Histoire de la semaine.
Même situation en Crimée, situation qui ne peut nécessairement pas changer d’ici au printemps prochain ; laïchernaïa est débordée, et bientôt avec les premiers froids on s’attend à la voir gelée; le général Gortschakoff, dit-on, attend ce moment pour diriger une attaque sur nos lignes. La boue est le plus grand fléau du pays, au dire de toutes les correspondances; et maintenant que toules nos troupes, ci peu près, ont de bons baraquements, on peut leur souhaiter le temps froid et sec que nous avions ici il y a quel
ques jours. « Sous le rapport des coups de vent et de la pluie, lit-on dans une correspondance du Standard, l’hiver a certainement commencé sous de bien plus rudes aus
pices qu’en 1854; en ce moment, la vallée d’tnkermann ressemble à un lac, tandis que, sur nos routes, on a dans certains endroits de la boue jusqu’aux genoux; diverses parties du plateau ne sont plus qu’un marais et sont imprati
cables. Les changements brusques auxquels est sujet le cli
mat de la Crimée exercent une puissante influence sur les étrangers, et j’ai la douleur de vous annoncer que jeudi il y a eu deux cas de choléra dans le 92e régiment. Vous devez vous rappeler que le 92e n’est arrivé en Crimée qu’après la prise de Malakoff , en sorte qu’on ne peut le considérer comme étant acclimaté.
« On souffre beaucoup de furoncles sur la poitrine et d autres parties du corps ; on attribue cette maladie à la mauvaise qualité de l’eau, qui, n’étant jamais bonne, est deve
nue plus insalubre encore depuis la saison des pluies. Nos officiers de santé sont pleins de zèle et d’activité ; on peut donc raisonnablement espérer que, l’accroissement de bienêtre et les leçons de l’expérience aidant, et, grâce aussi à l’augmentation du nombre des baraques mises à notre dis
position, nous n’aurons plus à déplorer la perte d’un aussi grand nombre d’hommes. »
On nous communique une lettre de Sébastopol, donnant quelques détails intéressants sur la situation intérieure de la ville. Nous en extrayons les passages suivants :
« Je viens de passer six jours au milieu des ruines de Sébastopol. J’étais chargé avec un détachement de garder la partie de la ville échue à mon régiment, afin d’empêcher qu’on emportât des matériaux pris dans notre lot. Sauf le temps réclamé par le ser
vice, j’ai passé ces six journées à explorer cette cité qui n’existera bientôt plus que dans l’histoire. Les Russes nous envoyaient bien des obus de temps à autre, mais nous y sommes tellement habitués que cela ne gênait en rien mes minutieuses explorations.
h La ville, du côté du sud, entre le grand Redan et le fort de la Quarantaine, n’est plus qu un monceau de ruines, où l’on marche a chaque pas sur des boulets, des éciats de bombe, de la mitraille et des lambeaux de vêtements. Jamais je ne me serais imaginé une pareille destruction. On voit çà et là quelques monuments, mais tellement abîmés qu’il est impossible de reconnaître leur ancienne destination. La partie nord est mieux conservée; mais toutes les maisons n’eu sont pas moins inhabitables. Je suis allé voir le fort Saint-Nicolas, placé à l’entrée du port ; il est en assez bon état et sert de caserne à un régiment de ligne. Caserne un peu dangereuse, car il ne se passe guère de jour qu’il n’y ait quelque homme tué ou blessé par les projectiles russes. De ce côté se trouvent aussi quel
naux : il est sur un piédestal en marbre, orné de, quatre portraits en bas-relief, l’un desquels m’a paru être celui de l’empereur Nico
las. Il y a aussi une église bien conservée, dont le dôme ressemble à celui des mosquées turques.
« De l’autre côté du port, à Karabelnaïa, sont des magasins, des casernes, des arsenaux assez bien conservés, protégés qu’ils étaient
contre les boulets du mamelon Vert par les hauteurs de Malakoff et du petit Redan. »
La prise de Kars est malheureusement un fait accompli; a cause de l’intérêt excité en Europe par l’héroïque résis
tance de sa courageuse garnison, nous donnons l’extrait du rapport de l’aide de camp Mourawielf, conçu dans des termes tels qu’il est la consécration de la gloire de ces hom
mes intrépides et dévoués, qui ne se sont rendus qu’à la faim et ont presque toujours vaillamment combattu avec avantage.
A la suite de l’assaut livré à Kars le 29 septembre, les Turcs reprirent courage pour quelque temps, s’attendant à la retraite de nos troupes. Ils furent donc bien étonnés quand ils virent resserrer au contraire le blocus de la place, et notre camp se transformer en un établissement solide qui les environnait de toutes parts et qui recevait chaque jour des approvisionnements de toutes sortes.
