Le grand événement de la semaine est incontestablement le rapport adressé par M. Jules Favre à ses collègues du gouvernement de la dé
fense nationale, au sujet de.la mission qu’il a remplie auprès de M. de Bismark. Ce document,
que nous publions plus loin, intéresse à la fois la politique intérieure et extérieure, et donne à la guerre actuelle une portée et des proportions que l’opinion ne lui avait pas jusqu’à présent reconnues.
Les journaux avaient bien, des deux côtgs du Rhin, mis souvent en présence l’antagonisme de la France représentant la race latine et de la Prusse représentant la race allemande. Mais ces vivacités de langage avaient pu être considérées comme provoquées par les tragiques péripéties de la lutte, et l’opinion ne pouvait se faire à l’idée d’une guerre à mort entre deux races d’une vitalité si puissante. Ces deux événements si consi
dérables, la chute de l’empire et la capitulation de Sedan, étaient sérieusement regardés par beaucoup de bons esprits comme une satisfaction légitime et suffisante pour le gouvernement prus
sien. Les proclamations du roi de Prusse n’étaientelle pas là, d’ailleurs, pour faire naître la pensée d’une transaction possible ?
L’entrevue de M. Jules Favre avec M. de Bismark avait donc le double avantage de donner satisfaction au parti modéré et d’arracher son masque à la politique prussienne. Nous disons son masque, parce qu’il n’est pas un homme d’Ëtat en France, en Allemagne, en Europe, qui eût attribué au roi Guillaume et à son ministre le crime politique que M. de Bismark vient d’a vouer si impudemmeut à la face du monde civilisé.
Nous avons donc aujourd’hui le dernier mot du règne du roi Guillaume. C’est la reconstitu
tion de l’empire d’Allemagne, tout-puissant, et tout-puissant par l’anéantissement de la France.
« Il lui faut les deux départements du Bas et du Haut-Rhin; une partie de celui de la Moselle avec Metz, Château-Salins et Soissons lui sont indispensables !!!
« En cas d’armistice, il demande l’occupation de Strasbourg, de Toul, de Phalsbourg et... LE- FORT DU MONT VALÉRIEN !!!
On comprend qu’en entendant de telles conditions, M. Jules Favre se soit levé indigné pour rappeler au premier ministre du roi Guil
laume qu’il parlait à un Français ! Nous voici donc revenus aux guerres de conquête, au droit de la force, à la politique de l’invasion des bar
bares, et c’est par la chute de la France que l’on veut revenir au f emps passé. Ce que n’ont pu faire autrefois l’Angleterre, l’Espagne et la maison d’Autriche, la Prusse se propose de l’accom
plir, en plein dix-neuvième siècle, à l’époque où le principe des nationalités constitue à peu près la seule base du droit public européen ! v
Laissons l’Europe, dont l’indifférence coupable laisse introniser à sa honte une pareille politique. L’Europe laisse la Prusse reculer jusqu’aux bar
baries d’Attila; libre à elle ! Mais en abandonnant la politique du droit, elle mérite que la politique du droit l’abandonne un jour. Les gou
vernements européens donnent ainsi la mesure de leur .intelligence et de leur sagesse.
Ainsi menacée par la Prusse, ainsi délaissée par l’Europe, la France va relever fièrement le défi que lui jette M. de Bismark. Un gouverne
ment honteux ne nous a légué que le désordre et l’invasion. Mais le patriotisme n’est pas mort en France. L’attitude de Paris et des départements le prouve. M. de Bismark demande notre démem
brement. Ce mot nous vaudra des armées qui nous donneront la revanche de la première cam
pagne, et le roi de Prusse pourra se repentir d’avoir voulu faire de la France une seconde Belgique.
Le rapport si émouvant de M. Jules Favre vient
donc de réunir en une seule toutes les volontés du pays, et ce point obtenu, nous allons voir sans aucun doute l’action du gouvernement de la dé
fense nationale se formuler par des mesures plus rapides et plus énergiques.
Paris. — Le gouvernement de la défense nationale a nommé membres du comité de défense MM. Arago (Emmanuel), Garnier-Pagès et Gambetta.
La commission des barricades a été composée comme il suit :
MM. Henri Rochefort, membre du gouvernement
de la défense nationale.
