M Leys; une Boutique de soieries en 1660, par Willems ; Ce qu on appelle le vagabondage, par Λ If. Stewens; Convoi mnèbre au désert de Suez, par Portails: le Marché aux chu ns, par J. Stewens ; un Bal à Goës iZekuidej, par Dillens; le Pont Saint-Jean, à Bruges par Stroobant. — Cérémonie de clôture de l’Exposition universelle de 1855. — Mi daille dis récompenses de l’Exposition. — Types de l armée d Orient; départ général, les adieux; un habitué; les chevaux à bord; un con
scrit; peines de cœur; installation; la nuit. — Vue de la Manutention pendant l’incendie. — Portrait du co.onel Magnan. — Rebus.
Histoire de la semaine.
A côté de la pompe déployée pour clore solennellement l’Exposition universelle de 1855, nous avons malheureuse
ment à enregistrer dans nos colonnes deux accidents bien tristes, arrivés, l’un sur le théâtre de la guerre, l’autre dans Paris même, à la Manutention de Chaillot. Le maré
chal Pélissier rend compte comme il suit du malheureux événement qui nous prive, sans compensation, de soldais courageux et d’officiers capables :
«Notre parc d’artillerie dit du Moulin, près Inkermann, a été en partie détruit hier à quatre heures du soir, par l’explosion de trois magasins renfermant ensemble 30,000 kilogrammes de poudre, 600,000 cartouches, 300 obus chargés et d’autres artifices de guerre.
«Les matières enflammées, projetées au loin, ont déterminé un violent incendie dans le parc anglais voisin du nôtre. Là aussi il y a eu des explosions partielles. Λ six heures, les travailleurs anglais el français étaient niai très du feu.
«Nos perles sont de trente tués, dont deux officiers, et une centaine de blessés, parmi lesquels dix officiers. Quel
que douloureuses qu’elles soient, il y a à se féliciter qu’un pareil événement n’ait pas eu des conséquences plus graves et plus cruelles.
« .le ne puis préciser les pertes de nos alliés ; je les crois à peu près les mômes que les nôtres ; comme presque tou
jours en pareil cas, il est difficile de savoir quelle a été la cause de la première explosion.
« Cet accident est certainement fort regrettable ; mais nos approvisionnements sont tellement grands que les ressources de l’armée n’en sont nullement alfectées. »
Quant à l’incendie de la Manutention, nous nous bornons à le mentionner ici, en renvoyant au dessin qui accompagne le détail de ce sinistre.
Plus loin, le lecteur verra aussi le compte rendu de la cérémonie de la distribution des récompenses. Nous pou
vons dire, dès à présent, que cette solennité a été digne en tout point de l’Exposition elle-même. Au point de vue po
litique, le discours de l’Empereur a été fort remarqué, et le cabinet de Londres applaudit fortement le langage tenu dans cette circonstance.
De Crimée, rien de nouveau; la campagne paraü définitivement terminée pour cette année. Du reste les résultats immenses obtenus jusqu’à ce jour permettent qu’on at
tende un moment plus opportun de reprendre les hostilités. 11 importe d’établir, comme le fait remarquer un jour
nal, que ce ne sont ni les manœuvres ni les résistances des Lusses qui ont marqué la limite et empêché les résultats immédiats du mouvement du maréchal Pélissier dans la forte reconnaissance qu’il fit sur le derrière dos busses, parmi des obstacles naturels inouïs. Ce ne sont absolu
ment que les difficultés du sol, du climat, de la saison, qui ont déterminé le maréchal à ajourner des opérations décisives qu’aucun intérêt urgent ne réclamait à l’instant même.
Les armées alliées vont donc probablement chercher à passer sur la Péninsule Khiver le moins rude possible. Tous les jours on s’occupe de construire des baraquements, des huttes, des cases, enfin tous les abris appropriés aux différentes positions qu’occupent les divers corps de l’année.
D’après une correspondance du < onstitutionnel, les travaux de Kamiesh sont en grande activité, et l’armée aura là bientôt une espèce de réduit entièrement fermé, une place forte. Kinburn a aujourd’hui sa garnison d’hiver, le 95e de ligne. La marine française y laisse U batteries flot
tantes , h canonnières de première classe, 2 bombardes et une gabare, qui ont pris posilion dans le Cherson, c’est-à- dire dans l’intérieur des bouches. La flotte anglaise laisse à peu près les mêmes forces maritimes.
L’Amirauté anglaise a reçu des dépêches de Crimée, lui annonçant que, dans les journées du 5 et du 6 novembre, le capitaine Osborne a détruit près de Gheiskliman, sur la mer d’Azoff, d’énormes quantités de grains et de fourrages emmagasinés par masses compactes dans six quartiers oc
cupant un terrain d’une étendue de deux milles le long de la côte, et destinés aux armées russes du Caucase et de la Crimée.
