’adresse et de talent comme acteur et comme chanteur.
Le Théâtre-Italien nous a rendu Mario et Le Barbier. Mario, fait, comme acteur, bien plus de frais qu’autrefois : il joue son rôle avec intelligence, et dit très-finement beau
coup de choses. Mais sa finesse ne dépasse pas toujours la rampe : c’est une miniature qu’on voit de trop loin. J1 a toujours son timbre flatteur, sa vocalisation facile et son style élégant : on voit seulement qu’il a chanté à Londres,
à Saint-Pétersbourg, ailleurs encore peut-être, ce que nul ténor ne chantera jamais impunément, la musique des compositeurs qui ont aujourd’hui la vogue, soit en France, soit en Italie. Mario est fatigué. Mario n’est plus sûr de son sol. Mario est obligé de baisser d’un ton le duo avec Figaio : AU’ idea di quel métallo. Quel meurtre!
M. Everard n’a pas eu dans le Barbier le même succès que dans Cenerentola. Il s’y agite beaucoup, comme fai
sait M. Gassier l’année dernière. Mais le mouvement n’est pas la finesse, ni la malice, ni l’esprit brillant, intrépide et effronté, ni enfin ce, je ne sais quoi qu’avait Ronconi, et que Figaro devrait toujours avoir. Nous parlons, bien entendu, du jeu de M. Everard ou Everardi. Quant à son exé
cution vocale, nous n’avons que des compliments à lui faire. Mais il a trop de talent, et il est arrivé déjà trop haut pour que ces compliments-là puissent lui suffire.
VI. Angelini s’est fait applaudir dans l’air de la Calomnie, quoiqu’il l’ait dit avec un peu de recherche et d’affecta
tion. C’est là aussi son défaut dans le récitatif. U a trop de ce qui manque à M. Mario. Il exagère tout, même sa lai
deur. Mais il a, au final du premier acte, une belle idée.
Profiler de la stupéfaction de Bartholo pour lui voler son tabac, c’est un exploit digne en tout point d’un friponneau tel que maître Basile.
M. Zucchini est un comédien. Il a de la finesse, de la gaieté, et ne manque pas de verve. Il fait seulement, ce nous semble, Bartholo un peu trop vieux et pas assez passionné. Il chante, au premier acte, un air étranger à la partition, et qui n’a aucun rapport de style, de couleur, de ca
ractère avec ce qui a précédé, ni avec ce qui doit suivre. Il
est vrai que l’air de Rossini est très-difficile à débiter. Si c’est par respect que M. Zucchini ne le chante pas, il faut approuver sa discrétion.
C’est à M“c Borghi-Mamo que reviennent les honneurs de la journée. Elle chante parfaitement le rôle de Rosine, sauf quelques petites duretés dans les traits aigus. Elle fait, dans la cavatine et le duo, des choses assez nouvelles, et qui ne
font pas avec le texte une trop grande disparate. Elle a de la gaieté, de l’éclat, de la verve, avec sa facilité et son élé
gance habituelle. De plus, — et c’est en cela surtout qu’elle a surpris tout le monde, — elle joue son rôle avec beaucoup d’intelligence, de grâce, d’esprit, et y met une foule de nuances délicates et fines, dignes des plus habiles actrices. Mme Borglii, comédienne! qui s’y serait attendu ?
— Encore un succès aux Bouffes-Parisiens! M. Offenbach marche de victoire en victoire. Perrinette est une petite pièce très-jolie, amusante, spirituelle, d’un certain M. Lussan, que ni vous ni nous ne connaissons, mais dont le nom cache, nous a-t-on assuré, un autre nom très-connu. M. Paimpol, revenant d’un voyage de quatre années, imagine de rentrer au pays sous le·nom d’un autre, afin de sur
prendre sa femme Perrinette, et de s’assurer de sa fidélité. Perrinette, prévenue, se venge de son jaloux en le mysti
fiant d’une façon, peu vraisemblable à coup sûr, mais trèsdivertissante. Vous entendrez les deux airs chantés par Paimpol, un air chanté par Perrinette, et deux duos pleins d’esprit, de gaieté, de verve, de mélodies charmantes, d’har
monies distinguées, de choses fines et originales à tous les points de vue. Nous ne croyons pas que M. Offenbach ail jamais été mieux inspiré, ni M. Berteliernon plus, qui joue Paimpol avec un rare talent. Mllc Dalmont, qui vient de sortir du Conservatoire avec le premier prix de chant, a fait, dans le rôle de Perrinette, un début très-heureux. Une belle voix et la manière de s’en servir, une prononciation excellente, de l’expression, de l’intelligence : que pouvezvous désirer de plus ?
— Laissons de côté le théâtre, où souvent rien n’est plus rabattu que ce que l’on donne pour du neuf. Ne vaut-il pas mieux vous parler de vieilles choses rendues nouvelles? C’est ce que vient de faire un intelligent éditeur dont nous avons eu souvent l’occasion d’entretenir nos lecteurs.
