présentés dans mon croquis. Un autre détachement, que j’ai vu depuis, n’offrait pas à beaucoup près un aspect aussi pittoresque. »
En rendant compte du bombardement de Kinburn, nous n’avons pu faire connaître le rôle de l’escadre dans ce hardi coup de main. La lettre suivante et le dessin qui l’accompagne compléteront notre récit illustré :
« Vaisseau te Mot.lebeUr, 4 décembre 1855,
« Monsieur le Directeur,
« La bienveillance avec laquelle vousavez accueilli, depuis le commencement de la guerre, les dessins qui ont trait il nos opérations en Crimée et dans la méritoire, m’enhardit à nous adresser un petit croquis, dofit le seul mérite est d’avoir été fait sur les lieux et pendantl’actiôn.èCe petit dessin représente les diverses positions de l’escadre aUiéé devant les forts de Kinburn, le 17 octobre 1855.
« LarcddWÿnde ta ptac et l aspect genêt al des forts ont paru successivemeût.-dans deux livraisons précédentes. Le croquis cijoint serait le hjmburdnni .nt parla flotte anglo-française, bombai - dément qui n’est devenu général, comme ou le sait, que vers une heure de l’après-midi, ce fait d’armes, par lequel nos flottes ont vic
torieusement fermé la campagne de 1855, est aujourd’hui assez connu de \ os lecteurs pour que je me dispense d’entrer dans de lougués explications sur le main ement des vaisseaux.
- Le \ aisseau amiral français, le Montebeilo, est embossé heaupré sur poupe du vaisseau amiral anglais Kbyal-Albert, tous deux au centre de la ligne d’embossage. Les trois batteries, batteries llottai
les, Di1 astaLon, Cuvent tonnante, présentent sur la droite leuri redoutable travers au front principal des oui rages ennemis.
« La ligue des frégates quicombaltent sous vapeur bat lesouvrages casemates de la pointe nord-ouest, pendant que le vaisseau anglais Hanmbnl, portant le pavillon du contre-amiral Stewart, s’esc a\ ancé jusqu’au milieu de la passe d Otchakoff . On distingue dans la baie de Kherson, à gauche, les frégates Labrador, Cacique eq Suite, et à droite des canonnières françaises et anglaises, quijirenlient ii revers les batteries ennemies.
« L’incendie est au cœur dii fort. Il semble quechacun devine qu l’ennemi lie prolongera pas plus longtemps une résistance dése peree.
dejusiesse : nos bordées se succèdent avec cette rapidité et cett précision qui ont assuré à nos canonniers de marine une si belle page dans l’histoire d’un siège à jamais mémorable.
« Vous apprécierez, Monsieur le Directeur, si, malgré son envie tardif, ce petit croquis, tout imparfait qu’il est, peut trouver plaça dans un des numéros det’Illustration.
« Daignez agréer, etc. Henri Rouland. »
Comme nous le disions dans noire dernier numéro, il se
rait dangereux de se laisser aller à des espérances pacifiques, que des indices, bien vagues du reste, ont pu fuira naître chez les optimistes. La question, de ce côté, n’a pufait uu pas en avant, et l’on remarque, au contraire, que jamais, à aucune époque, la Russie n’a fait de si formidables préparatifs de défense. Les troupes alliées en Crimée sa sont installées dans les campements d’hiver, le long de m Tclier naïa et dans la vallée de Bàïdar. Des routes ont ét tracées pour relier les positions et les camps entre eux ainsi qu’avec les porls de Kamiesh el de Balaclava.
Quant aux démarches des Etats allemands, on n’y crois plus q.u’à la Bourse ; la réduction de l’armée autrichienne
dont on a parlé, se réduirait à 30,000 hommes envoyés en congé pour l hiver.
