confédération que la Prusse prétend tenir sous sa main de fer.
Mais, d’un autre côté, l’Autriche s’est montrée si peu soucieuse de son propre intérêt, si indiffé
rente à l’égard de notre situation, que nous ne devons compter sur aucun appui de la part de la politique autrichienne. M. Thiers, qui était le 11 octobre à Vienne, et qui devait quelques jours
après partir pour Florence, est appelé à faire le tour de l’Europe sans trouver pour la France le moindre subside. Ne comptons que sur nousmêmes, c’est le dernier mot de notre politique extérieure.
Au sujet du programme exposé par M. de Bismark dans l’entrevue de Ferrières, il paraît, bien que nous n’ayons sur ce point aucun document officiel, que les prétentions de la Prusse ne seraient plus aussi tenaces à l’égard des exigences mises en avant pour la Lorraine et l’Alsace.
Dans toute l’Europe, M. de Bismark n’a pu trouver une adhésion. Le Times lui-même dit, dans un des derniers numéros que nous avons pu recevoir à Paris :
« .... Nous demandons à l’Allemagne de se désister de ses prétentions sur l’Alsace et la Lorraine, parce que nous ne croyons pas que l’annexion de ces provinces puisse assurer la réalisation de ses vœux. En dépit des assertions de la Gazette officielle, il est avoué par tous les Allemands qui se font les avocats de l’annexion, que les populations de l’Alsace sont françaises jusqu’au fanatisme; elles en donnent des preuves d’une irrécusable évidence dans la guerre actuelle. L annexion de cette province léguerait à l’Alle
magne de grandes difficultés et à la France le sentiment aigu de ses malheurs. »
La question romaine est définitivement réglée. Cet événement, qui dans tout autre moment au
rait soulevé des tempêtes, s’est accompli presque sans coup férir. Le pape est à Rome et semble assez disposé à y rester. Les Italiens ont, paraît-il, l’intention de lui abandonner une partie de la ville, où il continuera à résider,, entouré de sa cour et des cardinaux. Le pouvoir temporel a donc seul disparu, mais sans secousse, sansviolence, et,
malgré ses protestations, le successeur de saint Pierre ne quittera pas la Ville éternelle.
Aug. Marc.
PROCLAMATION DE M. GAMBETTA
Nous croyons devoir reproduire le texte de la proclamation de M. Gambetta adressée aux populations des départements.
Cette proclamation présente, de la façon la plus nette et la plus exacte, le tableau de Paris pendant les vingt jours qui viennent de s’écouler, ainsi que le détail des travaux de défense exécutés dans Paris depuis le 4 septembre.
Aucun appel n’est mieux fait, à notre avis, pour communiquer aux départements le désir de se joindre à ceux qui se sont levés au premier appel de la patrie en danger; on peut désormais, sans paraître céder ti op facilement à de séduisantes illusions, compter que la province saura faire son devoir avec autant de vaillance et de dévouement que la capitale.
Tours, 9 octobre, 9 h. du soir. RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
« Citoyens des départements,
« Par ordre du gouvernement de la République, j’ai quitté Paris pour venir vous apporter,
avec les espérances dn peuple renfermé dans ses murs, les instructions et les ordres de ceux qui ont accepté la mission de délivrer la France de l’étranger.
« Paris, depuis vingt jours étroitement investi, a donné au monde un spectacle unique : le spectacle de plus de 2 millions d’hommes, qui, ou
bliant leurs préférences, leurs dissidences antérieures pour se serrer autour du drapeau de la République, ont déjà déjoué les calculs de l’en
vahisseur, qui comptait sur la discorde civile pour lui ouvrir les portes de la capitale.
« La révolution avait trouvé Paris sans canons et sans armes; à l’heure qu’il est, on a armé 400.000 hommes de garde nationale, appelé
100.000 mobiles, groupé 60,000 hommes de troupes régulières. Les ateliers fondent des canons; les femmes fabriquent 1 million de cartouches par jour; la garde nationale est pourvue de deux mi
trailleuses par bataillon; on lui fait des canons de campagne pour qu’elle puisse opérer bientôt des sorties contre les assiégeants.
« Les forts, occupés par la marine, ressemblent à autant de vaisseaux de haut bord immobiles,
garnis d’une artillerie merveilleuse et servie par les premiers pointeurs du monde; jusqu’à pré
puissant à établir le moindre ouvrage; l’enceinte elle-même, qui n’avait que 500 canons le 4 sep
tembre, en compte aujourd’hui 3,800. A la même date, il y avait 30 coups de canon à tirer par pièce, aujourd’hui il y en a 400, et l’on continue à fondre des projectiles avec une fureur qui tient du vertige. Tout le monde a sa place marquée dans la cite et sa place de combat.
