d’eu détacher les premières pages, bien persuadé que le directeur serait ébloui, quand, au lieu de quelque fantaisie larmoyante ou cavalière, il recevrait des vers qui renfer
maient dans leurs flancs les destinées du monde. N’en riez pas trop, lecteurs! ces pauvres débutants confondent si vo
lontiers la poésie qui est dans leurs âmes avec celle qui est dans leurs ouvrages !
La scène était dans une clairière, au milieu d’un bois : Grandjean, idolâtre de la nature, mettait des forêts partout,
et il en voulait particulièrement à Racine et à Corneille de n’en avoir pas l ait usage dans leurs tragédies. On voyait ar
river, à pas lents, le héros, morne et pâle, suivi d’un chien qui se conformait à ses tristes pensées : mon sympathique ami n’aurait eu garde d’oublier le chien, dont on peut tirer des effets si touchants. Arrivé dans la clairière, le héros s’asseyait, toujours morne et pâle, sur le tronc d’un chêne abattu par la foudre, et. déclamait un long monologue, où se mêlaient à doses égales le Franck, le René, l’Obermann,
le Manfred, le J. Ortis, le tout battu et rebattu de manière à produire un composé peu nouveau. Il y disait, entre au
tres choses tout aussi lugubres, qu’il était las de la vie et qu’il voulait mourir. C’était là prendre le roman par la queue. Heureusement le héros finissait par mieux sentir les nécessités du drame et par vivre jusqu’au bout des cinq actes. Il ne se tuait qu’à l’épilogue.
La uuit qui suivit cet envoi, Grandjean rêva qu’on le couronnait avec le Tasse au Capitole, que le pape lui adressait une allocution en latin, et que le poêle Jehan Rossignol (d’Epinal), le chantait en un dithyrambe inspiré.
La réponse ne se fit pas attendre : il ouvrit fiévreusement la. lettre; mais, dès les premiers mots, un frisson courut sur sa face, car il avait vu ces lignes formidables, en lettres
hautes de six pouces : « Je vous ai promis, Monsieur, de vous dire franchement mon avis sur vos vers, et je le ferai sans fausse honle, à cause de l’intérêt que je vous porte. » Après ce .début de sinistre présage, le directeur ajoutait que le.désespoir du héros n’était pas assez motivé, que l’incer
titude de la pensée se trahissait dans l’exécution, que les vers étaient flottants, allanguis, chevillés, faits d’exclamations, de réminiscences et d’hémistiches rebattus.
Le malheureux était atterré, d’autant plus qu’il sentait la justesse de cette critique, qui venait de lui révéler brusquement les défauts de sa poésie. Il se sauvait de son mieux à tra
vers celte grêle decoups, assénésaveo les plus grands égards et qni ne lu en paraissaient que plus douloureux. Si la lettre, au lieu d’être fort polie et même bienveillante, avait été tant soit peu brutale, il aurait eu du moins la ressource de s’emporter et de s’indigner, ce qui est toujours un grand
soulagement, il cherchait avec, anxiété quelque louange, si faible et si banale qu’elle fût, qui le consolât; il eût fait semblant d’y croire, pour essayer de se tromper lui-même;
mais comme le directeur, par mena ornent, avait espacé ses critiques au lieu de les accumuler, chaque ligne, lui en ap
portait une nouvelle, quand il croyait que pour celte lois c’était bien fini. Son correspondant terminait en l’exhortant a travailler, ne doutant pas qu avec sa bonne volonté, aidée d’une persévérance courageuse, il ne parvînt à réussir.


