noirs. Ce. dont il abuse surtout, c’est des reflets.
ture est un rejaillissement universel. Le conteur Iloffmann raconte l’histoire
d’un homme qui avaitperdu son reflet. Si pa
reille aventure arrivait à M. Leys, ce serait certainement une bonne for
tune pour ce peintre de talent. » M. Leys a bien modifié sa manière dans le sens de celte critique.
Les tableaux exposés pai
lui cette année sont bien plus sobres d’effets; et ils manifestent une habilité consommée, une. sûreté
d’exécution, une science de dessin et de rendu re
marquable. Le nouvel An en Flandre n’est qu’une petite toile sans importance, représentant quel
ques personnages devant une haute devanture de boutique toute, vitrée. La Promenade hors des murs est une charmante
composition inspirée à l’artiste par ce passage du
Faust de Gœthe : « Hors « des portes obscures et « profondes se pousse une « multitude de gens di« versement vêtus. Avec « quel empressementcha« cun court aujourd’hui « se réchauffer aux rayons « du soleil ! Ils fêlent bien « la résurrection du Sei« gneur, car ils sont eux
« mêmes ressuscités : échappés aux sombres appartements de « leurs maisons basses, aux liens de leurs habitudes vulgai« reset de leurs vils trafics, aux toits et aux plafonds qui les « écrasent, à leurs rues sales et étranglées, aux ténèbres « mystérieuses de leurs églises, tous ils renaissent à la lu« mière. » Tout ce monde bourgeois est répandu autour des murs de la ville, à peu de distance de la ruche ouvrière. Il respire l’air du soir, affaissé dans son épaisse quiétude, parlant d’affaires, de commérages et médisant du prochain.
La malveillance se dirige vers un couple s’avançant sur le premier plan, et qui paraît s’isoler dans l’intimité d’un èntretien amoureux. L’homme à la barbe brune tranche par
Salon de 1855. — École belge. — Le marché aux chiens, tableau pr M. Joseph Stevens.
d’u ne façon charman te su r celle lête heureusement trouvée et dont le carac
tère intime est exceptionnel dans le talent tout extérieur de M. Leys. L’ar
tiste semble avoir eu l’in-. tention de peindre dans ce couple Faust lui-même el Marguerite; nous ne saurions le suivre jusquelà; et évidemment il n’y est pas arrivé lui-même, tlenfermons-nous dans la donnée du programme, et reconnaissons qu’on ne pouvait mieux se faire le contemporain de ces bour
geois d’une vieille cité de Flandre. Nous reprocherons seulement à la fac
ture vieillotte de s’être étendue jusqu’au ciel doré des dernières clartés du soleil. La nature , elle ,
conserve imprescriptibles ses droits d’éternelle et fraîche jeunesse. L’air est épais, comme cette bour
geoisie ; il ne circule pas li
des clochers et des hauts pignons de la ville. Une œuvre plus forte encore,
et dans laquelle M. Leys s’élève à une hauteur ma
gistrale, est désignée sous le nom des Trentaines de Jicrlal de llaze, chef du serment de l’ancienne ar
balète, décédé en 1512, et qui avait légué, à l’é glise Notre-Dame son at
duction donnée ici nous dispense de décrire ce tableau.
Toute la famille du défunt est traitée dans un style élevé, et forme un morceau de peinture d’un excellent caractère.
Dans quelques figures de ce tableau et du précédent la vie fait quelquefois défaut, et on ne sent plus que le travail ha
bile, mais stérile, du pinceau. M. Leys est un artiste des plus habiles, mais qui ne semble pas toujours convaincu.
Nous reprocherons aussi quelques lourdeurs et quelque monotonie clans l’exécution, et particulièrement dans les Trentaines de Ferlai, la répétition uniforme du même galbe de nez, carré par le bout, donné à tous les personnages. (1 faut noter aussi parmi les qualités du peintre le sen
son caraclère de tête sur la vulgarité environnante. La jeune femme, fraîche et jeune Flamande au rond visage, écoute avec une douce satisfaction les propos d’amour qu’on mur
mure tà son oreille. L’émotion n’a pas chassé les roses de son teint, ni fait violemment affluer le sang à son eœur. Pour
quoi. se troubler d’ailleurs ? Propos d’amour entre jeunes gens, n’est-ce pas une chose toute naturelle ? N’est-elle pas en âge de se marier? Elle se. voit déjà en idée établie dans son ménage, faisant la bouillie pour ggg enfants et allant se promener le dimanche au bras de son mari, comme font ses voisins et voisines qui l’épient en ce moment. Cette candeur et cette placidité des vieilles mœurs flamandes brillent
Il en met partout; sa pein
ture est un rejaillissement universel. Le conteur Iloffmann raconte l’histoire
d’un homme qui avaitperdu son reflet. Si pa
reille aventure arrivait à M. Leys, ce serait certainement une bonne for
tune pour ce peintre de talent. » M. Leys a bien modifié sa manière dans le sens de celte critique.
