Art. 2. Un crédit spécial sera ultérieurement ouvert, pour les dépenses afférentes à la Ville des deux écoles normales primaires, la création de nouvelles écoles sur le plan de l’école Turgot et la fondation de .bibliothèques communales dans chacun des vingt arrondissements de Paris.
La Toussaint !... Le jour des morts!... Sombres journées; et l’invasion vient encore marquer d’un deuil de plus cette grande solennité funèbre. Metz s’est rendue!... Encore une station sanglante sur notre chemin de croix !
Notre Odyssée, depuis trois mois, ressemble à la course lugubre do Dante dans les enfers. D’un cercle douloureux, nous passons à un cercle plus douloureux encore. Wissembourg, Reichshoffen, Sedan, Strasbourg, Toul, Châteaudun, Orléans,
Metz !.... France, pauvre France ! ne serais-tu plus que la Niobé des nations ?
Le cœur se serre à tous ces sanglants souvenirs. Que de misères ! que de ruines ! que de deuils !
Soldats qui rêviez Iéna, patriotes qui chantiez la France, où êtes-vous?
Et les voilà mêlés à tant d’autres poussières
Sans qu ils aient désormais plus de gesie. et de voix, Que ces têtes de mort qui, dans les cimetières.
Sa regardent du haut des croix!
Espérons que nous n’aurons traversé ce Calvaire ([lie pour arriver à la résurrection. Le champ des morts où nous allons chercher le souvenir de ceux qui nous sont chers, nous montre, rayonnante sur chaque, tombe, cette grande pensée de la résur
rection. Sur son portail immense, le Pere-Lacliaise nous dit que l’espérance de ceux qui sont là est pleine d’immortalité. Gardons aussi pour la patrie cette pensée réconfortante et disons sur cette grande hécatombe qui va de Metz à Forbach et Wissembourg : Spes ülorum immorialitate plena est !
La nuit du 31 octobre.
Quelle nuit, bon Dieu ! quelle nuit ! En voici l’aspect, de dix heures du soir à quatre heures du matin, aux environs de l’Hôtel-de-Ville.
Tambours battant sans interruption, ici le rappel, là la générale.
Clairons sonnant la marche.
Défilé de gardes nationaux, défilé de bataillons de gardes mobiles, avec le piétinement cadencé des soldats en marche.
Un va-et-vient interminable et sans cesse grossissant.
Pluie intermittente.
La-bas, dans le lointain, quelques coups décalions du fort de Montrouge.
Des cris, des chants, des discours faisant à quelque distance l effet des clapotements d’une mer en furie.
. Et quant à la besogne qui se faisait à l’intérieur, puisque tout le monde aujourd’hui aspire à tenir la queue de la poêle, je me permettrai de demander la parole pour un fait personnel.
On a bercé mon enfance d’une vieille histoire de républicain qui a son prix, et j’estime qu’on n’a­
vait pas tort de le proposer pour modèle. C’est un des pères glorieux de notre grande révolution. Lui aussi, il servait la république; lui aussi, il com
battait les Prussiens. Mais, chose étrange ! plus il montrait de vaillance, plus il remportait de vic
toires, et plus il résistait à tout avancement; en répondant que « le rang de grenadier lui sufiisait pour faire son devoir. »
Il arrive ainsi à cinquante ans, et à cet âge avancé la patrie réclame de nouveau le secours de son bras.


— Que demandez-vous? lui dit-on.


Et le premier grenadier de France répondit :
— Une paire de souliers, pour me mettre en route.
Je recommande ce souvenir de Latour-d’Au
vergne aux Spartiates qui ne voudraient servir la patrie qu’à la tête du gouvernement.
Le général Bourbaki.
Allez dans le premier régiment venu et parlez du général Bourbaki; tout soldat vous répon
dra-. En voilà un troubad ! Et vous entendrez chanter :


