des lecteurs. Fidèle à son système, l’auteur a traduit toutes ces citations pour rendre son livre aussi intelligible à l’homme du monde qu’à la jeunesse des deux sexes, car on l’a déjà dit en rendant compte de cet ouvrage, le livre de Pompéia peut être mis dans toutes les mains, grâce à la scrupuleuse sévérité qui a présidé il sa composition.
En résumé, l’ouvrage de M. Breton est le seul qui, par ses descriptions claires et ses nombreuses gravures, auxquelles nous faisons un nouvel et intéressant emprunt, puisse don
ner à tous une idée juste et complète de ce tableau palpitant
de la vie publique et privée des anciens; sa lecture est le complément indispensable de toute éducation libérale, et le livre entier est destiné, par son formai portatif et son prix peu élevée, à devenir le guide de tout voyageur qui aura le bonheur de parcourir le forum, le lemple d’Isis ou la voie des Tombeaux.
Gabriel Falampin.


Revue agricole.


Le nouveau décret qui a diminué les droits d’entrée sur les fers a été accueilli avec joie dans le monde agricole. En ce qui concerne spécialement les instruments et machines à son usage, le droit est réduit de 30 francs à 1.5 francs pour les 100 kilos. Si le nouveau droit ne portait que sur les parties métalliques des instruments aratoires, il serait évidemment modéré, il n’équivaudrait qu’à un tarif de 15 pour 100 ad valorem, et les amis du progrès se mon
traient disposés à ne pas reculer même devant un tarif de dO pour 100 ad valorem dans leurs importations de machi
nes nouvelles. Il est fâcheux que le bois, qui entre pour une tarte partie dans certaines machines, par exemple dans celles qui servent à battre les gerbes, soit soumis à un droit aussi fdrt füe ie fer. Quoi qu’il en soit, la mesure est favorable, et permettra à notre mécanique agricole de prendre enfin son essor. Ce n’est pas l’esprit inventeur qui jusqu’ici a fait dé
faut dans nos campagnes, je citerai comme exemple les nombreuses inventions de M. Vloysen depuis dix ans, mais bien les grandes usines où les instruments et appareils puissent être confectionnés habilement et à bon marché ; nous avons seulement des charrons. De grandes usines, comparables à celles de Hansome, de Garret, de Clayton, d’Hornsby, en Angleterre, ne se créeront chez nous que du jour où la nécessité des machines perfectionnées se fera sentir par suite d’un emploi certain de celles que nous importerons de l’étranger.
En organisant une galerie pour l’exposition de produits à bas prix, on s’est préoccupé d’abord de l’intérêt des ou
vriers citadins, le tour viendra sans doute des ouvriers campagnards. En attendant, signalons une lacune dans le programme officiel des concours agricoles pour l’année pro
chaine. Des prix sont offerts pour les meilleurs instruments et machines, dans telles ou telles conditions données. C’est un appel aux mécaniciens: pourquoi un appel analogue n’est-il pas fait aussi aux architectes de bâtiments ruraux? A. l’Exposition de Londres, les curieux de tous pays ont pu visiter un modèle de grandeur naturelle, .construit en bri
ques, tout meublé, d’une habitalion pour une famille agri
cole ; ce modèle avait été construit par les soins du prince Albert: Il est regrettable de n’avoir rien vu de pareil à l’Exposition de Paris ; seulement, du fond de certaines provin
ces soumises à l’Autriche, il est arrivé quelques plans de maisons d’ouvriers ruraux commandées par quelques sei
gneurs féodaux pour leurs serfs. Les sociétés d’Ecosse et d’Angleterre onl commencé depuis quelques années a dé
cerner des prix pour les meilleurs bâtiments de ferme et pour les meilleurs cottages de journaliers ; nos sociétés françaises ne tarderont pas sans doute à comprendre l’importance de. la question, et à ajouter un article à leurs programmes.
Un journal spécial vient de consacrer tout récemmentdeux articles à une charrue qui n’a point figuré à l’Exposition, mais qui cependant mérite qu’on lui donne attention : c’est la charrue à indicateur de M. (hussard, cultivateur à l’erinitage de Sixt (Ille-et-Vilaine). Il y a là une idée nouvelle et utile dans l’application.