Ce fut. à celle phrase que mon ami s’accrocha en désespéré, comme le naufragé s’accroche à un brin d’herbe : il la re


tourna en tous sens, pour y découvrir ce qui n’y était pas. Aussi, après avoir essayée quelque temps de flatter sa dou
leur, finit-il par acceplcr stoïquement sa disgrâce, par se résigner à sa chute, quelque rude qu’elle fut. 11 comprit alors la différence qu il y a entré les louanges d’un homme qui se croit obligé (le rendre à un inconnu la menue mon
naie de son admiration, et celles d’un directeur de journal qui doit payer chacune des siennes argent complant. Mais celte utile leçon lui coûta une fièvre de quelques jours, pendant laquelle on l’entendait quelquefois s’écrier :« Pour
quoi me trompiez-vous, ô Charbonneau, Roland, Rossignol, Chauvelot, vous tons qui me pariiez de gloire et d’avenir ? C’est une lâcheté et un crime de semer des illusions, quand elles ne doivent produire que misère et mécomptes ! »
Et pourtant, ô mon pauvre ami, tu étais bien poëte ! mais lu n’avais appris qu’à bégayer la langue immortelle de tes rêves !
Il continua néanmoins d’envoyer quelques vers à ses petites revues : mais l’impression même de ses articles, qui l’enivrait autrefois, le laissait presque indifférent désormais, il ne leur donna pas son prologue, car, malgré une décision dont il était forcé de reconnaître la justesse, il con
servait encore, jusque dans cet aveu, je ne sais quelle arrière-pensée rebelle, et l’espérance que tôt ou tard il pourrait en tirer parti.


Grandjean savait bien que c’eût été chose parfaitement inutile de s’adresser aux libraires ; et il reculait à l’idée d’ê­


tre toisé d’un regard dédaigneux, et de s’expliquer eu pieire boutique, par-devant Messieurs les commis. D’ailleurs, aux premiers temps de son séjour à Paris, il avait eu, par ha
sard, une conversation à ce sujet avec un éditeur, établi sous les galeries de l’Odéon. Il y marchandait un volume de Brizeux, et à ce propos, la conversation dérivant par degrés,
il en vint a causer, avec le marchand, des jeunes écrivains dont il avait publié les œuvres. I)e là à 1a. poésie il n’y avait
qu un pas. Au bout de dix minutes, le marchand lui dit avecun sourire : « Vous avez un petit volume de vers?
— Oh! même un gros, — répliqua mon ami, qui crut tenir son éditeur.
— Vous arrivez de province ?


— Il y a six mois, répondit-il, sensiblement humilié.


— Vous êtes jeune,, continua le marchand. Il faut commencer par vous faire connaître en écrivant dans des re
vues. Voyons, je vous laisse Brizeüx à 2 fr. 25 : c’est tout ce que je puis faire. »
Celle conversation lui donna la mesure de ce qu’il devait espérer des libraires.
Il voulut du moins tenter un dernier et suprême effort. Averti par les échecs récents qui avaient cassé l’aile à ses
rêves ambitieux, il se rabattit sur une proie plus modeste. .J’ai dit qu’aulrefois il avait fait insérer dans l’Almanach prophétique une lettre curieusement élaborée sur les pro
priétés du nombre 7. Comme il avait ün penchant très-pro
noncé pour les sciences occultes et les calculs cabalistiques, il s’était occupé, depuis, d’un vaste ouvrage où ü démontrait, avec la plus complète évidence, par l’Ecriture, les Pères, la tradition, le raisonnement, et par toute sorte de combinaisons de chiffres, que le inonde dèvâil finir, le 1 jan
vier 1854, à six heures trente-cinq minutés dit matin. Il en était arrivé, à force de creuser celle question, à être pres
que convaincu lui-même, comme Ceux qui finissent par croire aux mensonges qu’ils ne cessent de répéter, tl fit donc ses offres par écrit au directeur de l’Almanach, lui rappelant ses services passés, et lui traçant en plusieurs pages l analyse substantielle de son œuvre, laquelle, ajou
tait-il, est de nature, par son actualité incontestable, à exci


ter vivement F intérêt des lecteurs. Le directeur parut frappé de celte dernière raison, car il l’invita à le venir voir. Néanmoins, clans l’intimité du téte-à-lète, il lui révéla que l’ou


