L’ARTILLERIE
Le ministre de la guerre a lu au Gouvernement do la défense nationale la note suivante sur le matériel et le personnel existant en province :
Il existe actuellement disponibles, .dans les provinces non envahies par l’ennemi, environ •
6 batteries de 12 rayé de campagne, 10 batteries de 8 rayé de campagne,
20 batteries de 4 rayé de campagne,
constitués, chargées en guerre et prêtes à être attelées.
Deux parcs de campagne, comportant chacun environ 180 voitures chargées en guerre.
Le matériel de campagne ne fait d’ailleurs pas défaut. Il existe des canons de 4 rayé sur affût en nombre considérable; les caissons garnis et vides,
les projectiles vides, etc., ne manquent pas. Il est donc hors de doute que la délégation du minis
tère de la guerre, à Tours, s’est préoccupée de constituer avec ces ressources de nouvelles batteries.
Au sujet de cette même question de l’artillerie, qui préoccupe si sérieusement les esprits, le Jour
nal officiel a publié une note intéressante que nous devons mentionner ici.
D’après cette note, le ministre des travaux publics ne pouvant accepter que des travaux de cette importance fussent exécutés sans contrôle ni ga
rantie, avait demandé que les canons fabriqués par la maison Gail fussent soumis à l’épreuve réglementaire, ce qui fut refusé.
Voulant tenir compte de ce que la maison Gail entreprenait pour la première fois cette fabrica
tion, dont elle n’avait, en conséquence, pas la pratique habituelle, le ministre proposa alors de supporter la moitié des portes, et même, en dernier lieu, les deux tiers pour les pièces qui vien
draient. à éclater, laissant, en outre, les débris de ces pièces au fabricant. Cette seconde offre ayant été repoussée comme la première, il n’y avait plus, en présence de prétentions inacceptables, qu’à rompre toutes négociations, ce qui a été fait.
11 est profondément regrettable d’avoir à constater que la maison Gail n’ait pas compris, dans les circonstances où nous nous trouvons, que son devoir ôtait de ne pas se laisser guider par un désir de lucre, mais de prêter un concours patriotique au gouvernement, qui lui avait fait, d’ail
leurs, des conditions de prix exceptionnellement favorables.
L’activité des commandes n’a heureusement pas eu à souffrir de cet incident, ainsi que le prouve un rapport détaillé qui va paraître au Journal
officiel, et qui énumérera tout ce qui a été fait pour assurer, clans un très-bref délai, à Paris et à ses défenseurs, le plus formidable armement.
Dans un moment où la pensée du bombardement préoccupe tous les esprits, nous publions un tableau de toutes les distances qui intéressent le public.
Ge tableau, qui permet à nos lecteurs de mesurer en quelque sorte le péril qui menace chacun des quartiers de Paris, peut être considéré comme le complément de la carte que nous avons publiée pour servir de guide aux opérations du siège.
Au sujet de cette carte, nos lecteurs nous permettront d’attirer leur attention sur une indica
tion très-importante, et que notre carte seule a donnée jusqu’ici.
Les lignes courbes qui entourent certains points de la carte expriment des coupes horizontales de terrains mesurant dix mètres de hauteur, relati
vement au niveau de la Seine. Pour connaître l’é
lévation d’un point quelconque, il suffît, par conséquent, de compter chacune de ces lignes à par
tir du cours de la Seine ou de la Marne, en attribuant à chacune d’elles une hauteur de dix mètres.
TABLEAU DES DISTANCES DIVERSES UTILES A CONNAÎTRE TOUR SE RENDRE COMPTE DES POSITIONS ACTUELLES DES OU VRAGES EXÉCUTÉS PAR LES ARMÉES PRUSSIENNES.
Prenant les forts du Mont-Valérien, de la Double- Couronne de Saint-Denis, de Vincennes et d’Ivry, le point de centre se trouvera à la place du nouvel Opéra.
