dans les combats livrés à Créteil, aux Hautes- Bruyères, à Chevilly et à Bagnoux, vous avez
prouvé à votre général en chef qu’il pouvait compter sur vous.
« Continuez à montrer la môme fermeté devant l’ennemi, la même patience dans le pénible ser
vice des avant-postes; restez fidèles à l’ordre et à la discipline qui distinguent les vrais soldats et sans lesquels il n’y a pas de succès.
« Le 13e corps a su conquérir jusqu’à ce jour une réputation sans tache; sachez la conserver sous les ordres de votre nouveau chef, déjà connu de vous tous et dont vous avez pu apprécier les hautes qualités.
« Quant à moi, qui ai partagé vos efforts, je vous suivrai avec intérêt dans les dangers qui vous attendent encore, et mon souvenir ne se séparera jamais de vous. # P. P.
Lundi soir, une proclamation de M. Jules Favre, que nous publions plus loin, annonçait, en termes émus, à Paris, notre première victoire. C’est notre première lueur de joie et d’espérance depuis plus de trois mois.
Le sol généreux de la France a gardé sa fécondité. De ce malheureux pays, abîmé de douleur et foulé par un million d’hommes, il sort une armée victorieuse.
Conservons dans ce retour de fortune le sangfroid qui nous a soutenus dans nos revers. Ne nous exagérons pas des succès qui peuvent encore être suivis de nouvelles épreuves. Mais persua
dons-nous bien que c’est par la constance que nous devons vaincre nos envahisseurs.
Le plébiscite de Paris, en éclairant la capitale sur sa situation, a été pour tous un véritable trait do lumière au milieu des ténèbres qui obscurcis
sent la situation générale du pays. Pourquoi ne pas recourir au suffrage universel pour la France, comme pour Paris? Tel a été le point d’interro
gation partout posé, et nous avons vu, depuis quinze jours, exposer, discuter tous les moyens propres à consulter la France sur la politique qu’elle entend suivre au milieu de l’effroyable crise qu’elle traverse.
Réunion des délégués des conseils généraux, assemblée constituante, assemblée nationale, plébiscite sur la paix et la guerre, par l’acceptation ou le rejet des conditions imposées par la Prusse, tout a été mis en question et sérieusement exa
miné, en vue de sortir du labyrinthe où s’égare la politique du pays.
L’idée-mère qui domine ces projets et ces discussions ne peut, à coup sûr, qu’être chaleureu
sement encouragée. Elle seule peut nous conduire à une solution qui établira entre Paris et les dé
partements l’unité de vues que commande la si
tuation, et communiquera à toutes les régions du pays l’impulsion patriotique et virile qui manque pour faire face à l’invasion.
Mais au milieu des résolutions diverses qui sont proposées, on nous permettra de faire ob
server que la solution exposée par nous, dans notre dernier numéro, a sur toutes les combinai
sons proposées des avantages manifestes. Le vote que nous recommandons aurait le double mérite do trancher les deux questions qui s’imposent in
volontairement à tous les esprits : la question gouvernementale et la question de paix ou de guerre.
Ce double vote, personne ne peut le méconnaître, est l’expression vraie des deux difficultés pendantes, et en insistant sur l’examen attentif de ce moyen de recourir au suffrage universel, nous ne forons ici que deux observations, au sujet; de Informe du pouvoir et de la paix et de la guerre.
Le gouvernement du 4 septembre peut se présenter hardiment devant le scrutin populaire. La majorité qu il a obtenue à Paris se retrouvera dans l’urne des départements, et les populations
se rattacheront au maintien de la République pour deux raisons capitales : d’abord parce que, suivant un mot bien connu, la République est le gouvernement qui nous divise le moins, ensuite parce qu’aprèsle naufrage de tant de monarchies, le pays reculera devant le péril d’inaugurer encore un pouvoir personnel.
Quant aux conditions imposées par la Prusse, l’attitude des différentes régions de la France nous prouve assez ce que nous devons en attendre. Ce n est pas la résistance, c’est l’organisation qui
fait défaut. Le pays a conscience de son unité, et l’assemblée qui se réunirait ne ferait pas moins que le dernier corps législatif de l’Empire, qui a voté à l’unanimité que l’Alsace et la Lorraine res
teraient françaises. Ce vote patriotique serait d’autant mieux assuré, qu’il aurait pour appui la nouvelle attitude des quatre grandes puissances. L’intégrité du territoire français est de tradition dans la politique russe, et nous rappelions dernièrement l’opposition que la Prusse a trouvée na
guère dans les conseils du gouvernement de Saint-Pétersbourg. En 1815, la Prusse voulait déjà démembrer la France : « Voici le traité, dit l’em
pereur Alexandre à M le duc de Richelieu, il n’y manque que ma signature; mais elle n’y sera jamais. »
Et en effet, malgré la déclaration réitérée du Gouvernement de la défense nationale, toutes les informations des journaux sont d’accord pour annoncer que les quatre puissances qui ont pro
posé l’armistice sont loin de renoncer à tout espoir de faire entendre raison à la Prusse. Les négociations continueraient donc entre le quartier général prussien et les ambassadeurs de LAngleterre, de l’Italie, de l’Autriche et de la Russie. De ces négociations à une intervention active et armée, il y a loin sans doute; mais enfin, ce réveil de la politique de l’équilibre européen est de na
ture à rappeler au roi Guillaume qu’il y a des limites à sa puissance. La France l’a éprouvé ellemême, au commencement du siècle; la Prusse en fera à son tour la triste expérience.