Ce chic exquis


Par les turcos acquis, Us le doivent à qui?
A Bourbaki,
Honneur à Bourbaki (bu).
Le général Bourbaki, ainsi que cette chanson l’atteste, a commencé sa carrière militaire sur la terre d’Afrique. Il organisâtes corps indigènes de spahis et de turcos, et ces fils du désert se prirent d’un immense enthousiasme pour cette bravoure brillante, irrésistible, fastueuse même en quelque sorte, qui était bien faite pour séduire les imaginations orientales. Volontiers ils eussent ressus
cité pour leur colonel le nom que les mamelucks avaient donné à Kléber, et ils eussent appelé Bourbaki le Sultan brave.
Général de brigade en Crimée, Bourbaki déploya là l’indomptable courage qui avait fanatisé les Arabes. A Inkermanii il s’aperçoit le premier que les Anglais, attaqués brusquement par les Russes, vont succomber ; il court, il s’élance, il rallie à la hâte quelques bataillons de chasseurs et de zouaves; il fait passer en une minuté chez ces vétérans des guerres d’Afrique l’âme de feu qui est en lui ; il est le soldat, le général en chef,
l’homme nécessaire à qui tout le monde obéit ; en quelques instants, les Russes sont culbutés, renversés, troublés, effares, perdus; ils se reforment en carré pour résister à cette charge d’in
fanterie, plus terrible que la fameuse charge des cuirassiers de Ney à Waterloo...
Bourbaki se précipite sur ce carré humain. Ou veut l’arrêter, mais il saisit une carabine et s’en sert comme d’une massue, et, les yeux pleins d’éclairs, flamboyant, irrésistible , superbe ;
« Place, s’écrie-t-il, il y a ici de la gloire pour tous ! »
La bataille d’Inkermann était gagnée, et Bourbaki, l’Africain, s’appelait désormais pour l’armée, qui donne les vrais titres de noblesse : Bourbaki d’Inkermann.
Espérons que le général Bourbaki, qui vient de prendre le commandement de l’armée du Nord, se montrera digne de sa bonne renommée.
Los enrôlements volontaires.
Soyons justes. Ce ne sont pas les dévouements qui manquent à la France. Demandez à la garde nationale, demandez aux mobiles, demandez aux volontaires de là garde nationale de Paris, et vous verrez que la patrie ne manque pas de bras. On peut dire de ce pays ce qu’on dit du billet de banque : les morceaux en sont bons.
Les enrôlements des volontaires viennent encore de le prouver. On avait dit que le chiffre de
mandé, — 40,000 hommes, — ne serait pas atteint,
et l’on nous affirme qu’il est déjà dépassé. On a vu des compagnies entières s’engager, et dans plus d’une maison s’est renouvelée cette scène que nous avons vu se reproduire bien souvent à propos des volontaires des départements.
Un fils s’engage, et naturellement le foyer se fait triste. Le père sort sans rien dire. Au bout d’une heure, il revient, et prenant la main de sa femme :
— Noire enfant, dit-il, aura près de lui un voisin, un ami.
— Dieu soit loué ! Et qui donc est celui-là?
— Moi, son père, Je viens de m’engager comme lui.
Deux observations pourtant ; l’une sur les conditions de l’enrôlement; l’autre, à propos de la pompe déployée dans cette circonstance.
Le gouvernement a imposé trop de conditions onéreuses aux enrôlements volontaires, et, règle générale, ce ne sont pas les quartiers les plus
LES PAPIERS DES TUILERIES


M. ROUHER A LA RECHERCHE D’UN MINISTRE DE


l’intérieur.
Corps législatif.
Prendre le nouveau ministre de l’intérieur clans le sein du Corps législatif serait donner une satisfaction véritable à ce pouvoir, à ia condition toutefois de s’adresser à un membre éprouvé de la majorité. La satisfaction serait d’ailleurs plutôt extérieure et politique qu’effective, car, dans ce foyer d’ambitions contradictoires et voilées, le choix de tel député ameuterait bien vite contre lui tous les ambitieux déçus dans leurs secrètes
espérances et qui formulent assez ordinairement ainsi leur programme : Moi, ou personne d’entre nous. »
J’ajoute que, sur ce terrain de contrôle réciproque, les nuances politiques prennent immédiate
ment de grosses proportions, et deviennent des causes de cohésh n et de désagrégation dans le sein de la majorité.
Ces observations faites, voici, par ordre alphabétique, la liste de tous ies noms qui, à un degré plus ou moins marqué, peuvent attirer l’attention de l’empereur :
riches qui en fournissent le plus. Pourquoi donc tant de difficultés? Vous dites à nos jeunes
patriotes de courir, et vous commencez par leur attacher aux jambes des houles de plomb !
En second lieu, pourquoi donc cet appareil théâtral pour stimuler le patriotisme de la jeu
nesse ? Nous savons qu’en 1793 les enrôlements volontaires se sont faits sur la place publique, au bruit du canon, au roulement des tambours, pen
dant que le drapeau noir flottait aux tours Notre- Dame. Mais l’histoire n’a-t-elle pas critiqué ce travers, qui mettait trop de pompe dans le discours
et qui habillait alors ia Révolution à la grecque et à la romaine. Soyons donc de notre temps, et faisons notre devoir simplement, grandement, sans viser à l’effet. En Amérique, les volontaires de la République du Nord n’ont pas eu besoin de coups de tam-tam pour aller mettre à la raison les esclavagistes de la République du Sud.
Henri Gozic.
UN ÉPISODE DU COMBAT DE LA MALMAISON
LE COMMANDANT JACQUOT.
Le général Ducrot a mis à l’ordre du jour, dans an rapport spécial, l’acte de dévouement que représente une de nos gravures. Voici le rapport du général commandant en chef des 13e et 14° corps :
24 octobre 1870, matin.
« Le général en chef s’empresse de faire connaître aux corps d’armée l’acte de dévouement accompli dans des circonstances qui font grand honneur au capitaine Ducos et au sergent-major Petit de Granville, du régiment de zouaves de marche. Le commandant Jacquot, en se portant intrépidement en avant à la tête de tirailleurs,
était tombé grièvement blessé; toute la ligne pliait accablée par des forces supérieures; dans ce péril imminent, le capitaine Ducos et le ser
gent-major de Granville se sont dévoués pour sauver leur chef et l’ont emporté dans leurs bras; mais bientôt le capitaine Ducos, blessé lui même de deux coups de feu, a dû se retirer. Le sergentmajor Petit de Granville, seul, sous une grêle de balles, a transporté sur ses épaules le comman
dant Jacquot, jusqu’au moment où il est tombé à son tour.
« Honorons tous son action, et tâchons d’imiter son exemple; n’hésitons pas à faire le sacrifice de notre vie pour accomplir notre devoir. »
H. V.