Malgré les attaques violentes et injustes du Times contre l’inaction du maréchal Pélissier, la campagne de 1855
comme le fait remarquer le Journal des Débats, n’a pas été sans résultats sérieux et fructueux. Prise de SébaslopoS et d’un matériel immense ; anéantissement de la flotte russe occupation de Kertch, de lénikalé et de la mer d Azof ; destraction dans celte mer des magasins et des établissement
russes ; installation à Eupatoria d’un corps considérables d’infanterie et de cavalerie destiné à manœuvrer au besoin entre Simphéropol et Pérékop ; enfin prise du fort de kinburn, dont la possession nous a. fait prendre un pied sur le sol de la Russie méridionale, en assurant de plus le blocus du Dnieper et du Bug, où sont situées les villes de Kerson el de Nikolaïeff; un peu de repos était nécessaire après un
D’ailleurs l’inaction n’est pas aussi absolue que le Timesveut bien le dire, ainsi qu’on peut le voir par celte dépêdie du maréchal Pélissier, en dale du 8 décembre :
«Deux à trois mille fantassins et quatre h cinq cents cavaliers ont attaqué Baga, Orkousta, Skvaka, ce malin aut jour. L’ennemi a battu en retraite après une heure d’une
vive fusillade, il a été laissé entre nos mains une trentaine de prisonniers, dont deux officiers. Il y a, en outre, des morts et des blessés dont j’ignore le chiffre. Notre perte est insignifiante. »
Les alliés unissent leurs efforts dans les travaux de destruction des bassins de Sébastopol. Les sapeurs éprouvent beaucoup de difficultés à établir leurs mines, parce-que l’eau surgit du milieu de l’argile ; mais ils avancent nonobstant, et l’on espère que les explosions feront sauter la ma
çonnerie et tomber les ouvrages en pierre dans les bassins. Les travaux des Anglais s’exécutent sous la direction du ca
pitaine Nicholson. Ce sera M. Deaue qui mettra le feu aux mines avec ses batteries.
D’après un document publié par le Moniteur, la flotte russe de la mer Noire, au moment de la guerre, avait un effectif de 187 bâtiments, dont 127 étaient occupés et 60 en expectative. Où sont aujourd’hui ces bâtiments? Les uns ont été coulés par les Russes eux-mêmes, les autres ont été brûlés dans la mer d’Azof, el le reste se trouve échoué à l’embouchure du Don ou au milieu des lagunes duSirwach.
En résumé, on peut évaluer à 100 le nombre des bâtiments de guerre qui ont été entièrement anéantis, et ce sont les plus importants et les meilleurs. En outre la Russie a perdu une artillerie navale excellente et nombreuse, qui avait été mise à terre pour concourir à la défense de la ville.
A la destruction de tout ce matériel naval il faut ajouter une perte plus grande encore pour l ennemi, celle de ses meilleurs équipages de ligne et l’élite de ses matelots ca
arvenues jusqu’à Kars, pour se glisser de là à Erzeroum. Au 3 novembre, la détresse de kars était au comble. Les sommes ne recevaient que le tiers de la raison ordinaire. Ou spère pourtant qu’Omer-Pacha ou Sélim-Pacha arriveront
Uezà temps pour laire· lever le siège. Les défenseurs de Bars ont déclaré qu’ils ne pourraient tenir que jusqu’au 18 govembre ; qu’ils seraient obligés de se rendre s’ils n’étaient fccourus à cette époque.
Une dépêche anglaise annonce que les défenseurs de Kars nt démandé à capituler. On dit qu’une partie des troupes
liées qui sont à Erzeroum sont parties pour aller au séjours de Kars.
On écrit de Saint-Pétersbourg, le 29 novembre :
« Dans l’origine, on paraissait attacher peu d’importance la mission du général Canrobert à Copenhague ; une cer- Kine inquiétude succède aujourd’hui à cette indifférence.
Bn paraît craindre que les alliés n’aient l’intention de por- Her au printemps prochain le théâtre principal de la guerre
dans la Baltique.