Les tableaux exposés pai
lui cette année sont bien plus sobres d’effets; et ils manifestent une habilité consommée, une. sûreté
d’exécution, une science de dessin et de rendu re
marquable. Le nouvel An en Flandre n’est qu’une petite toile sans importance, représentant quel
ques personnages devant une haute devanture de boutique toute, vitrée. La Promenade hors des murs est une charmante
composition inspirée à l’artiste par ce passage du
Faust de Gœthe : « Hors « des portes obscures et « profondes se pousse une « multitude de gens di« versement vêtus. Avec « quel empressementcha« cun court aujourd’hui « se réchauffer aux rayons « du soleil ! Ils fêlent bien « la résurrection du Sei« gneur, car ils sont eux
« mêmes ressuscités : échappés aux sombres appartements de « leurs maisons basses, aux liens de leurs habitudes vulgai« reset de leurs vils trafics, aux toits et aux plafonds qui les « écrasent, à leurs rues sales et étranglées, aux ténèbres « mystérieuses de leurs églises, tous ils renaissent à la lu« mière. » Tout ce monde bourgeois est répandu autour des murs de la ville, à peu de distance de la ruche ouvrière. Il respire l’air du soir, affaissé dans son épaisse quiétude, parlant d’affaires, de commérages et médisant du prochain.
La malveillance se dirige vers un couple s’avançant sur le premier plan, et qui paraît s’isoler dans l’intimité d’un èntretien amoureux. L’homme à la barbe brune tranche par
Salon de 1855. — École belge. — Le marché aux chiens, tableau pr M. Joseph Stevens.
d’u ne façon charman te su r celle lête heureusement trouvée et dont le carac
tère intime est exceptionnel dans le talent tout extérieur de M. Leys. L’ar
tiste semble avoir eu l’in-. tention de peindre dans ce couple Faust lui-même el Marguerite; nous ne saurions le suivre jusquelà; et évidemment il n’y est pas arrivé lui-même, tlenfermons-nous dans la donnée du programme, et reconnaissons qu’on ne pouvait mieux se faire le contemporain de ces bour
geois d’une vieille cité de Flandre. Nous reprocherons seulement à la fac
ture vieillotte de s’être étendue jusqu’au ciel doré des dernières clartés du soleil. La nature , elle ,
conserve imprescriptibles ses droits d’éternelle et fraîche jeunesse. L’air est épais, comme cette bour
geoisie ; il ne circule pas li
brement autour des tours,
des clochers et des hauts pignons de la ville. Une œuvre plus forte encore,
et dans laquelle M. Leys s’élève à une hauteur ma
gistrale, est désignée sous le nom des Trentaines de Jicrlal de llaze, chef du serment de l’ancienne ar
balète, décédé en 1512, et qui avait légué, à l’é glise Notre-Dame son at
tirail de guerre. La repro
duction donnée ici nous dispense de décrire ce tableau.
Toute la famille du défunt est traitée dans un style élevé, et forme un morceau de peinture d’un excellent caractère.
Dans quelques figures de ce tableau et du précédent la vie fait quelquefois défaut, et on ne sent plus que le travail ha
bile, mais stérile, du pinceau. M. Leys est un artiste des plus habiles, mais qui ne semble pas toujours convaincu.
Nous reprocherons aussi quelques lourdeurs et quelque monotonie clans l’exécution, et particulièrement dans les Trentaines de Ferlai, la répétition uniforme du même galbe de nez, carré par le bout, donné à tous les personnages. (1 faut noter aussi parmi les qualités du peintre le sen
Un bal à Goës (Zélande), tableau par M. Dillens.
Le pont Saint-Jean, à Bruges, tableau par M. Stroobant.
son caraclère de tête sur la vulgarité environnante. La jeune femme, fraîche et jeune Flamande au rond visage, écoute avec une douce satisfaction les propos d’amour qu’on mur
mure tà son oreille. L’émotion n’a pas chassé les roses de son teint, ni fait violemment affluer le sang à son eœur. Pour
quoi. se troubler d’ailleurs ? Propos d’amour entre jeunes gens, n’est-ce pas une chose toute naturelle ? N’est-elle pas en âge de se marier? Elle se. voit déjà en idée établie dans son ménage, faisant la bouillie pour ggg enfants et allant se promener le dimanche au bras de son mari, comme font ses voisins et voisines qui l’épient en ce moment. Cette candeur et cette placidité des vieilles mœurs flamandes brillent