Gravures : Espagne : Une séance du Conseil des ministres, à la Granja. — Le maréchal Prim. — Le prince Léopold de Holienzollern. — La Haute-Cour de justice : Vue générale de la ville de Blois, prise de la rive gauche de la Loire; — M. Zangiacomi, président de la Haute-Cour; — Les incendies des Landes (2 gravures). — Revue du mois, par Bertall (12 gra
vures.) — Les grandes industries parisiennes : Fonderie d’or et d argent; maison Quiquandon fils (6 gravures). — Plan
définitif des aménagements de1 la salle des États (château de Blois) où auront lieu les débats de la Haute-Cour de justice. — Rébus.
Mercredi, M. de Gramont, ministre des affaires étrangères, a fait au Sénat une communication que nous devons mentionner ici.
« J’ai l’honneur (a dit M. le ministre) déporter à la connaissance du Sénat les informations suivantes ;
« L’ambassadeur d’Espagne nous a annoncé officiellement hier la renonciation du prince Léopold de Hohenzollern au trône d’Espagne.
« Les négociations que nous poursuivons avec la Prusse et qui n’ont jamais eu d’autre objet, ne sont pas encore terminées.
« Il nous est donc impossible d’en parler, et de soumettre au Sénat et au pays un exposé général de l’affaire. Nous ne saurions pour le moment rien ajouter à ces observations. »
A la suite de cette communication, une voix s’est écriée ; — Et voilà tout ! L’honorable interrup
teur du Sénat s’est montré, par ce simple mot, l’interprète du sentiment public. On avait tant parlé de garanties, on avait si bien mis la Prusse au premier rang, qu’on se demande si l’opinion se contentera d’une réponse qui nous arrive par l’ambassadeur d’Espagne. On était monté si haut et on descend si bas !
Mais le lendemain jeudi, la situation paraît avoir complètement changé d’aspect.
Les nouvelles les plus graves ont circulé à la fin de la journée.
La Bourse, qui avait commencé pour la rente à 70 fr. 60 c. avec des idées toutes pacifiques, ne fai
sait plus que 67 fr. à trois heures et 66 fr. dans la soirée.
Des dépêches arrivées d’Ems annonçaient que le roi de Prusse avait refusé de recevoir M. Benedetti.
Un conseil des ministres avait été tenu aux Tuileries sous la présidence de l’Empereur.
Une communication du gouvernement sera faite demain aux Chambres.
Dans la soirée, on continuait à répandre les nouvelles les plus belliqueuses, et chacun se disait : c’est la guerre !
Toute la semaine, l’opinion a été livrée aux émotions les plus vives. On ne parlait que de prépa
ratifs de guerre. La Bourse était en proie à l’agitation la plus . désordonnée. On formait les armées, on armait les flottes, on nommait les commandements et l’on s’attendait, entre la France et la Prusse, à cette explosion que la victoire de
Sadowa tient suspendue depuis quatre ans sur l’Europe.
Le silence de la Prusse rendait, en effet, cette anxiété légitime, et justifiait les perspectives de guerre que chacun entrevoyait à l’horizon. Que demandait la France? Une chose bien simple: Elle exigeait que le roi de Prusse, qui avait auto
risé le prince Léopold de Hohenzollern à accepter la candidature au trône d’Espagne, ordonnât au prétendant, qui est son parent et son sujet, de renoncer à sa candidature.
Les exigences de la France, nettement articulées à la tribune par M. de Gramont, et portées à Ems comme un ultimatum au roi de “Prusse, étaient-elles exagérées? Pour répondre à cette question, il faut se rappeler les envahissements delà politique prussienne, depuis quatre ans : les
violations du traité de Prague, le refus de faire droit au Danemark, les conventions secrètes avec le Sud, l’unification des armées badoises et prussiennes, l’affaire du Luxembourg, des che
mins de fer belges, de la ligne du Saint-Gothard.
On peut due que chaque pas en avant fait par la Prusse a été une atteinte portée à l influence sé
culaire qui nous appartient en Europe. Cette ques
tion de la candidature du prince de Hohenzollern
n’a donc été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Quant au droit politique que nous exercions ainsi, n’était-il pas justifié par des faits mémorables ?
