Les événements se précipitent avec une telle rapidité, les questions et les mesures politiques s< succèdent avec un pêle-mêle si embarrassant pou: l’esprit, que nous nous voyons obligé de divise: cette revue en chapitres différents, afin d’y mettra un peu d’ordre et de clarté.
LA GUERRE.
Défendre Paris ! Chasser l’étranger! Il n’y a plus en ce moment d’autre politique. C’est dire que les mesures militaires sont aujourd’hui celles quioccüpent en premier lieu l’attention publique.
L’armement! L’armement de Paris, l’armement de la France! C’est plus que jamais la grande question à l’ordre du jour. Qui aurait pu croire qu’avec le budget de la guerre que nous payons depuis vingt ans, nous en serions à décréter, au milieu d’une effroyable invasion de la Prusse, des
mesures nécessaires pour compléter l’armement du pays? Les milliards que nous avons dépensés et le langage du pouvoir n’étaient-ils pas de nature à nous inspirer une sécurité entière ?
Nous ne pouvons ici donner le moindre éclaircissement sur les mesures que prend le ministère de la guerre pour reconstituer les deux armées que nous avons perdues. Mais nous pouvons toute
fois donner d’une manière générale l’assurance que la France est loin d’être à bout de ressources.
Elle a des hommes, et, avec l’activité que déploient le ministre de la guerre et le général Trochu, ces hommes seront bien vite soldats.
Au million de Prussiens qui nous envahit, opposer un million de Français, tel est le problème à résoudre, et voici comment le Gouvernement de la défense nationale veut y arriver.
Armée régulière.......................... 150,000 hommes. Garde nationale de Paris
...... 200,000 — Garde mobile.................................. 200,000 — Classe de 1870................................ 180,000 — Volontaires...................................... 200,000 — Francs-tireurs et kabyles......... 50,000 — Gendarmes, pompiers, gardes
municipaux, douaniers, sergents de ville, gardes fores
tiers..................................................... 50,000 —
1,030,000 hommes.
Nous savons que la grande objection à la mise campagne de cette armée est précisément son or
ganisation. Cette armée se lève, mais n’est pas encore debout. Toutefois, nous devons ajouter ici deux observations importantes : la première, c’est que le travail se fait avec l’entraînement que com
mandent les circonstances ; la seconde, c’est que le principal objectif de la guerre est en ce mo
ment le siège de Paris, et que la capitale est heu
reusement en état de soutenir un siège. Paris a aujourd’hui une armée de 400,000 hommes, et c’est plus qu’il n’en faut pour se défendre !
POLITIQUE INTÉRIEURE.
La proclamation de la République s’est faite dans toutes les villes aux applaudissements de la population, et il faut reconnaître que l’héritage laissé par le second empire était de nature à rendre les dispositions du peuple des plus chaleureuses en faveur du Gouvernement provisoire.
Deux points noirs s’étaient seuls montrés à l’horizon : la crainte des exagérations du parti des irréconciliables, et l’attitude de la Commune ins
tallée à l’hôtel de ville de Lyon. Mais nous sommes heureux de constater que les inquiétudes de Paris n’ont pas tardé à se calmer, en présence de la ma
nifestation des citoyens de Belleville contre la Marseillaise.
Un numéro de ce journal avait publié un article du général Cluseret annonçant déjà la réac
tion et signalant MM. Gambetta et Rochefort comme ralliés au parti qu’on appelait « le parti de la Chaussée-d’Antin. » Là-dessus, rumeurs inquié
tantes. On se disait que la discorde divisait déjà le camp de la démocratie. Mais les perplexités de l’opinion n’ont pas été de longue durée.
A la lecture de cet article, le peuple de Belleville est descendu dans les bureaux de là Marseil
laise, et a brûlé le numéro anarchique. En même temps, Rochefort écrivait une lettre qui regardait ce numéro comme une excitation à la guerre civile
et déclarait qu’il n’avait plus aucun rapport avec ce journal. C’était une exécution complètent le lendemain, le général Cluseret et la rédaction du journal désavouaient l’article publié la veille. Ce n’était là qu’un nuage.
tre que les Prussiens doivent s’attendre à une résistance désespérée.
