ment notre seul objectif. C’est à la Prusse seule que vont s’attaquer les huit corps d’armée que va commander l’Empereur, et, en défendant notre ban droit, espérons que nos soldats sauront soutenir la vieille renommée des armes françaises.
En ce moment, la chronique de la politique extérieure n’a pour nous que peu d’intérêt. Mais il est pourtant un fait que nous ne pouvons passer sous silence.
Le grand acte est accompli à Rome. Le dogme de l’infaillibilité papale est voté. Les pères du concile ont ainsi voté : pour l’affirmative, 538; pour la négative, 88 ; pour l’affirmative condition - nellement, 65. Le pape a proclamé le nouveau dogme avec la plus grande solennité.
Avouons que ce nouveau dogme, que la cour de Rome regarde pour l’Église comme une lumière nouvelle, a passé bien inaperçu sur l’Europe. Ou avait annoncé que le gouvernement français reti
rerait nos troupes après l’adoption de ce dogme; mais rien n’est venu confirmer cette nouvelle.
Mercredi. — Mercredi, à l ouverture de la séance, M. le duc de Gramont, ministre des affaires étrangères, donne lecture de la déclaration suivante :
« Messieurs,
« L’exposé qui vous a été présenté dans la séance du 15 a fait connaître au Corps législatif les justes causes de guerre que nous avons contre la Prusse.
« Conformément aux règles d’usage et par l’ordre de l’Empereur, j’ai invité le chargé d’affaires de France à notifier au cabinet dé Berlin notre résolution de poursuivre par les armes les garanties que nous n’avons pu obtenir par la discussion.
« Cette démarche a été accomplie, et j’ai l’honneur de faire savoir au Corps législatif qu’en conséquence l’état de guerre existe, à partir du 19 juillet, entre la France et la Prusse.
« Cette déclaration s’applique également aux alliés de la Prusse qui lui prêtent contre nous le concours de leurs armes. »
Cette déclaration a été accueillie par des applaudissements enthousiastes.
En même temps nous arrivait le discours prononcé par le roi de Prusse.
Le discours du roi de Prusse au parlement de la Confédération de l’Allemagne du Nord ne con
tredit en rien l’exposé que nous venons faire de la question. L’affaire de la candidature du prince de Hohenzollern est présentée comme complète
ment étrangère à la Prusse et à la Confédération. C’est toujours la même argutie inacceptable.
Le roi Guillaume fait un appel à l’Allemagne, en lui faisant comprendre que l’union lui donne la volonté et la force de dicter des lois à la France. Mais cette union est la même de notre côté, et notre confiance est au moins égale à celle du roi de Prusse.
Nous ne nous trouvons d’accord avec le souverain de la Prusse que sur un point :
« Le peuple allemand et le peuple français, dit le roi Guillaume, ces deux peuples qui jouissent, chacun au même degré, des bienfaits de la civi
lisation chrétienne et d’une prospérité croissante, et qui aspirent à ces bienfaits, sont appelés à une lutte plus salutaire que la lutte sanglante des armes. »
C’est aussi notre avis. Mais pour que la France et la Prusse luttent pacifiquement sur le champ libre du travail, il ne faut pas que la Prusse nous entoure du réseau de ses mailles politiques, de manière à nous enlever, dans un avenir très-prochain, toute initiative et tout mouvement.
Nous croyons devoir donner ici le texte complet du discours royal. Il a, dans les circonstances présen tes, une importance qui le classe parmi les
documents historiques que chacun demandera à consulter.
DISCOURS DU ROI DE PRUSSE.
Honorés membres du Reichstag de la Confédération de l’Allemagne du Nord.
Le jour où, lors de votre dernière réunion, je vous ai souhaité ici la bienvenue au nom des gouvernements confédérés, j’ai pu, avec une gra
titude mêlée de joie, attester qu’avec l’aide de Dieu le succès n’avait pas manqué aux efforts faits par moi en vue de répondre aux vœux des peuples et aux besoins de la civilisation en prévenant toute perturbation de la paix.