Dans le travail de nos charrues de l’usage le plus ordinaire, les charrues à avant-train, une grande partie de la force motrice est consommée inutilement. Mathieu de Dombasle avance qu’excepté peut-être dans les environs de Paris, sur cent charrues à avant-train , il n’y en a pas dix qui ne dépensent le double de la force qui serait nécessaire. Cette déperdition de force a d’abord deux causes : le frotte
ment et l’obliquité de la ligne du tirage. On a commencé à combattre la première en construisant plus rationnellement que par le passé les parties frottantes et surtout le versoir. On peut, combattre la seconde en donnant à l’angle de trac
tion le moins d’ouverture possible, c’est-à-dire en tenant les traits aussi longs que le comporte la nature des choses, sans exagération, en tant que, la charrue le permet.
Malheureusement beaucoup de laboureurs sont encore sous l influence de ce préjugé, que plus l’animal est attelé court, plus Fell et de son tirage est grand. Cela peut être vrai dans certaines limites et dans certains cas, dans celui,
par exemple, d’un tirage horizontal de charrette, puisque alors la direction de la ligne ne subit aucune modification. On conçoit alors qu’un trait court présentant moins d’é­
lasticité , il y a un peu plus d’effet utile produit, toutes les autres conditions de tirage restant égales. Mais i! n’en est pas de même dans la traction oblique de la charrue, où l’on
perd beaucoup plus à agrandir l’angle de tirage que l’on ne gagne à rendre les traits moins élastiques par leur raccourcissement.
Ori néglige trop souvent cette considération, que, dans le labourage, la traction s’opère sous un angle qui peut va
rier entre dix et vingt-cinq degrés, selon que les animaux attelés sont de laille plus ou moins haute, les traits plus ou
moins courts, et la charrue disposée pour recevoir le point d’attache plus ou moins près du centre de résistance, de sorte que si, en allongeant les traits, l’on réduit successive
ment l’ouVertiffê de l’angle formé sur la ligne horizontale de vingt-cinq degrés— à vingt, — à quinze, — â dix ,
la décomposition de force ira en décroissant à peu près dans une proportion qu’exprimeraient les chiffres, compa
rés entre eux, quurante-deux,— trente-quatre,— vingtdng, —dix-sept. Par suite de la décomposition qui s’o­
père sur l’épaule des bêtes d’attelage, il y a force perdue pour le tirage, et il se produit une force verticale qui attire
leurs colliers en conlre-lias : c’est comme si on les chargeait d’un poids sur la nuque ; elles fonctionnent à la fois comme bêtes de bât et de trait.
On comprend par là comment il se fait que deux petits bœufs produisent souvent autant de travail utile que deux chevaux plus hauts el plus forts. Les Anglais ont pris soin de créer une race de chevaux spécialement applicables au travail de la charrue : ce sont ceux de la race Sufl olk, qui ont une carrure imposante, une croupe, des reins et un poitrail énormes, le tout reposant sur des jambes très-courtes. L’institut agronomique de Versailles possédait de superbes exemplaires de ce type.
f ne troisième cause de déperdition de la force motrice est dans le mauvais ajustage et le mauvais règlement de la charrue. Pour peu que le crochet d’attelage prenne son point d’attache sur l’instrument en dehors de la ligne théo
rique, celle qui répond aux lois de la dynamique, celte li
gne abstraite qui va directement du point où s’engendre la puissance, le travail des chevaux, au point central des résis
tances contre lesquelles lutte le travail du centre, du soc et du versoir, il y aura décomposition de la force dépensée, et perte d’une partie de cette force. Poussez la chose à l’excès, vous produirez l’impossibilité de faire marcher l’instrument. Placez-le. crochet trop au-dessous de la ligne abs
traite , il soulèvera la pointe du soc en dehors du sillon. Placez-le trop en dessus, le soc piquera la terre el s’y enfon