ACTES DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
Le gouvernement vient de prendre une grande résolution. Il s’était engagé, comme c’était son devoir, à convoquer une assemblée constituante aussitôt que les circonstances le permettraient. Par décret du 8 septembre, il vient de fixer au 16 octobre prochain la date des élections générales.
Il veut montrer à l’Europe, « par d’irrécusables témoignages, » que le pays tout entier est avec lui. Il veut s’entourer d’une assemblée « qui puisse porter en tous lieux, et en dépit de tous les désastres, l’âme vivante de la patrie. »
Cette décision a un peu surpris quelques esprits. L Électeur libre de M. E. Picard l’a même ouvertement blâmée. Mais nous estimons que la décision du gouvernement doit être approuvée. Les élections lui donneront plus de force pour continuer la guerre, si la chose est nécessaire, et des facilités pour traiter, si l’On trouve une base de négociation acceptable.
Nous avons, bien entendu, la confiance qu’elles seront entièrement libres; elles n’auront de valeur qu’à ce prix. Le nombre des représentants sera de 750, comme pour la Constituante de 1848. Les élections auront lieu au scrutin de liste. Ce mode a ses avantages et ses inconvénients, mais ce n’est le moment d’insister ni sur les uns ni sur les autres. Ce qui doit nous frapper, c’est la force qu’un pouvoir constitué doit trouver pour faire face à l’invasion.
La nomination d’une assemblée, constituante enlève une grande partie de son intérêt à un do
cument publié par le Français et rédigé par MM. de Talhouët, Daru, Buffet, Josseau, Martel, Johnston et Lefébure, au nom d’un certain nom
bre de députés, déclarant ne pouvoir abandonner les droits qu’ils tiennent du suffrage universel, mais sacrifier au désir de ne pas entraver les ef
forts du gouvernement, le devoir qu’ils auraient de chercher un point du territoire où la Chambre pût délibérer en liberté. Nous nous rendons trèsbien compte du sentiment qui a dicté cette décla
ration; mais il ne faut pas oublier que la Chambre a eu trois semaines pour se mettre à la tête du mouvement de défense nationale, et qu’elle^ n’a pas su prendre un parti. Le décret du 8 septembre donne d’ailleurs toute la satisfaction possible aux scrupules des honorables signataires.
Contentons-nous d’enregistrer purement et simplement les autres actes du gouvernement provisoire.
Un décret fait comprendre les faillis parmi les citoyens qui font partie de la garde nationale.
Une autre décision attribue au ministre de la justice l’examen des conditions qui doivent servir à la réhabilitation.
Le membre du Gouvernement de la défense nationale, garde des sceaux, ministre de la justice, est autorisé à transférer la chambre crimi
nelle de la cour de cassation dans la ville de Tours.
Une somme de 40,000 fr. est mise à la disposition du ministre de l’instruction publique poulies besoins de la commission scientifique de la défense nationale.
M. Tamisier, ancien représentant du peuple, ancien officier d’artillerie, est nommé comman
dant en chef des gardes nationales de la Seine, en remplacement de M. le général de LaMotterougë, dont la démission est acceptée.
Yu l’urgence qu’il y a à faciliter aux populations des communes du département de la Seine l’entrée immédiate des denrées et marchandises qui doivent être soustraites aux approches de l’ennemi, la perception des droits d’entrée et d’oc
troi est provisoirement suspendue aux entrées de Paris.
La correspondance télégraphique privée est suspendue dans le département de la Seine.
civile, tous les délais impartis pour attaquer ou
Ajoutons qu’on n’a pas manqué d’exprimer la même crainte au sujet des réunions publiques. Elles se sont, en effet reconstituées dès les pre
miers jours, mais sans bruit, sans tapage, sans aucun désordre. L’absence du commissaire de police, loin d’être pour ces assemblées populaires une excitation à un langage véhément, semble être, au contraire, une condition d’apaisement et de discussion modérée.
Presque toutes les réunions ont pris pour terme invariable de leurs délibérations, la défense de Paris,
et les observations pratiques exposées dans ces assemblées sont très-souvent dignes d’être prises en sérieuse considération par le comité de dé
fense de Paris. C’est là même le seul résultat pratique que peuvent avoir ces discussions. Un exposé très-sommaire des moyens proposés, dis
cutés et adoptés devrait être soumis au comité de défense, qui pourrait en profiter pour la lutte.