Du centre do cette place sur l’axe du boulevard des Capucines, il y a jusque :
1. Au Mont-Valérien.......................... 8,500” ou 8^500“ 2. Au fort de la Briche....................... 8,400 — 8 400 3. Au fort de l’Est (Saint-Denis)... 7,300 — 7 300
4. Au fort d’AHiérvilliers................. 7,000 — 7 »
5. An fort de Romainville............... 7,000 — 7 » G. Au fort de Noisy............................ 8,G00 — 8 600
7. Au fort do Rosny.......................... 10,200 — 10 200 8. Au fort de Nogent........................ 11,000 — 11 » 9. Au fort do Vincennes................... 8,100 — 8 100 10. Au fort de Charenton................... 9,600 — 9 600 11. Au fort d’Ivry................................ 8,500 — 8 500 12. Au fort de Bicêtre.......................... 7,100 — 7 100 13. Au fort de Montrouge................... 6,950 — 6950 14. Au fort de Vanves........................ 7,050 — 7 050 15. Au fort d’Issy................................. 7,400 - 7 400 De la lanterne do Démostiiêne à
l’École militaire et au Trocadôro.. 7,000 — 7 » Du plateau de Clamart à l’École
militaire.................... 6,300 — 6 300 et à la place de l’Opéra................... 9,200 — 9 200 De Chevilly au fort de Bicêtre......... 3,400 — 3 400
et aux murs d’enceinte.......... 5,200 — 5 200 Du plateau du Raincy au fort de
Rosny............................................... . 4,000 — 4 » et anx murs d’enceinte................... 7,500 — 7 500 De la butte Pinson à la Double-Cou
ronne de Saint-Denis et au fort do
la Briche............................................. 3,-200 — 3 200 et aux murs d’enceinte................... 8,500 — 8 500 Du moulin d’Orgemont à la redoute
de Gennevilliers................................ 3,000 — 3 » et aux murs d enceinte................... 7,800 — 7 800
DISTANCE DES PORTS ET DES REDOUTES ENTRE EUX. Du Mont-Valérien à 1a. redoute de
Gennevilliers...................................... 8,400 — 8 400 Do cette redoute à la Double-Cou
ronne de Saint-Denis...................... 5,000 — 5 » Do ce fort à celui de l’Est................... 1,500 — 1 500 De celui-ci au fort d Aubervilliers.. 2,900 — 2 900 De celui-ci au fort de Romainville. 2,800 — 2 800 De celui-ci au fort de Noisy....-— 1,700 — 1 700 De celui-ci au fort de Rosny........... 2,200 — 2 200 De celui-ci au fort de Nogent...— 2,600 — 2 600 De celui-ci à la redoute de la Fai
sanderie............................................... 2,300 — 2 300 De celle-ci à la redoute de la Gra
velle...................................................... 700 — » 700 De celle-ci au fort do Charenton__ 1,800 — 1 800 De celui ci au fort d’Ivry.................. *2,400 — 2 400 De celui-ci au fort de Bicêtre........... 2,200 — 2 200 De celui-ci au fort de Montrouge... 2,100 — 2 100 Do celui-ci au fort de Vanves........... 2,050 — 2 050 Dé celui-ci au fort d’Issy.................... 1,400 — 1 400 De celui-ci au fort du Mont-Valé
rien......................................... 7,000 — 7
Le Mont-Valérien est élevé de 94 mètres au-dessus de l’Hippodrome de Longchamps.
Le moulin d’Orgemont est à la même hauteur.
H. Nor,
Arch. ingénieur.
Le gouvernement a parlé, et tous les journaux ont répété après lui : La province se lève ! Gom
ment douter de ce réveil et de ce patriotisme? L’attitude de Paris devait pourtant ouvrir les yeux aux sceptiques et aux esprits chagrins.
