bore vers quatre heures sur le faîte du monu-- meut. Des bataillons nouveaux., dont l’attitude parait assez indécise, ne cessent pas de déboucher sur Ja place.
Tout à coup, M. Flourens arrive à cheval, à la tète d’un des bataillons de Bellesdlle. Il est cha
leureusement acclamé, et il parvient, non sans peine, à pénétrer dans l Hôtel-de-Ville.
A la suite de M. Flourens, un nouveau flot d’hommes réussit à envahir les vestibules et les escaliers, où l’on étouffe depuis une heure.
Environ une heure après son arrivée, M. Flourens. sortant de la salle des tableaux, se montre sur la plate-forme du grand escalier. Il annonce que l’élection de la Commune aura lieu dans les quarante-huit heures. En attendant, il propose une liste de gouvernement provisoire. M. Lefrançais,
qui prend la parole après lui, en propose une autre, A ce moment les noms qui sont prononcés le plus souvent sont ceux de Blanqui, Louis Blanc, Ledru Boliin, Delescluze, Félix Pyat, Motfcu, Flourens et Schœlcher.
Dans la salle des séances, les quelques membres du gouvernement qui sont restés et qui refusent énergiquement de donner leur démission, sont littéralement bloqués par la foule, qui réclame à grands cris leur arrestation. Ce sont : MM. Troclvu, Jules Favre, Jules Simon et Magnin, auprès desquels se tient M. Tamisier.
M. Flourens insiste à plusieurs reprises auprès d eux pour leur faire donner leur démission.
Enfin, après une très-longue lutte, il déclare que par mesure de salut public ils seront gardés à vue. Puis il invite la foule à évacuer la salle, où il retient les prisonniers. La foule obéit à cette in
vitation, Le général ïrochu, aidé de quelques citoyens, parvient à s’échapper.
A neuf heures et demie, l’Hôtel-de-Ville est entièrement, au pouvoir des envahisseurs. M. Blan
qui paraît être de fait le président du nouveau gouvernement. C’est lui qui signe tous les permis de circulation.
Deux bataillons de Belleville occupent les abords de la mairie. D autres bataillons, également favo
rables à la Commune révolutionnaire, croyant au succès définitif de leur cause, regagnent tranquillement les faubourgs.
Des commissaires, porteurs d’ordres signés de M. Blanqui, partent dans toutes les directions pour s’emparer des ministères et des postes les plus importants. Ils se font accompagner chacun par un détachement armé. Partout ils se heurtent à la résistance la plus énergique, notamment à la préfecture de police et dans les bureaux du Jour
nal officiel. Bien qu’ils soient, en force, les commissaires du nouveau gouvernement n’insistent pas.
Un de ces délégués se présente au parc d’artillerie de la garde nationale, sur le square Notre- Dame, où le personnel de plusieurs batteries a été réuni par le colonel Schœlcher. Il somme les artilleurs de se mettre avec leurs canons à la disposition dn nouveau gouvernement. Mais les artilleurs refusent énergiquement d’obéir à cette injonction.
Sur ces entrefaites, M. Ernest Picard, qui était rentré au ministère des finances, après avoir prévenu l’état-major de la place Vendôme, avait en
voyé une estafette au général Ducrot et fait battre le rappel dans plusieurs quartiers. Quelques ba
taillons de la garde mobile et de la garde nationale s’étalent réunis sur Ja place Vendôme, d’où deux fortes colonnes, dirigées par MM. Jules Ferry et Edmond Adam, partent vers dix heures par la rue de Rivoli.
L’une de ces colonnes pénètre dans l intérieur de ce monument par le souterrain qui communi
que avec la caserne. L’au trC réussit à forcer l’une des grandes portes. En quelques minutes elles s’emparent de lTIôtel-de-Ville tout entier, à l’ex
ception de la salle où se trouvent les membres du nouveau gouvernement avec leurs prisonniers.
Plus de 150 personnes arrêtées par ces nouveaux envahisseurs ont été enfermées dans les caves.
Cependant les assiégés font savoir aux assiégeants qu’ils considèrent leurs prisonniers comme des otages. MM. Flourens et Minière se présentent à
la porte de la salle et pailementent avec MM. Jules Ferry et Edmond Adam.
Ils-déclarent qu’ils veulent à tout prix éviter une lutte fratricide. Mais ils n’obtiennent que très
difficilement de leurs partisans l’évacuation de la salle.
Pendant que ces pourparlers ont lieu, des forces considérables de gardes mobiles et de gardes nationaux, qui ont défilé devant la résidence du gou
verneur de Paris aux cris répétés de : Vive Trochul occupent les abords de l Hôtel-de-Ville. Des réser
ves s’établissent sur les quais de la rive gauche, entre l’Hôtel-Dieu et le boulevard Saint-Michel.
Des citoyens apportent la nouvelle que le général Ducrot arrive par les Champs-Elysées avec 10,000 hommes et deux batteries.
Plus de vingt mille hommes de la garde nationale sont sous les armes. Les assiégés comprennent que toute résistance est inutile, et se rendent.
A deux heures dix minutes, le général Trochu monte à cheval et passe en revue les gardes mo
biles et la garde nationale, qui l’acclament chaleureusement. A deux heures et demie, il rentre au Louvre et les bataillons reprennent en paix le chemin de leurs quartiers.
Tels sont, en résumé, les principaux incidents de l’après-midi et dé la nuit. Ils sont de nature à démontrer une fois de plus que le parti des irréconciliables ne représente, en réalité, qu’une minorité remuante de la capitale.
René du Merzer.
LES DÉPARTEMENTS
L’arrivée de M. Thiers à Paris et la.publication faite par le Journal des Débats du contenu de plu
sieurs journaux des départements, nous ont fait connaître une longue série de faits intéressants que nous ignorions encore. Nous résumons ici l’ensemble de cés informations réellement importantes.
M. de Chaudordy, ministre plénipotentiaire et directeur délégué des affaires étrangères à Tours,
vient d’adresser aux représentants de la France à l’extérieur une circulaire ayant pour objet de ré
futer certains arguments allégués par le gouvernement prussien pour justifier sa politique.
Ce document établit, histoire en main, que la France libérale n’a jamais songé à combattre l’unité nationale ni la liberté politique de l’Alle
magne, auxquelles [elle ne saurait s’opposer sans renier les traditions de son passé.
La ville d’Orléans est occupée, depuis le 12 octobre, par une armée de 50,000 hommes, commandée par le général de Thann.
Saint-Quentin a été occupé, le 25 octobre, par environ 4,000 Prussiens, et soumis à une réquisition de deux millions en espèces.
La ville de Soissons a capitulé, et, à cinq lieues de la ville, au milieu d’un bois, les 4,000 prisonniers de la garnison ont été presque tous massa
crés, le 16 octobre, par les hordes sauvages qui les emmenaient.
Au lieu de se diriger sur Bourges, comme ils l’avaient d’abord annoncé, les Prussiens se se-, raient, au contraire, tournés vers la ville de Chartres, qui serait investie par 20,000 Prussiens, qui paraissent se diriger par Dreux sur Mantes.
Enfin, la pointe dé l’armée ennemie du côté de Tours a, plus d’une fois, fait discuter la question du transfert de la délégation gouvernementale à Bordeaux. Toutefois, aucune décision n’a encore été prise à cet égard.
Tel est le bilan des nouvelles défavorables. Nous devons le compléter par cette appréciation assez sévère que M. Thiers aurait portée sur la si