1. L’histoire de la guerre de succession, qui vit l’Europe presque entière combiner ses i efforts pour empêcher le petit-fils de Louis XIY de cein
dre cette même couronne espagnole, bien, qu’elle lui appartînt par transmission légitime et non par surprise ;
2. L’interposition amiable,mais très-caractérisée, de l’intérêt général européen entre le trône de Belgique et le duc de Nemours, enT832 ;
3. L’opposition faite par l’Angleterre, .en 1846, . au mariage du duc de Montpensier avec la sœur
de la reine Isabelle, par la seule raison que ce mariage rapprochait trop la dynastie régnante en France du trône d’Espagne ;
4. Les incidents que souleva, encore plus près de nous, l’élection d’un nouveau souverain en Grèce, lorsque la révolution de Nauplie eut, en 1862, mis fin au règne du roi O thon.
La France, gardienne de son honneur, appuie donc son droit sur des précédents incontestables.
Ce principe de l’équilibre européen, qui est une sauvegarde pour l’indépendance des puissances,
ne saurait être détruit au profit de la Prusse et à notre préjudice. La Prusse, dans ses jours de jac
tance, ne se vante-t-elle pas d’avoir sous la main toute l’Allemagne, la Baltique, la Roumanie, la Suisse et l’Italie ? Et nous la laisserions, comme autrefois la maison d’Autriche, englober l’Espa
gne dans l’orbite de sapolitique ! Autant décréter i’omnrpotence de la Prusse ! Il était temps que la France protestât et montrât au chef de la maison de Hohenzollern qu’elle ne reconnaît pas en lui l’Agamemnon de l’Europe.
Quant à l’incroyable attitude prise par le gouvernement prussien et par les journaux de Berlin, nous n’avons qu’une observation à faire. La Prusse, obéissant au mot d’ordre de son premier ministre,
nous donne aujourd’hui une seconde édition du langage qu’elle a tenu en 1866. Huit jours avant d’entrer en Saxe, M. de Bismark dénonçait à l’Eu
rope les armements de l’Autriche, et déclarait que la Prusse n’avait jamais songé à se mettre sur le pied de guerre ! Aujourd’hui, la Prusse ne nie pas ses armements, mais elle nie la moindre participation à l’affaire d’Espagne. Le cabinet de Berlin connaît pourtant bien l’aphorisme romain : 1s fecit cui prodest. Cette participation est mani
feste, puisque le roi Guillaume reconnaît avoir autorisé son parent à recevoir la couronne, si les Cortès la lui offraient, et si la Prusse recule aujourd’hui, c’est pour faire renaître un autre conflit demain sur le terrain de la patrie allemande.
LÎattitude des puissances a ôté de nature à encourager la Franée dans ses revendications.
Le langage des journaux anglais, danois, italiens et autrichiens a donné, dès le premier jour, complètement raison à la France; et cette unani
mité n’a rendu que plus dérisoire le point de vue présenté par les journaux de M. de Bismark. Ce n’est pas seulement la France, c’est l’Europe qui a déclaré au cabinet de Berlin que la candidature du prince de Hohenzollern était une atteinteportée à la juste autorité de la France.
Et la conduite des gouvernements a été conforme à ce langage. L’Angleterre et l’Italie se sont prin
cipalement empressées de conseiller au roi de Prusse de céder à la demande de la France.
Mais c’est le Danemark qui a surtout applaudi à la mise en demeure ressortant de la note de M. de Gramont. Le discours du ministre a été accueilli
par des cris d’enthousiasme et des illuminations. Pour le Danemark, c’était la délivrance qui arrivait. Mais la délivrance viendra-t-elle ?
Quant à l’Espagne, le maréchal Prim vient de la lancer bien malencontreusement dans une déplorable intrigue , dont elle devait bien prévoir l’issue. Le gouvernement espagnol, la Régence et le.ministère se sont, sans aucun doute,
montrés d’accord pour approuver la négociation secrète entamée par le maréchal Prim, et nous représentoirs la mémorable séance où le minis
tère espagnol a pris cette importante résolution. M. Sagasta, ministre des affaires étrangères, a même officiellement notifié aux puissances la candidature du prince de Hohenzollern. Autant d’ac
tes, autant de fautes, dont lés conséquences se feront certainement sentir.
Les chefs de ia Révolution de septembre, de plus en plus impopulaires, achèvent de déconsi
dérer le pouvoir qu’ils se vantaient de n’avoir ambitionné que pour ia grandeur de l’Espagne.
Un mot, pour finir, sur le budget.