Néanmoins les espérances des assiégés renaquirent une foir? encore lorsque des troupes de secours, venant du côté d’Erzeroum, s’approchèrent de la place. En effet, le chef du détachement d’Erze
essayèrent démarcher sur Kars; mais chaque fois iis trouvèrent le détachement du général Soussloff qui les menaçait par derrière, Nos patrouilles inquiétaient même ces troupes jusqu’à peu de distance d’Erzeroum.
« Pendant ce temps les approvisionnements de vivres s’épuisaient à Kars ; le temps devenait froid ; sur les montagnes du Saganloug il était tombé de la neige ; la faim provoquât la mortalité parmi la garnison ; les désertions devenaient, plus fréquentes et le découragement était général.
·< Tout cela détermina le général Williams, qui dirigeait la défense, à rendre la forteresse. Le 24 novembre, l’aide de camp du général Williams, le major Teesdal, se présenta devant l’aide de camp général Mourawielf, porteur d’une lettre dans laquelle le général Williams demandait à venir le lendemain dans notre camp, sous pavil
lon parlementaire, pour s’entendre sur une convention. L’aide de camp général Mourawielf chargea verbalement le major Teesdal de déclarer au général Williams qu’il était disposé à le recevoir le 25 novembre dans l’après-midi.
« Le 25, à l’heure désignée, le général Williams se présenta au commandant en chef du corps détaché du Caucase, comme plénipo
tentiaire du muchir Yassif-Pacha, commandant en chef de l’armée d’Anatolie. Les conditions préalables de la reddition ayant été dres
sées. elles furent signées par le général Williams et approuvées par l’aide de camp général Mourawieff. Le général W illiams devait reve
nir le lendemain matin dans notre camp, avec la réponse définitive du muchir; mais, sa présence dans la forteresse étant nécessaire pour arranger toutes les affaires et pour porter à la connaissance de la garnison la reddition, qui rencontrait chez les officiers une oppo
sition passionnée, il nous envoya de nouveau son aide de camp afin de nous donner avis de ce fait.
« Le soir du même jour, le major Teesdal se présenta avec de pleins pouvoirs écrits donnés par le muchir au général Williams
« A tous ces titres, le traité du 21 novembre a donc une importance matérielle qu’il est impossible de méconnaître.
Il emprunte encore une autre importance, une importance morale et politique, aux circonstances au milieu desquelles il a été signé. Jusqu’ici la Suède avait annoncé l’intention de se renfermer dans la neutralité sur la question qui di
vise en ce moment la-Russie et les puissances occidentales. En faisant le pas qu’elle vient de faire, la Suède est évidem
ment sortie de cette neutralité; le traité par lequel elle se rapproche des puissances occidentales, de quelque manière qu’on l’envisage, n’en est pas moins un acte de défiance et d hostilité contre la Itussie. Une pareille démarche prend une signification toute particulière au moment ou la France et l’Angleterre se préparent à faire une nouvelle campagne et des efforts plus décisifs dans la Baltique.
« Tel est le jugement que l’on s’accorde assez généralement a porter sur le traité du 21 novembre, même en se bornant à l’apprécier dans ses stipulations textuelles, c’està-dire en supposant qu’il n’existe point d’articles secrets, ni de clauses additionnelles. »
En attendant que. la paix se dessine à l’horizon avec des contours plus arrêtés, la guerre prend de jour en jour des apparences plus réelles et par conséquent plus terribles. Ainsi le vice-amiral Penaud, dit un correspondant de ί’in
dépendance belge, à peine de retour de la Baltique, vient d’être appelé par le télégraphe auprès de l’Empereur. Les préparatifs sont toujours formidables dans les ports de l’O
céan. On parle de boulets destinés à briser le granit, qui, à 5.000 mètres, auront encore une force de pénétration énorme. On parle aussi de l’application de l’acier (à la fois
plus flexible et plus résistant que le fer) à la carapace des chaloupes canonnières; mais les soins de l’administration
de la marine impériale portent surtout, dit-on, sur le mariel destiné éventuellement au débarquement dans la Baltinue d’une armée de 60,000 hommes, et à laquelle des ru
meurs assez vraisemblables désignent préventivement pour chef le général Canrobert.
On sait que le gouvernement danois avait invité celui des Etats-Unis, ainsi que les autres puissances intéressées dans la question, à former une conférence à Copenhague, pour y
régler le différend du péage du Sund. La proposition faite à ce sujet par le gouvernement danois consistait à capitaliser le produit des droits imposés par lui sur le passage du Sund,
et à fixer d’un commun accord, entre toutes les puissances maritimes, la somme qui devrait être payée au Danemark, à titre d’indemnité pour renonciation à ses droits. Dans une dépêche qu’il vient d’adresser à Londres, et dont on trouvera plus loin le texte, M. Marey, ministre des affaires étran
gères des Etats-Unis, annonce que le président de l’Union refuse formellement de participer à celte conférence. 11 se prononce énergiquement contre toute prétention du Danemark à réclamer une compensation pour un prétendu droit que le gouvernement américain ne reconnaît pas en principe, et qu’il qualifie ouvertement d’exaction. En con
pour vider la question posée par le gouvernement danois dans des termes qui impliquent la reconnaissance de son droit. En outre le gouvernement américain appuie son refus sur le lien que le cabinet danois, dans les communications qu’il a faites aucabinet de Washington, prétend établir entre la question du Sund et le maintien de l’équilibre européen, prétention que le gouvernement des Etats-Unis ne consen
tira jamais à reconnaître. D’un autre côté, il parait quelegouvernement danois a modifié ses premières propositions, et qu’il a envoyé à tous les gouvernements intéressés une circulaire de ses nouvelles propositions.
