NOS CORRESPONDANCES


Melz, le 17 juillet.
Au lieu d’arriver à Metz à 4 heures, je ne suis en
tré dans cette ville qu’à 9 heures ce matin. Une fois dans la salle d’attente, à Paris, on est en plein branle-bas de guerre ; la voie est encombrée de troupes, cavalerie et infan
terie, la cavalerie surtout dans un décolleté impos
sible. Les cavaliers cou
chent en partie dans les wagons avec les chevaux. Toutes les coiffures sont d’ordonnance, depuis le bonnet de police, le casque à mèche, jusqu au chapeau de paille parapluie. Dans la salle d’attente, peu ou point de commerçants, beaucoup d’ofïiciers et d’officiers mariés. Ces der
niers, quand on appelle les voyageurs, restent en arrière pendant que le flot pressé s’écoule. Les fem


mes, en les embrassant,


n’ont pas l’air de les voir partir de bon cœur. Tout le long de la route nous avoir s rencontré des trains rem
plis de soldats silencieux, fatigués et entassés dans des wagons de troisième classe et de marchandises..
Metz est rempli de troupes. A mesure qu’elles ar
rivent, elles campent un instant sur les glacis et reprennent le chemin de fer du côté de T’extrême frontière.
C’est le seul dessin de caractère que je puisse vous envoyer aujourd’hui; c’est d’ailleurs l’aspect qui se répète sur tous les
bords de la ville.
J’aurais bien continué en arrivant du côté de Forbach, mais cela ne m’a pas été possible ; il n’y a qu’un
train qui marche encore dans cette direction, et que je dois prendre à 4 heures
40 m. pour m’arrêter à. Saint-Avold, où il doit se former un camp assez considérable. En venant ici j’étais avec le 4e et le 5e chasseurs à cheval, qui s’y rendait avec deux régiments de dragons.
J’ai vu, ce matin, au Journal de Metz, un homme venant de Sierck, qui a ra
conté comment a eu lieu le malentendu de l’entrée des Prussiens. Il est vrai qu’à cet endroit-là, et du côté de la frontière fran
çaise, près de Sarrebrück, on a vu rôder des unifor
mes prussiens, mais c’é­
taient des déserteurs, je le riens d’un capitaine du 3* .iragons qui vient de ce coté.
Quand commencera-t- on? Quand pourra-t-on faire des dessins de com
bat, je n’en sais rien. Ici, tout est calme. Aujour
d’hui dimanche, les gens de Metz vont voir les soldais campés, comme on va
les voir au camp de Saint- Maur.
Le maréchal Bazaine est arrivé aujourd’hui. Dans le train qui m’a amené, il y avait beaucoup de Saint- Cyriens, ceux de première année allant en congé de quinze jours, ceux de deuxième allant rejoindre un corps avec leurs vête
ments de l’école, mais ayant remplacé l’épaulette de laine rouge par celle de sous-lieutenant...................
L.
Strasbourg, 17 juillet.
Le dessin que je vous envoie représente les Badois rentrant le pont de bateaux sur leur rive et tournant en même temps le pont du chemin de fer qui se trouve au second plan du dessin. La machine est détraquée, je sup
pose, car ils n’ont pu la rentrer tout à fait, ce qui fait qu’il ne se trouve pas dans la ligne du quai badois.
La population, qui se trouve là, assisté à l’opé
ration aux cris de : Vive la. FranceI Cette scène a eu lieu à 3 heures de l’aprèsmidi. Deux heures après, les soldats du génie relèvent le nôtre. La popula
tion de Strasbourg est, comme celle de Paris, trèséntliousiaste..........................
G.
Thionville, 18 juillet.
Thionville est, vous le savez, l’avant-garde de nos places- fortes contre la Prusse. Elle n’avait pour garnison que deux régi
ments. Mais elle était pleine de confiance dans la triple enceinte de fortifications qui l’entourent et, comme toutes les villes de la frontière, elle est, je vous assure, impatiente, de montrer à nos ennemis combien elle est anti-prussienne.
Les soldats, les canons, les munitions commencent à nous arriver par grandes masses, et chacun dit Tant mieux !
Cette nouvelle ne doit pas vous étonner; mais en voici une que les mille bruits de la frontière nous apportent et qui aura pour vos lecteurs un vif intérêt.
Vous avez vu que le roi de Prusse ne s’est réservé que le commandement de la troisième armée. Les déserteurs prussiens qui nous arrivent disent que le roi, très-vaillant jusqu’à la dé
claration de guerre, est très-abattu depuis que l’on
a appris l’élan patriotique qui anime la France. On le dit même malade et bois d’état de prendre le com
mandement d’une armée active.
P. P.
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