mes, qui rappelleront celles clés grandes cités d’autrefois dont il n’est pas resté pierre sur pierre.
Le maréchal Pélissier, dans son dernier rapport au ministre de la guerre, rend compte ainsi qu’il suit d’un coup de main exécuté avec succès, dans la journée du 3 novem


bre , par les corps expéditionnaires d’Eupatoria, sous les ordres du général d’Allonville :


«Le général d’Allonville, ayant été prévenu qu’il existait vers El-Toch, à huit lieues au nord d’Eupatoria, de nombreux troupeaux destinés aux approvisionnements de l’armée russe, a tenté, pour s’en emparer, un coup de main qui a parfaitement réussi.
« Y cet effet, il a dirigé sur El-Toch le général Ali-Pacha, commandant la cavalerie ottomane, avec les irréguliers et quelques escadrons turcs, ainsi que deux escadrons français et deux escadrons anglais. En même temps, il est sorti de
la ville avec le reste des troupes françaises et anglaises pour appuyer l’opération.
« La brigade de cavalerie anglaise se porta ii Djollach, la brigade de cavalerie française à Tioumen ; la division de Eailly, formant réserve, prit position entre Orta-Mamaï et Schihan.
«Pendant ce temps, le général Ali-Pacha s’avança vers El-Toch, ne rencontrant que quelques Cosaques, qui s’en
fuirent à son approche , bien que soutenus par une force de plusieurs escadrons.
« A cinq heures du soir, Ali-Pacha lit prévenir le général d’Allonville que son opération avait réussi, et à neuf heures il rentrait à Eupatoria, ramenant avec lui 270 bœufs, 3,450 moutons, 50 chevaux, 10 chameaux et 20 voitures enlevés aux Pusses. »
Si l’inaction guerrière règne en ce moment aux environs de Sébastopol, où une opération sérieuse est devenue im
possible , il n’en n’est pas de même sur la côte d’Asie, où Omer-Paclia continue la série de ses succès, avec une énergie que l’on ne saurait trop admirer.
Le Journal de ( onstantinople publie le bulletin suivant de la victoire remportée par lui sur les Russes :
«Omer-Pacha avait depuis quelque temps quitté sa position de Soukoum-Kalë pour faire un mouvement offensif sur le littoral de l’Abasie. Il s’était établi successivement sur plusieurs points et avait posé pour quelque temps son quar
tier général à Anacria, chassant l’ennemi sur tous les points qu’il occupait. Les Russes avaient fini par se concentrer dans les environs de la rivière d’Ingour et se préparaient à opposer sur ce point une barrière infranchissable aux troupes ottomanes.
« Omer-Pacha se mit en marche le 6, et arriva le 7 à quelque distance de l’ennemi. Les Russes étaient établis en deçà de l’Ingour, et avaient élevé sur les rives des retranche
ments formidables. Des éclaireurs annoncèrent au serdar Ekrem que les forces de l’ennemi, comprenant 4,000 Rus
ses, 10,000 Mingréliens et quelques troupes de cavalerie et d’artillerie avec huit pièces de canon, se montaient à près de 16,000 hommes.
« Le serdar Ekrem donna le signal de l’attaque. En quelques instants, les troupes ottomanes, sous la fusillade des avant-postes et essuyant la mitraille de l’ennemi, traver
sèrent la rivière et sautèrent dans les retranchements. L’at
taque fut menée avec un tel entrain que les Russes, saisis d’une panique insurmontable, prirent la fuite de toutes parts. Ce désordre leur coûta des pertes énormes. On leur avait déjà enterré plus de 400 morts, lorsque des éclaireurs annoncèrent au serdar Ekrem que les taillis voisins étaient remplis de mourants et de cadavres.
« L’ennemi a perdu cinq pièces de canon , quarante prisonniers, et a laissé un assez grand nombre de blessés. On peut évaluer à 1,000 le nombre des hommes mis hors de
combat. Les Turcs n’ont pas eu en tout 300 hommes hors de combat, et le chiffre de leurs morts s’élève à 68.