Le.21 novembre, la Chambre grecque s’est assemblée pour élire les membres de son bureau.
M. Koumoundouros, député de Messène, a été élu président. Le 24 novembre, la députation de la Chambre élue pour présenter 1 adresse au Roi a été reçue en audience solennelle par S. M.
Diyers décrets et nominations insérés dans le Moniteur semblent annoncer la prochaine ouverture de la session législative. Paulin.
Tout est dit sur le jour de l’an, chacun a goûté de ses dragées, et l’on connaît si bien ses exercices que les fantaisistes eux-mêmes ont renoncé à célébrer ce beau jour; mais les malicieux et leurs épigrammes onL la vie plus dure, et l’en
fant chéri des femmes et des bambins est toujours exposé à leurs pichenettes. Mais, trop confiants Parisiens, — vous diront-ils, — ce joli poupon qui va naître n’est qu’un vieillard, les compliments que vous lui faites ne sont qu’un ra
bâchage dont vous ne pensez pas un mot, et qu’est-ce que l’immuable comédie qui se joue autour de son berceau, sinon la reprise d’un spectacle peut-être insipide? N’en dé
plaise aux railleurs, le jour de l’an a ses agréments et ses joies plus grandes encore que ses petites misères. A la con
corde , au souvenir, à l’espérance ! Telle est son enseigne , et il ne faut empêcher personne de s’y laisser prendre. C’est le jour de l’année où il se consomme le plus de bonheur: que de sourires à la fleur d’orange, que d’embrassements pralinés! L’aimable anniversaire n’a-t-il pas éche
lonné toutes les bénédictions dans son cercle de vingt-quatre heures? Mais il autorise une espèce de mendicité à domi
cile, mais il s’embusque à tous les coins de votre poche, en faisant tinter sa tirelire ; mais son coup de chapeau de
mande l’aumône, ses compliments sont une attrape, et ainsi de suite. Il eu résulte que, pour une foule de sanscœurs chez qui le rire est incorrigible, l’espèce humaine, déjà si plaisante dans son état naturel, devient plus parti
culièrement grotesque ce jour-là. Que de bonnes charges il se permet en plein macadam, et l’on vous en tient quittes, car une autre particularité des jours de l’an parisiens,
pour arrêt er les conditions définitives de la capitulation, ainsi qu’une liste portant les noms des pachas de l’armée d’Anatolie qui se trouvaient à Kars.
«Le 27 novembre, dans l’après-midi, le général Williams, accompagné de son état-major et de trois pachas, se rendit à notre camp et signa définitivement la capitulation.
a Le 28, conformément au traité conclu , les restes de l’armée d’Anatolie, qui composaient la garnison de Kars, devaient sortir de la forteresse avec leurs armes, drapeaux déployés et au son du tambour ; mais, sur la prière des commandants turcs eux-mêmes, toutes les troupes laissèrent leurs armes et déposèrent leurs munitions de guerre dans leurs camps, sous la garde de quelques soldats ottomans qui furent ensuite relevés par les nôtres.
« Quoiqu’il eût été convenu qu’à dix heures du matin les Turcs se formeraient en colonnes près des ruines du village Lombes, ce ne fut que vers deux heures de l’après-midi que le muchir de l’ar
mée d’Anatolie, accompagné du général Williams et des officiers anglais, parut devant l’aide de camp Mourawielf. Nos troupes étaient déjà tonnées en ordre de bataille sur les deux rives du fleuve Kars-Tchaï. Alors les drapeaux des régiments turcs furent portés en avant du front et accueillis par une compagnie de cara
biniers du régiment de chasseurs de Toula, au son des fanfares et par des hourrahs qui se communiquaient d’un bataillon à l’autre
«Cette partie de l’année turque, qui se composait d’hommes pour la plupart vieux et faibles, congédiés pour un temps indéter
miné (les redits), ainsi que des miliciens (backi-bouzoueks et Sa
res), formant ensemble un total de 6,000 hommes, fut, aux termes du traité, renvoyée dans ses foyers sous la condition de ne plus porter les armes contre .S. M. l’empereur pendant toute la guerre. Ces hommes furent accompagnés par une escorte spéciale jusqu’au premier quartier de nuit.