vrage lui semblait devoir être bien considérable pour son Almanach, puisque l’esquisse à elle seule était déjà un peu trop longue ; il ne pourrait donc eh admettre que des extraits, à moins qu’il ne parvint, comme il l’y exhortait for
tement, à le faire quelque peu plus court que- l’analyse. Bien qu’il eût certainement une foi aveugle dans la cabale, il lui fit une observation fort sensée et basée sur l’expé
rience : c’est qu’il est bon de ne pas pronostiquer d’une manière si absolue, mais de poser quelque condition, par prudence. 11 lui dit eu outre qu’il était compromettant de choisir une date aussi rapprochée, ce qui exposait la répu
tation de l’Almanach aux railleries des esprits vulgaires, dans le cas d’une erreur, peu probable, il est vrai. Il lui conseillait donc de donner un petit croc en jambe à ses calculs, afin de les appliquer, par exemple, à fan 2854, ce qui était plus sûr.
Grandjean hasarda, en rougissant jusqu’aux oreilles, une question timide sur le taux des appointements, mais le directeur prit un air détaché pour lui dire: « faites-moi d’a­
bord votre travail dans ces conditions-là, et, s’il me convient,.nous en causerons. Du reste, nous sommes dans l’u­
sage de donner quelques exemplaires à nos collaborateurs, quand ils nous les demandent. » Sut ce, mon ami s’en alla, et ne revint plus.
De ce moment il désespéra tout à fait. Après avoir si longtemps eu foi en ses forces, il se prit à douter de lui,
— mal terrible et qui lue. H devint taciturne et préoccupé, ne répondit plus que par monosyllabes el sans comprendre,
aux questions de ses camarades. Le corps élail là, mais la pensée élait absente. Quelques efforts qu’il fil, il né pouvait
l’assujettir à suivre le fil de la conversation; elle se dérobait toujours pour se concentrer, avec line âpre obstination, dans son découragement fatal. 11.avait l’air d’une ruine. Pour comble d’infortune, dans l’enivremeiit dé ses premiè
res espérances littéraires, il avait renoncé définitivement à l’étude du droit, malgré son aptitude à soutenir sincèrement el avec la même! supériorité le pour et le contre, sui