Le rapport de la commission du budget, confié à M. Ghesnelong, présente cette année un intérêt tout spécial, en raison de la disposition du sénatus-consulte du 8 septembre 1869, qui a restitué au Corps législatif le vote du budget par chapitres.
La commission a eu le mérite d’entreprendré l’œuvre de réformes et d’économie dont l’urgence est depuis longtemps reconnue, mais dont l’exécution était remise chaque année.
C’est ainsi que la commission propose la suppression de l’indemnité du conseil privé, et qu’elle demande la réduction du nombre des conseillers d’État.
Dans le budget du ministère de la guerre, elle demande la réduction de la garde impériale, et, pour cette année, la suppression de quatre escadrons. Cette suppression est consentie par le mi
nistre, qui, de son côté, renonce à une indemnité de 30,000 fr. qu’il touchait pour frais de représen
tation. Quant aux grands commandements, les 2e 5e et 3e ont cessé d’exister, et ils ne seront pas reconstitués. Le gouvernement demande la conser
vation des trois autres : Paris, Nancy et Lyon.
Leur maintien nécessite celui des trois grands commandants, dont les traitements étaient établis ainsi qu’il suit : pour celui de Paris, 130,000 fr.; pour celui de Lyon, 100,000 fr.; pour celui de Nancy, 72,000 fr. ; chacun d’eux subira une dimi
nution de 20,000 fr. De telle sorte que les grands commandements, qui coûtaient autrefois 600,000 f., par suite de suppressions et d’économies, n’en coûteront plus que 220,000.
Il reste encore beaucoup à faire dans cette voie, et à cet égard nous croyons que c’est surtout le ministère des finances qui exige les réformes les plus radicales. Mais il faut vouloir, et nous crai
gnons bien qu’on ne s’arrête qu’à la superficie des choses.
Aug. Marc.
Muse, j’ai besoin de toi pour chanter un sujet comique. L’argument est simple. Vous n’ignorez pas que tous les ans un jury choisit un jeune musicien,
Ainsi qu’on choisit une rose
pour l’envoyer à Rome pendant quatre ans, aux frais de la France, sa patrie, résider dans la villa Médicis. Après quoi, il rentre à Paris, se fait com
positeur, chef d’orchestre, employé, financier, ce qu’il veut. L’État le lâche complètement, — pour employer un mot vulgaire mais expressif. Ne vous attendez pas à ce que je reprenne en sous
vures.) — Les grandes industries parisiennes : Fonderie d’or et d argent; maison Quiquandon fils (6 gravures). — Plan
définitif des aménagements de1 la salle des États (château de Blois) où auront lieu les débats de la Haute-Cour de justice. — Rébus.
L’heure est solennelle.
Mercredi, M. de Gramont, ministre des affaires étrangères, a fait au Sénat une communication que nous devons mentionner ici.
« J’ai l’honneur (a dit M. le ministre) déporter à la connaissance du Sénat les informations suivantes ;
« L’ambassadeur d’Espagne nous a annoncé officiellement hier la renonciation du prince Léopold de Hohenzollern au trône d’Espagne.
« Les négociations que nous poursuivons avec la Prusse et qui n’ont jamais eu d’autre objet, ne sont pas encore terminées.
« Il nous est donc impossible d’en parler, et de soumettre au Sénat et au pays un exposé général de l’affaire. Nous ne saurions pour le moment rien ajouter à ces observations. »
A la suite de cette communication, une voix s’est écriée ; — Et voilà tout ! L’honorable interrup
teur du Sénat s’est montré, par ce simple mot, l’interprète du sentiment public. On avait tant parlé de garanties, on avait si bien mis la Prusse au premier rang, qu’on se demande si l’opinion se contentera d’une réponse qui nous arrive par l’ambassadeur d’Espagne. On était monté si haut et on descend si bas !
Mais le lendemain jeudi, la situation paraît avoir complètement changé d’aspect.
Les nouvelles les plus graves ont circulé à la fin de la journée.
La Bourse, qui avait commencé pour la rente à 70 fr. 60 c. avec des idées toutes pacifiques, ne fai
sait plus que 67 fr. à trois heures et 66 fr. dans la soirée.
Des dépêches arrivées d’Ems annonçaient que le roi de Prusse avait refusé de recevoir M. Benedetti.
Un conseil des ministres avait été tenu aux Tuileries sous la présidence de l’Empereur.
Une communication du gouvernement sera faite demain aux Chambres.