« Il y aurait là un danger réel pour la Russie, non-seulenient parce, que la plupart des troupes ont été celle année dirigées vers le sud, mais aussi parce qu’il faudrait renoncer complètement aux quelques avantages du faible commerce qu’ont pu faire jusqu’ici la capitale et les provinces de la Baltique. Plusieurs généraux, arrivés ou attendus à Saint- Pétersbourg, paraissent y avoir élé convoqués en vue de ces éventualités. »
De Stockholm on écrit, d un autre cote, quon fait dès a présent, dans cette ville, des préparatifs pour pouvoir mobi
liser 60,000 hommes au printemps. On désigne notamment,
comme partisan zélé des puissances occidentales, le prince Charles, qui s’est prononcé ouvertement avant l’arrivée du général, et qui a exprimé les mêmes opinions pendant son séjour. Il est hors de doute qu’il existe en Suède un parti de la guerre bien organisé, qui est appuyé par toute la presse, et qui fait tous ses efforts pour déterminer la Suède à prendre part à la guerre contre la Russie.
D’un article du Times nous extrayons le résumé suivant de la situation actuelle du ministère devant le Parlement :
« La réunion du Parlement a élé fixée au 31 janvier, époque où il s’assemblera pour l expédition des affaires. Le ministère paraît décidé à se présenter devant la Chambre des communes actuelle, sauf à user de la faculté de la dissolution à la première occasion qui pourrait raisonnable
ment justifier cette mesure. Nous reconnaissons que cette résolution, est très-convenable dans les circonstances pré
sentes. Si notre Parlement tient un langage inspiré par un patriotisme ferme, seul digne du pays et des circonstances, le peuple sera unanime pour l’appuyer avec enthousiasme ; si, au contraire, il venait à faillira ses devoirs et à céder aux mauvais conseils de la faction et de la démence, le peuple ferait à l’appel des ministres une réponse non douteuse, il maintiendrait le droit du pays à l’obtention d’une paix qui, après tant de sacrifices et de victoires sanglantes, nous garantisse contre une agression future. »
L’affaire du colonel Turr, arrêté à Bucharest, mande-t-on de Vienne, est sur le point de se terminer. Cet officier ne sera pas rendu aux Anglais, le gouvernement anglais s’étant convaincu que !e bon droit était du côté de l’Autriche dans cette affaire.
On parle de nouveau, à Madrid, d’une refonte ministerielle : les généraux Espartero, O’Donnell el M. Bruit resteraient seuls de l’ancien cabinet.
Par un décret inséré au Moniteur, M. le contre-amiral Bouel-YV illaumez esl nomme commandant en chef de la di
vision navale du Levant et du corps expéditionnaire en Ürèce, en remplacement de M. Jacquinot, qui a été promu m grade de vice-amiral.
Le Moniteur a publié aussi un décret qui obtiendra l’apirobation universelle. Ce décret a pour but de décider que ës funérailles de M. l’amiral Bruat, tant à Toulon qu’à l é
glise de l’hôtel des invalides, seront célébrées aux frais de l’Etat.
Les obsèques de l’amiral Bruat ont eu lieu le 5 de ce mois à Toulon. Les funérailles ont eu lieu mardi à midi, à l’hôtel des Invalides. L’église avait été entièrement tendue de noir. Un riche catafalque s’élevait au milieu de la nef. I.es armoi
ries de l’amiral décoraient les tentures de dislance en dis— tance; les inscriptions rappelaient les nombreux et brillants services que l’illustre amiral a rendus à son pays pendant sa longue carrière : Navarin, Alger, Taïti, Toulon, la Martinique, Sébastopol, Kertch, Kinburn.
Nous n’insisterons pas davantage aujourd lmi sur les détails de la cérémonie, nous réservant pour le numéro prochain de rendre un juste et légitime hommage à la mémoire d’un homme qui a tant contribué à illustrer la marine française. PAULIN.
bre, un rapport dé-f Lyons sur une expedition par le capitaine Osborne, à l’effet de détruire la récolte de celle année sur le littoral de la mer d’Azof.
Le 3 novembre, l’escadrille commandée par le capitaine Osborne mouilla devant (ibeisk avec seize pieds d’eau. Le lendemain de grand matin, de longues rangées de meules de blé et des quantités considérables de combustibles furent incendiées, malgré la protection des Cosaques. Dans les en
virons de Glofira, l’incendie, qui occupait un espace de deux milles anglais, dura vingt-quatre heures.