« Après le départ des redits, le commandant en chef reçut une députation des notables de la ville de Kars.
« Après l’inspection des troupes turques régulières, qui s’étaient rendues comme prisonniers de guerre (environ 7 ou 8,000 hom
mes), le général Mourawielf donna l’ordre de leur distri lier des vivres préparés d’avance pour eux dans les cuisines des compagnies campées sur la rive gauche du Kars-Tschaï. Le même jour, la for
teresse reçut une garnison de nos troupes, sous le commandement du colonel de Sage, le pavillon russe fut ai\ oré sur la citadelle, où il Hotte en ce moment. »
La question de la paix n’a pas fait un pas depuis la semaine dernière. Tous les jours, les feuilles allemandes nous apportent des informations contradictoires, soit sur les disposilions de la Russie à accepter les propositions qui lui sont faites, soit sur l’adhésion de la Prusse à la politique de F Autriche, soit enfin sur la manière dont le gouverne
près l’opinion générale, la paix ou la guerre sont au bout de la mission de M. Estherazy, qui est arrivé le 22 à Saint- Pétersbourg ; on n’aura la réponse définitive de la Russie que dans quelques jours : ce serait un joli cadeau de nou
velle année, que la nouvelle que les conditions proposées par l’intermédiaire de l’Autriche ont élé acceptées.
L’Indépendance belge nous apporte une nouvelle qui nous paraît d’une grande importance. Une brochure dans le sens de la paix va bientôt être mise sous les yeux du pu
blic ; nous ne pouvons encore la reproduire, l’espace manquant pour la citer longuement comme elle le mérite. Elle
est appelée à produire grande sensation, et probablement à faire tomber un orgueil qui est pour le moment le plus grand obstacle à la paix universelle. On ajoute que cette brochure a été soumise à une haute approbation, et, si le fait est vrai, comme nous n en pouvons douter, cette publication, sortant de l’ornière commune, prendra les propor
tions d’une sérieuse manifestation; jointe aux efforts reconnus des puissances allemandes, à la mission de M. Esthe
razy, à l’arrivée de M. de Persigny à Paris, à la pression générale exercée par l’opinion publique de l’Europe sur l’es
prit du Czar, à la misère et à l’épuisement de la Russie, il est permis de dire maintenant que jamais la paix n’a eu plus de probabilités en sa faveur, et qu’une solution doit bientôt sortir d’efl orts si constants et si unanimes. Seulement quelle sera cette solution ?
il n a été bruit pendant ces huit jours que du traité conclu entre la Suède et les puissances occidentales. Depuis assez longtemps, la Russie cherchait à nouer des négocia
tions avec le cabinet de Stockholm pour obtenir la cession d’un port sur la partie seplentrionale de la côte de Norwége, dans une situation où les eaux ne gèlent pas l’hiver, comme dans les golfes de Bothnie, de Finlande, la mer Baltique et la mer Blanche. La Russie aurait gagné à cette acquisition la liberté de mouvement pendant l’hiver pour sa flotte du Nord, qui, durant toute la saison rigoureuse, est emprisonnée par les glaces dans les ports russes.
La convention signée à Stockholm par le général Canrobert a pour but d’empêcher que la Suède ne cède à la de
mande de la Russie, et n’accorde, contre des avantages quelconques, le port désiré. En échange de cel arrange
ment pris par le gouvernement suédois, la France et l’Angleterre s’engagent à garantir le territoire de la Suède con
tre une agression éventuelle de la Russie. Tous les journaux français se sont placés au même point de vue pour com
menter les dispositions de ce traité. Par lui, la Russie est confinée dans son territoire continental ; la Baltique et la mer du Nord sont fermées à ses desseins ambitieux.
L’Indépendance fait remarquer à ce sujet que la Russie n’a point manifesté l’intention de s’emparer violemment de la portion du territoire norwégieù dont elle demandait la cession dans l intérêt de sa marine. « Ce désir, elle comp
tait le réaliser à l’aide de négociations, et, dans la situation actuelle des choses en Europe, il est moins que jamais pro
bable qu’elle ait recours à la force pour atteindre son but, si la cour de Suède refusait d’obtempérer à sa demande.
Le Journal des Débats termine ainsi un résumé des appréciations diverses qui ont paru dans les journaux :
« Une chose importante à remarquer, c’est que les stipulations de ce traité ne sont pas restreintes à un intervalle de temps déterminé : la durée en est illimitée. C’est indéfi
niment que la Suède prend l’engagement de résister aux prétentions de la Russie; c’est indéfiniment que la Franee et T Angleterre s’engagent à protéger la Suède contre les agressions de la Russie.
