SOMMAIRE
La guerre. — La communication du gouvernement au Sénat. — M. de Gramont. — Les émotions de la se
maine. — La Bourse du 13 juillet au boulevard. — Les manifestations populaires. — Le chant de la
Marseillaise. — La paix et la guerre. — Le départ des. soldats. — Scènes à la gare de l’Est. — Ovations
ites à tous les corps. — Les mots de la fin.
Ce n’est plus la chronique, c’est la poudre qui parle !
Une éloquence que l’on croyait perdue et qui fait encore tressaillir les cœurs. Et pouvait-il en
être autrement? A la nouvelle que le roi de Prusse avait transmis à notre ambassadeur son refus hautain par un adjudant de service, la France a bondi sous l’outrage et chacun s’est écrié : C’est la guerre !
C’est la guerre ! Et quelle guerre !
formidables? Y eut-il des armées plus puissantes? Y eut-il jamais entre deux grands peuples une rivalité plus opiniâtre, plus ardente?
Chacun le sait. Depuis 1791 jusqu’en 1870, depuis la Révolution jusqu’au second Empire, la Prusse s’est violemment jetée sur notre passage. Partout et toujours.
Brunswick, Blücher, Bismark ! Quelle tradition! Ces trois noms, marqués à la lettre B, vous expliquent et justifient l’antagonisme séculaire du caporalisme prussien et de l’esprit français.
Pas de commentaires rétrospectifs. Allons droit aux grandes émotions de cette semaine, qui aura sa date dans notre histoire.
Vendredi, à une heure, M. le duc de Gramont,
LA DÉCLARATION DE GUERRE. — Séance du 15 juillet, au Sénat
ministre des aflaires étrangères, faisait à la tribune du Sénat, d’une voix patriotiquement émue, le récit des négociations qui venaient de se termi
ner par une réponse insolente, réponse que la Prusse avait osé notifier officiellement aux cabinets de l’Europe.
Sous la parole frémissante du ministre, le Sénat s’est transfiguré. Les têtes blanchies s’agitaient,
les cœurs ont retrouvé leur jeunesse. Les bravos et les applaudissements remplissaient l’assemblée.
Je ne sais quel souffle de tempête électrisait les âmes et courait de la salle aux tribunes et des tri
bunes à la salle, et quand le ministre a prononcé son dernier mot, le mot suprême, le Sénat tout entier s’est précipité vers lui, pour lui faire une ovation enthousiaste !
Le gant jeté par la Prusse était relevé !
Nous avons tenu à représenter cette scène émouvante, qui équivalait à une déclaration de guerre, et qui a produit au Sénat une manifesta
tion telle, qu’un des vétérans du secrétariat nous disait : — Depuis trente ans que je vais aux Chambres, je n’ai jamais vu pareils transports !
Une noble figure que celle de M. le duc de Gramont. Nous entendions dire autour de nous : G est un orateur! Nous disons, nous : c’est un homme !
Au milieu des déconvenues si maladroitement subies par notre diplomatie, à Madrid et à Berlin, il est consolant de pouvoir dire, comme Talley
rand, de notre ministre des affaires étrangères : C’est quelqu’un !
Dans le va-et-vient des discussions soulevées par la même question au Corps législatif, M. de Gramont a jeté cette parole vibrante : — S’il se trouvait dans mon pays une Chambre qui supportât un pareil affront, je ne resterais pas une minute de plus au pouvoir. »
Voilà un mot français, et la Chambre l’a justement applaudi. Ajoutons que le coup d’œil est a la hauteur du caractère. M. de Gramont a vu clair depuis longtemps dans l’imbroglio des affaires allemandes.
Il y a quatre ans, à l’époque de la guerre entre la Prusse et l’Autriche, tous nos hommes politiques prédisaient avec assurance le triomphe de P Au
La guerre. — La communication du gouvernement au Sénat. — M. de Gramont. — Les émotions de la se
maine. — La Bourse du 13 juillet au boulevard. — Les manifestations populaires. — Le chant de la
Marseillaise. — La paix et la guerre. — Le départ des. soldats. — Scènes à la gare de l’Est. — Ovations
ites à tous les corps. — Les mots de la fin.
Ce n’est plus la chronique, c’est la poudre qui parle !
Une éloquence que l’on croyait perdue et qui fait encore tressaillir les cœurs. Et pouvait-il en
être autrement? A la nouvelle que le roi de Prusse avait transmis à notre ambassadeur son refus hautain par un adjudant de service, la France a bondi sous l’outrage et chacun s’est écrié : C’est la guerre !
C’est la guerre ! Et quelle guerre !
Y eut-il jamais au monde des armements plus
formidables? Y eut-il des armées plus puissantes? Y eut-il jamais entre deux grands peuples une rivalité plus opiniâtre, plus ardente?
Chacun le sait. Depuis 1791 jusqu’en 1870, depuis la Révolution jusqu’au second Empire, la Prusse s’est violemment jetée sur notre passage. Partout et toujours.
Brunswick, Blücher, Bismark ! Quelle tradition! Ces trois noms, marqués à la lettre B, vous expliquent et justifient l’antagonisme séculaire du caporalisme prussien et de l’esprit français.
Pas de commentaires rétrospectifs. Allons droit aux grandes émotions de cette semaine, qui aura sa date dans notre histoire.
Vendredi, à une heure, M. le duc de Gramont,
LA DÉCLARATION DE GUERRE. — Séance du 15 juillet, au Sénat
ministre des aflaires étrangères, faisait à la tribune du Sénat, d’une voix patriotiquement émue, le récit des négociations qui venaient de se termi
ner par une réponse insolente, réponse que la Prusse avait osé notifier officiellement aux cabinets de l’Europe.
Sous la parole frémissante du ministre, le Sénat s’est transfiguré. Les têtes blanchies s’agitaient,
les cœurs ont retrouvé leur jeunesse. Les bravos et les applaudissements remplissaient l’assemblée.
Je ne sais quel souffle de tempête électrisait les âmes et courait de la salle aux tribunes et des tri
bunes à la salle, et quand le ministre a prononcé son dernier mot, le mot suprême, le Sénat tout entier s’est précipité vers lui, pour lui faire une ovation enthousiaste !
Le gant jeté par la Prusse était relevé !
Nous avons tenu à représenter cette scène émouvante, qui équivalait à une déclaration de guerre, et qui a produit au Sénat une manifesta
tion telle, qu’un des vétérans du secrétariat nous disait : — Depuis trente ans que je vais aux Chambres, je n’ai jamais vu pareils transports !
Une noble figure que celle de M. le duc de Gramont. Nous entendions dire autour de nous : G est un orateur! Nous disons, nous : c’est un homme !
Au milieu des déconvenues si maladroitement subies par notre diplomatie, à Madrid et à Berlin, il est consolant de pouvoir dire, comme Talley
rand, de notre ministre des affaires étrangères : C’est quelqu’un !
Dans le va-et-vient des discussions soulevées par la même question au Corps législatif, M. de Gramont a jeté cette parole vibrante : — S’il se trouvait dans mon pays une Chambre qui supportât un pareil affront, je ne resterais pas une minute de plus au pouvoir. »
Voilà un mot français, et la Chambre l’a justement applaudi. Ajoutons que le coup d’œil est a la hauteur du caractère. M. de Gramont a vu clair depuis longtemps dans l’imbroglio des affaires allemandes.
Il y a quatre ans, à l’époque de la guerre entre la Prusse et l’Autriche, tous nos hommes politiques prédisaient avec assurance le triomphe de P Au