L’affaire de Lyon a été plus sérieuse. Commençons par dire que le peuple de Lyon, maître de l’Hôtel-de-Ville, avait proclamé la république avant la capitale.
Le dimanche 4 septembre, une commission, composée en grande partie d’inconnus, s’établissait dans une des salles de l’Hôtel-de-Ville, au moment même où M. Hénon proclamait la Républi
que du haut du balcon de ce même Hôtel-de-Yille,
et lorsqu’il voulait, peu d’instants après, procéder avec quelques amis politiques à l’organisation d’iine commission, il trouvait la place prise.
On sait que le gouvernement de la défense nationale a nommé préfet du département du Rhône M. Challemel-Lacour. En présence de la commis
sion installée, le préfet a cru ne pouvoir mieux faire que de convoquer pour le jeudi 15 septem
bre les électeurs, pour la nomination d’un conseil municipal. Cette convocation était accompagnée d’une proclamation. Mais en dépit de cette mesure et du langage conciliant tenu par le nouveau pré
fet, la commission, qui a pris le titre de Commune de Lyon, se tient en dehors et au-dessus de l’action administrative. Cette action n’a pu être encore qu’une fiction pure. M. Challemel-Lacour est pa
ralysé de toute initiative et en quelque façon gardé en chartre privée.
Cette division est déplorable pour Lyon, pour Paris, pour la France. C’est à la démocratie lyon
naise à suivre l’exemple donné par la démocratie parisienne. Tout déchirement à l’intérieur est un gage de victoire que nous donnons contre nous à la Prusse. Union! rien que l’union, si nous voulons sauver la Patrie !
A part cette division dans les pouvoirs de l’administration lyonnaise, tout le pays présente le spectacle de la concorde et du patriotisme le plus ardent. Les populations montrent plus d’énergie que jamais pour marcher contre l’ennemi. Les vo
lontaires sont nombreux dans toutes les villes, et le départ des mobiles a été salué par des acclimations patriotiques.
Le pays occupé par l’invasion se montre luimême plus hostile que jamais aux envahisseurs. Chaque ville qui peut se défendre ferme résolu
ment ses portes à l’ennami, et les villes déjà assiégées, Strasbourg, Metz, Verdun, Phalsbourg, Toul, continuent la résistance héroïque qu’elles ont faite. L’explosion de la citadelle de Laon mon
LA GUERRE.
Défendre Paris ! Chasser l’étranger! Il n’y a plus en ce moment d’autre politique. C’est dire que les mesures militaires sont aujourd’hui celles quioccüpent en premier lieu l’attention publique.
L’armement! L’armement de Paris, l’armement de la France! C’est plus que jamais la grande question à l’ordre du jour. Qui aurait pu croire qu’avec le budget de la guerre que nous payons depuis vingt ans, nous en serions à décréter, au milieu d’une effroyable invasion de la Prusse, des
mesures nécessaires pour compléter l’armement du pays? Les milliards que nous avons dépensés et le langage du pouvoir n’étaient-ils pas de nature à nous inspirer une sécurité entière ?
Nous ne pouvons ici donner le moindre éclaircissement sur les mesures que prend le ministère de la guerre pour reconstituer les deux armées que nous avons perdues. Mais nous pouvons toute
fois donner d’une manière générale l’assurance que la France est loin d’être à bout de ressources.
Elle a des hommes, et, avec l’activité que déploient le ministre de la guerre et le général Trochu, ces hommes seront bien vite soldats.
Au million de Prussiens qui nous envahit, opposer un million de Français, tel est le problème à résoudre, et voici comment le Gouvernement de la défense nationale veut y arriver.
Armée régulière.......................... 150,000 hommes. Garde nationale de Paris
...... 200,000 — Garde mobile.................................. 200,000 — Classe de 1870................................ 180,000 — Volontaires...................................... 200,000 — Francs-tireurs et kabyles......... 50,000 — Gendarmes, pompiers, gardes
municipaux, douaniers, sergents de ville, gardes fores
tiers..................................................... 50,000 —
1,030,000 hommes.
Nous savons que la grande objection à la mise campagne de cette armée est précisément son or
ganisation. Cette armée se lève, mais n’est pas encore debout. Toutefois, nous devons ajouter ici deux observations importantes : la première, c’est que le travail se fait avec l’entraînement que com
mandent les circonstances ; la seconde, c’est que le principal objectif de la guerre est en ce mo
ment le siège de Paris, et que la capitale est heu
reusement en état de soutenir un siège. Paris a aujourd’hui une armée de 400,000 hommes, et c’est plus qu’il n’en faut pour se défendre !
