miers assaillants eussent franchises portes delà forteresse.
Le général Uhrich a eu deux frères, dont l’un a été l’un des plus brillants colonels .de- l’armée.
L’autre est actuellement intendant général. Le général a aussi un fils et des neveux qui sont officiers d’état-major. P. P.
Le gouvernement, comme le Corps législatif, n’a qu’une préoccupation unique, l’armement du pays pour combattre l’invasion. Il y a sans doute, et nous l’avons souvent prouvé, bien des observa
tions, bien des critiques à présenter sur la ligne de conduite tenue par le pouvoir. Mais à l’heure du péril, mieux vaut écarter toute discussion opportune, pour nous en tenir à l’exposé des mesures prises par les pouvoirs publics.
La question relative à la défense de Paris a été tranchée conformément aux résolutions prises par le cabinet. Le ministère considérait la proposi
tion de M. de Kératry comme un commencement de prise de possession du pouvoir exécutif par la Chambre, et c’est en se plaçant à ce point de vue que le chef du cabinet avait posé la ques
tion de confiance. Ainsi envisagée, la solution ne pouvait êEbe douteuse, et le Corps législatif a re
poussé par 206 voix contre 41 la nomination des membres du comité de défense par la représentation nationale.
Mais après avoir maintenu intactes les prérogatives du pouvoir, le ministère a tenu, de son côté, à donner satisfaction à la Chambrent au pays, en nommant, par un décret spécial, M. Thiers membre du comité de défense dé Pa
ris. L’homme d’Ètat éminent qui a attaché son nom à la grande œuvre des fortifications de Paris était naturellement désigné pour concourir à leur défense. La Chambre, par une approbation unanime, a chaudement approuvé la no
mination de M. Thiers, qui prend part, depuis samedi, à toutes les délibérations du comité.
Au sujet des préparatifs qui se font à Paris, un certain nombre de représentants ont adressé au ministère des observations, dont le ministre de l’intérieur, le préfet de la Seine et le Comité de défense devront tenir compte. En voici quelquesunes.
M. Jules Simon a demandé au ministre de l’intérieur de vouloir bien intervenir auprès des com
pagnies de chemins de fer pour obtenir le passage gratuit ou du moins le passage à prix réduit pour les personnes quittant Paris. M. Girault a demandé que le paiement des droits d’octroi, en na
ture, fût autorisé pour tous les habitants des campagnes que la menace du siège fait venir à Paris. Enfin, une proposition faite par M. de Soubeyran, tend à ce que les magasins généraux au
torisés par la loi de 1868 soient ouverts par toutes personnes et toutes Compagnies commerciales, industrielles ou de crédit. Cette proposition est empreinte d’un grand sens pratique. Aussi la .Chambre l’a-t-elle adoptée à l’unanimité.
A propos des mesures nécessitées par la défense de Paris, nous sommes heureux de consta
ter que le Corps législatif n’a pas oublié non plus les régions de l’Est occupées par l’ennemi.
Un comité composé des députés des départements envahis s’est formé pour prendre en main la défense des intérêts des populations ruinées par l’invasion. De plus, M. Lefébure a demandé ensuite au gouvernement de prendre des mesures pour atténuer autant que possible la situation calamiteuse de la malheureuse Alsace ; il a témoigné en termes émus et énergiques, aux applaudissements de la Chambre entière, de la ré
solution ancrée au cœur de nos chères provinces, de ne reculer devant aucun sacrifice pour maintenir l’intégrité du territoire français.
Proposition importante. Il est clair qu’au milieu
de la crise que nous traversons, nous devons avoir recours à tous les moyens pour.armer et mettre sur pied les masses qui doivent avoir rai
son des masses de l’invasion. Plus on ira vite et plus nous hâterons l’arrivée du jour où nous pourrons saluer la délivrance du pays. Sur ce point, il y a unanimité dans toutes les opinions émises.
Pourquoi donc alors avoir écarté l’adoption du projet de M. Jules Ferry, qui proposait de déclarer libre l’industrie de la fabrication du commerce et de la détention des armes et des muni
tions de guerre ? Tous les arguments mis en avant par la Commission pour laisser entre les mains de l’État cette grande question de l’armement du pays, disparaissent devant cette considération su
prême : Faire vite ! Chaque jour, chaque heure qui s’écoule se traduit par des ruines et des sacrifices d’hommes et d’argent. Le devoir commandait donc d’unir sans retard aux efforts de l’admi
nistration les efforts de l’industrie privée. Encore une faute dont la responsabilité retombera tout à la fois sur le ministère et sur la Chambre !
Arrivons à la nouvelle loi militaire, votée dans la séance du 27 août, par le Corps législatif. Le gouvernement avait d’abord présenté un projet de loi appelant sous les drapeaux tous les anciens militaires mariés ou non mariés et âgés de 25 à 45 ans, tous les anciens officiers jusqu’à soixante ans, et tous les généraux jusqu’à soixante-dix.
A cette proposition, M. Guyot-Montpayroux avait répondu par un autre projet demandant qu’on versât purement et simplement dans l’armée toutes les forces de la garde mobile.
Ce contre-projet n’a pas été complètement accepté par le gouvernement. Mais l’idée de M. Guyot-Montpayroux a pourtant été agréée en partie, puisque la nouvelle loi établit que le gouvernement, tout en conservant l’organisation ac
tuelle de la garde mobile, pourra l’appeler à faire partie de l’armée active.
Voici, d’ailleurs, quelles sont les dispositions de la loi nouvelle adoptée par le Corps législatif.
lu Les bataillons de la garde mobile peuvent être appelés à faire partie de l’armée active pendant la durée de la guerre actuelle.
2° Sont considérés comme faisant partie de la garde nationale les citoyens qui se portent à la défense du pays, et, en prenant un signe distinc
tif, ils doivent jouir de la garantie militaire accordée aux corps reconnus comme faisant partie de l’armée.
3° Les officiers et sous-officiers seront employés dans leur ancien grade.
4° Le crédit de 25 millions accordé pour secours aux femmes, enfants et ascendants, par une loi précédente, est porté à 50 millions.
5° Les lois relatives aux pensions militaires sont étendues à la garde nationale,
6° La présente loi sera exécutoire à dater du jour de sa promulgation.
On voit qu’au fur et à mesure que les événements se pressent, les mesures prises parles pou
voirs publics ne permettent pas de mettre en doute la ferme résolution de triompher au plus vite de l’invasion.
Parmi ces projets, présentés le 29 août à la Chambre, nous en avons remarqué deux fort im
portants, fort actuels, et qui ont reçu sur tous les bancs de l’Assemblée un favorable accueil.
Le premier a été présenté par M. Marion, et a l’avantage de rappeler un des plus grands souve
nirs de notre histoire. Il a pour but la formation, dans chaque département, de gardes nationaux volontaires, destinés à concourir â la défense na
tionale. Chaque bataillon porterait le nom de son département, et chaque compagnie celui de son arrondissement. Nous reverrions donc les batail
lons de la Moselle, de la Meuse et autres, qui voudraient certainement rivaliser avec leurs glorieux devanciers de la première république.
Ces bataillons recevraient la solde ne campagne et auraient l’élection de tous leurs officiers.