Dorian, ministre des travaux publics. Gustave Flourens.
Jules Bastide, ancien ministre de la Répu
blique.
Martin Bernard.
Floquet, adjoint au maire de Paris.
A. Dréo, secrétaire-adjoint du gouvernement
de la défense nationale.
Le Journal officiel contient, en outre, un décret portant formation d’un corps de génie volontaire,
composé do six compagnies au plus, et nommant à divers grades dans ce corps nouveau.
L’armement de la garde nationale continue sans interruption. Il existe actuellement 244 ba
taillons de gardes nationales sédentaires à Paris.
Sous peu, ce chiffre sera porté à 260. En comptant 1,500 hommes par bataillon au bas mot, cela fait 390,000 hommes de gardes nationales, non compris la garde mobile et l’armée régulière.
Ajoutons que l’élan de la milice citoyenne, loin de se ralentir, grandit au contraire avec le péril.
Un grand nombre de gardes nationaux va s’inscrire pour faire des reconnaissances et des sorties avec la garde mobile et l’armée.
A propos de la garde nationale, nous devons dire qu’on a convoqué la réunion de tous les maires de Paris, pour discuter la question de l’in
demnité des gardes nationaux sédentaires. Le ministre des finances était présent. Les maires ont décidé qu’il y aurait des délégués choisis dans chaque compagnie pour arrêter la liste des per
sonnes qui désireraient continuer à recevoir cette indemnité.
Le corps des anciens sergents de ville armés est de 3,600 hommes. Les officiers de paix ont le grade de capitaine. Ils sont sous les ordres du ministre de la guerre et occupés aux remparts. Ce corps des anciens sergents de ville a bravement combattu à l’affaire de Villejuif.
Par ordre du gouvernement et de M. le gouverneur de Pans, M. le commandant Caron est chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter dans une très grande proportion la fabrication des cartouches modèles 1866, 1863 et 1842.
M. le directeur de la manufacture des tabacs est requis de mettre tout son matériel, personnel et machines, à la disposition de cet officier supérieur.
M. le commandant Caron devra se munir d’urgence de l’outillage nécessaire à cette fabrication, dont il aura la haute direction.
Ordre est donné à M. le directeur de la manufacture des tabacs, de requérir tous les terrains qui paraîtront nécessaires pour l’installation des ateliers.
Les dépenses seront soldées par la manufacture et remboursées plus tard par le service de la guerre.
Les départements. — M. Thiers a fait savoir, la semaine dernière, au gouvernement de la défense nationale que l’armée de Tours s’organisait avec activité sous la direction de l’amiral Fouiiehon, en donnant l’assurance que dans une quinzaine elle serait prête à prendre l’offensive. Encore quelques jours et nous apprendrons que l’armée assiégeante sera prise entre deux feux.
D’un autre côté, on sait aussi que le Nord s’or
ganise fortement, et que la ville de Lille entreprend, sur une large échelle, la fabrication des munitions de guerre.
C’est M. Glais-Bizoin qui a été chargé par la partie du gouvernement déléguée à Tours, d’activer l’organisation des forces du Midi.
Quant à l’Ouest, toutes les nouvelles s’accordent pour annoncer que le patriotisme y est trèssurexcité.
Quatorze des départements de l’ouest se sont réunis pour organiser d’énergiques moyens de résistance; ils ont offert la direction supérieure de leurs efforts communs à M. Carré-Kérisouët,
très-sympathique à tout le pays par son ardent patriotisme, et dont le gouvernement de la dé
fense nationale a accepté avec empressement les services.
Plus de 15 millions de francs, accordés d’urgence par les conseils généraux, ont déjà leur emploi déterminé; les ateliers se forment, les machines s’installent, et bientôt les populations en armes seront régulièrement organisées dans •ces contrées où le dévouement patriotique est de. tradition.
Le gouvernement, sur la demande du ministre de la guerre, le général Le Flô, a décidé que l’Etat contribuerait pour un tiers dans les som
mes votées par les conseils généraux des quatorze départements.
POLITIQUE INTÉRIEURE.