Bevenu devant (ibeisk,-le 6 novembre, l’escadrille anglaise a incendié tous les chantiers et les magasins qui se trouvaient dans les environs; mais il paraît que la ville n’a pas souffert.
Le capitaine Osborne déclare que les perles en hommes, dans ces différentes opérations, sont peu considérables.
D’après les dernières nouvelles du théâtre de la guerre en .sic, arrivées par Boustcbouc, Sélim-Pacha avait été forcé de renoncer à l’espoir de pénétrer jusqu’à Kars, parce que le détachement de 6,000 hommes de troupes régulières et de 5,000 irréguliers, qui devait convoyer le grand trans
port d’approvisionnement et de munitions qu’on voulait porter dans la ville assiégée, était trop faible pour passer dans les défilés des montagnes fortement occupés par les Russes; il parait que quelques patrouilles seulement sont
Courrier de Paris.
Vous souvient-il de ce personnage des contes de fée que l’ennui dévore? on lui a fait, ou plutôt il s’est fait à soimême tant de contes amusants, qu’il en est devenu triste à mourir, et c’est alors que, pour lui procurer une dernière distraction, son bon ou mauvais génie s’avise de lui souf
fler à l’oreille un mot d’ordre magique, qui lui livre les féeries de la ville, el aussitôt notre homme lâche tous les ro
binets de toutes les fontaines pour se donner le spectacle d’une naumachie. Mais, les écluses une fois ouvertes, que faire pour enrayer l’inondation? L’indiscret est à bout de sa science, et il se voit en passe d’être noyé. A votre tour, ô vous qui avez soif d’informations à tort et à travers, atten
dez seulement la prochaine année, qui n’est pas loin, et vous serez rassassiés, c’est-à-dire inondés.
Et d’abord, de toutes parts, on songe très-sérieusement
En rendant compte du bombardement de Kinburn, nous n’avons pu faire connaître le rôle de l’escadre dans ce hardi coup de main. La lettre suivante et le dessin qui l’accompagne compléteront notre récit illustré :
« Vaisseau te Mot.lebeUr, 4 décembre 1855,
rade de Toulon.
« Monsieur le Directeur,
« La bienveillance avec laquelle vousavez accueilli, depuis le commencement de la guerre, les dessins qui ont trait il nos opérations en Crimée et dans la méritoire, m’enhardit à nous adresser un petit croquis, dofit le seul mérite est d’avoir été fait sur les lieux et pendantl’actiôn.èCe petit dessin représente les diverses positions de l’escadre aUiéé devant les forts de Kinburn, le 17 octobre 1855.
« LarcddWÿnde ta ptac et l aspect genêt al des forts ont paru successivemeût.-dans deux livraisons précédentes. Le croquis cijoint serait le hjmburdnni .nt parla flotte anglo-française, bombai - dément qui n’est devenu général, comme ou le sait, que vers une heure de l’après-midi, ce fait d’armes, par lequel nos flottes ont vic
torieusement fermé la campagne de 1855, est aujourd’hui assez connu de \ os lecteurs pour que je me dispense d’entrer dans de lougués explications sur le main ement des vaisseaux.
- Le \ aisseau amiral français, le Montebeilo, est embossé heaupré sur poupe du vaisseau amiral anglais Kbyal-Albert, tous deux au centre de la ligne d’embossage. Les trois batteries, batteries llottai
les, Di1 astaLon, Cuvent tonnante, présentent sur la droite leuri redoutable travers au front principal des oui rages ennemis.
« La ligue des frégates quicombaltent sous vapeur bat lesouvrages casemates de la pointe nord-ouest, pendant que le vaisseau anglais Hanmbnl, portant le pavillon du contre-amiral Stewart, s’esc a\ ancé jusqu’au milieu de la passe d Otchakoff . On distingue dans la baie de Kherson, à gauche, les frégates Labrador, Cacique eq Suite, et à droite des canonnières françaises et anglaises, quijirenlient ii revers les batteries ennemies.