POLITIQUE INTÉRIEURE.
La proclamation de la République s’est faite dans toutes les villes aux applaudissements de la population, et il faut reconnaître que l’héritage laissé par le second empire était de nature à rendre les dispositions du peuple des plus chaleureuses en faveur du Gouvernement provisoire.
Deux points noirs s’étaient seuls montrés à l’horizon : la crainte des exagérations du parti des irréconciliables, et l’attitude de la Commune ins
tallée à l’hôtel de ville de Lyon. Mais nous sommes heureux de constater que les inquiétudes de Paris n’ont pas tardé à se calmer, en présence de la ma
nifestation des citoyens de Belleville contre la Marseillaise.
Un numéro de ce journal avait publié un article du général Cluseret annonçant déjà la réac
tion et signalant MM. Gambetta et Rochefort comme ralliés au parti qu’on appelait « le parti de la Chaussée-d’Antin. » Là-dessus, rumeurs inquié
tantes. On se disait que la discorde divisait déjà le camp de la démocratie. Mais les perplexités de l’opinion n’ont pas été de longue durée.
A la lecture de cet article, le peuple de Belleville est descendu dans les bureaux de là Marseil
laise, et a brûlé le numéro anarchique. En même temps, Rochefort écrivait une lettre qui regardait ce numéro comme une excitation à la guerre civile
et déclarait qu’il n’avait plus aucun rapport avec ce journal. C’était une exécution complètent le lendemain, le général Cluseret et la rédaction du journal désavouaient l’article publié la veille. Ce n’était là qu’un nuage.
tre que les Prussiens doivent s’attendre à une résistance désespérée.
ACTES DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE.
Le gouvernement vient de prendre une grande résolution. Il s’était engagé, comme c’était son devoir, à convoquer une assemblée constituante aussitôt que les circonstances le permettraient. Par décret du 8 septembre, il vient de fixer au 16 octobre prochain la date des élections générales.
Il veut montrer à l’Europe, « par d’irrécusables témoignages, » que le pays tout entier est avec lui. Il veut s’entourer d’une assemblée « qui puisse porter en tous lieux, et en dépit de tous les désastres, l’âme vivante de la patrie. »
Cette décision a un peu surpris quelques esprits. L Électeur libre de M. E. Picard l’a même ouvertement blâmée. Mais nous estimons que la décision du gouvernement doit être approuvée. Les élections lui donneront plus de force pour continuer la guerre, si la chose est nécessaire, et des facilités pour traiter, si l’On trouve une base de négociation acceptable.
Nous avons, bien entendu, la confiance qu’elles seront entièrement libres; elles n’auront de valeur qu’à ce prix. Le nombre des représentants sera de 750, comme pour la Constituante de 1848. Les élections auront lieu au scrutin de liste. Ce mode a ses avantages et ses inconvénients, mais ce n’est le moment d’insister ni sur les uns ni sur les autres. Ce qui doit nous frapper, c’est la force qu’un pouvoir constitué doit trouver pour faire face à l’invasion.
La nomination d’une assemblée, constituante enlève une grande partie de son intérêt à un do
cument publié par le Français et rédigé par MM. de Talhouët, Daru, Buffet, Josseau, Martel, Johnston et Lefébure, au nom d’un certain nom
bre de députés, déclarant ne pouvoir abandonner les droits qu’ils tiennent du suffrage universel, mais sacrifier au désir de ne pas entraver les ef
forts du gouvernement, le devoir qu’ils auraient de chercher un point du territoire où la Chambre pût délibérer en liberté. Nous nous rendons trèsbien compte du sentiment qui a dicté cette décla
ration; mais il ne faut pas oublier que la Chambre a eu trois semaines pour se mettre à la tête du mouvement de défense nationale, et qu’elle^ n’a pas su prendre un parti. Le décret du 8 septembre donne d’ailleurs toute la satisfaction possible aux scrupules des honorables signataires.
Contentons-nous d’enregistrer purement et simplement les autres actes du gouvernement provisoire.
Un décret fait comprendre les faillis parmi les citoyens qui font partie de la garde nationale.