Si, néanmoins, des menaces de guerre et un danger de guerre ont imposé aux gouvernements confédérés le devoir de vous convoquer en une session extraordinaire, en vous-mêmes comme ein nous demeurera vivante la conviction que la Confédération de l’Allemagne du Nord s’est appli
quée à utiliser la force populaire de l’Allemagne, non pas pour compromettre la paix générale, mais pour lui donner un puissant appui, et que si actuellement nous faisons appel à cette force populaire pour protéger notre indépendance,
nous ne faisons qu’obéir à la voix de l’honneur et du devoir.
La candidature d’un prince allemand au trône d’Espagne, candidature à la naissance et à l’aban
don de laquelle les gouvernements confédérés
sont demeurés également étrangers, et qui, pour la Confédération de l’Allemagne du Nord, n’avait pas d’autre intérêt que celui de voir le gouverne
ment d’une nation amie y rattacher l’espoir de donner à un pays longtemps éprouvé les garan
ties d’un gouvernement régulier et pacifique, a fourni au gouvernement de l’Empereur des Français le prétexte de poser un cas de guerre d’une façon depuis longtemps inconnue dans les usages diplomatiques, et, après la disparition de ce prétexte, de maintenir un cas de guerre avec
un mépris du droit des peuples aux bienfaits de la paix dont l’histoire des souverains antérieurs de la France offre déjà des exemples.
Si, dans les siècles précédents, l’Allemagne a supporté en silence ces atteintes portées à son
droit et à son honneur, elle ne les a supportées que parce que, dans son déchirement, elle ne savait pas combien elle était forte. Aujourd’hui
que le lien d’une union morale et légale, lien que les guerres de l’indépendance ont commencé à établir, unit ensemble, avec une connexité qui sera d’autant plus étroite qu’elle durera depuis plus longtemps, les membres de la famille allemande ; aujourd’hui que les armements de l’Allemagne ne laissent plus de porte ouverte à l’en
nemi, l’Allemagne porte en elle-même la volonté et la force de se défendre contre les nouvelles violences de la France.
Ce n’est pas l’outrecuidance qui me dicte ces paroles. Les gouvernements confédérés, ainsi que moi-même, agissent dans la pleine conscience que la victoire et la défaite sont entre les mains du Dieu des batailles.
Nous avons, d un regard calme et clair, mesuré la responsabilité qui, devant le jugement de Dieu et des hommes, incombe à celui qui pousse à des guerres de dévastation deux grands et paisibles peuples habitant au cœur même de l’Europe.
Le peuple allemand et le peuple français, ces deux peuples qui jouissent, chacun au même degré, des bienfaits de la civilisation chrétienne
et d’une prospérité croissante, et qui aspirent à ces bienfaits, sont appelés à une lutte plus salutaire que la lutte sanglante des armes.
Mais les hommes qui gouvernent la France ont su par une fausse direction (missleitung) calculée,
exploiter pour leurs intérêts et leurs passions personnels, l’amour-propre (selbstgefühl) légitime,
mais irritable, du grand peuple qui est notre voisin.
Plus les gouvernements confédérés ont la con
science d’avoir fait tout ce que leur honneur et leur dignité leur permettaient de faire pour conserver à l’Europe les bienfaits de la paix, plus il
est évident aux yeux de tous que l’on nous a mis le glaive dans la main, et plus grande est la confiance avec laquelle, nous appuyant sur la
volonté unanime des gouvernements allemands du Sud comme des gouvernements du Nord, nous nous adressons au patriotisme et au dévouement du peuple allemand pour le convier à la défense de son honneur et de son indépendance.
Suivant l’exemple de nos pères, nous combattrons pour notre liberté et pour notre droit con
tre la violence de conquérants étrangers, et dans ce combat, où nous ne poursuivrons pas d’autre but que celui d’assurer à l’Europe une paix du
rable, Dieu sera avec nous comme il a été avec nos pères !
Jeudi. — Depuis hier, on a essayé de provoquer une panique dans le monde des affaires, en par
lant de la question d’Orient qui viendrait s’ajouter à la question du Rhin.
Nos informations, prises à bonne source, nous permettent d’affirmer que, jusqu’à présent, l’An
gleterre et la Russie n’ont pas cessé de donner l’assurance qu’elles conserveraient la neutralité la plus stricte.
Le conflit reste donc encore neutralisé, et nous n’avons devant nous que le duel de la France et de la Prusse.
