LA GUERRE.— Études rétrospectives. — Pansement d’un soldat du 88e de ligne


dans une ferme de Villemontry.


C’est une lettre de M. de Persigny qui nous sert de témoignage :
« J’aurais voulu vous parler aussi, dit M. de Persigny, d’un sujet délicat. J’ai reçu des ré
vélations au sujet du service de ce qu’on appelle le Cabinet noir, par le chef de bureau.
Cet homme a besoin de son pain ; ü ne faut donc pas révéler à ses chefs les observations qu’il m’a faites.
« Elles intéressent le service de Yotre Majesté. Si Vo
tre Majesté venait à Paris, je la prierais de me faire donner une audience; mais pas à Compiêgne, parce que cela fait trop de tapage dans le Gouvernement.
« Je suis avec respect, Sire, de Votre Majesté, le très-humide et le très-dévoué serviteur et sujet.
« Persigny. »
Ceci n’empêchait pas les ministres du gouvernement,
quand on leur parlait de cet abominable cabinet noir, de jurer sur l’honneur qu’il n’existait pas, et de s’écrier avec des airs d’innocence :
Le jour n’est pas plus pur que le


[ fond de mon cœur.


Troisième point. — Duplicité de la politique impériale. Elle résulte d’une note sans date dictée par l’ex-empereur à M. de Conti.
« Si la France se place hardiment sur le terrain des nationalités, il importe d’établir dès à présent qu’il n’existe pas une nationalité belge et de
fixer ce point- essentiel avec la Prusse. Le cabinet de Berlin, semblant d’autre part disposé à entrer avec la France dans les arrangements qu’il peut convenir à la France de prendre avec lui, il y au
rait lieu de négocier un acte secret qui engagerait les deux parties.
« Sans prétendre que cet acte fût une garantie parfaitement sûre, il aurait le double avan
tage decompromettre la Prusse et d’être pour elle un gage de la sincérité de la politique ou des intentions de l’empereur. Il convient de ne pas se dis
simuler, quand on connaît le caractère du roi de Prusse et celui de son premier minis
tre, que les derniers incidents diplomatiques, comme les dispositions actuelles du senti
ment public en France, ont dû les raffermir dans la conviction que nous n’avons pas renoncé à revendiquer la frontière du Rhin.
« Pour être certain de trouver à Berlin une confiance qui est nécessaire au maintien d’une entente intime, nous de
vons nous employer à dissiper les appréhensions qu’y a toujours entretenues cette éven
tualité, appréhensions qui ont été réveillées et même surex
citées par nos dernières com
munications. Ce résultat ne peut être obtenu par des pa
roles, il faut un acte, et celui qui consisterait à régler le sort ultérieur de la Belgique, de concert avec la Prusse, en prouvant à Berlin que l’empe
reur cherche décidément ailleurs que sur le Rhin l’extension nécessaire à la France depuis les évé
nements dont l’Allemagne vient d’être le théâtre, nous vaudra du moins une certitude relative que le gouvernement prussien ne mettra pas d’obstacle à notre agrandissement dans le Nord. »


CAMPEMENT PRUSSIEN SOUS LES ARCADES DE LA PLACE DE PONT-A-MOUSSON. - Dessins d’après nature par M. Lançon.