cera. Placez-le trop sur l’un ou l’autre côté de cette ligne,


le corps de la charrue sera jeté sur l’une ou l’autre des parois du sillon, elle s’arrêtera court ou déviera.
Déterminer au juste et théoriquement le point central des résistances d’une charrue (et ce point varie pour cha
cune selon la construction plus ou moins régulière de ses différentes pièces, el il varie en outre pour la même charrue selon le sol dans lequel elle fonctionne), est une opération compliquée; elle exigerait des calculs auxquels le la
boureur ordinaire n a ni le courage ni le temps de se livrer.
Aussi, dans la pratique, on a recours au simple tâtonnement pour l opération si importante d’établir le point d attache du crochet d’attelage, ou, comme on dit, de régler l’ajustage de la charrue.
La charrue sans avant-train, l’araire, porte, à l’extrémité antérieure de l’age, ce qu’on appelle un régulateur, appareil qui s’élève ou descend de manière à recevoir à volonté le crochet d’attelage à la hauteur précise que le tâtonnement indiquera comme convenable; après quoi une cer
taine disposition permet, de porter ce même crochet vers la droite ou la gauche, selon qu’un autre, tâtonnement en dé


cidera, Du moment que l instrument marche et trace un bon


sillon, on est assuré, par le fait seul de celle marche, que les trois points : le point de la puissance, le point d’attache et le point central des résistances, se trouvent en effet sur la ligne théorique, la ligne abstraite ; on a l’assurance que la perte de la force dépensée est donc au minimum; elle se réduit à celle qui pourrait résulter des deux premières cau
ses que j ai indiquées plus haut : du frottement exagéré d’un versoir de mauvaise forme pour le soi à retourner, et de l’obliquité qu on a déterminée pour les traits de l’atte
lage. line circonstance fortuite, par exemple la rencontre d’un obstacle, vient-il déplacer pour un moment le point central des résistances et détruire l’équilibre de l instru
ment, il suffit au laboureur pour le rétablir d’agir très-légè
rement sur l’un ou l’autre des mancherons. Voilà ce qui fait de l’araire la charrue préférable, celle qui donne le travail le plus économique, en exigeant de l’ouvrier, non point de la vigueur, mais une attention vigilante : j’ai vu des enfants de quatorze ans conduire admirablement bien une araire.
Malheureusement notre pays est, pour celle question, fort en arrière de l’Angleterre et des Etats-Unis, il n’a encore qu’un très-petit nombre d’usines où l’on sache construire une bonne araire, et une araire dont toutes les pièces ne se
raient pas en harmonie se refuserait à marcher, ou tout au plus ferait de mauvaise besogne.
bras se relie à l’age au moyen d’un anneau que l’on fait glisser à volonté sur la pente de l’age, et qu’une vis de pression fixera sur tel ou tel point, selon la profondeur du labour à exécuter.
Sur l’axe de la roulette est fixé le crochet d’attelage qui fait corps avec lui, de telle manière que si le crochet, sollicité par le tirage, fait un mouvement quelconque, ce mou
vement se communique à l’axe qui le reproduit : ce dernier cependant porte une aiguille qui y est solidement vissée, et qui forme avec la ligne de tirage un angle presque droit. Cette aiguille représente assez bien celle, d’un fléau de balance, dont le bras est ici remplacé par la ligne de tirage.
Les choses étant ainsi disposées, si l’on attache les traits au crochet d’attelage et si on les tend sous un angle quel
conque, il est évident que l’inclinaison qu’on leur donnera sera reproduite par l’aiguille qui oscillera de l’avant à l’ar
rière, selon que les traits tendus formeront avec le sol un angle plus ou moins ouvert. 11 est évident encore que, si la pointe de l’aiguille -se meut sur un segmenl de cercle con
venablement divisé, elle indiquera l’angle formé aussi exactement que l’indiquerait un graphomètre.
L’age est mobile. A sa partie postérieure, il peut basculer autour d’un point fixe pris sur le corps de charrue, et rece
voir différents degrés d’inclinaison, au moyen d’une puissante vis de rappel établie sur le corps de charrue et qui déter
mine le mouvement de bascule. Ces degrés d’inclinaison sonl indiqués par la pointe de l’age sur un segmenl de cadran tracé sur le côté du corps de charrue.
Pour ajuster sa charrue, l’ouvrier regarde d’abord quel chiffre est indiqué par l’aiguille de la roulette. Je suppose qu’il trouve le numéro 10 : il regarde ensuite à l’extrémité postérieure de l’age, et, manœuvrant la vis de rappel, il amène la pointe de Page sur le numéro correspondant tracé sur le segment de cadran du corps de charrue. Dès lors l’a- jlistage esl parfait ; il n’aura rien à y changer tant que les conditions du tirage resteront les mêmes, tant qu’il n’y aura rien de changé dans la taille des animaux qui tirent et dans la longueur des traits, ce qui, ajoute M. Crussent, peut durer plusieurs années.
U ne lui reste plus qu’une chose à faire : ce sera de donner l’entrure, c’est-à-dire de régler la profondeur du la
bour qu’il se propose d’exécuter. Pour cela il s’agit d’élever la roulette au-dessus du niveau de la semelle (on appelle ainsi la partie de la charrue qui pose sur le fond du sillon),
de 1’élever, dis-je, d’autant de centimètres qu’on en veut donner au labour, ce qui s’obtienl en avançant ou recu
lant le bras perpendiculaire de la roulette le long de la par
tie antérieure de Page, et en assujettissant Panneau au point convenable par la vis de pression.
Pour l’ajustage des charrues ordinaires, on se place entre les deux points extrêmes de la puissance et de la résistance, et l’on détermine sur la ligne abstraite, qui va de l’un à l’au
tre point, le point intermédiaire de l’attache ;ce!a se fait par tâlonnemenls et sans aucune règle précise. M. Crussard pro