« Omer-Pacha a continué sa marche en avant, qui a pour but de couper les communications de l’ennemi et d’appuyer une révolte des Circassiens pour enfermer l’année russe d’Asie entre la mer, l’empire ottoman et le Caucase. »
Les Russes n’ont pas encore levé le siège de K are ; mais les nouvelles que l’on recevait de ce côté étaient aussi trèsrassurantes. Le général Murawieff avait fait partir pour Gumri (Alexandropol des Russes) quatre mille chariots de bagages, sous l’escorte d’une forte colonne d infanterie; il avait aussi renvoyé à Akiska vingt-cinq pièces d’artillerie et un autre détachement de 5 ou 6,000 hommes. Tous eus faits, que l’on tenait pour certains, faisaient regarder, à Constantinople, la levée du siège comme très-prochaine. — D’ailleurs il n’y a déjà plus de blçcus; la liberté des com
munications de Kars avec Erzeroum est rétablie, et Vély- Pacha, parti de celte dernière ville avec un corps d’armée,
dont 4,000 hommes de cavalerie, s’avance sur Kttrs pour faire sa jonclion avec la garnison de cette forteresse. Dès qu’il sera arrivé, l’armée turque sera assez forte pour reprendre la campagne et attaquer les Russes à son tour.
De Vienne on écrit que te commandant russe d’J mérétie a reçu l’ordre de concentrer ses forces à Kutaïs, d’évacuer cette ville s’il y avait une nouvelle attaque, de prendre po
sition près des montagnes de Reskick, et d’attendre la les renforts qui lui seront envoyés deTiflis. Cette position couvre Tiflis, qui esl éloigné de 60 versles, et Géchalzrk.
La commission nommée pour faire une enquête sur la déplorable affaire des Tunisiens avait déjà tenu plusieurs séances, mais elle n’avait pas encore déposé son rapport. Nous apprenons cependant, de Vienne, qu’un certain nom
bre de soldats tunisiens aowient été condamnés à mort, et que le corps tout entier avait reçu l’ordre de s’embarquer pour l’Asie.
On mande de Kiel, le 23 novembre, que la division de la Hotte anglaise, sous les ordres deTamiral Dunolas, composée de cinq vaisseaux de ligne et de trois corvettes, continue, depuis son retour de la Baltique, à stationner dans notre
mouillage. Le contre-amiral Penaud, sur le Trouville, se trouve toujours également dans notre port avec le Duquesne ; il paraît attendre, pour retourner dans les ports français, l’arrivée des corvettes le d’Assas et le Pélican.
Le ministre de la marine a reçu l’avis que le blocus des ports russes de la mer Blanche était levé.
Il est encore question de paix.
Le Moming-llerald dit que le «gouvernement de Saint- Pétersbourg a soumis au cabinet français des propositions de paix ; qu’elles ont obtenu la pleine approbation de l’Em
pereur, et qu’il a été, en conséquence, fait une communication au gouvernement de Sa Majesté Britannique.
« Nous croyons, ajoute-t-il, que cette nouvelle se trouvera être parfaitement exacte, et que le cabinet aura immédiatement à examiner les conditions sur lesquelles la Russie pro


pose de mettre fin aux hostilités. La conduite pleine de droi


ture et la constante fidélité de l’empereur des Français à la cause, de l’Europe, depuis qu’il est notre allié, nous interdi
sent la pensée qu’il ail pu souscrire à toute proposition quelconque qui u’atleind-ait pas complètement le but sur lequel
Ea construction,de bateaux à * apeur à hélice, et la tabrication de fusils Miuié, auxquels la Russie, en ce moment, consacre des sommes énormes, et surtout les grandes levées militaires et l’organisation des draschines, prouvent qu elle se prépare à un combat long et opiniâtre, et le Danube en conclut qu’il ne faut rien croire de ce bruit de négociations que l’Allemagne reproduit constamment, comme si e’ie avait reçu le mol pour endormir les puissances alliées dans les illusions d’une paix prochaine.
Depuis que le général Luders a transféré son quartier général d’Odessa àNikûlaïeff, les nouvelles (le Crimée sont plus rares, Les milices forment la garnison d’Odessa, et on doit les réduire à 6,000 hommes. On arme les batteries côtières de nouveaux canons venus de Kiew, et qui sont montés sur des affûts en fer.
La démission du générai Simpson, et son remplacement par sir Williams Codrington, ont été annoncés à l’armée an
glaise par deux ordres ’du jour, accompagnés des adieux du nouveau général en chef à ia division légère avec laquelle il a opéré depuis le premier débarquement de l’armée en Crimée.
La mission du général Canrobert, et ses résultats encore hypothétiques, préoccupent l’attention_pul>lique en Europe.