« L’enceinte est perpétuellement couverte par la garde nationale, qui de l’aube à la nuit se livre à tous les exercices de la guerre avec l’application
du patriotisme. On sent tous les jours grandir la solidité et l’expérience de ces soldats improvisés.
Derrière cette enceinte ainsi gardée s’élève une troisième enceinte construite sous la direction du comité des barricades. Derrière ces pavés savain
ment disposés, l’enfant de Paris a retrouvé pour la défense des institutions républicaines, le génie du combat dos rues.
a Toutes ces choses, partout ailleurs impossibles, se sont exécutées au milieu du calme, de l’ordre, et grâce au concours enthousiaste qui a été donné aux hommes qui représentent la République.
« Ce n’est point une illusion, ce n’est pas non plus une vaine formule ; Paris est inexpugnable;
il ne peut plus être pris ni surpris. Restaient aux Prussiens deux autres moyens d’entrer dans la capitale : la sédition et la faim. La sédition! elle ne viendra pas, car les suspects et les complices
du gouvernement déchu ou bien ils ont fui ou bien ils se cachent. Quant aux serviteurs de la République, les ardents comme les tièdes trouvent dans le gouvernement de l’Hôtel-de- Ville d’incor
ruptibles otages de la cause républicaine et de l’honneur national.
« La famine ! prêt aux dernières privations, le peuple de Paris se rationne volontairement tous les jours, et il a devant lui, grâce aux accumula
tions de vivres, de quoi défier l’ennemi pendant de longs mois encore. Il supportera avec une
mâle constance la gêne et la disette, pour donner le temps à ses frères des départements d’accourir et de le ravitailler.
« Telle est, sans déguisement ni détours, la situation de la France.
« Citoyens des départements, cette situationnous impose de grands devoirs. Le premier de tous, c’est de ne vous laisser divertir par aucune préoc
cupation qui ne soit pas la guerre, le combat à outrance. Le second, c’est, jusqu’à la paix, d’ac
cepter fraternellement le commandement du pou
voir républicain sorti de la nécessité et du droit.
Ce pouvoir, d’ailleurs, ne saurait sans déchoir s’exercer au profit d’aucune ambition. Il n’a qu’une passion et qu’un titre : Arracher la France à l’abîme où la monarchie l’a plongée.
« Cela fait, la République sera fondée et à l’abri des conspirateurs et des réactionnaires.
« Donc, toutes autres aflaires cessantes, j’ai mandat, sans tenir compte ni des difficultés ni des résistances, de remédier, avec le concours de toutes les libres énergies, aux vices de notre situa
tion, et, quoique le temps manque, de suppléer, à force d’activité, à l’insuffisance des délais. Les hommes ne manquent point. Ce qui a fait défaut
jusqu’ici, c’est la résolution, la décision et la suite dans l’exécution des projets.
« Ce qui a fait défaut, après la honteuse capitulation de Sedan, ce sont les armes. Tous nos approvisionnements de cette nature avaient été di
rigés sur Sedan, Metz, Strasbourg, et l’on dirait que, par une dernière et criminelle combinaison,
l’auteur de tous nos désastres a voulu, en tombant, nous enlever tous les moyens de réparer nos rui
nes. Maintenant, grâce à l’intervention d’hommes spéciaux, des marchés ont été conclus, qui ont
pour but et pour effet d’accaparer tous les fusils disponibles sur les marchés du globe. La difficulté était grande de se procurer la réalisation de ces marchés : elle est aujourd’hui surmontée.
« Quant à l’équipement et l’habillement, on va multiplier les ateliers et requérir les matières pre
mières, si besoin est. Ni les bras, ni le zèle des travailleurs ne manquent. L’argent ne manque pas non plus. Il faut enfin mettre en œuvre toutes nos ressources, qui sont immenses, secouer la tor
peur de nos campagnes, réagir contre de foiles paniques, multiplier la guerre de partisans, et, à un ennemi si fécond en embûches et en surprises,
opposer des pièges, harceler ses flancs, surprendre ses derrières et enfin inaugurer la guerre nationale.
« La République fait appel au concours de tous; son gouvernement se fera un devoir d’utiliser tous les courages, d’employer toutes les capacités; c’est sa tradition.