vant les variations de sa pensée. La sécheresse et la com


plication du Code le rebutaient, il se perdait dans le dédale de la chicane, et n’eût même pas été bon, après une année de cours, à faire un sixième clerc d’avoué.
Mon ami Grandjean était, à celle époque, dans le dénCiment le plus complet et le plus navrant qu’on pût voir. De
puis Juvé.nal jusqu’à Boileau, depuis Saint-Aman! jusqu’à Balzac el Mürger, on a souvent tracé le lableau de. certaines misères d’artistes que l’on est trop porté â croire fan
tastiques, car je déclare que ces misères-là atteignaient à peine à la hauteur de ia sienne, et qu’à moins de n’avoir, comme Job, qu’un fumier et un pot cassé, il n’est guère possible d’être plus pauvre. 11 ne parvenait à vivre, si c’est la vivre, qu’à l’aide de quelque argent que lui envoyait sa mère, quand elle avait pu mettre dix ou quinze francs de côté. En outre, un de ses amis, employé dans une impri
merie, lui procurait des épreuves à corriger, travail ingrat, aride, peu payé, qui lui faisait passer une partie du jour en
allées et venues, au grand détriment de ses souliers, et lui coûtait quatre fois plus de temps qu’il ne lui iapportait.
Encore en fut-il bientôt privé, parce qu’il s’en acquittait fort mal et qu’il se permettait de faire disparaître lés fautes de français des auteurs. Jl était humilié d’en être réduit là; mais il eût été bien plus humilié encore de recourir, cha
que mois, à la bourse paternelle, comme un écolier de qua
torze ans. J’essayais de le consoler en lui rappelant que Lascaris, Etienne Dolet, Juste-Lipse, Erasme, Scaliger, Mélauchton, Hégésippe Moreau, et bien d’autres, avaient fait le même métier que lui ; mais ces illustres exemples le touchaient peu.
Comme on lui envoyait quelquefois des épreuves sous une enveloppe portant le nom de l’imprimeur, la portière et son époux, persuadés que c’était un auteur célèbre, et qu’il allait faire paraître un livre, se proposaient de lui en demander un exemplaire, et préparaient les voies en redou
blant d’obséquieuse servilité. Diverses circonstances les avaient affermis dans cette opinion ; il recevait les petites revues dont il était collaborateur : la Voix littéraire avait inscrit sur sa bande : A M. F. Grandjean, homme de lettres;
— et la Trompette : A M. F. Grandjean, rédacteur de la Trompette artistique. Tous ces indices trouvaient encore une confirmation dans la manière détachée des vanités du monde, dont il s’habillait. On en causait à la veillée, où chacune de ces remarques était l’objet de commentaires ap
profondis : « Tous ces poètes, disait la concierge, qui avait la prétention d’être lettrée, c’est sale et ça ne se peigne pas, parce que ça ne pense à rien qu’à ses vers. A preuve Voltaire, que mon oncle a connu, avant 93, un vieux qui avait du tabac plein ses poches. — Tiens, disait une voi
sine , je croyais que c’était Napoléon. — Oui, je sais bien... des cancans... Après ça, c’est possible ; mais Voltaire aussi :
mon oncle fa connu. » Quelquefois mon ami tombait au milieu de ce conciliabule, qui se taisait aussitôt sur un signe particulier de la concierge, et le considérait avec une curiosité pleine de respect : celle-ci lui adressait même sou
vent la parole, pour le faire parler devant le monde et pour éblouir sa société, en lui montrant qu elle causait familièrement avec un auteur.
Saint-Amanl l’eut pris, à coup sûr, pour le frère de son poète crotté. Son costume, sans être comparable aux pitto
resques guenilles du pauvre diable qu’a célébré celte muse bouffonne, était un vrai miracle de longévité et d’artifice.
Il portait habituellement un paletot, qui avait été jadis du plus beau marron ; mais qu’est-ce que le temps ne lime.
comme a dit le même Saint-Amant avec une mélancolie si profonde: aussi tous les poils en étaient-ils tombés, et avait-il acquis, en de nombreux endroits, par un frottement continu de plusieurs années, l’apparence de là lustrine. Ce
paletot était émaillé de lâches qui tranchaient vivement sur le fond vert de l’étoffe ; il y en avait une surtout sur le bras droit, large el profonde, qui poursuivait ses regards el les obsédait sans cesse, quoi qu il fit pour ne la point voir, comme le précipice toujours entr’ouvert sous les yeux de
Pascal ; il en était venu à inventer des poses particulières pour la dissimuler. Ses pantalons étaient tous percés à jour pai le bas, à force d’avoir été frottés. Il avait un chapeau assez propre encore, bien qu’un jour, dans une orgie de célibataires, l’amphitryon eût cru faire une plaisanterie délicieuse en versant le potage sur ledit chapeau, pour lui prou
ver qu’en dépit de ses calomnies, le bouillon élait gras : les taches, à force de soins persévérants, commençaient à disparaître, quand un autre de. ses amis, qui avait le vin gai, le lui fendit d’un coup de parapluie, dans une plaisan
terie formidable. Dès lors il devint urgent d’en acheter un autre. Grandjean, qui était à sec, recula tant qu’il put : il essaya de faire recoller la fente transversale, et ne réussit qu’a la marquer davantage ; il pensa ensuite à la recouvrir d’un crêpe, mais la gorge se dessinait par dessous avec ses vives arêtes. Enfin, un jour, il vit une petite, affiche jaune, qui lui criait, avec une éloquence typographique irrésistible :
HALTE-LA!


NE PASSEZ PAS SANS PRENDRE MON ADRESSE!