Pour accomplir leur entreprise, les alliés ont débarqué sur trois points, en présence d‘un corps de à,000 busses, composé d’infanterie et de cavalerie.
La correspondance étrangère du Constitutionnel annonce que les busses font en ce moment des essais pour s’appro
prier l’invention des balteries flottantes qui a si bien réussi aux puissances occidentales dans l attaque de Kinburn. Le grand-duc Constantin a donné l’ordre de commencer les premières épreuves à Cr’onstadt et à Nicolaïeff. La difficulté pour les busses est de rendre leur fer assez dur pour ré
sister aux boulets : une prime considérable est proposée à celui qui résoudra ce problème et fera connaître la construction mystérieuse de ces terribles machines, dont l’em
ploi paraît si menaçant pour les forts réputés imprenables de Cronstadt.
Les Turcs continuent bravement la série de leurs succès sur la côte d’Asie, et nous espérons bien que, quand Omer- Pacha aura achevé son mouvement qui doit prendre les busses à revers , le général Mourawieff sera obligé de lever définitivement le siège de celle forteresse. La victoire que viennent dernièrement de remporter les Turcs les égale à nos meilleurs soldats ; ils y ont déployé la même audace et la même énergie que l’Europe a déjà tant admirées dans leur dernier combat, où, surpris la nuit avec des forces relative
ronne parut ne devoir soulever aucune discussion, à Bruxel,les, on annonce, dès le début, une question d’existence ministérielle.
Le Journal de Genève nous apporte cette semaine les chiffres des dernières élections de ce canlon. Il a eu 10,358 votants; sur ce nombre, 6,19/t se sont prononcés en laveur de M. .1. Fazy. Les candidats de la liste sur laquelle figurait l’ancien chef du pouvoir exécutif ont eu tous plus de 6,000 voix. Quant à la liste des socialistes unis aux conservateurs, elle n’a obtenu que Zi,300 à /i,550 suffrages. Le nouveau conseil d’Etat se composera en conséquence de MM. .lames Fazy, Tourte, Fontanel, Duchosal, Piquet, Bonnet et liraiL— mayer. Les démonstrations organisées par le parti vain
queur ont provoqué quelques conflits partiels, mais qui heureusement n’ont eu aucune importance.
S. M. le roi de Sardaigne est attendu au moment où nous mettons sous presse. Nous saluerons son arrivée à Paris dans notre prochain numéro. Paulin.
ment bien inférieures, ils ont repoussé si énergiquement les busses qui étaient venus les attaquer.
Des lettres de Trébizondè, d’une date récente, confirment la nouvelle, déjà connue depuis quelques jours, d’a­ près laquelle le général Mourawieff aurait été atteint d’alié


nation mentale. Elles confirment également la marche d’O- mer-Pacha sur Kutaïs.




Un événement des plus graves préoccupe en ce moment l’opinion publique en France et surtout à Constantinople.


Le dimanche à, un événement des plus regrettables a ensanglanté les rues de cetle ville : à cinq heures du soir un caporal pompier sortit de l’hôpital de l’Université, qui, par mesure d’ordre, était gardé par vingt-quatre hommes et trois gendarmes. A vingt pas de la porte, trois ou qualre Tunisiens s’approchent de ce militaire, l’injurient, le maltraitent, et l’un d’eux dégaine son sabre pour l’en frapper.
Le sapeur résiste, et se débarrasse de ses agresseurs en s’emparant de l’arme sortie du fourreau. Un officier d’administration accourt au bruit, accompagné de quelques sol
dats. Les Tunisiens s’enfuirent, à l’exception de celui qui avait dégainé et qui fut conduit au poste. On croyait que ce n’était là qu’un fait isolé, sans conséquence; mais quelque temps après un groupe nombreux de Tunisiens, évalué de 120 à 150, armés de sabres et de pistolets, de bâtons et de pierres, se ruèrent -suf· rhôpital, en criant : « Mort aux Français, » et réclamant le prisonnier fait par les soldats du poste. Une vigoureuse sortie fut aussitôt exécutée par quelques officiers d administration, des gendarmes et quelques soldats qui avaient pu prendre les armes. Les Tuni
siens furent culbutés- êt éh assés. Les Tu-nisiens, exaspérés, se rendirent à lèuîv caserne pour y prendre leurs armes, forcèrent un posté stùfe.q.ui s’opposait à leur sortie, et s é­
lancèrent de nouveau sur rhôpital, en commençant leur feu. Embusqués dans les angles des rues et des maisons voisines, ils tiraient incessamment ; les infirmiers allèrent se placer aux fenêlres, d’où ils répondirent par des coups mesurés. Enfin les Tunisiens se retirèrent après avoir vu tomber plusieurs de leurs camarades.
