ont été envoyées h l’Exposition : la Légende, l’Histoire, Moïse, Solon..., et enfin une frise déroulant parallèlement d’une manière ingénieuse, parfois même trop ingénieuse, les diverses phases de l’évolution humanitaire. Bien que l’Illus
tration reproduise ici par la gravure le carton de la Tour de Babel, nous croyons qu’un commentaire explicatif ne sera pas superflu. — La composition se divise en trois par
ties différentes. En haut domine Dieu, accompagné de deux anges aux épées flamboyantes ; du geste, il ordonne aux peuples de se disperser. Au centre du tableau, sur les degrés de la tour, trône Nemrod, persévérant dans son opi
niâtreté, sourd aux menaces du ciel, aux supplications de sa femme, au spectacle de ses enfants écrasés par les statues des faux dieux qui s’écroulent. Dès deux côtés de ce groupe
tragique, des ouvriers s’enfuient loin du funeste édifice, d’autres apportent encore les matériaux, tandis que l’un
d’eux leur annonce la terrible nouvelle. L’artiste a mis de la grandeur dans celle première partie de la scène, mais c’est surtout dans les trois groupes du premier plan qu’il a manifesté au plus haut degré son talent d’invention. Ces grou
pes sont destinés à représenter les races de Sem, de Cham et de Japliet. A gauche est le groupe le plus remarquable : un patriarche appelle la bénédiction de Jéhovah sur son peu
ple ; de jeunes tilles se réfugient sous sa protection, effrayées par les menaces d’une race ennemie ; une jeune belle femme chemine à côlé du char, portant son enfant dans une cor
beille placée sur sa tête. Une autre race bien tranchée, celle de Cham, occupe le milieu de la scène ; l’expression sau
vage de la physionomie, le sentiment d’adoration slupide, les idoles bizarres, caractérisent ce peuple mystérieux de l’Afrique. Enfin, à droite, la rabe du mouvement intellec
tuel, des arts et de la guerre, celle de Japhet va porter au loin les germes de la civilisation. Les principales figures de ce groupe sont un guerrier de race germanique monté sur un cheval blanc et un jeune Grec aux formes idéales, armé d’un arc, et rivalisant de vitesse avec le coursier dont il lient la crinière. Un dernier épisode mérite encore d’être remarqué, c’est, sur le premier plan, h droite, l’architecte audacieux et impie, instrument de l’orgueil d’un despote, qui tombe lapidé par la colère des hommes avec les maté
riaux mêmes de sa construction. — fl y a assurément de la grandeur et une imagination riche et abondante dans la
manière dont cette scène grandiose est rendue. M. de Kaulbach possède a un haut degré l’art de disposer ses groupes, de les subordonner et de mettre en relief les figures princi
pales. Il est toujours soutenu par une habileté et une science qui ne se démentent pas, et font régner un harmonieux ensemble dans sa composition si compliquée. Un dé
tail nous servira à faire ressortir la mesure qu’il observe dans sa manière de rendre le sujet. On serait tenté de blâmer l’artiste de n’avoir pas donné des types plus caractéris
tiques au groupe sémitique d’une part, et au germain et au grec de l’autre, tandis qu’il a nettement prononcé celui de la race de Cham. C’est que celui-ci, placé au centre, devait
se distinguer d’une manière tranchée des deux autres ; et, une fois cette séparation opérée, une fois l’indication de la diversité des races saisie, s’il eût cherché à donner aussi un caractère individuel et typique aux groupes extrêmes, il ris
rer l’imité pittoresque de son œuvre. Cependant, tout en cherchant à expliquer, comme nous le comprenons, ces adroits calculs de l’artiste, nous adresserons toutefois quel
non, nous venons de le dire, parce qu’elles n’ont pas le type juif, mais parce qu’elles ont un type de beauté mo
derne qui se rapproche des figures de Keepsake. Quant à la
femme portant son enfant sur sa tête, elle est d’une trèsbelle tournure, qui rappelle la manière de Ponlormo. — Parmi les figures isolées, si celle de XHistoire est faible
ment dessinée, celle de la Légende, conçue selon la symbolique Scandinave, et celles de Moïse et de Solon, d’un des
sin pur et élégant, sont particulièrement remarquables; mais les enfants qui les accompagnent sont d’un dessin beaucoup moins heureux et manquent tout à fait de style.