Mais notre vive imagination est ainsi faite. Nous aurons toujours parmi nous des pessimistes qui, pareils aux ramoneurs, s’en vont toujours tout droit au trou noir de la maison. Après avoir pro
phétisé que Paris ne tiendrait pas deux jours, ils avaient calomnié la province; elle n’allait rien faire, ou si peu que rien. Or, voici que le canon de nos armées du Centre va commencer à répon
dre au nôtre, par-dessus la tête et à travers la poitrine de l’ennemi.
La France ne pas se lever toute entière en pareille circonstance, et ne pas accourir à nous !... Mais on oubliait qu’elle avait, dès le premier jour, donné des gages assez chers aux Parisiens. L’his
toire- raconte qu’un jour, assiégeant une ville,
Condé jeta son bâton de maréchal par-dessus les remparts, et dit à ses soldats : « Allons le cher
cher ! » Eh bien ! la province a commencé par jeter dans Paris cent mille de ses fils, et maintenant elle vient les demander à l’armée prussienne.
Ne désespérons jamais. Battue en 1792, dans une première campagne, déchirée par l a guerre civile, sans argent et sans ressouscos, n’ayant que des armées de conscrits, la Franco sut prendre une éclatante revanche, et on 1791 le duc de Bruns
wick écrivait an roi Guillaume : « Faisons la paix, je n’espère pas qu’une troisième campagne nous donne des résultats plus avantageux. » Et le roi Guillaume lui-même écrivait à Pitt,. l’ar
gentier de toutes ces guerres : « La France est une nation indomptable ; ses ressources sont infinies, et l’esprit qui l’anime est absolument irrésistible. »
Que possédait alors la France de plus qu’aujourd’hui? Bien; elle avait moins do puissance; mais elle avait foi on elle-même, et cette foi lui
donnait un gouvernement qui jurait d organiser la victoire !
Les manifestations
Étrange répétition do Thistoirc! Cette crise qui va de 1792 à 1793 se reproduit en 1870, avec les mêmes catastrophes, avec le même ennemi, avec la même alternative pour la France de vaincre ou de périr !
Tout, absolument tout se ressemble. Pendant que l’on combattait la Prusse, Hébert et Chaumette criaient, en 1791 : Vive la Commune! Et voilà Blanqui et Flourens qui se mettent à crier dans Paris, assiégé par.les Prussiens : Vive la Commune !
Hébert jetait au peuple son Père Duchcne, écrit de la façon que vous savez. Aujourd’hui les irréconciables de l’Empire, devenus les irréconcilia
bles de l’Hôtel-dc-Ville, vont jusqu’à faire, dans le journal de Blanqui, des motions du genre de celle-ci : « Les églises inoccupées pourraient servir d’asile aux bœufs, aux moutons et aux pourceaux. »
Pour toute réponse, nous nous contenterons de renvoyer les agitateurs des manifestations en fa
veur do la Commune au discours prononcé par Saint-Just, à la Convention, contre la faction des Héberlistcs.
N’essayez pas de raisonner. Quiconque n’a pas compris que Paris, ayant au cou lo carcan de fer des armées prussiennes, n’a plus rien à faire qu’à briser sa chaîne, ne peut comprendre un raisonnement.
La viande de clieval est soumise à la taxe, comme la viande de bœuf..
ASSISTANCE.
Un crédit illimité est ouvert à la mairie de Paris, pour distribuer une ration de pain, chaque jour, à tous les citoyens nécessiteux.
Il est créé dans chacune des mairies de Paris un bureau d’assistance extérieure qui inscrira les citoyens des départements réfugiés à secourir dans chaque arrondissement. Un tableau de ré
partition indiquera aux différentes communes à quelle mairie elles devront s’adresser.
Les.billets de logements, bons de vivres et de vêtements devront être revêtus de la signature du secrétaire général de la mairie de Paris, et no seront délivrés que sur la demande dos personnes qui se seront fait reconnaître à l’Hôtel-de-Yille par des administrateurs provisoires des commu
nes étrangères au département de la Seine (maires ou membres des conseils municipaux).
Lo cautionnement des journaux est supprimé. Los cautionnements déposés seront remboursés à la fin de la guerre.