A la même heure, dans les quartiers environnants, des Français isolés ont été attaqués et assassinés à 300 mètres de l’hôpital; deux infirmiers ont été massacrés; l’un d’eux avait le pied complètement haché. Ailleurs, devant la caserne d’artillerie tunisienne, passait un lieutenant de vais
seau, M. Blaize, sous-capitaine de port, et deux officiers d’administration. Le lieu tenant de. vaisseau fut attaqué, ainsi que ses deux compagnons, qui parvinrent à s’enfuir; mais il reçut une iirofonde blessure au crâne, au milieu même d’une escorte turque. Eu résumé, deux soldats massacrés,
deux officiers blessés, dont un très-grièvement, et quatre soldats blessés dans la sortie.
Le général Lauhey el. le commandant de la gendarmerie Bouttier prirent immédiatement les précautions nécessaires pour empêcher le retour d’une aussi épouvantable scène. La caserne des Tunisiens a été bloquée par ordre des autorités ottomanes, et les Tunisiens désarmés sur la propo
sition du ministre des affaires étrangères, et, pour donner toute satisfaction à l’ambassadeur français, il a été, décidé qu’une commission d’enquête, moitié turque et française, se rendrait bien compte de celle affaire, et adresserait un rapport au conseil de guerre, composé aussi mi-partie de Turcs et de Français, qui statuerait sur la pénalilé à faire subir aux coupables. Le bruit a couru que les soldats tuni
siens avaient agi à l’instigation de quelques softas fanaliques. U reste décidé que les soldats du contingent tunisien, en ce moment à Constantinople, sera congédié dès qu’aura eu lieu l’exécution du jugement qui sei-a prononcé par !e conseil de guerre.
A Beyrouth des scènes à peu près semblables ont eu lieu. Environ 500 soldats, la plus grande partie Damascains, à la solde de l’Angleterre, sont dans celle ville, attendant leur embarquement. Une centaine 6e promenaient, quand une dispute s’engagea entre l’un d’eux et un ouvrier à la suite de l’armée française; les camarades des deux côtés s’en mêlèrent, mais les Français, moins nombreux, durent céder.
A la suite de ce conflit, le pacha donna l’ordre de fermer les portes de la ville, et rassembla ses hommes de police et ses serviteurs. Après quelques coups de fusils, h Damas
cains fureut tués, 13 blessés, le reste prit fa fuite. Grâce aux mesures énergiques prises par le pacha, ces scènes ne se renouvelèrent plus.
M. Labouchère a décidément accepté le posle de ministre des colonies, laissé vacant par la mort ae sir .lames Malesworth. C’est une rude tâche que M. Labouchère a tenu à honneur de remplir, car la situation dans l’Inde se présente assez sombre, depuis les révoltes partielles qui tendent à se généraliser, en prenant pour aliment les dissensions religieuses, qui ont une si immense influence dans les possessions indiennes de l’Angleterre.
La réouverture du Parlement sarde a eu lien le 15 novembre. A dix heures, le Roi a ouvert en personne la session parlementaire de 1855.
La céréntonie a été fort brillante, écrit-on do. Turin; la garde nationale et la population accourue aux abords du palais du Sénal, ont fait éclater sur le passage·de Sa Ma
jesté de bruyantes acclamations; des vivat chaleureux ont également accueilli le Roi dans l’enceinte du Parlement. Le Roi a prononcé uiVdiscours sur la guerre et les malheurs qui ont frappé sa maison.
Ce discours a provoqué des marques unanimes d’adhésion. Mais le passage surtout qui parle de l’alliance de la Sardaigne avec les puissances occidentales, et où de justes éloges sont donnés à la belle conduite de nos troupes en Crimée, a élé couvert d’applaudissements.
Cette solennité vient ainsi ajouter, chaque fois qu’elle se renouvelle, des (érnoignages éclatants de l’affection du pays pour le ιοί et de son attachement aux institutions libérales.
La session des chambres belges a été également ouverte; mais tandis qu’à Turin, la réponse au discours de la cou


Courrier de Paris.