Même situation en Crimée, situation qui ne peut nécessairement pas changer d’ici au printemps prochain ; laïchernaïa est débordée, et bientôt avec les premiers froids on s’attend à la voir gelée; le général Gortschakoff, dit-on, attend ce moment pour diriger une attaque sur nos lignes. La boue est le plus grand fléau du pays, au dire de toutes les correspondances; et maintenant que toules nos troupes, ci peu près, ont de bons baraquements, on peut leur souhaiter le temps froid et sec que nous avions ici il y a quel
ques jours. « Sous le rapport des coups de vent et de la pluie, lit-on dans une correspondance du Standard, l’hiver a certainement commencé sous de bien plus rudes aus
pices qu’en 1854; en ce moment, la vallée d’tnkermann ressemble à un lac, tandis que, sur nos routes, on a dans certains endroits de la boue jusqu’aux genoux; diverses parties du plateau ne sont plus qu’un marais et sont imprati
cables. Les changements brusques auxquels est sujet le cli
mat de la Crimée exercent une puissante influence sur les étrangers, et j’ai la douleur de vous annoncer que jeudi il y a eu deux cas de choléra dans le 92e régiment. Vous devez vous rappeler que le 92e n’est arrivé en Crimée qu’après la prise de Malakoff , en sorte qu’on ne peut le considérer comme étant acclimaté.
« On souffre beaucoup de furoncles sur la poitrine et d autres parties du corps ; on attribue cette maladie à la mauvaise qualité de l’eau, qui, n’étant jamais bonne, est deve
nue plus insalubre encore depuis la saison des pluies. Nos officiers de santé sont pleins de zèle et d’activité ; on peut donc raisonnablement espérer que, l’accroissement de bienêtre et les leçons de l’expérience aidant, et, grâce aussi à l’augmentation du nombre des baraques mises à notre dis
position, nous n’aurons plus à déplorer la perte d’un aussi grand nombre d’hommes. »
On nous communique une lettre de Sébastopol, donnant quelques détails intéressants sur la situation intérieure de la ville. Nous en extrayons les passages suivants :
« Je viens de passer six jours au milieu des ruines de Sébastopol. J’étais chargé avec un détachement de garder la partie de la ville échue à mon régiment, afin d’empêcher qu’on emportât des matériaux pris dans notre lot. Sauf le temps réclamé par le ser
vice, j’ai passé ces six journées à explorer cette cité qui n’existera bientôt plus que dans l’histoire. Les Russes nous envoyaient bien des obus de temps à autre, mais nous y sommes tellement habitués que cela ne gênait en rien mes minutieuses explorations.
h La ville, du côté du sud, entre le grand Redan et le fort de la Quarantaine, n’est plus qu un monceau de ruines, où l’on marche a chaque pas sur des boulets, des éciats de bombe, de la mitraille et des lambeaux de vêtements. Jamais je ne me serais imaginé une pareille destruction. On voit çà et là quelques monuments, mais tellement abîmés qu’il est impossible de reconnaître leur ancienne destination. La partie nord est mieux conservée; mais toutes les maisons n’eu sont pas moins inhabitables. Je suis allé voir le fort Saint-Nicolas, placé à l’entrée du port ; il est en assez bon état et sert de caserne à un régiment de ligne. Caserne un peu dangereuse, car il ne se passe guère de jour qu’il n’y ait quelque homme tué ou blessé par les projectiles russes. De ce côté se trouvent aussi quel
ques monuments un peu moins maltraités que les autres. J’ai vu le vaisseau de bronze dont il a été si souvent question dans les jour
naux : il est sur un piédestal en marbre, orné de, quatre portraits en bas-relief, l’un desquels m’a paru être celui de l’empereur Nico
las. Il y a aussi une église bien conservée, dont le dôme ressemble à celui des mosquées turques.
« De l’autre côté du port, à Karabelnaïa, sont des magasins, des casernes, des arsenaux assez bien conservés, protégés qu’ils étaient
contre les boulets du mamelon Vert par les hauteurs de Malakoff et du petit Redan. »
La prise de Kars est malheureusement un fait accompli; a cause de l’intérêt excité en Europe par l’héroïque résis
tance de sa courageuse garnison, nous donnons l’extrait du rapport de l’aide de camp Mourawielf, conçu dans des termes tels qu’il est la consécration de la gloire de ces hom
mes intrépides et dévoués, qui ne se sont rendus qu’à la faim et ont presque toujours vaillamment combattu avec avantage.
A la suite de l’assaut livré à Kars le 29 septembre, les Turcs reprirent courage pour quelque temps, s’attendant à la retraite de nos troupes. Ils furent donc bien étonnés quand ils virent resserrer au contraire le blocus de la place, et notre camp se transformer en un établissement solide qui les environnait de toutes parts et qui recevait chaque jour des approvisionnements de toutes sortes.