Le ministre de la guerre a lu au Gouvernement do la défense nationale la note suivante sur le matériel et le personnel existant en province :
Il existe actuellement disponibles, .dans les provinces non envahies par l’ennemi, environ •
6 batteries de 12 rayé de campagne, 10 batteries de 8 rayé de campagne,
20 batteries de 4 rayé de campagne,
constitués, chargées en guerre et prêtes à être attelées.
Deux parcs de campagne, comportant chacun environ 180 voitures chargées en guerre.
Le matériel de campagne ne fait d’ailleurs pas défaut. Il existe des canons de 4 rayé sur affût en nombre considérable; les caissons garnis et vides,
les projectiles vides, etc., ne manquent pas. Il est donc hors de doute que la délégation du minis
tère de la guerre, à Tours, s’est préoccupée de constituer avec ces ressources de nouvelles batteries.
Au sujet de cette même question de l’artillerie, qui préoccupe si sérieusement les esprits, le Jour
nal officiel a publié une note intéressante que nous devons mentionner ici.
D’après cette note, le ministre des travaux publics ne pouvant accepter que des travaux de cette importance fussent exécutés sans contrôle ni ga
rantie, avait demandé que les canons fabriqués par la maison Gail fussent soumis à l’épreuve réglementaire, ce qui fut refusé.
Voulant tenir compte de ce que la maison Gail entreprenait pour la première fois cette fabrica
tion, dont elle n’avait, en conséquence, pas la pratique habituelle, le ministre proposa alors de supporter la moitié des portes, et même, en dernier lieu, les deux tiers pour les pièces qui vien
draient. à éclater, laissant, en outre, les débris de ces pièces au fabricant. Cette seconde offre ayant été repoussée comme la première, il n’y avait plus, en présence de prétentions inacceptables, qu’à rompre toutes négociations, ce qui a été fait.
11 est profondément regrettable d’avoir à constater que la maison Gail n’ait pas compris, dans les circonstances où nous nous trouvons, que son devoir ôtait de ne pas se laisser guider par un désir de lucre, mais de prêter un concours patriotique au gouvernement, qui lui avait fait, d’ail
leurs, des conditions de prix exceptionnellement favorables.
L’activité des commandes n’a heureusement pas eu à souffrir de cet incident, ainsi que le prouve un rapport détaillé qui va paraître au Journal
officiel, et qui énumérera tout ce qui a été fait pour assurer, clans un très-bref délai, à Paris et à ses défenseurs, le plus formidable armement.
LE BOMBARDEMENT DE PARIS
Dans un moment où la pensée du bombardement préoccupe tous les esprits, nous publions un tableau de toutes les distances qui intéressent le public.
Ge tableau, qui permet à nos lecteurs de mesurer en quelque sorte le péril qui menace chacun des quartiers de Paris, peut être considéré comme le complément de la carte que nous avons publiée pour servir de guide aux opérations du siège.
Au sujet de cette carte, nos lecteurs nous permettront d’attirer leur attention sur une indica
tion très-importante, et que notre carte seule a donnée jusqu’ici.
Les lignes courbes qui entourent certains points de la carte expriment des coupes horizontales de terrains mesurant dix mètres de hauteur, relati
vement au niveau de la Seine. Pour connaître l’é
lévation d’un point quelconque, il suffît, par conséquent, de compter chacune de ces lignes à par
tir du cours de la Seine ou de la Marne, en attribuant à chacune d’elles une hauteur de dix mètres.
TABLEAU DES DISTANCES DIVERSES UTILES A CONNAÎTRE TOUR SE RENDRE COMPTE DES POSITIONS ACTUELLES DES OU VRAGES EXÉCUTÉS PAR LES ARMÉES PRUSSIENNES.
Prenant les forts du Mont-Valérien, de la Double- Couronne de Saint-Denis, de Vincennes et d’Ivry, le point de centre se trouvera à la place du nouvel Opéra.