Si l’Allemagne sait mettre de la pensée dans ses dessins, elle ne possède pas au même degré l’art de peindre et de mettre de l’agrément dans l’exécution. Nous ne ferons donc que passer rapidement en revue les peintures à l’huile de
tration reproduise ici par la gravure le carton de la Tour de Babel, nous croyons qu’un commentaire explicatif ne sera pas superflu. — La composition se divise en trois par
ties différentes. En haut domine Dieu, accompagné de deux anges aux épées flamboyantes ; du geste, il ordonne aux peuples de se disperser. Au centre du tableau, sur les degrés de la tour, trône Nemrod, persévérant dans son opi
niâtreté, sourd aux menaces du ciel, aux supplications de sa femme, au spectacle de ses enfants écrasés par les statues des faux dieux qui s’écroulent. Dès deux côtés de ce groupe
tragique, des ouvriers s’enfuient loin du funeste édifice, d’autres apportent encore les matériaux, tandis que l’un
d’eux leur annonce la terrible nouvelle. L’artiste a mis de la grandeur dans celle première partie de la scène, mais c’est surtout dans les trois groupes du premier plan qu’il a manifesté au plus haut degré son talent d’invention. Ces grou
pes sont destinés à représenter les races de Sem, de Cham et de Japliet. A gauche est le groupe le plus remarquable : un patriarche appelle la bénédiction de Jéhovah sur son peu
ple ; de jeunes tilles se réfugient sous sa protection, effrayées par les menaces d’une race ennemie ; une jeune belle femme chemine à côlé du char, portant son enfant dans une cor
beille placée sur sa tête. Une autre race bien tranchée, celle de Cham, occupe le milieu de la scène ; l’expression sau
vage de la physionomie, le sentiment d’adoration slupide, les idoles bizarres, caractérisent ce peuple mystérieux de l’Afrique. Enfin, à droite, la rabe du mouvement intellec
tuel, des arts et de la guerre, celle de Japhet va porter au loin les germes de la civilisation. Les principales figures de ce groupe sont un guerrier de race germanique monté sur un cheval blanc et un jeune Grec aux formes idéales, armé d’un arc, et rivalisant de vitesse avec le coursier dont il lient la crinière. Un dernier épisode mérite encore d’être remarqué, c’est, sur le premier plan, h droite, l’architecte audacieux et impie, instrument de l’orgueil d’un despote, qui tombe lapidé par la colère des hommes avec les maté
riaux mêmes de sa construction. — fl y a assurément de la grandeur et une imagination riche et abondante dans la
Salon de 1855. — École prussienne. — Les sept anges et les quatre cavaliers de l’Apocalypse, carton par M. Pierre de Cornelius.
manière dont cette scène grandiose est rendue. M. de Kaulbach possède a un haut degré l’art de disposer ses groupes, de les subordonner et de mettre en relief les figures princi
pales. Il est toujours soutenu par une habileté et une science qui ne se démentent pas, et font régner un harmonieux ensemble dans sa composition si compliquée. Un dé
tail nous servira à faire ressortir la mesure qu’il observe dans sa manière de rendre le sujet. On serait tenté de blâmer l’artiste de n’avoir pas donné des types plus caractéris
tiques au groupe sémitique d’une part, et au germain et au grec de l’autre, tandis qu’il a nettement prononcé celui de la race de Cham. C’est que celui-ci, placé au centre, devait
se distinguer d’une manière tranchée des deux autres ; et, une fois cette séparation opérée, une fois l’indication de la diversité des races saisie, s’il eût cherché à donner aussi un caractère individuel et typique aux groupes extrêmes, il ris
quait de tomber dans la curiosité ethnographique et d’alté
rer l’imité pittoresque de son œuvre. Cependant, tout en cherchant à expliquer, comme nous le comprenons, ces adroits calculs de l’artiste, nous adresserons toutefois quel
ques critiques â des têtes de jeunes filles du groupe de Sem,
non, nous venons de le dire, parce qu’elles n’ont pas le type juif, mais parce qu’elles ont un type de beauté mo
derne qui se rapproche des figures de Keepsake. Quant à la
femme portant son enfant sur sa tête, elle est d’une trèsbelle tournure, qui rappelle la manière de Ponlormo. — Parmi les figures isolées, si celle de XHistoire est faible
ment dessinée, celle de la Légende, conçue selon la symbolique Scandinave, et celles de Moïse et de Solon, d’un des
sin pur et élégant, sont particulièrement remarquables; mais les enfants qui les accompagnent sont d’un dessin beaucoup moins heureux et manquent tout à fait de style.
Si l’Allemagne sait mettre de la pensée dans ses dessins, elle ne possède pas au même degré l’art de peindre et de mettre de l’agrément dans l’exécution. Nous ne ferons donc que passer rapidement en revue les peintures à l’huile de