Néanmoins les espérances des assiégés renaquirent une foir? encore lorsque des troupes de secours, venant du côté d’Erzeroum, s’approchèrent de la place. En effet, le chef du détachement d’Erze
roum, Vely-Paqha,et après lui Selim-Pacha, venant de Trébisonde,
essayèrent démarcher sur Kars; mais chaque fois iis trouvèrent le détachement du général Soussloff qui les menaçait par derrière, Nos patrouilles inquiétaient même ces troupes jusqu’à peu de distance d’Erzeroum.
« Pendant ce temps les approvisionnements de vivres s’épuisaient à Kars ; le temps devenait froid ; sur les montagnes du Saganloug il était tombé de la neige ; la faim provoquât la mortalité parmi la garnison ; les désertions devenaient, plus fréquentes et le découragement était général.
·< Tout cela détermina le général Williams, qui dirigeait la défense, à rendre la forteresse. Le 24 novembre, l’aide de camp du général Williams, le major Teesdal, se présenta devant l’aide de camp général Mourawielf, porteur d’une lettre dans laquelle le général Williams demandait à venir le lendemain dans notre camp, sous pavil
lon parlementaire, pour s’entendre sur une convention. L’aide de camp général Mourawielf chargea verbalement le major Teesdal de déclarer au général Williams qu’il était disposé à le recevoir le 25 novembre dans l’après-midi.
« Le 25, à l’heure désignée, le général Williams se présenta au commandant en chef du corps détaché du Caucase, comme plénipo
tentiaire du muchir Yassif-Pacha, commandant en chef de l’armée d’Anatolie. Les conditions préalables de la reddition ayant été dres
sées. elles furent signées par le général Williams et approuvées par l’aide de camp général Mourawieff. Le général W illiams devait reve
nir le lendemain matin dans notre camp, avec la réponse définitive du muchir; mais, sa présence dans la forteresse étant nécessaire pour arranger toutes les affaires et pour porter à la connaissance de la garnison la reddition, qui rencontrait chez les officiers une oppo
sition passionnée, il nous envoya de nouveau son aide de camp afin de nous donner avis de ce fait.
« Le soir du même jour, le major Teesdal se présenta avec de pleins pouvoirs écrits donnés par le muchir au général Williams
« A tous ces titres, le traité du 21 novembre a donc une importance matérielle qu’il est impossible de méconnaître.
Il emprunte encore une autre importance, une importance morale et politique, aux circonstances au milieu desquelles il a été signé. Jusqu’ici la Suède avait annoncé l’intention de se renfermer dans la neutralité sur la question qui di
vise en ce moment la-Russie et les puissances occidentales. En faisant le pas qu’elle vient de faire, la Suède est évidem
ment sortie de cette neutralité; le traité par lequel elle se rapproche des puissances occidentales, de quelque manière qu’on l’envisage, n’en est pas moins un acte de défiance et d hostilité contre la Itussie. Une pareille démarche prend une signification toute particulière au moment ou la France et l’Angleterre se préparent à faire une nouvelle campagne et des efforts plus décisifs dans la Baltique.
« Tel est le jugement que l’on s’accorde assez généralement a porter sur le traité du 21 novembre, même en se bornant à l’apprécier dans ses stipulations textuelles, c’està-dire en supposant qu’il n’existe point d’articles secrets, ni de clauses additionnelles. »
En attendant que. la paix se dessine à l’horizon avec des contours plus arrêtés, la guerre prend de jour en jour des apparences plus réelles et par conséquent plus terribles. Ainsi le vice-amiral Penaud, dit un correspondant de ί’in
dépendance belge, à peine de retour de la Baltique, vient d’être appelé par le télégraphe auprès de l’Empereur. Les préparatifs sont toujours formidables dans les ports de l’O
céan. On parle de boulets destinés à briser le granit, qui, à 5.000 mètres, auront encore une force de pénétration énorme. On parle aussi de l’application de l’acier (à la fois
plus flexible et plus résistant que le fer) à la carapace des chaloupes canonnières; mais les soins de l’administration
de la marine impériale portent surtout, dit-on, sur le mariel destiné éventuellement au débarquement dans la Baltinue d’une armée de 60,000 hommes, et à laquelle des ru
meurs assez vraisemblables désignent préventivement pour chef le général Canrobert.