Du centre do cette place sur l’axe du boulevard des Capucines, il y a jusque :
1. Au Mont-Valérien.......................... 8,500” ou 8^500“ 2. Au fort de la Briche....................... 8,400 — 8 400 3. Au fort de l’Est (Saint-Denis)... 7,300 — 7 300
4. Au fort d’AHiérvilliers................. 7,000 — 7 »
5. An fort de Romainville............... 7,000 — 7 » G. Au fort de Noisy............................ 8,G00 — 8 600
7. Au fort do Rosny.......................... 10,200 — 10 200 8. Au fort de Nogent........................ 11,000 — 11 » 9. Au fort do Vincennes................... 8,100 — 8 100 10. Au fort de Charenton................... 9,600 — 9 600 11. Au fort d’Ivry................................ 8,500 — 8 500 12. Au fort de Bicêtre.......................... 7,100 — 7 100 13. Au fort de Montrouge................... 6,950 — 6950 14. Au fort de Vanves........................ 7,050 — 7 050 15. Au fort d’Issy................................. 7,400 - 7 400 De la lanterne do Démostiiêne à
l’École militaire et au Trocadôro.. 7,000 — 7 » Du plateau de Clamart à l’École
militaire.................... 6,300 — 6 300 et à la place de l’Opéra................... 9,200 — 9 200 De Chevilly au fort de Bicêtre......... 3,400 — 3 400
et aux murs d’enceinte.......... 5,200 — 5 200 Du plateau du Raincy au fort de
Rosny............................................... . 4,000 — 4 » et anx murs d’enceinte................... 7,500 — 7 500 De la butte Pinson à la Double-Cou
ronne de Saint-Denis et au fort do
la Briche............................................. 3,-200 — 3 200 et aux murs d’enceinte................... 8,500 — 8 500 Du moulin d’Orgemont à la redoute
de Gennevilliers................................ 3,000 — 3 » et aux murs d enceinte................... 7,800 — 7 800
DISTANCE DES PORTS ET DES REDOUTES ENTRE EUX. Du Mont-Valérien à 1a. redoute de
Gennevilliers...................................... 8,400 — 8 400 Do cette redoute à la Double-Cou
ronne de Saint-Denis...................... 5,000 — 5 » Do ce fort à celui de l’Est................... 1,500 — 1 500 De celui-ci au fort d Aubervilliers.. 2,900 — 2 900 De celui-ci au fort de Romainville. 2,800 — 2 800 De celui-ci au fort de Noisy....-— 1,700 — 1 700 De celui-ci au fort de Rosny........... 2,200 — 2 200 De celui-ci au fort de Nogent...— 2,600 — 2 600 De celui-ci à la redoute de la Fai
sanderie............................................... 2,300 — 2 300 De celle-ci à la redoute de la Gra
velle...................................................... 700 — » 700 De celle-ci au fort do Charenton__ 1,800 — 1 800 De celui ci au fort d’Ivry.................. *2,400 — 2 400 De celui-ci au fort de Bicêtre........... 2,200 — 2 200 De celui-ci au fort de Montrouge... 2,100 — 2 100 Do celui-ci au fort de Vanves........... 2,050 — 2 050 Dé celui-ci au fort d’Issy.................... 1,400 — 1 400 De celui-ci au fort du Mont-Valé
rien......................................... 7,000 — 7
Le Mont-Valérien est élevé de 94 mètres au-dessus de l’Hippodrome de Longchamps.
Le moulin d’Orgemont est à la même hauteur.
H. Nor,
Arch. ingénieur.
Le gouvernement a parlé, et tous les journaux ont répété après lui : La province se lève ! Gom
ment douter de ce réveil et de ce patriotisme? L’attitude de Paris devait pourtant ouvrir les yeux aux sceptiques et aux esprits chagrins.