Le gouvernement a décidé l’ajournement de toutes les élections. C’est avec le plus grand re
gret, nous en sommes certain, que le gouverne
ment a pris cette décision. En convoquant les électeurs pour le 28 septembre et pour le 2 octobre, les hommes qui, sous la pression des événe
ments, ont accepté la tâche d’organiser la défense nationale et de pourvoir aux plus pressants be
soins du moment, ont attesté leur résolution de ne rien usurper et de remettre la nation, dans les plus brefs délais possibles, en possession de sa souveraineté. Mais au-dessus de la volonté des hommes, au-dessus des plus honorables, des plus patriotiques désirs, il y a la force des choses. Les élections sont devenues matériellement impossi
bles, et en ce qui touche les élections municipales de Pans, nous avons entendu beaucoup de ci
toyens très-dévoués à la République, dire : Nous serions incapables, dans le moment actuel, do porter notre attention sur autre chose que sur la défense et sur la lutte.
Dans les circonstances actuelles, ordonner le vote, c’eût été supprimer la délibération, c’eût été, dans les meilleures intentions du monde, em-.
prunter le procédé de l’empire, qui consistait à faire voter les citoyens sans leur avoir permis de se consulter. L’ajournement des élections est donc la marque la plus positive que le gouvernement pût donner do son respect du suffrage universel, et sa décision sera unanimement approu
vée par tous ceux qui aiment sincèrement la République et qui mettent sa conservation audessus de toute considération personnelle.
Armer le pays, combattre et chasser l’ennemi, tout est là; et l’on a parlé, pour montrer debout le pays tout entier, de la levée en masse. La me
sure n’est pas décrétée, mais la levée des hommes appelés par la loi suffirait amplement pour ter
miner la lutte, si le gouvernement pouvait les armer et les équiper. C’est donc plutôt vers les munitions et l’équipement que vers les hommes que nous devons tourner en ce moment nos regards.
Nous devons aussi consacrer une mention spéciale aux différentes manifestations qui se sont produites sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Les demandes, formulées par le comité central répu
blicain, méritent surtout de fixer notre attention. Ces demandes se résument ainsi :
1° La police entièrement remise entre les mains des délégués municipaux ;
2° Durant le siège, la subsistance également assurée à tout citoyen et à sa famille; en temps de paix, abolition de la misère ;
fense nationale, au sujet de.la mission qu’il a remplie auprès de M. de Bismark. Ce document,
que nous publions plus loin, intéresse à la fois la politique intérieure et extérieure, et donne à la guerre actuelle une portée et des proportions que l’opinion ne lui avait pas jusqu’à présent reconnues.
Les journaux avaient bien, des deux côtgs du Rhin, mis souvent en présence l’antagonisme de la France représentant la race latine et de la Prusse représentant la race allemande. Mais ces vivacités de langage avaient pu être considérées comme provoquées par les tragiques péripéties de la lutte, et l’opinion ne pouvait se faire à l’idée d’une guerre à mort entre deux races d’une vitalité si puissante. Ces deux événements si consi
dérables, la chute de l’empire et la capitulation de Sedan, étaient sérieusement regardés par beaucoup de bons esprits comme une satisfaction légitime et suffisante pour le gouvernement prus
sien. Les proclamations du roi de Prusse n’étaientelle pas là, d’ailleurs, pour faire naître la pensée d’une transaction possible ?
L’entrevue de M. Jules Favre avec M. de Bismark avait donc le double avantage de donner satisfaction au parti modéré et d’arracher son masque à la politique prussienne. Nous disons son masque, parce qu’il n’est pas un homme d’Ëtat en France, en Allemagne, en Europe, qui eût attribué au roi Guillaume et à son ministre le crime politique que M. de Bismark vient d’a vouer si impudemmeut à la face du monde civilisé.
Nous avons donc aujourd’hui le dernier mot du règne du roi Guillaume. C’est la reconstitu
tion de l’empire d’Allemagne, tout-puissant, et tout-puissant par l’anéantissement de la France.
« Il lui faut les deux départements du Bas et du Haut-Rhin; une partie de celui de la Moselle avec Metz, Château-Salins et Soissons lui sont indispensables !!!
« En cas d’armistice, il demande l’occupation de Strasbourg, de Toul, de Phalsbourg et... LE- FORT DU MONT VALÉRIEN !!!