On sait que le gouvernement danois avait invité celui des Etats-Unis, ainsi que les autres puissances intéressées dans la question, à former une conférence à Copenhague, pour y
régler le différend du péage du Sund. La proposition faite à ce sujet par le gouvernement danois consistait à capitaliser le produit des droits imposés par lui sur le passage du Sund,
et à fixer d’un commun accord, entre toutes les puissances maritimes, la somme qui devrait être payée au Danemark, à titre d’indemnité pour renonciation à ses droits. Dans une dépêche qu’il vient d’adresser à Londres, et dont on trouvera plus loin le texte, M. Marey, ministre des affaires étran
gères des Etats-Unis, annonce que le président de l’Union refuse formellement de participer à celte conférence. 11 se prononce énergiquement contre toute prétention du Danemark à réclamer une compensation pour un prétendu droit que le gouvernement américain ne reconnaît pas en principe, et qu’il qualifie ouvertement d’exaction. En con
séquence, il décline la compétence du tribunal proposé
pour vider la question posée par le gouvernement danois dans des termes qui impliquent la reconnaissance de son droit. En outre le gouvernement américain appuie son refus sur le lien que le cabinet danois, dans les communications qu’il a faites aucabinet de Washington, prétend établir entre la question du Sund et le maintien de l’équilibre européen, prétention que le gouvernement des Etats-Unis ne consen
tira jamais à reconnaître. D’un autre côté, il parait quelegouvernement danois a modifié ses premières propositions, et qu’il a envoyé à tous les gouvernements intéressés une circulaire de ses nouvelles propositions.
Le.21 novembre, la Chambre grecque s’est assemblée pour élire les membres de son bureau.
M. Koumoundouros, député de Messène, a été élu président. Le 24 novembre, la députation de la Chambre élue pour présenter 1 adresse au Roi a été reçue en audience solennelle par S. M.
Diyers décrets et nominations insérés dans le Moniteur semblent annoncer la prochaine ouverture de la session législative. Paulin.
Courrier de Paris.
Tout est dit sur le jour de l’an, chacun a goûté de ses dragées, et l’on connaît si bien ses exercices que les fantaisistes eux-mêmes ont renoncé à célébrer ce beau jour; mais les malicieux et leurs épigrammes onL la vie plus dure, et l’en
fant chéri des femmes et des bambins est toujours exposé à leurs pichenettes. Mais, trop confiants Parisiens, — vous diront-ils, — ce joli poupon qui va naître n’est qu’un vieillard, les compliments que vous lui faites ne sont qu’un ra
bâchage dont vous ne pensez pas un mot, et qu’est-ce que l’immuable comédie qui se joue autour de son berceau, sinon la reprise d’un spectacle peut-être insipide? N’en dé
plaise aux railleurs, le jour de l’an a ses agréments et ses joies plus grandes encore que ses petites misères. A la con
corde , au souvenir, à l’espérance ! Telle est son enseigne , et il ne faut empêcher personne de s’y laisser prendre. C’est le jour de l’année où il se consomme le plus de bonheur: que de sourires à la fleur d’orange, que d’embrassements pralinés! L’aimable anniversaire n’a-t-il pas éche
lonné toutes les bénédictions dans son cercle de vingt-quatre heures? Mais il autorise une espèce de mendicité à domi
cile, mais il s’embusque à tous les coins de votre poche, en faisant tinter sa tirelire ; mais son coup de chapeau de
mande l’aumône, ses compliments sont une attrape, et ainsi de suite. Il eu résulte que, pour une foule de sanscœurs chez qui le rire est incorrigible, l’espèce humaine, déjà si plaisante dans son état naturel, devient plus parti
culièrement grotesque ce jour-là. Que de bonnes charges il se permet en plein macadam, et l’on vous en tient quittes, car une autre particularité des jours de l’an parisiens,
pour arrêt er les conditions définitives de la capitulation, ainsi qu’une liste portant les noms des pachas de l’armée d’Anatolie qui se trouvaient à Kars.
«Le 27 novembre, dans l’après-midi, le général Williams, accompagné de son état-major et de trois pachas, se rendit à notre camp et signa définitivement la capitulation.
a Le 28, conformément au traité conclu , les restes de l’armée d’Anatolie, qui composaient la garnison de Kars, devaient sortir de la forteresse avec leurs armes, drapeaux déployés et au son du tambour ; mais, sur la prière des commandants turcs eux-mêmes, toutes les troupes laissèrent leurs armes et déposèrent leurs munitions de guerre dans leurs camps, sous la garde de quelques soldats ottomans qui furent ensuite relevés par les nôtres.
« Quoiqu’il eût été convenu qu’à dix heures du matin les Turcs se formeraient en colonnes près des ruines du village Lombes, ce ne fut que vers deux heures de l’après-midi que le muchir de l’ar
mée d’Anatolie, accompagné du général Williams et des officiers anglais, parut devant l’aide de camp Mourawielf. Nos troupes étaient déjà tonnées en ordre de bataille sur les deux rives du fleuve Kars-Tchaï. Alors les drapeaux des régiments turcs furent portés en avant du front et accueillis par une compagnie de cara
biniers du régiment de chasseurs de Toula, au son des fanfares et par des hourrahs qui se communiquaient d’un bataillon à l’autre
«Cette partie de l’année turque, qui se composait d’hommes pour la plupart vieux et faibles, congédiés pour un temps indéter
miné (les redits), ainsi que des miliciens (backi-bouzoueks et Sa
res), formant ensemble un total de 6,000 hommes, fut, aux termes du traité, renvoyée dans ses foyers sous la condition de ne plus porter les armes contre .S. M. l’empereur pendant toute la guerre. Ces hommes furent accompagnés par une escorte spéciale jusqu’au premier quartier de nuit.