— Chapeaux, première qualité, extra-fins, 6 lr. 50. — Chapeaux, deuxième qualité, superlins, a lr. 50. — «Voilà mon affaire, » se dit-il.
H porta donc chez un bouquiniste la Bédouine, de VI. !>oujoulat. les Martyrs, de Chateaubriand, le Solitaire, de M. d’Arlincourt, la Pitié, de Jacques Delille, les poésies de Ch. Loyson, el même celles de, son protecteur Jehan Rossi
gnol (d’Epinal). Le libraire lui offrit trois francs du tout; il y joignit quelques classiques pour compléter la somme, et, sur le soir, se glissa à la dérobée chez le chapelier, où il acheta un castor, première qualité, qui devint roux au bout de quinze jours.
Cependant il n’avait pu se résoudre à se séparer brusquement de son ancien chapeau. Il le mettait à la nuit tombante pour achever de fuser ; el, quand il entrait quelque part, il avait grand soin, par une tactique renouvelée de maître
Jacques, de tourner la fente du côté de 1 ombre; tant il est vrai qu’on peut tirer parti de toutes ses lectures, même de celle des poètes comiques ! Ses chaussures, percées par-des
sus, percées par-dessous, percées sur le flanc droit et sur le
flanc gauche, quoiqu’il les eût fait aussi souvent réparer que le petit couteau de Bilboquet, perdaient leurs entrailles comme je ne sais plus lequel des quatre fils Aymon ; je dois en excepter toutefois une paire de bottes, dont l’une était intacte et l’autre n’avait qu’un trou sur le côté, mais à une place si heureuse qu’on ne pouvait s’en apercevoir: aussi veillait-il sur elle comme sur la prunelle de ses yeux, et ne la mettait-il qu’aux grands jours. Il possédait aussi de beaux
gants noirs que lui avait donnés autrefois sa cousine, le jour de sa fête : mais ils blanchissaient par le bout et commen
çaient à se découdre, ce qui l’inquiétait tort, car, quoiqu il
eût, dans le tiroir le plus caché de son secrétaire, du fil et des-aiguilles, il se sentait, en son for intérieur, d’une ha
bileté trop élémentaire pour oser tenter une opération aussi
délicate. C’est tout au plus si sa capacité se haussait jusqu à remplacer un boulon, bien qu’il se fût parfois hasardé à faire à ses vêtements quelque couture honteuse, dont sa mère gémissait quand il retournait en vacances.
Comme le blanchissage coûtait cher, il avait trouvé le moyen de conserver la même chemise pendant quinze jours. Lorsque la pureté du linge n’était plus immaculée, au lieu de l’étaler avec complaisance à tous les regards, il arbo
rait une cravate à longue et large queue, qu’il gardait pour cette conjoncture, ou bien boutonnait hermétiquement son paletot jusqu’au menton. Il usait un très-grand nombre de faux-cols, quoiqu’il eût, sinon inventé, du moins considé
rablement perfectionné fart de les mettre des deux côtés tour à tour, pour en tirer double usage. Je n’avais jamais si bien vu combien la nécessité est une maîtresse ingé
nieuse; jamais je n’avais si bien compris Robinson Crusoé dans son île. Toutefois je faisais semblant de ne m’aperce
voir (le rien, car, quoiqu’il me montrât volontiers le fond de son âme, comme à un confident officiel, il m’aurait plu
tôt révélé ses faiblesses, ses vices même, que sa misère, et il n’eût pas cru s’humilier autant par l’aveu de ses fautes que par celui de sa pauvreté et des expédients auxquels elle le réduisait. C’est ainsi d’ailleurs que, par un trait admi
rable d’observation morale, nous voyons, dans les tragédies, les héros étaler leurs forfaits, devant tous les Albins et tou
tes les OEnones, avec un cynisme qui fait frémir, tandis qu’ils se gardent bien de parler de leurs querelles de mé
nage, de leurs chagrins domestiques, de leurs mésaventures familières : Us aiment mieux paraître criminels que ridicules. Tel est l’homme ; ceci soit dit à l’honneur de la vérité tragique.


Mais laissons de côté ces ambitieuses considérations de