On comprend qu’en entendant de telles conditions, M. Jules Favre se soit levé indigné pour rappeler au premier ministre du roi Guil
laume qu’il parlait à un Français ! Nous voici donc revenus aux guerres de conquête, au droit de la force, à la politique de l’invasion des bar
bares, et c’est par la chute de la France que l’on veut revenir au f emps passé. Ce que n’ont pu faire autrefois l’Angleterre, l’Espagne et la maison d’Autriche, la Prusse se propose de l’accom
plir, en plein dix-neuvième siècle, à l’époque où le principe des nationalités constitue à peu près la seule base du droit public européen ! v
Laissons l’Europe, dont l’indifférence coupable laisse introniser à sa honte une pareille politique. L’Europe laisse la Prusse reculer jusqu’aux bar
baries d’Attila; libre à elle ! Mais en abandonnant la politique du droit, elle mérite que la politique du droit l’abandonne un jour. Les gou
vernements européens donnent ainsi la mesure de leur .intelligence et de leur sagesse.
Ainsi menacée par la Prusse, ainsi délaissée par l’Europe, la France va relever fièrement le défi que lui jette M. de Bismark. Un gouverne
ment honteux ne nous a légué que le désordre et l’invasion. Mais le patriotisme n’est pas mort en France. L’attitude de Paris et des départements le prouve. M. de Bismark demande notre démem
brement. Ce mot nous vaudra des armées qui nous donneront la revanche de la première cam
pagne, et le roi de Prusse pourra se repentir d’avoir voulu faire de la France une seconde Belgique.
Le rapport si émouvant de M. Jules Favre vient
donc de réunir en une seule toutes les volontés du pays, et ce point obtenu, nous allons voir sans aucun doute l’action du gouvernement de la dé
fense nationale se formuler par des mesures plus rapides et plus énergiques.
LA GUERRE.
Paris. — Le gouvernement de la défense nationale a nommé membres du comité de défense MM. Arago (Emmanuel), Garnier-Pagès et Gambetta.
La commission des barricades a été composée comme il suit :
MM. Henri Rochefort, membre du gouvernement
de la défense nationale.
Dorian, ministre des travaux publics. Gustave Flourens.
Jules Bastide, ancien ministre de la Répu
blique.
Martin Bernard.
Floquet, adjoint au maire de Paris.
A. Dréo, secrétaire-adjoint du gouvernement
de la défense nationale.
Le Journal officiel contient, en outre, un décret portant formation d’un corps de génie volontaire,
composé do six compagnies au plus, et nommant à divers grades dans ce corps nouveau.
L’armement de la garde nationale continue sans interruption. Il existe actuellement 244 ba
taillons de gardes nationales sédentaires à Paris.
Sous peu, ce chiffre sera porté à 260. En comptant 1,500 hommes par bataillon au bas mot, cela fait 390,000 hommes de gardes nationales, non compris la garde mobile et l’armée régulière.
Ajoutons que l’élan de la milice citoyenne, loin de se ralentir, grandit au contraire avec le péril.
Un grand nombre de gardes nationaux va s’inscrire pour faire des reconnaissances et des sorties avec la garde mobile et l’armée.
A propos de la garde nationale, nous devons dire qu’on a convoqué la réunion de tous les maires de Paris, pour discuter la question de l’in
demnité des gardes nationaux sédentaires. Le ministre des finances était présent. Les maires ont décidé qu’il y aurait des délégués choisis dans chaque compagnie pour arrêter la liste des per
sonnes qui désireraient continuer à recevoir cette indemnité.
Le corps des anciens sergents de ville armés est de 3,600 hommes. Les officiers de paix ont le grade de capitaine. Ils sont sous les ordres du ministre de la guerre et occupés aux remparts. Ce corps des anciens sergents de ville a bravement combattu à l’affaire de Villejuif.
Par ordre du gouvernement et de M. le gouverneur de Pans, M. le commandant Caron est chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter dans une très grande proportion la fabrication des cartouches modèles 1866, 1863 et 1842.
M. le directeur de la manufacture des tabacs est requis de mettre tout son matériel, personnel et machines, à la disposition de cet officier supérieur.
M. le commandant Caron devra se munir d’urgence de l’outillage nécessaire à cette fabrication, dont il aura la haute direction.