« Après le départ des redits, le commandant en chef reçut une députation des notables de la ville de Kars.
« Après l’inspection des troupes turques régulières, qui s’étaient rendues comme prisonniers de guerre (environ 7 ou 8,000 hom
mes), le général Mourawielf donna l’ordre de leur distri lier des vivres préparés d’avance pour eux dans les cuisines des compagnies campées sur la rive gauche du Kars-Tschaï. Le même jour, la for
teresse reçut une garnison de nos troupes, sous le commandement du colonel de Sage, le pavillon russe fut ai\ oré sur la citadelle, où il Hotte en ce moment. »
La question de la paix n’a pas fait un pas depuis la semaine dernière. Tous les jours, les feuilles allemandes nous apportent des informations contradictoires, soit sur les disposilions de la Russie à accepter les propositions qui lui sont faites, soit sur l’adhésion de la Prusse à la politique de F Autriche, soit enfin sur la manière dont le gouverne
ment russe entend la neutralisation de la mer Noire. D’a
près l’opinion générale, la paix ou la guerre sont au bout de la mission de M. Estherazy, qui est arrivé le 22 à Saint- Pétersbourg ; on n’aura la réponse définitive de la Russie que dans quelques jours : ce serait un joli cadeau de nou
velle année, que la nouvelle que les conditions proposées par l’intermédiaire de l’Autriche ont élé acceptées.
L’Indépendance belge nous apporte une nouvelle qui nous paraît d’une grande importance. Une brochure dans le sens de la paix va bientôt être mise sous les yeux du pu
blic ; nous ne pouvons encore la reproduire, l’espace manquant pour la citer longuement comme elle le mérite. Elle
est appelée à produire grande sensation, et probablement à faire tomber un orgueil qui est pour le moment le plus grand obstacle à la paix universelle. On ajoute que cette brochure a été soumise à une haute approbation, et, si le fait est vrai, comme nous n en pouvons douter, cette publication, sortant de l’ornière commune, prendra les propor
tions d’une sérieuse manifestation; jointe aux efforts reconnus des puissances allemandes, à la mission de M. Esthe
razy, à l’arrivée de M. de Persigny à Paris, à la pression générale exercée par l’opinion publique de l’Europe sur l’es
prit du Czar, à la misère et à l’épuisement de la Russie, il est permis de dire maintenant que jamais la paix n’a eu plus de probabilités en sa faveur, et qu’une solution doit bientôt sortir d’efl orts si constants et si unanimes. Seulement quelle sera cette solution ?
il n a été bruit pendant ces huit jours que du traité conclu entre la Suède et les puissances occidentales. Depuis assez longtemps, la Russie cherchait à nouer des négocia
tions avec le cabinet de Stockholm pour obtenir la cession d’un port sur la partie seplentrionale de la côte de Norwége, dans une situation où les eaux ne gèlent pas l’hiver, comme dans les golfes de Bothnie, de Finlande, la mer Baltique et la mer Blanche. La Russie aurait gagné à cette acquisition la liberté de mouvement pendant l’hiver pour sa flotte du Nord, qui, durant toute la saison rigoureuse, est emprisonnée par les glaces dans les ports russes.
La convention signée à Stockholm par le général Canrobert a pour but d’empêcher que la Suède ne cède à la de
mande de la Russie, et n’accorde, contre des avantages quelconques, le port désiré. En échange de cel arrange
ment pris par le gouvernement suédois, la France et l’Angleterre s’engagent à garantir le territoire de la Suède con
tre une agression éventuelle de la Russie. Tous les journaux français se sont placés au même point de vue pour com
menter les dispositions de ce traité. Par lui, la Russie est confinée dans son territoire continental ; la Baltique et la mer du Nord sont fermées à ses desseins ambitieux.
L’Indépendance fait remarquer à ce sujet que la Russie n’a point manifesté l’intention de s’emparer violemment de la portion du territoire norwégieù dont elle demandait la cession dans l intérêt de sa marine. « Ce désir, elle comp
tait le réaliser à l’aide de négociations, et, dans la situation actuelle des choses en Europe, il est moins que jamais pro
bable qu’elle ait recours à la force pour atteindre son but, si la cour de Suède refusait d’obtempérer à sa demande.
Le Journal des Débats termine ainsi un résumé des appréciations diverses qui ont paru dans les journaux :
« Une chose importante à remarquer, c’est que les stipulations de ce traité ne sont pas restreintes à un intervalle de temps déterminé : la durée en est illimitée. C’est indéfi
niment que la Suède prend l’engagement de résister aux prétentions de la Russie; c’est indéfiniment que la Franee et T Angleterre s’engagent à protéger la Suède contre les agressions de la Russie.