« A elle d’armer les jeunes chefs; nous le ferons. Le ciel lui-même cessera d’être clément pour nos adversaires. Les pluies d’automne viendront, et retenus, contenus par la capitale, les Prus
siens, si éloignés de chez eux, inquiétés, troublés, pourchassés par nos populations réveillées, seront décimés pièce à pièce par nos armes, par la faim, par la nature.
« Non, il n’est pas possible que le génie de la France se soit voilé pour touj ours, que la grande nation se laisse prendre sa place dans le monde civilisé par une invasion de 500,000 hommes !
« Levons-nous donc en masse et mourons plutôt que de subir la mort du démembrement !
« A travers tous nos désastres et sous les coups de la mauvaise fortune, il nous reste encore : le sentiment de l’unité française, l’indivisibilité de la République.
« Paris cerné affirme plus glorieusement encore son immortelle devise, qui dictera aussi celle de toute la France :
« VIVE LA NATION ! VIVE LA RÉPUBLIQUE UNE ET INDI
VISIBLE !
« Le membre du Gouvernement de la défense nationale, ministre de l intérieur,
« L. Gambetta. » Tours, 9 octobre 1870.
ACTES DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE
GARDE NATIONALE.
Mobilisation d’une partie de la garde nationale de Paris. — Le recrutement des compagnies se fera par voie d’inscription sur une liste ouverte dans chaque arrondissement. La compagnie de volon
taires comprendra autant que possible 150 hommes par bataillon, mais l’obligation de fournir ce contingent ne sera imposée à aucun d’eux.
Si la liste des inscriptions volontaires dépasse le chiffre de 150, les appelés seront pris de préfé
rence parmi les hommes âgés de moins de trentecinq ans, célibataires, d’une constitution vigou
reuse, ayant porté les armes ou ayant acquis la pratique des exercices militaires. Le conseil de famille de chaque bataillon sera cha rgé de faire ces désignations. Quatre compagnies, réunies et groupées sous le commandement d’un chef de bataillon, formeront les bataillons de marche, ex
clusivement placés sous les ordres des généraux commandant les divisions actives de l’armée. Iis seront toujours àladisposiiion deFautoiité militaire.
Les officiers, les cadres des sous-officiers et les
Mais, d’un autre côté, l’Autriche s’est montrée si peu soucieuse de son propre intérêt, si indiffé
rente à l’égard de notre situation, que nous ne devons compter sur aucun appui de la part de la politique autrichienne. M. Thiers, qui était le 11 octobre à Vienne, et qui devait quelques jours
après partir pour Florence, est appelé à faire le tour de l’Europe sans trouver pour la France le moindre subside. Ne comptons que sur nousmêmes, c’est le dernier mot de notre politique extérieure.
Au sujet du programme exposé par M. de Bismark dans l’entrevue de Ferrières, il paraît, bien que nous n’ayons sur ce point aucun document officiel, que les prétentions de la Prusse ne seraient plus aussi tenaces à l’égard des exigences mises en avant pour la Lorraine et l’Alsace.
Dans toute l’Europe, M. de Bismark n’a pu trouver une adhésion. Le Times lui-même dit, dans un des derniers numéros que nous avons pu recevoir à Paris :
« .... Nous demandons à l’Allemagne de se désister de ses prétentions sur l’Alsace et la Lorraine, parce que nous ne croyons pas que l’annexion de ces provinces puisse assurer la réalisation de ses vœux. En dépit des assertions de la Gazette officielle, il est avoué par tous les Allemands qui se font les avocats de l’annexion, que les populations de l’Alsace sont françaises jusqu’au fanatisme; elles en donnent des preuves d’une irrécusable évidence dans la guerre actuelle. L annexion de cette province léguerait à l’Alle
magne de grandes difficultés et à la France le sentiment aigu de ses malheurs. »
La question romaine est définitivement réglée. Cet événement, qui dans tout autre moment au
rait soulevé des tempêtes, s’est accompli presque sans coup férir. Le pape est à Rome et semble assez disposé à y rester. Les Italiens ont, paraît-il, l’intention de lui abandonner une partie de la ville, où il continuera à résider,, entouré de sa cour et des cardinaux. Le pouvoir temporel a donc seul disparu, mais sans secousse, sansviolence, et,
malgré ses protestations, le successeur de saint Pierre ne quittera pas la Ville éternelle.
Aug. Marc.
PROCLAMATION DE M. GAMBETTA
Nous croyons devoir reproduire le texte de la proclamation de M. Gambetta adressée aux populations des départements.
