Chemin de fer de Saint-Quentin à. Erquelines.
LE NOUVEAU PONT DE COLOGNE.
Les voies de fer avaient réussi à faire mentir un axiome de géométrie, — le chemin le plus court d’un point à un autre est la ligue droite ; le chemin de fer du fiord, qui relie tant de villes entre elles, ne le fait qu’avec des détours considérables. C’est pour obvier à cet inconvénient que la Compagnie, tranchant dans le vif, s’est rendue propriétaire île la ligne de Chaiieroi à Erquelines, en Belgique, l’a reliée à celle de Paris à Saint-Quentin, au moyen d’une prolongation d’une étendue de 85 kilomètres, et a ainsi rac
courci le trajet entre Paris et Cologne de 100 kilomètres environ, traversant dans son parcours le centre d’un des plus riches bassins houillers de l’Europe.
La nouvelle ligne de Saint-Quentin à Erquelines, œuvre de MM. Protche et Guillou, ingénieurs, renferme des tra


vaux d’art d’une grande importance ; nous citerons, entre


autres, le viaduc de la Selle, près de Caleau-Cambrésis, de. 176 mètres de longueur et de Ik de hauteur moyennes puis le pont de biais de Bohain de Bazuel, et le pont droit d’Ilaumont; le paysage de ces contrées est d’ailleurs assez
insignifiant, et ne commence il être remarquable qu’après Erquelines. A partir de ce point, on traverse seize fois la Sambre, que l’on ne perd jamais de vue ; et ce pays est une charmante préface à celle Suisse belge qui commence à
Charleroi pour’se terminer aux portes d’Aix-la-Chapelle, el que L’Illustration a dé jà fait parcourir à ses lecteurs.
Nous ne dirons riêu du trajet entre la ville qui renferme le tombeau de Charlemagne et celle oit Rubetas a vu le jour; c’est un pays riche , et par cela même peu pittoresque ;
de belles plaines, quelques bouquets de bois, de jolis villages, — cela on le rencontre partout dans le centre de 1 Eu
rope ; —aussi le voyageur peut-il sans effort réserver toute son admiration pour la cathédrale de Cologne et les magni
fiques églises romanes que renferme celte ville, ainsi que pour les bords du Rhin, qui, large et majestueux, conserve encore à cet endroit ses allures de grand fleuve,
avant d’aller se perdre obscurément dans les sables de la Hollande.
Ce que la compagnie du Nord a fait pour le transit direct avec l’Allemagne, la-PrusseTa fait également. Depuis Bâle jrisques en Hollande; il n’y a aucun pont fixe sur le Rhin.
Viennent les glaces, les ponts de bateaux sont repliés sur le rivage, le passage est rendu sinon impraticable, du moins assez périlleux, et nous qui écrivons ces lignes, nous nous rappelons l’avoir traversé le 1 janvier 1850, dans un ba
teau fréquemment soulevé par les grands glaçons que charriait le fleuve, exercice qui trouvait son charme dans l’a­
dresse admirable des bateliers qui nous conduisaient. Cet étatde choses aura un .terme prochain : il y a peu de mois, le roi de Prusse a posé solennellement la première pierre du pont qui doit réunir ftoutz et Cologne, l’Allemagne du
midi cl celle du nord; ce travail gigantesque avance a pas de géant. Par une heureuse combinaison, dont l’initiative appartient à la France, qui l’a mise à exécution dans le beau pont de Bercy du chemin de ceinture, le pont de Cologne donnera passage en même temps au chemin de 1er, aux voitures et aux piétons, et ce sera une charmante récréation pour ces derniers de pouvoir, sous scs arcades couvertes, à l’abri du soleil ou de la pluie, jouir du spectacle animé de ce fleuve, qui, après avoir broyé les rochers, vient se perdre dans les sables que lui-même a transportes.
L’inauguration de ce nouveau tronçon de chemin a eu lieu le 21 du mois passé, sans aucune solennité, l’administration du Nord ayant préféré répartir en secours aux indigents des diverses communes traversées par la voie nou
velle l’argent qu’elle aurait consacré à d’inutiles fêtes; La
presse seule avait été conviée pour constater l’importance du nouveau parcours; une hospitalité tranche et cordiale attendait les voyageurs, conduits jusqu’à Cologne par M. Polak, chef du secrétariat, et M. Olinet, cliel du mou
vement commercial. Là, n’étant plus en France, c’est la compagnie du chemin de fer de Verviers à Cologne, repré
sentée par M. Jlauchecorne, qui nous a fait les honneurs de la Prusse, dans un banquet ou des toasts chaleureux ont été échangés. Il esterai que ces épanchements patriotiques,
après boire, n’engagent point les princes, cl nous craignons d’avoir fait, comme on dit, tous ces frais de. sentiments pour le roi de Prusse, P. Blanchard.
Le nouveau pont de Cologne.
ComÉdie-Française. La Joconde, acte 3e, scène dernière. - Desmoutiers, M. Régnier ; Mme de Guilré, Mme Arnould-Plessis ; la marquise de Fonlenac, Mlle Fix.