C’est encore la semaine aux événements connus : d’abord, l’Exposition universelle vous est rendue au lendemain de sa clôture, et on a prolongé d’une quinzaine de jours son rè
gne desix mois. 11 s’agirait même d’accorder un autre sursis aux produits d’élite qui seraient tirés de l’encombrement et réservés pour une exposition à part. Mais celte distinc
tion supplémentaire, si bien méritée par les lauréats, sourit médiocrement aux fruits secs. Exclus du paradis des ré
compenses, — car enfin il n’a pas élé possible d’y admettre tout le monde, — devront-ils subir cette autre humilia
tion, d’être mis à la porte les premiers? C’est dans ce sens, et sans trop de sens, comme vous voyez, que l’agitation industrielle seconlinue. On dirait que cette magnifique cé
rémonie de la distribution des récompenses a irrité encore plus d’amours-propres qu’elle n’en a satisfait. Les grandes douleurs ne sont pas toujours muettes, et nous avons ouï des imprécations, ou tout au moins des lamentations, qui prouvent que l’industrie compte aussi pas mal de talents soi-disant méconnus, voire même de génies incompris. On veut que parmi les artistes la répartition des récompenses n’ait pas élé moins controversée qu’ailleurs; comme tou
jours, la petite peinture se plaint d’avoir été sacrifiée à la grande peinture, c’est-à-dire aux grands cadres. La distinc
tion suprême décernée à l’art tout entier dans la personne de M. Ingres n’a désarmé personne, au contraire, et dans les ateliers beaucoup de bons et mauvais mots se forgent incessamment contre cette gloire. Il n’y a pas jusqu’aux coloristes qui ne s’abîment entre eux, témoin cette plaisante
rie à double tranchant, faite à propos du sautoir des plus dignes : « On a décoré D. x. pour de la couleur sans frot
tage, et voilà qu’on décore D. s. pour du frottage sans couleur. »
L’Exposition étant à l’agonie, Paris se dégarnit à vue d’œil ; il n’est plus absolument impossible d’y circuler ; on
revoit même sur l’asphalte des boulevards telle ou telle Parisienne effarouchée qui ne se dit plus comme le sansonnet de Sterne : Je ne peux pas sortir, je ne peux pas sor
tir ! Les élégantes, pour parler comme un courrier de la mode, vont traîner au bois les robes de l’arrière-saison qui sont des robes arriérées. Un embonpoint faclice étant toujours la nouveauté la mieux portée, il faut s’attendre aux plus grands effets de crinoline pour cet hiver, et décidé
ment la coiffure par son ampleur commence à se mettre au niveau de cet ornement. Les accroche-cœurs, les anglaises
et autres tire-bouchons, autant de petites malices dont la mode ne veut plus. Elle aurait imposé depuis hier aux fem
mes comme il faut l’usage adoplé par d’autres femmes comme il n’en faudrait pas, lequel consiste à laisser flotter l’ornement naturel dans un beau désordre, et à lui donner ses coudées franches, à peu près comme certains beaux laissent pousser toute leur barbe; cela promet poui le bal des effets de saules pleureurs. Ne se dit-il pas aussi qu’en verlu du progrès, beaucoup de beautés,et des plus fraîches, sont-décidées à s’enluminer de plus en plus, ce qui les fe
rait poser en pastel el même en camaïeu? A quoi bon les découvertes de la chimie, si l’on n’en usait pas jusqu’à l’a­
bus? Il paraît certain,— voir certaine réclame dans tous les journaux entre une foule d’annonces issues de l’Exposi
tion, — il parait donc certain que divers [ armas et autres inventeurs ejusdem farina; viennent de confectionner une
eau merveilleuse qui restaure la beauté, et la fait même épanouir sur tel visage qui en est dépourvu. La fiole de ces Cagliostros contient tous les genres d’attraits, et chacune de leurs clientes peut se faire une beauté à son choix. Il y a la fiole Ninon, la fiole Dubarry, la fiole liécaniier ; quelques coups de pinceau, et le tour est fait; on paye d’avance et très-cher. Avis à nos Vénus de mille eaux.
Jours heureux de l’industrie et de ses tètes, Paris ne vit plus que de réclames, et son journal l’en nourrit abondamment. La Presse vantait encore l’autre jour la cuisine hy
giénique des dîners de l’Exposition, où l’on fait maigre le vendredi. Au même instant, le Constitutionnel faisait régaler par un haut fonctionnaire quatre croquants venus sans le sou à l’Exposition, et qui s’arrêtaient avec complai
sance devant l’étalage du buffet : C’est l Empereur gui paye, aurait dit le généreux inconnu à ces braves gens, assez surpris de pouvoir consommer gratis. L’historiette est bien jolie, mais pourquoi y avoir mêlé le nom du restaurateur? ce n’est pas Chevet qui paye, apparemment. Le con
sciencieux Moniteur lui-même n’est pas à l’abri de ces distractions, et, tout en racontant une, anecdote très-honora
ble pour différents hôteliers, qui auraient à tour de rôle hébergé un pauvre soldat, le grave journal aurait pu se dispenser de donner leur adresse.
On annonce, — il ne s’agit plus de réclame, — deux évé
nements assez contradictoires au sujet de MUe Cruvelli : elle