Pompéia (1).
Seuil en mosaïque de la maison des vestales.
Dans son numéro du 20 janvier dernier, l’Illustration rendait compte de cet ouvrage; elle en faisait ressortir l’utilité, elle en constatait l’intérêt et lui prédisait le succès dû aux li
vres rares écrils avec conscience et de visu. Ces
prévisions n’ont point été trompées : quelques mois à peine se sont écoulés depuis la publica
tion de Pompéia, et déjà l’auteur en offre au public une. deuxième édition. La faveur qui a accueilli la première a prouvé que M. Ernest Breton ne s’était pas fait illusion sur le vif sen
timent de curiosité que font naître les noms seuls de l’ompéi et d’Iterculanuni, et qu’il avait
Le brillant et rapide succès de son ouvrage devait engager l’auteur à faire de nouveaux ef
forts pour le rendre encore plus digne de la faveur du public et de l’approbation, du monde savant. La première condition à remplir en publiant une nouvelle édition était d’y compren
dre les découvertes faites depuis la première; car, si les travaux des fouilles marchent lentement, encore marchent-ils, et la carrière est si féconde que chaque jour révèle quelque nou
veau mystère de la Cité des morts. Parmi ces nouvelles découvertes, il enlestdeux surtout qui sont dignes de lixer l’attention. Les travaux
rendu un véritable service en popularisant la connaissance de ces ruines célèbres, mine iné
puisable de science archéologique que le formai et le prix élevé des anciens ouvrages avait rendu l’apanage exclusif des grandes bibliothèques publiques ou privées..


Boulangerie.Seuil de la maison du poëte.




Hémicycle couvert.


exécutés tout récemment hors de la porte de Nola, ont fait reconnaître à l’extérieur des murailles un degré grossièrement construit sur lequel étaient déposées de nombreuses urnes en lerre cuite, contenant des osse
ments brûlés. Des urnes semblables étaient enfouies dans le terrain voisin, ou l’on a trouvé aussi des ossemenls confiés
à la terre, sans aucun récipient; selon i’c- sage, chacune de ces urnes contenait la pièce de monnaie destinée à payer le passage dans la barque, infernale; ces mon
naies s’étendent des derniers temps de Pompée à la fin du règne de Tibère, et de cette observation on peut conclure que,
vers cette dernière époque, l’humble sepulcretum avait cessé de recevoir de nouveaux habitants.
Dans la première édition de son ouvrage, M. Breton n avait fait qu’indiquer ie nouvel établissement de bains qui ve
nait d’être reconnu au coin de la rue du Quadrivio délia Fortuna et de celle de la Fontaine d’abondance; aujourd’hui cet édifice est presque entièrement déblayé, et sa description complète a pu trouver place dans la nouvelle édition de Pon> péia. Sa disposition est à peu près la même que celle des Thermes connus depuis 182i; on y retrouve toutes les par
ties constitutives des bains antiques, l’a- podytérium où se déshabillaient les bai
gneurs, le frigidorium pour les bains froids, le tépidarium dont la douce chaleur préparait le corps à la température élevée ( e l’étuve ou caldarium, enfin le caldarium luimême consacré aux bains chauds et aux bains de vapeur. Tout à Pompéi est digne d’observation, et pas un coup de pioche ne peut être donné sans être dirigé par une intel
ligente surveillance. Déjà une empreinte laissée sur la cendre avait révélé la forme des portes des maisons; dans les nouveaux bains, une décou
verte du même genre est plus singulière encore :
le bassin du baptisterium de l’étuve avait été revêtu à l’intérieur de plaques de marbra qui
(I) Décrite et dessinée par Ernest lircton , de la société impériale des antiquaires de France, suivie d’une notice sur Hereiilanum, 2e édition.—Pa
ris, 1850, chez Gide et Baudry, 5, rue Bonaparte, et chez l’au
teur , 10, rue Richer — I vol. gr. in-8u, orné de 160 gravu
res et d’un plan général des ouilles. — 10 fr.
Mort de Pline l’Ancien.
Théâtre tragique.
n’ont point été retrouvées; l’une de ces dalles, provenant de quelque édifice public, portail une inscription qui avait été appliquée sur le ciment; cet enduit a conservé en relief les
lettres de l’inscription, et on a pu lire : « A l’Empereur César Auguste, fils du divin César, général pour la xmc fois, tribun .pour la xv% père de la patrie, consul pour la xic
fois « Le xve tribunal el le xic consulat d’Auguste répondent à l’an de Borne 755 (2 de l’ère vulgaire).
Près des bains fut trouvé un beau cadran solaire conservai] I encore son gno
mon, particularité jusqu’ici sans exemple. Une inscription osque gravée sur la base vient encore ajouter à l’intérêt que pré
sente ce curieux monument. Cette inscrip
tion a été interprétée ainsi par le savant Minervini : « Marins Antinius, fils de Marius, questeur, a fait faire cette horloge,
d’après un décret de l’assemblée. » On a donc la certitude que ce cadran fut exé
cuté dans un temps où la langue osque était encore en usage à Pompéi, mais on y trouve aussi la preuve de la continua
tion de l’emploi de cette langue même après l’arrivée des coloniesromaines, puisqu’on voit figurer dans l’inscription le litre de questeur, qualification essentielle
ment romaine et inconnue au temps de l’indépendance de Pompéi.
C’est ainsi que chaque jour de nouvelles découvertes viennent apporter quel
ques données précieuses pour la science historique et archéologique. ; à chaque instant elles apportent de nouvelles preu
ves ou de nouvelles explications des usages mentionnés par les auteurs anciens.
Ce rapprochement des écrits et des choses n’est peut-être pas le résultat le moins utile et le moins piquant des fouilles de Pompéi ; M. Ernest Bre


ton l’a bien senti, et il a


voulu mettre le lecteur à même de faire sans peine et sans recherches cette comparaison si attachante et si curieuse ; il a eu la patience de re
lire, la plume cà la main, l’immense collection des écrivains de la Grèce et de Borne, el il a pu ainsi, dans la nouvelle édition de son ouvrage, apporter à l’appui des opinions qu’il avait émises d’in
nombrables citations que les savants seront heu
reux de trouver réunies, mais qu’il a eu le soin de
rejeter on notes afin de ne pas interrompre les descriptions, et surtout de ne pas surcharger le texte d’un étalage d’éru
dition qui eut pu être sans intérêt pour une partie