Le second projet est de M. de Kératry. Il don


nerait au gouvernement le droit de prendre, au prix fixé par le ministre de la guerre dans les fa
briques autorisées, les commandes d’armes et de munitions à destination de l’étranger et en cours d’exécution.
Ce projet a été très-applaudi. Il va mettre à la disposition de la défense nationale un matériel considérable, commandé, dit-on, pour l’Egypte, la Hollande et d’autres pays, qui ne sont pas aussi pressés que nous.
L’emprunt national, que nous venons de souscrire avec un entraînement de si bon augure, est, en ce moment, un acte politique de premier or
dre, et nous devons en consigner ici les résultats généraux comme un encouragement pour le pays.
Nous devions nous attendre à ce résultat. Comment la France, quiadonnéses millions pour l’Ita
lie, pour la Turquie, pour le Mexique, ne les verse
rait-elle pas à pleines mains pour repousser une invasion prussienne?
La souscription a été ouverte le 23 et a été fermée le 24.


En voici le résultat :


Total général de la souscription, 807.307.000. C’est une grande victoire !
Au sujet de l’occupation de la Lorraine, de l’Alsace et d’une partie de la Champagne par les armées prussiennes, nous n’avons eu à enregistrer que des actes qui sont l’accompagnement ordi
naire de toute invasion. Mous ferons remarquer toutefois des procédés et des faits qui sont lom d’être à l’honneur des armées envahissantes. Ainsi, il est constant que les premiers francs-ti
reurs qui ont été faits prisonniers ont été passés par les armes. Les Prussiens, qui prônentavec tant
de vantardise leur patriotisme et leur dévouement national, ne peuvent-ils reconnaître les mêmes sentiments chez leurs ennemis, et s’incliner devant eux quand ils. se manifestent à leurs yeux ?
Même observation pour les citoyens et les paysans qui sont pris défendant leurs propriétés, leur seuil et leurs familles. Commeutles généraux prussiens, qui montrent avec tant d’orgueil leurs connaissances et leur esprit cultivé, peuvent-ils ordonner de fusiller sans merci de généreux patriotes ?
Enfin, nous sommes bien obligé de reconnaître qu’usant du droit de la guerre et du droit d’occu
pation, le roi de Prusse a nommé des préfets pour la Lorraine et pour l’Alsace.
Yoilà des préfets in partibus qui auront maille à partir, nous l’espérons bien, avec leurs chers administrés. Patience !
Le dernier acte de l’occupation prussienne que nous avons à mentionner est une proclamation faite à Nancy par le prince royal. En réponse à une adresse des habitants de Nancy, qui deman
daient le rétablissement des communications interrompues, le prince royal a publié la proclamation suivante :
« L’Allemagne fait la guerre à l’Empereur des Français et non à la nation française.
« La population n’a pas à craindre qu’on prenne contre elle des mesures hostiles. Je me propose de rendre à la nation, et à Nancy en particulier, les moyens de communication que l’armée fran
çaise a détruits; j’espère que l’industrie et le commerce seront rétablis et que toutes les autorités resteront à leur poste.
« Je ne demande pour l’entretien de l’armée que le superflu des provisions qui ne sont pas nécessaires à la population française. Les habitants pai
sibles, et Nancy en particulier, peuvent compter sur la plus grande modération.
Nous répondrons au prince royal que le langage officiel est loin d’être d’accord avec les prétentions de la presse allemande. N’est-ce pas déclarer la guerre â la nation française que de vouloir an
nexer la Lorraine à la Bavière et l’Alsace au grand-duché de Bade ?
N’est-ce pas déclarer la guerre à la France que de proclamer, comme l’a fait encore ces jours derniers, la Gazette cPAugsbouig : « Que le inonde