« L’incendie est au cœur dii fort. Il semble quechacun devine qu l’ennemi lie prolongera pas plus longtemps une résistance dése peree.
. « A bord des bâtiments de la flotte, le tir redouble de vivacité
dejusiesse : nos bordées se succèdent avec cette rapidité et cett précision qui ont assuré à nos canonniers de marine une si belle page dans l’histoire d’un siège à jamais mémorable.
« Vous apprécierez, Monsieur le Directeur, si, malgré son envie tardif, ce petit croquis, tout imparfait qu’il est, peut trouver plaça dans un des numéros det’Illustration.
« Daignez agréer, etc. Henri Rouland. »
Comme nous le disions dans noire dernier numéro, il se
rait dangereux de se laisser aller à des espérances pacifiques, que des indices, bien vagues du reste, ont pu fuira naître chez les optimistes. La question, de ce côté, n’a pufait uu pas en avant, et l’on remarque, au contraire, que jamais, à aucune époque, la Russie n’a fait de si formidables préparatifs de défense. Les troupes alliées en Crimée sa sont installées dans les campements d’hiver, le long de m Tclier naïa et dans la vallée de Bàïdar. Des routes ont ét tracées pour relier les positions et les camps entre eux ainsi qu’avec les porls de Kamiesh el de Balaclava.
Quant aux démarches des Etats allemands, on n’y crois plus q.u’à la Bourse ; la réduction de l’armée autrichienne
dont on a parlé, se réduirait à 30,000 hommes envoyés en congé pour l hiver.
Malgré les attaques violentes et injustes du Times contre l’inaction du maréchal Pélissier, la campagne de 1855
comme le fait remarquer le Journal des Débats, n’a pas été sans résultats sérieux et fructueux. Prise de SébaslopoS et d’un matériel immense ; anéantissement de la flotte russe occupation de Kertch, de lénikalé et de la mer d Azof ; destraction dans celte mer des magasins et des établissement
russes ; installation à Eupatoria d’un corps considérables d’infanterie et de cavalerie destiné à manœuvrer au besoin entre Simphéropol et Pérékop ; enfin prise du fort de kinburn, dont la possession nous a. fait prendre un pied sur le sol de la Russie méridionale, en assurant de plus le blocus du Dnieper et du Bug, où sont situées les villes de Kerson el de Nikolaïeff; un peu de repos était nécessaire après un
siège si laborieux, et les accusations du Times tombent d’elles-mèmes devant le bon sens de l’opinion publique.
D’ailleurs l’inaction n’est pas aussi absolue que le Timesveut bien le dire, ainsi qu’on peut le voir par celte dépêdie du maréchal Pélissier, en dale du 8 décembre :
«Deux à trois mille fantassins et quatre h cinq cents cavaliers ont attaqué Baga, Orkousta, Skvaka, ce malin aut jour. L’ennemi a battu en retraite après une heure d’une
vive fusillade, il a été laissé entre nos mains une trentaine de prisonniers, dont deux officiers. Il y a, en outre, des morts et des blessés dont j’ignore le chiffre. Notre perte est insignifiante. »
Les alliés unissent leurs efforts dans les travaux de destruction des bassins de Sébastopol. Les sapeurs éprouvent beaucoup de difficultés à établir leurs mines, parce-que l’eau surgit du milieu de l’argile ; mais ils avancent nonobstant, et l’on espère que les explosions feront sauter la ma
çonnerie et tomber les ouvrages en pierre dans les bassins. Les travaux des Anglais s’exécutent sous la direction du ca
pitaine Nicholson. Ce sera M. Deaue qui mettra le feu aux mines avec ses batteries.
D’après un document publié par le Moniteur, la flotte russe de la mer Noire, au moment de la guerre, avait un effectif de 187 bâtiments, dont 127 étaient occupés et 60 en expectative. Où sont aujourd’hui ces bâtiments? Les uns ont été coulés par les Russes eux-mêmes, les autres ont été brûlés dans la mer d’Azof, el le reste se trouve échoué à l’embouchure du Don ou au milieu des lagunes duSirwach.