Ordre est donné à M. le directeur de la manufacture des tabacs, de requérir tous les terrains qui paraîtront nécessaires pour l’installation des ateliers.
Les dépenses seront soldées par la manufacture et remboursées plus tard par le service de la guerre.
Les départements. — M. Thiers a fait savoir, la semaine dernière, au gouvernement de la défense nationale que l’armée de Tours s’organisait avec activité sous la direction de l’amiral Fouiiehon, en donnant l’assurance que dans une quinzaine elle serait prête à prendre l’offensive. Encore quelques jours et nous apprendrons que l’armée assiégeante sera prise entre deux feux.
D’un autre côté, on sait aussi que le Nord s’or
ganise fortement, et que la ville de Lille entreprend, sur une large échelle, la fabrication des munitions de guerre.
C’est M. Glais-Bizoin qui a été chargé par la partie du gouvernement déléguée à Tours, d’activer l’organisation des forces du Midi.
Quant à l’Ouest, toutes les nouvelles s’accordent pour annoncer que le patriotisme y est trèssurexcité.
Quatorze des départements de l’ouest se sont réunis pour organiser d’énergiques moyens de résistance; ils ont offert la direction supérieure de leurs efforts communs à M. Carré-Kérisouët,
très-sympathique à tout le pays par son ardent patriotisme, et dont le gouvernement de la dé
fense nationale a accepté avec empressement les services.
Plus de 15 millions de francs, accordés d’urgence par les conseils généraux, ont déjà leur emploi déterminé; les ateliers se forment, les machines s’installent, et bientôt les populations en armes seront régulièrement organisées dans •ces contrées où le dévouement patriotique est de. tradition.
Le gouvernement, sur la demande du ministre de la guerre, le général Le Flô, a décidé que l’Etat contribuerait pour un tiers dans les som
mes votées par les conseils généraux des quatorze départements.
POLITIQUE INTÉRIEURE.
Le gouvernement a décidé l’ajournement de toutes les élections. C’est avec le plus grand re
gret, nous en sommes certain, que le gouverne
ment a pris cette décision. En convoquant les électeurs pour le 28 septembre et pour le 2 octobre, les hommes qui, sous la pression des événe
ments, ont accepté la tâche d’organiser la défense nationale et de pourvoir aux plus pressants be
soins du moment, ont attesté leur résolution de ne rien usurper et de remettre la nation, dans les plus brefs délais possibles, en possession de sa souveraineté. Mais au-dessus de la volonté des hommes, au-dessus des plus honorables, des plus patriotiques désirs, il y a la force des choses. Les élections sont devenues matériellement impossi
bles, et en ce qui touche les élections municipales de Pans, nous avons entendu beaucoup de ci
toyens très-dévoués à la République, dire : Nous serions incapables, dans le moment actuel, do porter notre attention sur autre chose que sur la défense et sur la lutte.
Dans les circonstances actuelles, ordonner le vote, c’eût été supprimer la délibération, c’eût été, dans les meilleures intentions du monde, em-.
prunter le procédé de l’empire, qui consistait à faire voter les citoyens sans leur avoir permis de se consulter. L’ajournement des élections est donc la marque la plus positive que le gouvernement pût donner do son respect du suffrage universel, et sa décision sera unanimement approu
vée par tous ceux qui aiment sincèrement la République et qui mettent sa conservation audessus de toute considération personnelle.
Armer le pays, combattre et chasser l’ennemi, tout est là; et l’on a parlé, pour montrer debout le pays tout entier, de la levée en masse. La me
sure n’est pas décrétée, mais la levée des hommes appelés par la loi suffirait amplement pour ter
miner la lutte, si le gouvernement pouvait les armer et les équiper. C’est donc plutôt vers les munitions et l’équipement que vers les hommes que nous devons tourner en ce moment nos regards.
Nous devons aussi consacrer une mention spéciale aux différentes manifestations qui se sont produites sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Les demandes, formulées par le comité central répu
blicain, méritent surtout de fixer notre attention. Ces demandes se résument ainsi :
1° La police entièrement remise entre les mains des délégués municipaux ;
2° Durant le siège, la subsistance également assurée à tout citoyen et à sa famille; en temps de paix, abolition de la misère ;