Autre nouvelle plus importante et plus grave, car elle repose sur un fait certain. Il s’agit de la
Bavière. Le cabinet de Munich, intimidé par les menaces de la Prusse, a voulu faire déclarer que
le casus fœderis s’est réalisé, et que les bataillons bavarois devaient obéir aveuglément au roi Guillaume.
Le président du conseil de Bavière avait fait une,proposition dans ce sens et demandé un cré
dit de 25 millions. Le sentiment de la majorité de la Chambre s’est immédiatement montré aussi
hostile que possible à une pareille mesure, qui ruinerait la Bavière au point de vue financier et au point de vue politique, car elle ne serait que
le signal d’une série de sacrifices exagérés, dont le résultat final serait la prussification du royaume tout entier et l’anéantissement de son indépen
dance, de sa liberté, de ses glorieux souvenirs historiques.
La commission nommée par la Chambre s’est prononcée contre la demande du ministre.
Qu’a fait alors le comte de Bray ? Il n’a pas craint de recourir sciemment à une allégation mensongère, et de déclarer que le territoire allemand était déjà envahi par les troupes françaises.
Que penser d’un homme d’État, dont jusqu’ici la loyauté était inattaquable, et qui, pour obéir à un mot d’ordre prussien, ne craint pas d’outrager ainsi la vérité?
On s’est également préoccupé, depuis deux jours, delà question des balles explosibles. On sait que la France et la Prusse ont renoncé, par convention
formelle, à l’emploi de ce terrible engin de
guerre. Mais un des États de l’Allemagne du Sud n’a pas signé cette convention, et l’on se demande si la Prusse, par un nouvel acte de duplicité indi
gne d’un pays civilisé, ne s’est pas réservé par là la possibilité de recourir à ce projectile, que l’on avait continué à fabriquer à Berlin, même après la signature de la convention.
On s’attend à voir la session législative close samedi prochain. Les dernières lois votées par le Corps législatif ne font, en quelque sorte, que traverser le Sénat.
A la dernière heure, on se demande comment va commencer la campagne. L’armée de l’Est va-t-elle traverser le Rhin? Attendra-t-on la jonc
tion du corps d’armée qui doit s’unir à l’armée danoise? Telle est, au dernier moment, la question que l’on discute.
AUG. Marc.
En ce moment, la chronique de la politique extérieure n’a pour nous que peu d’intérêt. Mais il est pourtant un fait que nous ne pouvons passer sous silence.
Le grand acte est accompli à Rome. Le dogme de l’infaillibilité papale est voté. Les pères du concile ont ainsi voté : pour l’affirmative, 538; pour la négative, 88 ; pour l’affirmative condition - nellement, 65. Le pape a proclamé le nouveau dogme avec la plus grande solennité.
Avouons que ce nouveau dogme, que la cour de Rome regarde pour l’Église comme une lumière nouvelle, a passé bien inaperçu sur l’Europe. Ou avait annoncé que le gouvernement français reti
rerait nos troupes après l’adoption de ce dogme; mais rien n’est venu confirmer cette nouvelle.
Mercredi. — Mercredi, à l ouverture de la séance, M. le duc de Gramont, ministre des affaires étrangères, donne lecture de la déclaration suivante :
« Messieurs,
« L’exposé qui vous a été présenté dans la séance du 15 a fait connaître au Corps législatif les justes causes de guerre que nous avons contre la Prusse.
« Conformément aux règles d’usage et par l’ordre de l’Empereur, j’ai invité le chargé d’affaires de France à notifier au cabinet dé Berlin notre résolution de poursuivre par les armes les garanties que nous n’avons pu obtenir par la discussion.
« Cette démarche a été accomplie, et j’ai l’honneur de faire savoir au Corps législatif qu’en conséquence l’état de guerre existe, à partir du 19 juillet, entre la France et la Prusse.
« Cette déclaration s’applique également aux alliés de la Prusse qui lui prêtent contre nous le concours de leurs armes. »
Cette déclaration a été accueillie par des applaudissements enthousiastes.
En même temps nous arrivait le discours prononcé par le roi de Prusse.
Le discours du roi de Prusse au parlement de la Confédération de l’Allemagne du Nord ne con
tredit en rien l’exposé que nous venons faire de la question. L’affaire de la candidature du prince de Hohenzollern est présentée comme complète
ment étrangère à la Prusse et à la Confédération. C’est toujours la même argutie inacceptable.
