rait, on devrait le savoir. On le saura. C’est là un brave.
« Avec dix mille de ces frères de la côte, me disait un lieutenant de vaisseau que j’ai rencontré et que j’ai trouvé, intrépide et charmant, au plateau d’Avron, on ferait des miracles. »
Un parlementaire envoyé au Bourget, le lendemain du 21, demandait au général prussien qui commande là si nos marins s’étaient bien battus.
— En voici un exemple, répondit le Prussien. Nous n’en avons pas fait un prisonnier : nous n’en avons pas relevé un blessé. Ils sont tous morts et presque tous frappés au front, face au danger.
Jules Claretie.


LE PLATEAU D’AVRON


Le matin du 30 novembre, le général Trocliu, prenant le commandement de l’aile gauche de l’armée de Paris, quittait le fort de Rosny et, par une marche rapide et hardie, s’emparait du plateau d’Avron situé devant le fort.
Avron n’a pas d’autre importance que celle de cette éminence qui l’élève au-dessus des terrains et des régions qui l’environnent. C’est un plateau semé, comme tous les environs de Paris, de villas et de maisonnettes que le siège a malheureuse
ment dévastées, saccagées, trouées de toutes parts. Là, comme partout, le visiteur ne peut s’empê
cher de s’écrier : Que de ruines pour le passé ! Que de réparations pour l’avenir !
Depuis l’heureux coup de main du général Trochu, il ne se passe guère de jour sans que nous entendions parler des canons que nous avons établis sur ce plateau. C’est qu’en effet cette position d’Avron est aussi avantageuse pour nous qu’elle est inquiétante pour l’ennemi. Le plateau d’Avron, — soixante-dix mètres au-dessus du ni
veau de la Marne ! — nous donne barre sur le j
chemin de fer de l’Est, la Maison - Blanche, le Raincy, le plateau de Montfermeil, Chelles, Neuilly-sur-Marne, Gournay, la Ville-Evrard et toute la vallée de la Marne. De ce point impor
tant, notre canon menace l’une des principales voies de communications de l’ennemi. La route de leur quartier général à Ver
sailles, qui est en même temps l’une de leurs li
gnes de retraite, se trouve ainsi sous le coup de notre artillerie, et les convois de l’armée prussienne s’en ressentent déjà tous les jours.
Notez, en effet, que nos batteries comptent des pièces de marine servies par des marins, et pour faire comprendre les coups terribles portés par nos pointeurs, il nous suf
fit de mentionner ici un fait que nous citait un mobile des trois bataillons de la Seine qui campent sur le plateau. Le jour de l’occupation d’Avron, l’en
nemi essaya d’inquiéter nos positions, et mit en position une pièce qui lan
ça quelques obus sur un bataillon posté derrière un petit taillis. Le com
mandant d’une batterie, averti, envoie dans cette direction une pièce avec


DÉFENSE DE PARIS. Res marins repoussant les Bavarois à suiferie du Bourget, — Dessin d après nature par M. Darjou.


six marins. La pièce établie, le pointeur prend son point. Le canon prussien était à 2,700 mètres, et du premier coup notre ma
rin le fait voler en éclats. Quels pointeurs !
Le plateau d’Avron est fortement occupé par de l’infanterie, de l’artillerie, de la garde mobile et des compagnies de marche. Le commandement des troupes est confié au gé
néral d’Hugues, officier
supérieur d’un grand mérite, très-aimé des sol
dats qui reconnaissent en lui un digne chef, et sui
vant leur vocabulaire, un homme du métier. Le gé
néral d’Hugues était souslieutenant à la prise d’Alger et a pris part à l’expédition de Bomarsund.
Le bombardement tenté le 27 contre nos batteries d’Avron a bien prouvé que ce plateau est aujour
d’hui le point de mire de l’ennemi.
A l’heure où nous écrivons, nous apprenons que les Prussiens, pour nous faire évacuer cette position, ont dirigé sur le plateau les feux de 8 batteries con
vergentes. Devant une telle attaque, le général Trochu a fait retirer nos canons et rentrer nos troupes. Partie remise.
Léon Creil.
ACTES DU GOUVERNEMENT
PROCLAMATION.
L’attaque de l’ennemi ne fera qu’augmenter le courage de la population de Paris. Elle a prouvé par sa constance qu’elle est résolue à une résis
tance inflexible ; elle s’associera aux nobles efforts de ses défenseurs en redoublant de calme et de discipline. Prête à tous les sacrifices pour sauver
la patrie, elle ne peut être surprise ou ébranlée par aucune épreuve.
Le ministre de l intérieur par intérim,
Jules Favre.
GARDE MOBILE.
Les officiers de tous grades de la garde nationale mobile sont nommés par le gouvernement, sur la présentation du ministre de la guerre,
pendant la durée des opérations militaires en cours.
CHEVAUX, ANES ET MULETS.
Par décret en date du 15 décembre, le gouvernement fait réquisition de tous les chevaux, ânes et mulets. Les détenteurs deviennent de simples gardiens. Les animaux seront pesés vivants et payés comptant à raison de 1 fr. 75 le kilog. au maximun, et de 1 fr. 25 par kilog. au minimum.
Tout propriétaire de cheval, âne et mulet, qui voudra devancer l’injonction de livrer, a la faculté de faire conduire tous les jours ces animaux au marché aux chevaux, boulevard d’Enfer, 6.
Les prix de faveur suivants seront appliqués aux animaux spontanément amenés -. 2 fr. le kilog. au maximum.
1 fr. 50 le kilog. au minimum.
Eu outre, il sera alloué une commission d’amenage de 10 fr. par tête.
Tout animal non déclaré sera confisqué.
Villemomble
Chàteau de Launay.
Gagny.
Ville-Evrard.
Gournay.Neuilly sur-Marne.
SIÉGE DE PARIS. Panorama de Villemomble à Neuilly-sur-Marne, vu prise du plateau d’Avron. — Croquis d’après nature par M. Gaildrau
Lu Raincy.
Belle-Aire.
Chemin de ter de Strasbourg.
Maison rouge.
Carrières de Gagny Plateau de Montfermeil.
Village de Chelles.
Maison-Blanche.


Carrières de elles.


Carrière de
Viliemomble.
Station de
Gagny.