Cette proclamation présente, de la façon la plus nette et la plus exacte, le tableau de Paris pendant les vingt jours qui viennent de s’écouler, ainsi que le détail des travaux de défense exécutés dans Paris depuis le 4 septembre.
Aucun appel n’est mieux fait, à notre avis, pour communiquer aux départements le désir de se joindre à ceux qui se sont levés au premier appel de la patrie en danger; on peut désormais, sans paraître céder ti op facilement à de séduisantes illusions, compter que la province saura faire son devoir avec autant de vaillance et de dévouement que la capitale.
Tours, 9 octobre, 9 h. du soir. RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ.
« Citoyens des départements,
« Par ordre du gouvernement de la République, j’ai quitté Paris pour venir vous apporter,
avec les espérances dn peuple renfermé dans ses murs, les instructions et les ordres de ceux qui ont accepté la mission de délivrer la France de l’étranger.
« Paris, depuis vingt jours étroitement investi, a donné au monde un spectacle unique : le spectacle de plus de 2 millions d’hommes, qui, ou
bliant leurs préférences, leurs dissidences antérieures pour se serrer autour du drapeau de la République, ont déjà déjoué les calculs de l’en
vahisseur, qui comptait sur la discorde civile pour lui ouvrir les portes de la capitale.
« La révolution avait trouvé Paris sans canons et sans armes; à l’heure qu’il est, on a armé 400.000 hommes de garde nationale, appelé
100.000 mobiles, groupé 60,000 hommes de troupes régulières. Les ateliers fondent des canons; les femmes fabriquent 1 million de cartouches par jour; la garde nationale est pourvue de deux mi
trailleuses par bataillon; on lui fait des canons de campagne pour qu’elle puisse opérer bientôt des sorties contre les assiégeants.
« Les forts, occupés par la marine, ressemblent à autant de vaisseaux de haut bord immobiles,
garnis d’une artillerie merveilleuse et servie par les premiers pointeurs du monde; jusqu’à pré
sent, sous le feu de ces forts, l’ennemi a été im
puissant à établir le moindre ouvrage; l’enceinte elle-même, qui n’avait que 500 canons le 4 sep
tembre, en compte aujourd’hui 3,800. A la même date, il y avait 30 coups de canon à tirer par pièce, aujourd’hui il y en a 400, et l’on continue à fondre des projectiles avec une fureur qui tient du vertige. Tout le monde a sa place marquée dans la cite et sa place de combat.
« L’enceinte est perpétuellement couverte par la garde nationale, qui de l’aube à la nuit se livre à tous les exercices de la guerre avec l’application
du patriotisme. On sent tous les jours grandir la solidité et l’expérience de ces soldats improvisés.
Derrière cette enceinte ainsi gardée s’élève une troisième enceinte construite sous la direction du comité des barricades. Derrière ces pavés savain
ment disposés, l’enfant de Paris a retrouvé pour la défense des institutions républicaines, le génie du combat dos rues.
a Toutes ces choses, partout ailleurs impossibles, se sont exécutées au milieu du calme, de l’ordre, et grâce au concours enthousiaste qui a été donné aux hommes qui représentent la République.
« Ce n’est point une illusion, ce n’est pas non plus une vaine formule ; Paris est inexpugnable;
il ne peut plus être pris ni surpris. Restaient aux Prussiens deux autres moyens d’entrer dans la capitale : la sédition et la faim. La sédition! elle ne viendra pas, car les suspects et les complices
du gouvernement déchu ou bien ils ont fui ou bien ils se cachent. Quant aux serviteurs de la République, les ardents comme les tièdes trouvent dans le gouvernement de l’Hôtel-de- Ville d’incor
ruptibles otages de la cause républicaine et de l’honneur national.
« La famine ! prêt aux dernières privations, le peuple de Paris se rationne volontairement tous les jours, et il a devant lui, grâce aux accumula
tions de vivres, de quoi défier l’ennemi pendant de longs mois encore. Il supportera avec une
mâle constance la gêne et la disette, pour donner le temps à ses frères des départements d’accourir et de le ravitailler.
« Telle est, sans déguisement ni détours, la situation de la France.
« Citoyens des départements, cette situationnous impose de grands devoirs. Le premier de tous, c’est de ne vous laisser divertir par aucune préoc
cupation qui ne soit pas la guerre, le combat à outrance. Le second, c’est, jusqu’à la paix, d’ac
cepter fraternellement le commandement du pou
voir républicain sorti de la nécessité et du droit.