Le roi Guillaume fait un appel à l’Allemagne, en lui faisant comprendre que l’union lui donne la volonté et la force de dicter des lois à la France. Mais cette union est la même de notre côté, et notre confiance est au moins égale à celle du roi de Prusse.
Nous ne nous trouvons d’accord avec le souverain de la Prusse que sur un point :
« Le peuple allemand et le peuple français, dit le roi Guillaume, ces deux peuples qui jouissent, chacun au même degré, des bienfaits de la civi
lisation chrétienne et d’une prospérité croissante, et qui aspirent à ces bienfaits, sont appelés à une lutte plus salutaire que la lutte sanglante des armes. »
C’est aussi notre avis. Mais pour que la France et la Prusse luttent pacifiquement sur le champ libre du travail, il ne faut pas que la Prusse nous entoure du réseau de ses mailles politiques, de manière à nous enlever, dans un avenir très-prochain, toute initiative et tout mouvement.
Nous croyons devoir donner ici le texte complet du discours royal. Il a, dans les circonstances présen tes, une importance qui le classe parmi les
documents historiques que chacun demandera à consulter.
DISCOURS DU ROI DE PRUSSE.
Honorés membres du Reichstag de la Confédération de l’Allemagne du Nord.
Le jour où, lors de votre dernière réunion, je vous ai souhaité ici la bienvenue au nom des gouvernements confédérés, j’ai pu, avec une gra
titude mêlée de joie, attester qu’avec l’aide de Dieu le succès n’avait pas manqué aux efforts faits par moi en vue de répondre aux vœux des peuples et aux besoins de la civilisation en prévenant toute perturbation de la paix.
Si, néanmoins, des menaces de guerre et un danger de guerre ont imposé aux gouvernements confédérés le devoir de vous convoquer en une session extraordinaire, en vous-mêmes comme ein nous demeurera vivante la conviction que la Confédération de l’Allemagne du Nord s’est appli
quée à utiliser la force populaire de l’Allemagne, non pas pour compromettre la paix générale, mais pour lui donner un puissant appui, et que si actuellement nous faisons appel à cette force populaire pour protéger notre indépendance,
nous ne faisons qu’obéir à la voix de l’honneur et du devoir.
La candidature d’un prince allemand au trône d’Espagne, candidature à la naissance et à l’aban
don de laquelle les gouvernements confédérés
sont demeurés également étrangers, et qui, pour la Confédération de l’Allemagne du Nord, n’avait pas d’autre intérêt que celui de voir le gouverne
ment d’une nation amie y rattacher l’espoir de donner à un pays longtemps éprouvé les garan
ties d’un gouvernement régulier et pacifique, a fourni au gouvernement de l’Empereur des Français le prétexte de poser un cas de guerre d’une façon depuis longtemps inconnue dans les usages diplomatiques, et, après la disparition de ce prétexte, de maintenir un cas de guerre avec
un mépris du droit des peuples aux bienfaits de la paix dont l’histoire des souverains antérieurs de la France offre déjà des exemples.
Si, dans les siècles précédents, l’Allemagne a supporté en silence ces atteintes portées à son
droit et à son honneur, elle ne les a supportées que parce que, dans son déchirement, elle ne savait pas combien elle était forte. Aujourd’hui
que le lien d’une union morale et légale, lien que les guerres de l’indépendance ont commencé à établir, unit ensemble, avec une connexité qui sera d’autant plus étroite qu’elle durera depuis plus longtemps, les membres de la famille allemande ; aujourd’hui que les armements de l’Allemagne ne laissent plus de porte ouverte à l’en
nemi, l’Allemagne porte en elle-même la volonté et la force de se défendre contre les nouvelles violences de la France.
Ce n’est pas l’outrecuidance qui me dicte ces paroles. Les gouvernements confédérés, ainsi que moi-même, agissent dans la pleine conscience que la victoire et la défaite sont entre les mains du Dieu des batailles.
Nous avons, d un regard calme et clair, mesuré la responsabilité qui, devant le jugement de Dieu et des hommes, incombe à celui qui pousse à des guerres de dévastation deux grands et paisibles peuples habitant au cœur même de l’Europe.