En résumé, on peut évaluer à 100 le nombre des bâtiments de guerre qui ont été entièrement anéantis, et ce sont les plus importants et les meilleurs. En outre la Russie a perdu une artillerie navale excellente et nombreuse, qui avait été mise à terre pour concourir à la défense de la ville.
A la destruction de tout ce matériel naval il faut ajouter une perte plus grande encore pour l ennemi, celle de ses meilleurs équipages de ligne et l’élite de ses matelots ca
arvenues jusqu’à Kars, pour se glisser de là à Erzeroum. Au 3 novembre, la détresse de kars était au comble. Les sommes ne recevaient que le tiers de la raison ordinaire. Ou spère pourtant qu’Omer-Pacha ou Sélim-Pacha arriveront
Uezà temps pour laire· lever le siège. Les défenseurs de Bars ont déclaré qu’ils ne pourraient tenir que jusqu’au 18 govembre ; qu’ils seraient obligés de se rendre s’ils n’étaient fccourus à cette époque.
Une dépêche anglaise annonce que les défenseurs de Kars nt démandé à capituler. On dit qu’une partie des troupes
liées qui sont à Erzeroum sont parties pour aller au séjours de Kars.
On écrit de Saint-Pétersbourg, le 29 novembre :
« Dans l’origine, on paraissait attacher peu d’importance la mission du général Canrobert à Copenhague ; une cer- Kine inquiétude succède aujourd’hui à cette indifférence.
Bn paraît craindre que les alliés n’aient l’intention de por- Her au printemps prochain le théâtre principal de la guerre
dans la Baltique.
« Il y aurait là un danger réel pour la Russie, non-seulenient parce, que la plupart des troupes ont été celle année dirigées vers le sud, mais aussi parce qu’il faudrait renoncer complètement aux quelques avantages du faible commerce qu’ont pu faire jusqu’ici la capitale et les provinces de la Baltique. Plusieurs généraux, arrivés ou attendus à Saint- Pétersbourg, paraissent y avoir élé convoqués en vue de ces éventualités. »
De Stockholm on écrit, d un autre cote, quon fait dès a présent, dans cette ville, des préparatifs pour pouvoir mobi
liser 60,000 hommes au printemps. On désigne notamment,
comme partisan zélé des puissances occidentales, le prince Charles, qui s’est prononcé ouvertement avant l’arrivée du général, et qui a exprimé les mêmes opinions pendant son séjour. Il est hors de doute qu’il existe en Suède un parti de la guerre bien organisé, qui est appuyé par toute la presse, et qui fait tous ses efforts pour déterminer la Suède à prendre part à la guerre contre la Russie.
D’un article du Times nous extrayons le résumé suivant de la situation actuelle du ministère devant le Parlement :
« La réunion du Parlement a élé fixée au 31 janvier, époque où il s’assemblera pour l expédition des affaires. Le ministère paraît décidé à se présenter devant la Chambre des communes actuelle, sauf à user de la faculté de la dissolution à la première occasion qui pourrait raisonnable
ment justifier cette mesure. Nous reconnaissons que cette résolution, est très-convenable dans les circonstances pré
sentes. Si notre Parlement tient un langage inspiré par un patriotisme ferme, seul digne du pays et des circonstances, le peuple sera unanime pour l’appuyer avec enthousiasme ; si, au contraire, il venait à faillira ses devoirs et à céder aux mauvais conseils de la faction et de la démence, le peuple ferait à l’appel des ministres une réponse non douteuse, il maintiendrait le droit du pays à l’obtention d’une paix qui, après tant de sacrifices et de victoires sanglantes, nous garantisse contre une agression future. »
L’affaire du colonel Turr, arrêté à Bucharest, mande-t-on de Vienne, est sur le point de se terminer. Cet officier ne sera pas rendu aux Anglais, le gouvernement anglais s’étant convaincu que !e bon droit était du côté de l’Autriche dans cette affaire.