M. Heugel s’est engagé, depuis quelques mois, dans une grande entreprise de librairie musicale qu’il est en train de mener à bien. C’est un recueil complet de toutes les pièces écrites par les grands maîtres qui servent habituellement à 1’enseignement du piano. Nous en avons bon nombre de livraisons sous les yeux, car la publication est déjà passablement avancée.
Elle doit embrasser six séries, contenant chacune cinquante-deux morceaux. Ces morceaux ont pour auteurs Uændel, Seb. Bach, Domenico Scarlalti, Clementi, Haydn, Mozart, Dussek, Beethoven, Sleibèll, Weber, Ilummel, Cramer, Ries, J. Field, Mendelsshon-Barlholdy. Peut-être quelques noms plus modernes enrichiront-ils les dernières sé
ries. Chaque morceau est précédé d’un petit commentaire indiquant son caractère, l’expression qu’il faut lui donner, les difficultés soit d’interprétation, soit d’exécution maté
rielle, qui lui sont particulières, et la marche à suivre pour les surmonter. Ces commentaires, rédigés avec une grande concision , sont également remarquables par la justesse des appréciations, etpar l’utilité des conseils qu’on y trouve.
Cela n’étonnera personne si nous ajoutons que leur auteur est M. Marmontel. Ce très-habile professeur a d’ailleurs révisé avec le plus grand soin chaque pièce de la collection, ·— après avoir collationné toutes les éditions précédentes, — substitué partout la leçon correcte à mainte et mainte le
çon plus ou moins vicieuse, noté avec la plus rigoureuse exactitude les liaisons, les accents, et tous les autres signes qui indiquent les détails et les nuances de l’exécution.
M. Marmontel ne s’est point borné à cela. Il a marqué, avec un soin minutieux, le doigté de tous les passages diffi
ciles : quiconque touche un peu du piano comprendra le prix d’une édition qui dégage l’exécution d’une grande par
tie de ses obstacles matériels, et, dans lire certaine mesure, permet à l’étudiant de se passer du professeur.
Cette nouvelle édition a d’autres mérites encore. Jamais nous n’avons vu de gravure plus nette, plus facile à lire, plus agréable à l’œil, A la simple inspection de la première page venue on voit que l’éditeur a mis son honneur à faire, à tous les égards, le mieux possible, et qu’il n’a négligé au
cun détail. L’encre, le papier, l’impression y sont au niveau de la gravure, et peuvent lutter avec les produits les plus parfaits de l’Allemagne. Ils les surpassent même au point de vue de la correction, et M, IJeugel a été jusqu’à offrir,
avant le tirage, une prime à quiconque découvrirait et lui signalerait une faute, quelle qu’elle fût, sur la dernière épreuve. Tant de bon vouloir et tant de soins ont porté leurs fruits, et si, à l’Exposition universelle, M. Heugel a rencontre des rivaux, nous ne croyons pas qu’il ait pu trouver un maître.
G. Héquet.
Courrier de Paris.
La plus grande affaire de la semaine, c’est encore l’Exposition de l’Industrie. A la veille d’une clôture qui sera définitive, les indifférents s’avisent enfin que le spectacle méri
tait d’être vu. Une foule de retardataires accourent aussi de la province à toute vapeur, si bien qu’on n’a plus lieu de re
gretter le fiasco des premiers jours , lorsque le tourniquet fonctionne si bien. Quant à la prorogation, quelques mar
chands pétitionnent encore pour l’obtenir, mais la fabrique n’en veut pas. Elle a la modestie de croire que ses produits les plus merveilleux ne le sont pas encore assez pour soutenir l’intérêt jusqu’au bout de l’année. Les exposants éprou
vent d’ailleurs l’impatience très-légitime d’entendre sonner l’heure des récompenses. La cérémonie aura lieu le jeudi
15 novembre, avec un éclat proportionné à l’importance des résultats obtenus. C’est sans doute pour procurer à l’évé
nement le plus de bruit possible, qu’on a fait choix de la musique de M. Berlioz; aulcuns disent que le vacarme au
rait lieu sous un autre chef.Douze eents· exécutants, armés d’instruments de toutes les dimensions et du plus fort cali
bre, ont été recrutés pour opérer, dans ce concert-monstre, l’étourdissement après l’éblouissement.
D’autres plaisirs en perspective, ce n’est pas là ce qui manque aux Parisiens. Depuis hier la situation devient sou
riante, et nous dormirons bientôt sur des roses, les roses de l’hiver ! ce qui s’entend des bals, raouts, et autres galas
en préparation, et il faudrait être un alarmiste incorrigible. pour en signaler les épines. Il y en a une principalement qu’on ne saurait trop tôt leur ôter du pied, la locomotive et son remue-ménage, vous savez. Le fait est qu’elle ne nous laisse pas le temps de respirer entre deux chroniques, et que les accidents se suivent et se ressemblent avec une persévérance peut-être inquiétante pour l’avenir de l’insti
tution. Cela lui a valu un joli coup de flèche décoché à toute vapeur par la main de Rossini ; le mot court la ville et les gazettes, et il n’en est que plus digne d’être recueilli, le spirituel maestro disait donc à quelque fanatique admira
teur de la machine et de ses procédés : « Croyez-moi, mon cher monsieur, celui qui dans cinquante ans inventera la diligence, celui-là fera une belle fortune. » Beaucoup de voyageurs n’attendront peut-être pas un demi-siècle, et vou
dront s’épargner la chance d’être abîmés en train express ou non. C’est pourquoi les entrepreneurs de voitures et les postillons relèvent la tète ; au nord comme à l’ouest, et ailleurs encore, la locomotive est menacée de la concurrence du cheval. Le péril est extrême, et les compagnies entendent trop bien leurs intérêts pour ne pas le conjurer.