Dans la soirée, on continuait à répandre les nouvelles les plus belliqueuses, et chacun se disait : c’est la guerre !
Toute la semaine, l’opinion a été livrée aux émotions les plus vives. On ne parlait que de prépa
ratifs de guerre. La Bourse était en proie à l’agitation la plus . désordonnée. On formait les armées, on armait les flottes, on nommait les commandements et l’on s’attendait, entre la France et la Prusse, à cette explosion que la victoire de
Sadowa tient suspendue depuis quatre ans sur l’Europe.
Le silence de la Prusse rendait, en effet, cette anxiété légitime, et justifiait les perspectives de guerre que chacun entrevoyait à l’horizon. Que demandait la France? Une chose bien simple: Elle exigeait que le roi de Prusse, qui avait auto
risé le prince Léopold de Hohenzollern à accepter la candidature au trône d’Espagne, ordonnât au prétendant, qui est son parent et son sujet, de renoncer à sa candidature.
Les exigences de la France, nettement articulées à la tribune par M. de Gramont, et portées à Ems comme un ultimatum au roi de “Prusse, étaient-elles exagérées? Pour répondre à cette question, il faut se rappeler les envahissements delà politique prussienne, depuis quatre ans : les
violations du traité de Prague, le refus de faire droit au Danemark, les conventions secrètes avec le Sud, l’unification des armées badoises et prussiennes, l’affaire du Luxembourg, des che
mins de fer belges, de la ligne du Saint-Gothard.
On peut due que chaque pas en avant fait par la Prusse a été une atteinte portée à l influence sé
culaire qui nous appartient en Europe. Cette ques
tion de la candidature du prince de Hohenzollern
n’a donc été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Quant au droit politique que nous exercions ainsi, n’était-il pas justifié par des faits mémorables ?
1. L’histoire de la guerre de succession, qui vit l’Europe presque entière combiner ses i efforts pour empêcher le petit-fils de Louis XIY de cein
dre cette même couronne espagnole, bien, qu’elle lui appartînt par transmission légitime et non par surprise ;
2. L’interposition amiable,mais très-caractérisée, de l’intérêt général européen entre le trône de Belgique et le duc de Nemours, enT832 ;
3. L’opposition faite par l’Angleterre, .en 1846, . au mariage du duc de Montpensier avec la sœur
de la reine Isabelle, par la seule raison que ce mariage rapprochait trop la dynastie régnante en France du trône d’Espagne ;
4. Les incidents que souleva, encore plus près de nous, l’élection d’un nouveau souverain en Grèce, lorsque la révolution de Nauplie eut, en 1862, mis fin au règne du roi O thon.
La France, gardienne de son honneur, appuie donc son droit sur des précédents incontestables.
Ce principe de l’équilibre européen, qui est une sauvegarde pour l’indépendance des puissances,
ne saurait être détruit au profit de la Prusse et à notre préjudice. La Prusse, dans ses jours de jac
tance, ne se vante-t-elle pas d’avoir sous la main toute l’Allemagne, la Baltique, la Roumanie, la Suisse et l’Italie ? Et nous la laisserions, comme autrefois la maison d’Autriche, englober l’Espa
gne dans l’orbite de sapolitique ! Autant décréter i’omnrpotence de la Prusse ! Il était temps que la France protestât et montrât au chef de la maison de Hohenzollern qu’elle ne reconnaît pas en lui l’Agamemnon de l’Europe.
Quant à l’incroyable attitude prise par le gouvernement prussien et par les journaux de Berlin, nous n’avons qu’une observation à faire. La Prusse, obéissant au mot d’ordre de son premier ministre,
nous donne aujourd’hui une seconde édition du langage qu’elle a tenu en 1866. Huit jours avant d’entrer en Saxe, M. de Bismark dénonçait à l’Eu
rope les armements de l’Autriche, et déclarait que la Prusse n’avait jamais songé à se mettre sur le pied de guerre ! Aujourd’hui, la Prusse ne nie pas ses armements, mais elle nie la moindre participation à l’affaire d’Espagne. Le cabinet de Berlin connaît pourtant bien l’aphorisme romain : 1s fecit cui prodest. Cette participation est mani
feste, puisque le roi Guillaume reconnaît avoir autorisé son parent à recevoir la couronne, si les Cortès la lui offraient, et si la Prusse recule aujourd’hui, c’est pour faire renaître un autre conflit demain sur le terrain de la patrie allemande.
