PARIS. — Les francs-tireurs.




LA DÉFENSE DE PARIS


Pendant que no ti-armée lutte devant Metz, à Pans on travaille sans relâch à mettre les fortifications en état de défense et à bien appovisionner la ville.
Un décret inséré u Journal officiel a institué un Comité de défense compos- - u maréchal Vaillant, de l’amiral Rigault de Genouilly, es généraux Cliabaud-Latour, Guiod, d’Autemarre, d’ErvSé, Soumaiu, et de M. Jérôme David. Ce Comité, qui a pur président le général Trochu, doit se réunir tous les joiw au ministère de la guerre, se faire rendre compte chape jour de 1 état des travaux, des muni
tions et des approv. ounemeuts, et chaque jour aussi rendre
compte lui-même’, io ses opérations au ministre de la guerre.
On arme donc, et n approvisionne. Forts, casernes, logements des employé do l’octroi, tout devient place de guerre et prétexte à défens. 80,000 hommes de garnison dans la
ville, 30,000 dans le-forts, voilà notre effectif. Les douaniers forment une divisio de 9,000 hommes, les gardes forestiers comptent deux régnents de 3,000 hommes. De plus, 10,000 marins sont déjà rrivés. Ces marins-canonniers doivent être affectés, d’une lanière toute spéciale, à la défense des forts de Montrouge, icêtre, Ivry, Rosny, Romainville et Noisy. Le corps desnarins, d’après la Pairie, aura un effectif équivalant à unalivision. Chaque fort aura pour com
mandant particulieun capitaine de vaisseau, ayant sous ses ordres un capitainalë frégate et plusieurs lieutenants et


PARIS. — Arrivée des pompiers des départements.


enseignes de vaisseau. Ces marins sont les premiers artilleurs de France ; ce sont eux qui ont fait le plus de mal aux défenseurs de Sébastopol, durant la guerre de Crimée. En même temps que les marins, il est arrivé et il arrive encore à Paris, de nos différents ports de guerre, un nombre de pièces de marine suffisant pour les besoins du service. Ces pièces ont une grande portée. Aussitôt arrivées, elles sont mises en batterie sur les points indiqués pour la dé
fense. Il y en a déjà plus de 600 du plus fort calibre, mises en place et servies par 8,000 artilleurs.
Depuis quelques jours, ce sont les douaniers récemment arrivés qui font le service des fortifications. C’est donc à eux qu’incombe le soin de faire res
pecter l’avis du ministre de l’intérieur, qui interdit expressément au public de monter sur les remparts et sur les glacis. Et ils s’acquittent do leur com
mission avec une rigoureuse ponctualité, qui a déjà fait le désespoir do bien des curieux.
Un des spectacles qui a le plus doucement impressionné les Parisiens, ces jours derniers, a été l’arrivée des pompiers, accourus au premier appel de toutes les parties de la France. En les voyant arriver dans leur costume tra
ditionnel , casque en tête et l’air un pou ganche, personne ne songeait à rire. Ils accouraient à la nouvelle des dangers de la patrie, prêts à se battre pour elle et d’avance ayant fait le sacrifice de leur vie. Ces hommes à la figure honnête, aux allures calmes, ne font pas de bruit, ils cheminent sans chan
ter le moindre refrain, mais certes s’ils s’y mettent jamais, ils feront de la besogne. Ils sont repartis ; je ne sais s’ils reviendront, mais ces cent mille hommes de bonne volonté, tous anciens militaires, que l’on a sous la main,
LA DÉFENSE DE PARIS. — Fortin élvé dans la plaine de Nanterre, en avant du Mont-Valérien.
formeront, quand on le voudra, uneharmée inébranlable, disciplinée ét parfaitement aguerrie.
Les travaux exécutés autour de l’enceinte fortifiée consistent généralement à supprimer la route, aux 68 portes de la capitale, à rétablir le fossé et le mur, et à jeter un pont-levis pour le maintien de la circulation. Aux portes du bois de Boulogne, il a fallu couper un assez grand nombre d arbres qui, transportés dans les bastions, ont été utilisés et transformés, troncs, branche et feuilles, en gabions, saucissons et autres ouvrages mobiles de défense.
Les travaux ne sont pas un instant interrompus, même la nuit. Quand le jour tombe, des lanternes sont accrochées aux piquets de soutènement, et l’œuvre se poursuit. C’est un spectacle très-curieux et qui a quoique chose de fantastique. Des pavés, des pierres jonchent le sol, et servent à arrêter et à soutenir les ouvrages de terre. On dirait d’immenses barricades. A la porte de Neuilly, le pont-levis est déjà sur place. Il est étroit, et comme il n’est pas très-solide, on fait descendre de l impériale et de l’intérieur les voyageurs qui passent dessus. Au delà des remparts on élève aussi des ouvrages en terre pour protéger l’entrée des ponts. Les portes de Bercy et de la Gare, si
tuées au bord de la Seine, sont couvertes par des ouvrages spéciaux, tant en rivière que sur les berges; il y a là des fortins, des redoutes, des palissades et les éléments d’un barrage. La porte de Montrouge est tout à fait supprimée : une courtine doublée de terrassements ferme son ouverture. A la porte de Châtillon, les travaux de défense nécessitant la démolition immédiate des maisons les plus proches, les habitants de ces maisons ont dû déménager A la porte de Grenelle, les embrasures sont faites et les pièces déjà posées.


Travaux de défense élevés à la barrière du Trône.




Travaux de l’avenue de la Cande-Armée; aspect des travaux pendant la nuit


Vue prise à l’intersection du chemin de fer de l’Ouest.