Ce pouvoir, d’ailleurs, ne saurait sans déchoir s’exercer au profit d’aucune ambition. Il n’a qu’une passion et qu’un titre : Arracher la France à l’abîme où la monarchie l’a plongée.
« Cela fait, la République sera fondée et à l’abri des conspirateurs et des réactionnaires.
« Donc, toutes autres aflaires cessantes, j’ai mandat, sans tenir compte ni des difficultés ni des résistances, de remédier, avec le concours de toutes les libres énergies, aux vices de notre situa
tion, et, quoique le temps manque, de suppléer, à force d’activité, à l’insuffisance des délais. Les hommes ne manquent point. Ce qui a fait défaut
jusqu’ici, c’est la résolution, la décision et la suite dans l’exécution des projets.
« Ce qui a fait défaut, après la honteuse capitulation de Sedan, ce sont les armes. Tous nos approvisionnements de cette nature avaient été di
rigés sur Sedan, Metz, Strasbourg, et l’on dirait que, par une dernière et criminelle combinaison,
l’auteur de tous nos désastres a voulu, en tombant, nous enlever tous les moyens de réparer nos rui
nes. Maintenant, grâce à l’intervention d’hommes spéciaux, des marchés ont été conclus, qui ont
pour but et pour effet d’accaparer tous les fusils disponibles sur les marchés du globe. La difficulté était grande de se procurer la réalisation de ces marchés : elle est aujourd’hui surmontée.
« Quant à l’équipement et l’habillement, on va multiplier les ateliers et requérir les matières pre
mières, si besoin est. Ni les bras, ni le zèle des travailleurs ne manquent. L’argent ne manque pas non plus. Il faut enfin mettre en œuvre toutes nos ressources, qui sont immenses, secouer la tor
peur de nos campagnes, réagir contre de foiles paniques, multiplier la guerre de partisans, et, à un ennemi si fécond en embûches et en surprises,
opposer des pièges, harceler ses flancs, surprendre ses derrières et enfin inaugurer la guerre nationale.
« La République fait appel au concours de tous; son gouvernement se fera un devoir d’utiliser tous les courages, d’employer toutes les capacités; c’est sa tradition.
« A elle d’armer les jeunes chefs; nous le ferons. Le ciel lui-même cessera d’être clément pour nos adversaires. Les pluies d’automne viendront, et retenus, contenus par la capitale, les Prus
siens, si éloignés de chez eux, inquiétés, troublés, pourchassés par nos populations réveillées, seront décimés pièce à pièce par nos armes, par la faim, par la nature.
« Non, il n’est pas possible que le génie de la France se soit voilé pour touj ours, que la grande nation se laisse prendre sa place dans le monde civilisé par une invasion de 500,000 hommes !
« Levons-nous donc en masse et mourons plutôt que de subir la mort du démembrement !
« A travers tous nos désastres et sous les coups de la mauvaise fortune, il nous reste encore : le sentiment de l’unité française, l’indivisibilité de la République.
« Paris cerné affirme plus glorieusement encore son immortelle devise, qui dictera aussi celle de toute la France :
« VIVE LA NATION ! VIVE LA RÉPUBLIQUE UNE ET INDI
VISIBLE !
« Le membre du Gouvernement de la défense nationale, ministre de l intérieur,
« L. Gambetta. » Tours, 9 octobre 1870.
ACTES DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE
GARDE NATIONALE.
Mobilisation d’une partie de la garde nationale de Paris. — Le recrutement des compagnies se fera par voie d’inscription sur une liste ouverte dans chaque arrondissement. La compagnie de volon
taires comprendra autant que possible 150 hommes par bataillon, mais l’obligation de fournir ce contingent ne sera imposée à aucun d’eux.
Si la liste des inscriptions volontaires dépasse le chiffre de 150, les appelés seront pris de préfé
rence parmi les hommes âgés de moins de trentecinq ans, célibataires, d’une constitution vigou
reuse, ayant porté les armes ou ayant acquis la pratique des exercices militaires. Le conseil de famille de chaque bataillon sera cha rgé de faire ces désignations. Quatre compagnies, réunies et groupées sous le commandement d’un chef de bataillon, formeront les bataillons de marche, ex
clusivement placés sous les ordres des généraux commandant les divisions actives de l’armée. Iis seront toujours àladisposiiion deFautoiité militaire.
Les officiers, les cadres des sous-officiers et les