Quel est le but de cette miss’on, et quel avantage en sera retiré pour la situation? Les organes de là Crusse sont loin d’être d’accord. Ainsi le Times, d’après son correspondant de Paris, affirme, d’après une autorité irrécusable, que la mission du général Canrobert en Suède n’a pas eu seule
ment pour but la présentation du ruban et de l’étoile de la Légion d’honneur, mais encore un arrangement avec le roi de Suède, lia réussi à la complète satisfaction de son gou
vernement, et il a conclu uu arrangement très-satisfaisant ayant trait aux éventualités de ia guerre. Je me borne, ajoute-t-il, à cette déclaration, qui émane d’ûne source au
thentique, attendu qu’il est probable que le moment n est pas encore venu, pour des raisons faciles à comprendre, d’annoncer officiellement les avantages qui résulteront de cet arrangement satisfaisant pour la France et l’Angleterre. Je répète qu’il n’y a pas le moindre doute sur le fait principal du succès complet du général Canrobert.
Le Morning-Post, dans un article où il réfute ces espérances prématurées, termine en déclarant aussi, d’après des sources authentiques, qu’il peut venir un jour où l’on pourra demander à la Suède et au Danemark plus qu’un appui moral; « Il pourra se présenter un temps où aucun
sacrifice ne sera trop grand pour s’assurer des hommes et des moyens matériels nécessaires pour dompter l’obstination de la Russie ; mais ce moment ne s’est pas encore pré
senté. Nous pouvons avoir à réclamer la coopération active des hommes qui sont prêts et disposés à nous ia donner ;
mais, si tout ceia arrive jamais, ce sera dans l’avenir et dans descircoustances différentes de celles où nous sommes.
« Cependant nous devons toujours être satisfaits de la manifestation des sentiments énergiques des Suédois en fii
veur de notre cause, des témoignages d’approbation et de cordiale amitié donnés par le roi, ainsi que de l’enthou
siasme avec lequel le général Canrobert a été acclamé par le peuple. Tontes ces circonstances sont autant de preuves que la Suède n’est pas vouée à la Russie, et que le jugement de cette partie de l’Europe est, au moins, en notre faveur.»
A Berlin, le résultat de cette démarche et de la mission •dugénéral Canrobert est considéré comme devant amener une coalition de toute l’Europe qui inviterait la Russie à accepter les quatre points, comme ils sont exposés par les puissances occidentales. C’est la signification du discours de l empereur Napoléon à la clôture de l’Exposition.
Plusieurs changements viennent d’avoir lieu dans le cabinet anglais : le chic d’Argyll, comme on l’a déjà dit, a rem
placé lord Canuing aux fonctions de directeur général des postes, et lord Ilarrowby, quittant la vice-chancellerie du duché de Lancastre, remplace le duc d’Argyll dans sa si
nécure de lord du sceau privé. M. Baines, qui avait quitté la présidence de l’administration des pauvres à la fin de la dernière session, devient chancelier du duché de Lan
castre, siégeant dans le cabinet, et lord Stanley d’Alderlev, président de la direction du commerce, a été aussi appelé à faire partie du cabinet.
La United service Gazette annonce que l’intention du gouvernement est de recourir enfin au tirage au sort, et qu’il sera mis en vigueur dans toutes les classes indistinc
tement, depuis dix-huit ans jusqu’à quarante. Le temps du service sera de cinq années. On croit que le système de conscription établi en Erance pour l’armée sera adopté. La redevance de 5 liv. st. pour l’exemption du service sera payée au gouvernement, qui pourvoira au remplacement de ceux qui ne voudront pas entrer dans l’armée.
On se rappelle que, dans sa correspondance étrangère des 2 et 3 novembre dernier, le Moniteur avait parlé d’une visite faite par le roi et la reine de Grèce à l’église russe d’Athènes.
Le Moniteur a publié depuis une note ayant pour objet de rectifier les faits racontés dans la correspondance dont il s’agit. Nous reproduisons textuellement cette note :
« Le chargé d’affaires de Grèce a reçu l’ordre de solliciter l’insertion des informations suivantes au sujet de la vi
site du roi et de la reine de Grèce à l’église russe d’Athènes, dont la correspondance étrangère du Moniteur a fait mention dans les numéros (les 2 et 3 novembre.