tuation des départements. Le bon vouloir ne man


que pas; mais l’organisation, l’ensemble et l’élan > laissent encore à désirer, et nos différentes régions gouvernementales ont une tendance à localiser leur résistance. Espérons pourtant que les déprédations exercées par l’ennemi stimuleront le patriotisme plutôt défensif qu’offensif de nos popu
lations, et qu’elles comprendront que la France ne peut être délivrée de l invasion que par une attaque résolue des corps prussiens.
Strasbourg, Phalsbourg, Metz, Bitclie, Toul, Verdun, Mézières. Châteaudun, Orléans ont mon
tré l’exemple à suivre, et l’organisation de nos armées est de nature à nous donner sur ce point de sérieuses espérances.
Les six armées des départements vont sans doute nous envoyer des bulletins qui nous consoleront du passé. Voici les dernières informations que nous pouvons enregistrer.
Les journaux d’Amiens annonçaient, à la date du 25 octobre, que le général Bourbaki, qui a été nommé, sur sa demande, général en chef de l’ar
mée du nord, venait de quitter Lille à la tète d’une armée de 30,000 hommes et qu’il avait trouvé dans les places du Nord beaucoup de ca11G1? 3.
Une lettre de Verdun du 17 octobre annonce que cette ville, que deux batteries prussiennes bombardaient avec 12,000 assiégeants, vient de se délivrer de la manière la plus glorieuse.
C’est à peine si trente hommes, débris de ces douze mille, ont pu regagner Sedan ; les autres sont ou tués ou blessés, ou dispersés.
Garibaldi a rejoint dans les Vosges le général Gamhriels, et il a pris le commandement des corps francs de cette armée.
Enfin le tribunal de Laon vient, comme celui de Nancy, de refuser de rendre la justice sous la pression d’une armée éti angère.
Tous ces faits témoignent sans aucun doute d’une volonté opiniâtre de se soustraire à l’oppression prussienne. Mais tous ces efforts double
raient en force, en s’unissant et en prenant sérieusement l’offensive. P. P.
ACTES DU GOUVERNEMENT
LA GARDE NATIONALE.
Le Gouvernement de la défense nationale, fermement résolu à supprimer tout désordre dans la rue pendant la durée du siège, et à ne pas per
mettre que le Gouvernement et la garde nationale soient détournés, ne fût-ce qu’un instant, de la lutte de rennemi,
Décrète :
Art. 1er. Tout bataillon de la garde nationale qui sortira en armes, en dehors des exercices ordinaires et sans convocation régulière, sera immédiatement dissous et désarmé.
Art. 2. Tout chef de bataillon qui aura convoqué son bataillon en dehors des exercices ordi
naires, ou sans ordre régulier, pourra être traduit devant un conseil de guerre.


OCTROI.


Par un arrêté en date du 17 octobre, le maire de Paris a donné des ordres pour que le recou
vrement des droits d’octroi s’opérât à l’avenir aux entrées de Paris, conformément aux lois et règle
ments applicables à ce service, y compris naturel
lement le maintien de la suspension décrétée le .9 septembre dernier, en faveur des introductions par suite de déménagements de force majeure.
LA VILLE DE CHATEAUDUN.
Pour consacrer, par une inscription commémorative, le souvenir de l’héroïque défense de la ville de Châteaudun, le maire de Paris a décidé que -,
La rue dite rue du Cardinal-Fesch (9e arrondissement) portera désormais la dénomination de me de Châteaudun.
Un crédit de 100,000 fr. est ouvert au ministre de l’intérieur pour aider la population de Châ
teaudun à réparer les pertes qu’elles a subies à la suite de la belle résistance de la ville aux Prussiens dans la journée du 18 octobre 1870.
caisse d’épargne.
Les déposants qui, en vertu du décret du 1?