Le peuple allemand et le peuple français, ces deux peuples qui jouissent, chacun au même degré, des bienfaits de la civilisation chrétienne
et d’une prospérité croissante, et qui aspirent à ces bienfaits, sont appelés à une lutte plus salutaire que la lutte sanglante des armes.
Mais les hommes qui gouvernent la France ont su par une fausse direction (missleitung) calculée,
exploiter pour leurs intérêts et leurs passions personnels, l’amour-propre (selbstgefühl) légitime,
mais irritable, du grand peuple qui est notre voisin.
Plus les gouvernements confédérés ont la con
science d’avoir fait tout ce que leur honneur et leur dignité leur permettaient de faire pour conserver à l’Europe les bienfaits de la paix, plus il
est évident aux yeux de tous que l’on nous a mis le glaive dans la main, et plus grande est la confiance avec laquelle, nous appuyant sur la
volonté unanime des gouvernements allemands du Sud comme des gouvernements du Nord, nous nous adressons au patriotisme et au dévouement du peuple allemand pour le convier à la défense de son honneur et de son indépendance.
Suivant l’exemple de nos pères, nous combattrons pour notre liberté et pour notre droit con
tre la violence de conquérants étrangers, et dans ce combat, où nous ne poursuivrons pas d’autre but que celui d’assurer à l’Europe une paix du
rable, Dieu sera avec nous comme il a été avec nos pères !
Jeudi. — Depuis hier, on a essayé de provoquer une panique dans le monde des affaires, en par
lant de la question d’Orient qui viendrait s’ajouter à la question du Rhin.
Nos informations, prises à bonne source, nous permettent d’affirmer que, jusqu’à présent, l’An
gleterre et la Russie n’ont pas cessé de donner l’assurance qu’elles conserveraient la neutralité la plus stricte.
Le conflit reste donc encore neutralisé, et nous n’avons devant nous que le duel de la France et de la Prusse.
Autre nouvelle plus importante et plus grave, car elle repose sur un fait certain. Il s’agit de la
Bavière. Le cabinet de Munich, intimidé par les menaces de la Prusse, a voulu faire déclarer que
le casus fœderis s’est réalisé, et que les bataillons bavarois devaient obéir aveuglément au roi Guillaume.
Le président du conseil de Bavière avait fait une,proposition dans ce sens et demandé un cré
dit de 25 millions. Le sentiment de la majorité de la Chambre s’est immédiatement montré aussi
hostile que possible à une pareille mesure, qui ruinerait la Bavière au point de vue financier et au point de vue politique, car elle ne serait que
le signal d’une série de sacrifices exagérés, dont le résultat final serait la prussification du royaume tout entier et l’anéantissement de son indépen
dance, de sa liberté, de ses glorieux souvenirs historiques.
La commission nommée par la Chambre s’est prononcée contre la demande du ministre.
Qu’a fait alors le comte de Bray ? Il n’a pas craint de recourir sciemment à une allégation mensongère, et de déclarer que le territoire allemand était déjà envahi par les troupes françaises.
Que penser d’un homme d’État, dont jusqu’ici la loyauté était inattaquable, et qui, pour obéir à un mot d’ordre prussien, ne craint pas d’outrager ainsi la vérité?
On s’est également préoccupé, depuis deux jours, delà question des balles explosibles. On sait que la France et la Prusse ont renoncé, par convention
formelle, à l’emploi de ce terrible engin de
guerre. Mais un des États de l’Allemagne du Sud n’a pas signé cette convention, et l’on se demande si la Prusse, par un nouvel acte de duplicité indi
gne d’un pays civilisé, ne s’est pas réservé par là la possibilité de recourir à ce projectile, que l’on avait continué à fabriquer à Berlin, même après la signature de la convention.
On s’attend à voir la session législative close samedi prochain. Les dernières lois votées par le Corps législatif ne font, en quelque sorte, que traverser le Sénat.
A la dernière heure, on se demande comment va commencer la campagne. L’armée de l’Est va-t-elle traverser le Rhin? Attendra-t-on la jonc
tion du corps d’armée qui doit s’unir à l’armée danoise? Telle est, au dernier moment, la question que l’on discute.
AUG. Marc.