Une autre décision attribue au ministre de la justice l’examen des conditions qui doivent servir à la réhabilitation.
Le membre du Gouvernement de la défense nationale, garde des sceaux, ministre de la justice, est autorisé à transférer la chambre crimi
nelle de la cour de cassation dans la ville de Tours.
Une somme de 40,000 fr. est mise à la disposition du ministre de l’instruction publique poulies besoins de la commission scientifique de la défense nationale.
M. Tamisier, ancien représentant du peuple, ancien officier d’artillerie, est nommé comman
dant en chef des gardes nationales de la Seine, en remplacement de M. le général de LaMotterougë, dont la démission est acceptée.
Yu l’urgence qu’il y a à faciliter aux populations des communes du département de la Seine l’entrée immédiate des denrées et marchandises qui doivent être soustraites aux approches de l’ennemi, la perception des droits d’entrée et d’oc
troi est provisoirement suspendue aux entrées de Paris.
La correspondance télégraphique privée est suspendue dans le département de la Seine.
Toutes prescriptions et péremptions en matière
civile, tous les délais impartis pour attaquer ou
Ajoutons qu’on n’a pas manqué d’exprimer la même crainte au sujet des réunions publiques. Elles se sont, en effet reconstituées dès les pre
miers jours, mais sans bruit, sans tapage, sans aucun désordre. L’absence du commissaire de police, loin d’être pour ces assemblées populaires une excitation à un langage véhément, semble être, au contraire, une condition d’apaisement et de discussion modérée.
Presque toutes les réunions ont pris pour terme invariable de leurs délibérations, la défense de Paris,
et les observations pratiques exposées dans ces assemblées sont très-souvent dignes d’être prises en sérieuse considération par le comité de dé
fense de Paris. C’est là même le seul résultat pratique que peuvent avoir ces discussions. Un exposé très-sommaire des moyens proposés, dis
cutés et adoptés devrait être soumis au comité de défense, qui pourrait en profiter pour la lutte.
L’affaire de Lyon a été plus sérieuse. Commençons par dire que le peuple de Lyon, maître de l’Hôtel-de-Ville, avait proclamé la république avant la capitale.
Le dimanche 4 septembre, une commission, composée en grande partie d’inconnus, s’établissait dans une des salles de l’Hôtel-de-Ville, au moment même où M. Hénon proclamait la Républi
que du haut du balcon de ce même Hôtel-de-Yille,
et lorsqu’il voulait, peu d’instants après, procéder avec quelques amis politiques à l’organisation d’iine commission, il trouvait la place prise.
On sait que le gouvernement de la défense nationale a nommé préfet du département du Rhône M. Challemel-Lacour. En présence de la commis
sion installée, le préfet a cru ne pouvoir mieux faire que de convoquer pour le jeudi 15 septem
bre les électeurs, pour la nomination d’un conseil municipal. Cette convocation était accompagnée d’une proclamation. Mais en dépit de cette mesure et du langage conciliant tenu par le nouveau pré
fet, la commission, qui a pris le titre de Commune de Lyon, se tient en dehors et au-dessus de l’action administrative. Cette action n’a pu être encore qu’une fiction pure. M. Challemel-Lacour est pa
ralysé de toute initiative et en quelque façon gardé en chartre privée.
Cette division est déplorable pour Lyon, pour Paris, pour la France. C’est à la démocratie lyon
naise à suivre l’exemple donné par la démocratie parisienne. Tout déchirement à l’intérieur est un gage de victoire que nous donnons contre nous à la Prusse. Union! rien que l’union, si nous voulons sauver la Patrie !
A part cette division dans les pouvoirs de l’administration lyonnaise, tout le pays présente le spectacle de la concorde et du patriotisme le plus ardent. Les populations montrent plus d’énergie que jamais pour marcher contre l’ennemi. Les vo
lontaires sont nombreux dans toutes les villes, et le départ des mobiles a été salué par des acclimations patriotiques.
Le pays occupé par l’invasion se montre luimême plus hostile que jamais aux envahisseurs. Chaque ville qui peut se défendre ferme résolu
ment ses portes à l’ennami, et les villes déjà assiégées, Strasbourg, Metz, Verdun, Phalsbourg, Toul, continuent la résistance héroïque qu’elles ont faite. L’explosion de la citadelle de Laon mon