Mais notre vive imagination est ainsi faite. Nous aurons toujours parmi nous des pessimistes qui, pareils aux ramoneurs, s’en vont toujours tout droit au trou noir de la maison. Après avoir pro
phétisé que Paris ne tiendrait pas deux jours, ils avaient calomnié la province; elle n’allait rien faire, ou si peu que rien. Or, voici que le canon de nos armées du Centre va commencer à répon
dre au nôtre, par-dessus la tête et à travers la poitrine de l’ennemi.
La France ne pas se lever toute entière en pareille circonstance, et ne pas accourir à nous !... Mais on oubliait qu’elle avait, dès le premier jour, donné des gages assez chers aux Parisiens. L’his
toire- raconte qu’un jour, assiégeant une ville,
Condé jeta son bâton de maréchal par-dessus les remparts, et dit à ses soldats : « Allons le cher
cher ! » Eh bien ! la province a commencé par jeter dans Paris cent mille de ses fils, et maintenant elle vient les demander à l’armée prussienne.
Ne désespérons jamais. Battue en 1792, dans une première campagne, déchirée par l a guerre civile, sans argent et sans ressouscos, n’ayant que des armées de conscrits, la Franco sut prendre une éclatante revanche, et on 1791 le duc de Bruns
wick écrivait an roi Guillaume : « Faisons la paix, je n’espère pas qu’une troisième campagne nous donne des résultats plus avantageux. » Et le roi Guillaume lui-même écrivait à Pitt,. l’ar
gentier de toutes ces guerres : « La France est une nation indomptable ; ses ressources sont infinies, et l’esprit qui l’anime est absolument irrésistible. »
Que possédait alors la France de plus qu’aujourd’hui? Bien; elle avait moins do puissance; mais elle avait foi on elle-même, et cette foi lui
donnait un gouvernement qui jurait d organiser la victoire !
Les manifestations
Étrange répétition do Thistoirc! Cette crise qui va de 1792 à 1793 se reproduit en 1870, avec les mêmes catastrophes, avec le même ennemi, avec la même alternative pour la France de vaincre ou de périr !
Tout, absolument tout se ressemble. Pendant que l’on combattait la Prusse, Hébert et Chaumette criaient, en 1791 : Vive la Commune! Et voilà Blanqui et Flourens qui se mettent à crier dans Paris, assiégé par.les Prussiens : Vive la Commune !
Hébert jetait au peuple son Père Duchcne, écrit de la façon que vous savez. Aujourd’hui les irréconciables de l’Empire, devenus les irréconcilia
bles de l’Hôtel-dc-Ville, vont jusqu’à faire, dans le journal de Blanqui, des motions du genre de celle-ci : « Les églises inoccupées pourraient servir d’asile aux bœufs, aux moutons et aux pourceaux. »
Pour toute réponse, nous nous contenterons de renvoyer les agitateurs des manifestations en fa
veur do la Commune au discours prononcé par Saint-Just, à la Convention, contre la faction des Héberlistcs.
N’essayez pas de raisonner. Quiconque n’a pas compris que Paris, ayant au cou lo carcan de fer des armées prussiennes, n’a plus rien à faire qu’à briser sa chaîne, ne peut comprendre un raisonnement.
La viande de clieval est soumise à la taxe, comme la viande de bœuf..
ASSISTANCE.
Un crédit illimité est ouvert à la mairie de Paris, pour distribuer une ration de pain, chaque jour, à tous les citoyens nécessiteux.
Il est créé dans chacune des mairies de Paris un bureau d’assistance extérieure qui inscrira les citoyens des départements réfugiés à secourir dans chaque arrondissement. Un tableau de ré
partition indiquera aux différentes communes à quelle mairie elles devront s’adresser.
Les.billets de logements, bons de vivres et de vêtements devront être revêtus de la signature du secrétaire général de la mairie de Paris, et no seront délivrés que sur la demande dos personnes qui se seront fait reconnaître à l’Hôtel-de-Yille par des administrateurs provisoires des commu
nes étrangères au département de la Seine (maires ou membres des conseils municipaux).
JOURNAUX.
Lo cautionnement des journaux est supprimé. Los cautionnements déposés seront remboursés à la fin de la guerre.