« La visite de LL. ,\1M. Helléniques à l’église de Saint- Nieodimos avait un but purement artistique. La personnel de la légation de Russie n’était pas en uniforme. M. Persiany seul s y est trouvé, mais sans uniforme. L’aumônier et deux chantres, qui habitent dans une maison attenante à l’église, s’y sont rendus en voyant arriver la cour. Il n’a pas été chanté de Te Deum; les cierges n’étaient pas allu
més; il n’y a eu ni prières ni cérémonies du culte, il est enfin à remarquer que la reine, qui revenait avec le roi de leur promenade habituelle, était vêtue en amazone, ce qui contribue encore à donner à cette visite un caractère tout ÎÎ fait privé. »
Le paquebot qui vient d’arriver de l’Amérique du Sud nous apporte un nouveau changement dans la république de PUraguay. Voici le résumé des événements qui se sont passés, d’après une relation très-étendue du Journal des Débats :
Le président légal, Florès, et le gouverneur provisoire de Montévidéo, don Luiz Lamas, ont en même temps disparu de la scène, et le pouvoir est aux mains de don Ylanoêl
Bustamente, président du Sénat. Le commerce national et étranger de Montévidéo avait fait un effort pour prévenir la lutte qui paraissait imminente, et il avait envoyé à Flo
rès une députation de notables à l’effet de préparer les voies à un arrangement. Cette démarche a pleinement réussi : Florès a déclaré qu’il était prêt à renoncer à la présidence, moyennant certaines conditions que le gouvernement de
vait accepter dans les vingt-quatre heures. Ces conditions étaient : la réunion immédiate de l’Assemblée générale sur un terrain neutre, pour y recevoir la démission spontanée du président. A la suite de cet acte, la garde nationale (le Montévidéo devait être désarmée, et les forces de campa
gne réunies autour de Florès devaient se retirer dans leurs foyers.
Le gouverneur Lamas accueillit sur-le-champ ces propositions. Le 10 septembre, l’Assemblée générale était extraordinairement réunie ; elle recevait et acceptait la démis
sion de Florès, et elle rendait le même jour un décret qui, conformément à ia constitution, nommait pour le rempla
cer le président du Sénat, Bustamente. C’est au mois de mars prochain que finit le mandat du président ; il y aura alors une nouvelle élection, et I on sait déjà que les agents de Florès parcourent la campagne pour appuyer sa candidature.
Les consuls de France, d’Angleterre et d’Espagne ont efficacement concouru à l’arrangement pacifique de cette complication. Avant (le quitter le pouvoir, Florès a demandé au Brésil le rappel de ses troupes.
Les conférences qui devaient avoir lieu pour l’examen de la question du Sund ont été ouvertes le 20 novembre. La Russie s’y éla L fait représenter par un délégué, mais les Etats-Unis n’ont pas paru, quoique le Danemark leur eût adressé, comme aux autres gouvernements, son invitation et son mémorandum.
Les prtvenances que l’ambassadeur russe à Copenhague montre à cet égard s’expliquent par les sympathies pour les puissances occidentales, sympathies que la mission du général Canrobert a suscitées dans les Etats Scandinaves.
Notre histoire de la semaine est assombrie par l’annonce de la mort de deux hommes qui, à des titres si différents, ont occupé l’opinion publique.
Le premier, M. le comte .Violé, est mort le 24, à sa résidence de Champlàtreux. 11 a subitement été frappé d’apo
plexie après son dîner, auquel assislaient MM. de Falloux et de Montalembert. M. le comte Molé était âgé de soixantequinze ans ; il était membre de l’Académie française.
Le second est l’amiral Bruat, dont, hier encore, l’éloge si mérité était dans toutes les bouches. Au moment où il
venait en France jouir d’un repos et d’une considération si glorieusement gagnés, le choléra est venu l’atteindre à bord de son vaisseau, en mer, dans les eaux de Messine :
« M. l’amiral Bruat était né à Colmar, le 26 mai 1796. Voici ses états de service : élève à l’école de Brest en 1811, aspirant de lre classe en 1815, enseigne de vaisseau en
1819, lieutenant de vaisseau en 1827, capitaine de frégate en 1831, capitaine de vaisseau en 1838, contre-amiral en 1846, vice-amiral en 1852, amiral en 1855.
« Dès ses premières années de service, les notes de ses supérieurs le signalaient comme « très-instruit, d’un zèle infatigable, brave et généreux. » Le premier commandement qui lui fut confié fut celui du brick le Silène, eu