LÎattitude des puissances a ôté de nature à encourager la Franée dans ses revendications.
Le langage des journaux anglais, danois, italiens et autrichiens a donné, dès le premier jour, complètement raison à la France; et cette unani
mité n’a rendu que plus dérisoire le point de vue présenté par les journaux de M. de Bismark. Ce n’est pas seulement la France, c’est l’Europe qui a déclaré au cabinet de Berlin que la candidature du prince de Hohenzollern était une atteinteportée à la juste autorité de la France.
Et la conduite des gouvernements a été conforme à ce langage. L’Angleterre et l’Italie se sont prin
cipalement empressées de conseiller au roi de Prusse de céder à la demande de la France.
Mais c’est le Danemark qui a surtout applaudi à la mise en demeure ressortant de la note de M. de Gramont. Le discours du ministre a été accueilli
par des cris d’enthousiasme et des illuminations. Pour le Danemark, c’était la délivrance qui arrivait. Mais la délivrance viendra-t-elle ?
Quant à l’Espagne, le maréchal Prim vient de la lancer bien malencontreusement dans une déplorable intrigue , dont elle devait bien prévoir l’issue. Le gouvernement espagnol, la Régence et le.ministère se sont, sans aucun doute,
montrés d’accord pour approuver la négociation secrète entamée par le maréchal Prim, et nous représentoirs la mémorable séance où le minis
tère espagnol a pris cette importante résolution. M. Sagasta, ministre des affaires étrangères, a même officiellement notifié aux puissances la candidature du prince de Hohenzollern. Autant d’ac
tes, autant de fautes, dont lés conséquences se feront certainement sentir.
Les chefs de ia Révolution de septembre, de plus en plus impopulaires, achèvent de déconsi
dérer le pouvoir qu’ils se vantaient de n’avoir ambitionné que pour ia grandeur de l’Espagne.
Un mot, pour finir, sur le budget.
Le rapport de la commission du budget, confié à M. Ghesnelong, présente cette année un intérêt tout spécial, en raison de la disposition du sénatus-consulte du 8 septembre 1869, qui a restitué au Corps législatif le vote du budget par chapitres.
La commission a eu le mérite d’entreprendré l’œuvre de réformes et d’économie dont l’urgence est depuis longtemps reconnue, mais dont l’exécution était remise chaque année.
C’est ainsi que la commission propose la suppression de l’indemnité du conseil privé, et qu’elle demande la réduction du nombre des conseillers d’État.
Dans le budget du ministère de la guerre, elle demande la réduction de la garde impériale, et, pour cette année, la suppression de quatre escadrons. Cette suppression est consentie par le mi
nistre, qui, de son côté, renonce à une indemnité de 30,000 fr. qu’il touchait pour frais de représen
tation. Quant aux grands commandements, les 2e 5e et 3e ont cessé d’exister, et ils ne seront pas reconstitués. Le gouvernement demande la conser
vation des trois autres : Paris, Nancy et Lyon.
Leur maintien nécessite celui des trois grands commandants, dont les traitements étaient établis ainsi qu’il suit : pour celui de Paris, 130,000 fr.; pour celui de Lyon, 100,000 fr.; pour celui de Nancy, 72,000 fr. ; chacun d’eux subira une dimi
nution de 20,000 fr. De telle sorte que les grands commandements, qui coûtaient autrefois 600,000 f., par suite de suppressions et d’économies, n’en coûteront plus que 220,000.
Il reste encore beaucoup à faire dans cette voie, et à cet égard nous croyons que c’est surtout le ministère des finances qui exige les réformes les plus radicales. Mais il faut vouloir, et nous crai
gnons bien qu’on ne s’arrête qu’à la superficie des choses.
Aug. Marc.
Muse, j’ai besoin de toi pour chanter un sujet comique. L’argument est simple. Vous n’ignorez pas que tous les ans un jury choisit un jeune musicien,
Ainsi qu’on choisit une rose
Dans les guirlandes de Sarons,
pour l’envoyer à Rome pendant quatre ans, aux frais de la France, sa patrie, résider dans la villa Médicis. Après quoi, il rentre à Paris, se fait com
positeur, chef d’orchestre, employé, financier, ce qu’il veut. L’État le lâche complètement, — pour employer un mot vulgaire mais expressif. Ne vous attendez pas à ce que je reprenne en sous