On parle de nouveau, à Madrid, d’une refonte ministerielle : les généraux Espartero, O’Donnell el M. Bruit resteraient seuls de l’ancien cabinet.
Par un décret inséré au Moniteur, M. le contre-amiral Bouel-YV illaumez esl nomme commandant en chef de la di
vision navale du Levant et du corps expéditionnaire en Ürèce, en remplacement de M. Jacquinot, qui a été promu m grade de vice-amiral.
Le Moniteur a publié aussi un décret qui obtiendra l’apirobation universelle. Ce décret a pour but de décider que ës funérailles de M. l’amiral Bruat, tant à Toulon qu’à l é
glise de l’hôtel des invalides, seront célébrées aux frais de l’Etat.
Les obsèques de l’amiral Bruat ont eu lieu le 5 de ce mois à Toulon. Les funérailles ont eu lieu mardi à midi, à l’hôtel des Invalides. L’église avait été entièrement tendue de noir. Un riche catafalque s’élevait au milieu de la nef. I.es armoi
ries de l’amiral décoraient les tentures de dislance en dis— tance; les inscriptions rappelaient les nombreux et brillants services que l’illustre amiral a rendus à son pays pendant sa longue carrière : Navarin, Alger, Taïti, Toulon, la Martinique, Sébastopol, Kertch, Kinburn.
Nous n’insisterons pas davantage aujourd lmi sur les détails de la cérémonie, nous réservant pour le numéro prochain de rendre un juste et légitime hommage à la mémoire d’un homme qui a tant contribué à illustrer la marine française. PAULIN.
bre, un rapport dé-f Lyons sur une expedition par le capitaine Osborne, à l’effet de détruire la récolte de celle année sur le littoral de la mer d’Azof.
Le 3 novembre, l’escadrille commandée par le capitaine Osborne mouilla devant (ibeisk avec seize pieds d’eau. Le lendemain de grand matin, de longues rangées de meules de blé et des quantités considérables de combustibles furent incendiées, malgré la protection des Cosaques. Dans les en
virons de Glofira, l’incendie, qui occupait un espace de deux milles anglais, dura vingt-quatre heures.
Bevenu devant (ibeisk,-le 6 novembre, l’escadrille anglaise a incendié tous les chantiers et les magasins qui se trouvaient dans les environs; mais il paraît que la ville n’a pas souffert.
Le capitaine Osborne déclare que les perles en hommes, dans ces différentes opérations, sont peu considérables.
D’après les dernières nouvelles du théâtre de la guerre en .sic, arrivées par Boustcbouc, Sélim-Pacha avait été forcé de renoncer à l’espoir de pénétrer jusqu’à Kars, parce que le détachement de 6,000 hommes de troupes régulières et de 5,000 irréguliers, qui devait convoyer le grand trans
port d’approvisionnement et de munitions qu’on voulait porter dans la ville assiégée, était trop faible pour passer dans les défilés des montagnes fortement occupés par les Russes; il parait que quelques patrouilles seulement sont
Courrier de Paris.
Vous souvient-il de ce personnage des contes de fée que l’ennui dévore? on lui a fait, ou plutôt il s’est fait à soimême tant de contes amusants, qu’il en est devenu triste à mourir, et c’est alors que, pour lui procurer une dernière distraction, son bon ou mauvais génie s’avise de lui souf
fler à l’oreille un mot d’ordre magique, qui lui livre les féeries de la ville, el aussitôt notre homme lâche tous les ro
binets de toutes les fontaines pour se donner le spectacle d’une naumachie. Mais, les écluses une fois ouvertes, que faire pour enrayer l’inondation? L’indiscret est à bout de sa science, et il se voit en passe d’être noyé. A votre tour, ô vous qui avez soif d’informations à tort et à travers, atten
dez seulement la prochaine année, qui n’est pas loin, et vous serez rassassiés, c’est-à-dire inondés.
Et d’abord, de toutes parts, on songe très-sérieusement