Sauvegarder la vie des voyageurs, c’est encore le meil
leur moyen de sauver la caisse ; on va donc redoubler de vigilance et réclamer de la science toutes les ressources qu’elle peut donner. Qu’importe le bénéfice de la vitesse, si vous n’y joignez celui de la sécurité ? Il s’agit surtout de trouver le frein capable d’arrêter court, ou du moins trèspromptement, un convoi en marche, et voilà qu’on s’avise
rait enfin que la science l’a trouvé depuis deux ans. C’est ou ce serait le frein à vapeur, de l’invention d’un habile mécanicien, M. llaux. Son système part de cette donnée, simple comme toutes les grandes données, que la vapeur, étant assez puissante pour mettre un train en mouvement,
doit être non moins efficace pour l’arrêter. Maintenant puisse l’application ne pas trouver trop ingénieuse cette extrême simplicité.
11 faut enregistrer, à propos de railway, deux de ses nouvelles conquêtes. La ligne de Paris à Cologne s’est enrichie d’un nouveau tronçon qui met en communication directe les deux grandes villes ; de même Strasbourg est mainte
nant relié à Mayence; mais ces inaugurations ne sont plus guère des fêtes, si ce n’est pour ceux qui les donnent. La vapeur ne rallie plus essentiellement l’enthousiasme des populations à son panache de fumée, et les chants ont cessé,
excepté dans les comptes rendus. Les compagnies ont pris d’ailleurs le très-louable parti de donner aux pauvres l’ar
gent qui se gaspillait autrefois dans des galas. Les chemins de fer abrègent les distances, comme dit une insuppor
table réclame qui fleurit en toutes saisons à la quatrième pages des journaux; voici pourtant une restriction à cet axiome de la spéculation, et pour n’en citer qu un exem
ple : Sur la ligne de Paris à Cologne, les formalités du passe-port lui barrent tout net le cliémin. Cette dure nécessité du visa, qui fait du parcours direct un voyage en zig
zag, a inspiré au rédacteur du Journal des Débats, M. Louis Ratisbonne, des réflexions trop sensées pour qu’on ne les écoute pas : « Le passe-port, et le visa engendré du passe
port, ne sont guère que des fiscalités vexatoires qui seront supprimées tôt ou tard, comme les dernières barrières matérielles qui séparent les peuples. Aujourd’hui encore,
par tous pays, la législation administrative ne traite certes pas l’homme comme s’il naissait bon, suivant la doctrine de Rousseau, ou bien elle croit, comme lui, que la civilisation l’a bien gâté. Tous les voyageurs sont suspects et con
sidérés, au préalable, comme des gens dangereux. Si la li
berté n’est que le droit d’aller et de venir, nous voudrions du moins que ce droit fût entier, et qu’on pût aller et venir à son aise quand on n’est pas en prison. »
Trêve au sérieux et venons à l’agréable. A l’instar de l’industrie, la littérature aura prochainement son grand jour, et ses lauréats avec accompagnement de grosse caisse. La musique est déjà commandée, et on cherche encore le lo
cal. On avait bien pensé à la coupole de l’Institut, mais l’emplacement n’est pas assez vaste. Songez qu’on a pour 10,000 francs de lauriers à distribuer, et que l’aréopage qui les décerne se compose de quatre ou cinq cents membres.
Il s’est dit, — nous n’en croyons rien, — que pour ajouter à la pompe de la cérémonie l’éclat du costume, la société reprendrait la marque distinctive que des fantaisistes lui
avaient inventée en I8/18. C’était un large ruban de soie verte, orné d’une broderie en argent figurant une couronne de laurier surmontée de deux plumes en sautoir, comme si la verdurette dès membres de l’Institut qui font partie des commissions n’était pas suffisante pour égayer un peu ce grand parterre d’hommes d’esprit. Il est plus certain que les honneurs de la présidence, offerts d’abord à l’auteur de ces largesses qui est aussi l’auteur des Méinoires d’un Bourgeois de Paris, se trouvent finalement dévolus à M. Sainte-Beuve. Et personne encore, que nous sachions, même parmi les plus sincèrement lettrés, n’a relevé la sin
gularité de ce choix. Ainsi c’est au critique dont la main sournoise s’est armée de verges pour fustiger les plus grands d’entre vous, que vous confiez le soin de récompenser les débutants et de leur distribuer les dragées de votre concours.
Si nous sommes maussades, c’est que la semaine n’est