Quant au Gouvernement de la . défense nationale, il n’a participé en rien à la reprise de ces
négociations. Il ne songe qu’à défendre Paris, et les actes du Gouvernement prouvent qu’il est à la veille de prendre vigoureusement l’offensive.
Cette attitude énergique du Gouvernement s’est nettement accusée par la proclamation que le général Trochu, pour démentir les bruits do pacifi
cation répandus avec insistance dans le public,
vient d’adresser à l’armée et à la garde nationale de Paris. Comme dans sa lettre publiée à l’occa
sion de l’organisation des bataillons de volontaires de la garde nationale, le général s’applique à bien
faire comprendre les raisons qui nous ont fait garder la défensive. Nous n’étions pas prêts. Mais nous sommes à la veille de l’être, etle général nous montre commeperspectivela résis tanceà outrance, jusqu’au jour oii nous ne pourrons « ni souffrir,
ni combattre. » Le gouverneur de Paris dit avec raison qu’il ne serait pas digne de la France que la population et l’armée de Paris, après s’être énergiquement préparées à tous les sacrifices, ne sussent pas aller plus loin. C’est le patriotisme de Paris qui a relevé le drapeau de la France; c’est sa résistaneequi peut briser l’orgueil de la Prusse et rendre plus efficace l’intervention de l’Europe.
« J’ai voulu montrer, dit le général en terminant, que notre devoir était de regarder en face nos difficultés et nos périls, de les aborder sans trouble, de nous cramponner à toutes les formes do la résistance et de la lutte. Ainsi, serrons nos rangs autour de la République et élevons nos cœurs. Si nous triomphons, nous aurons bien mé
rité de la patrie en donnant un grand exemple.
Si nous succombons, nous aurons légué à la Prusse, qui aura remplacé le premier Empire dans les fastes sanglants de la conquête et de la violence, avec une œuvre impossible à réaliser, un héritage de malédictions et de haines sous lequel elle succombera àson tour. »
Le décret relatif à la formation des compagnies de guerre de la garde nationale était si rempli d’inégalités et de dispositions choquantes qu’on s’attendait à le voir, sinon annulé, du moins profondément modifié. Mais le Journal officiel a dé
claré que le décret serait exécuté « dans sa forme et teneur. »
Toutefois, a-t-il ajouté, une fois les contrôles établis, « le commandant supérieur avisera aux moyens d’atténuer, par des virements de personnel opérés de bataillon à bataillon, les inconvé
nients que pourrait présenter, dans certains cas, la stricte application de la loi. Depuis lors, le dé
cret qui appelle sous les drapeaux les hommes def 25 à 35 ans n’ayant pas encore servi, a répondu en partie aux objections soulevées par le décret du 9 novembre.
Mentionnons en terminant la démission que vient de donner M. Étienne Arago des fonctions qu’il remplissait,comme maire de Paris. M. Étienne
Arago est remplacé par M. Jules Ferry, qui est délégué par le Gouvernement de la défense natio
nale à l’administration du département de la Seine. M. Étienne. Arago est nommé commissaire général des monnaies. AUG. MARC.
LES DÉPARTEMENTS
Voici la dépêche réconfortante que le ministre de l’intérieur a fait afficher pour annoncer la reprise d’Orléans sur les Prussiens.
« Mes chers concitoyens,
« C’est avec une joie indicible que je porte à votre connaissance la bonne nouvelle que vous allez lire. Grâce à la valeur de nos soldats, la for
tune nous revient, — votre courage la fixera;
bientôt nous allons donner la main à nos frères des départements, et avec eux délivrer le sol de la patrie !


« Vive la République ! Vive la France t


GAMBETTA A TROCHU.
« L’armée de la Loire, sous les ordres du général d’Aurelles de Paladines, s’est emparée hier d’Orléans après une lutte de deux jours. Nos per
tes, tant en tués que blessés, n’atteignent pas 2,000 hommes ; celles de l’ennemi sont plus considéra
bles. Nous avons plus d’un millier de prisonniers, et le nombre augmente par la poursuite.
« Nous nous sommes emparés de deux canons, modèle prussien, de plus de vingt caissons de mu
nitions attelés, et d’une grande quantité de fourgons et voitures d’approvisionnements. La prin
cipale action s’est concentrée autour de Coulmiers, dans la journée du 9. L’élan des troupes a été remarquable, malgré le mauvais temps. »
Tours, le 11 novembre 1870.
Le Journal officiel du 17 novembre a publié l’ordre du jour suivant du général Bourbaki :
Quartier général do Lille, 29 octobre 1870.
Le général de division commandant supérieur de la région du Nord est heureux de donner aux troupes les nouvelles suivantes :
« Quelques francs-tireurs ont arrêté un train prussien sur la ligne ferrée de Mézières à Réthel. Get audacieux fait d’armes a coûté à l’ennemi 465 hommes.
« A Formeries, sur le chemin de fer d’Amiens à Rouen, les Prussiens ont été repoussés par les troupes de ligne et la mobile, soutenues par une section d’artillerie. L’ennemi a laissé sur le champ de bataille sept morts, dont un officier, et s’est retiré en grand désordre.
« Aussitôt que le général connaîtra les noms des bommes qui se sont distingués dans ces deux affaires, il s’empressera de les signaler à ses concitoyens. »
Voici maintenant le résumé que fait, sous toutes réserves, le Journal officiel des nouvelles de la guerre, d’après les journaux anglais :
« Sur mer, le Curieux, canonnière française de