cède différemment. La manière dont il expose sa théorie est


plus facile à comprendre pour les gens de la profession que pourrie public des gens du monde; je vais essayer de la résumer brièvement et en m’y prenant différemment.
Pour établir sa ligne abstraite, il adopte pour base de son opération le point intermédiaire, le point d attache, qui passe par le centre d’axe de la roulette, — le second point, celui de la puissance, lui est donné par la hauteur de l’é­ paule des chevaux. — Voilà une ligne oblique dont le pro
longement coupera une ligne horizontale qui passerait par le cenlre d’axe de la roulette, et au dessous la ligne parallèle horizontale du sol sur laquelle pose le corps de charrue. — Il s’agil d’amener le troisième point, le point de la résistance, sur le prolongement de cetle ligne oblique.
Supposons que la roulette demeure immobile, el le liras qui la surmonte bien perpendiculaire. Je fais glisser le corps de la charrue sur le sol jusqu’à ce que j’aie amené le point de résistance sur le prolongement de ma ligne oblique, ma ligne de tirage.
Alors je remarque une chose : c’est que l’âge de la charrue Crussard, qui est un âge mobile et qui se prête à un mouvement de bascule, ne présente plus la même inclinaison, tout en continuant à s’appuyer sur le bras de la rou
lette immobile, lorsque j’ai avancé ie corps de charrue. Il a dû se dresser davantage. — Je compare entre eux l’angle qu’il forme sur la ligne horizontale, el l’angle ouvert aussi sur la ligne horizontale par la ligne oblique du tirage.
Maintenant je me mets dans de nouvelles conditions. Je prends le point de puissance plus élevé, en conservant tou
jours le point à attache au centre d’axe de la roulette immo
bile, c’est-à-dire que j’ouvre davantage sur l horizontale l’angle de tirage, et je remarque que lorsque j’ai amené sur le prolongement de ma nouvelle ligne de tirage le point de résistance, el que le corps de charrue a fait un peu plus de chemin en avant, l’age s’est dressé encore davantage el a ouvert un angle plus grand. — Je compare de nouveau les deux angles entre eux, et je constate que décidément il existe un rapport proportionnel. — M. Crussard calcule le rapport à peu près : : 1 : 2. — Je conclus que lorsque ma ligne de tirage me donnera lin angle de telle ou telle ouver
ture, je devrai, pour obtenir le résultat dont j’ai besoin, faire basculer l’age, de manière que son inclinaison sur l’horizontale donne un angle de telle ou telle autre ouverture proportionnellement correspondante.
Or l’aiguille de la roulette m’indiquant toujours avec précision l’angle de tirage, il me. devient facile de déterminer exactement et d’élablir l’inclinaison par lui commandée pour l’âge.
Une circonstance qu’il ne faut point omettre, c’est que le constructeur de la charrue, après avoir calculé le point cen
tral présumable des résistances du corps de la charrue, aura établi le point de bascule de l’age sur un point quelconque delà perpendiculaire élevée sur le point central des résistan
ts charrues ordinaires sonl presque toujours capables de marcher, même celle qui sort des mains d’un très-mé
diocre charron de village. Les deux roues de l’avant-train, en posant sur le soi, maintiennent l’instrument dans le droit chemin; elles combattent et dissimulent la pression laté
rale qui résulte d’un point d’attache p acé trop sur la droile ou sur la gauche. Ce point se trouve-t-il placé trop haut, la pression verticale est également dissimulée, parce qu’elle se concentre sur la niasse de l’avant-train ; el la tendance qu’aurait le soc à se soulever au-dessus du sillon est com
battue et entravée. Le labour s’exécute donc, mais à quelle condition ? celle d’une énorme dépense inutile de force motrice. Dieu sait combien il coûte cher !
M. Crussard s’est posé ce problème : Trouver un appareil simple, peu coûteux, faisant connaître avec exactitude, sans tâtonnements ni écarts possibles, quels que soient l’angle de traction tri la profondeur du labour, le point précis d’a- juslage, dé manière à éviter toute décomposition de la force motrice, autre que celle qui résulte nécessairement du frottement et de l’obliquité du tirage.
Dans la charrue de son invention, qu il appelle charrue à indicateur, il remplace l’avâüt-train par une simple rou
lette de vingt centimètres de diamètre, qui tourne dans une chape et que surmonte un bras vertical destiné à supporterla partie antérieure de l’age qui repose sur lui. Ce