gny, et parlementant avec des soldats et des combattants de la compagnie des. Amis de la France, qui les entourent et veulent les faire prisonniers,
Get épisode montre par un exemple le genre de combats que nous avons eus à soutenir. Dans chacune des localités enlevées à l’ennemi, il a
fallu emporter successivement les positions de l’a- vancée, les barricades des rues et chacune des maisons fortifiées du bourg.
L’attaque de la maison que nous reproduisons a commencé, comme toutes les autres, par une grêle de coups de fusil. Un sapeur a tué, à l’une des fenêtres, un Wurtembergeois qui a pu, avant de tomber, décharger son fusil et tuer, de son côté, le soldat qui lui a donné la mort. Deux soldats du génie ont déjà commencé à saper la mai
son, quand, sur un signal donné, les combattants se mettent à parlementer. Dans cette maison, les Wurtembergeois, cernés de tous côtés, ont fini par se rendre. Mais dans combien de bâtiments crénelés n’a-t-il pas fallu continuer la lutte jus
qu’au bout? Cette résistance opiniâtre explique les pertes énormes qu’ils ont essuyées dans ces deux journées.
AUTRE ÉPISODE.
Le lecteur ne songe, le plus souvent, qu aux survivants de la bataille. Mais une pieuse pensée nous commande d’accorder un souvenir à ceux qui tombent sous le feu de l’ennemi. Que de fois le modeste brancard qui sert à l’enlèvement des morts et des blessés a passé sous nos yeux !
Pourquoi ne le dirions-nous pas ? Nous avons rendu les derniers devoirs à cinq de ces glorieux
enfants de la mobile qui viennent d’écrire avec du sang leur nom dans notre histoire. Le curé de Saint-Maur, que nous avions vu, nous avait dit qu’il se tiendrait prêt pour enterrer dans le cimetière de sa commune les pauvres victimes qui auraient le malheur de succomber sur place.
Nous conduisions donc à leur dernière demeure, sur des brancards portés par des frères de la doctrine chrétienne, cinq malheureux mobiles tombés à Champigny. Nous allions traverser le pont de Joinville, quand arrive un des bataillons des troupes de renfort que le général Vinoy conduisait sur le champ de bataille.
Rencontre poignante! Les mobiles qui s’en allaient au feu avaient là sous leurs yeux ceux de leurs frères qui, le matin, portaient, comme eux,
le chassepot. La mort si près de la vie! L’émotion était douloureuse, et nous ne l’oublierons jamais.
Pour écarter cette cruelle image, nous avons prié le commandant qui marchait à la tête de ses soldats de vouloir bien nous accorder une halte de quelques minutes. Le commandant comprit, fit arrêter le bataillon, et nous pûmes continuer notre route, en dérobant notre convoi funèbre aux regards du bataillon.
Nous avons tenu à reproduire cette scène à la fois douloureuse et touchante, parce qu’elle fait bien sentir, par un fait saisissant, ce duel de la vie et de la mort qui se noue et se dénoue à chaque seconde dans la fournaise des combats!
LES BATEAUX-MOUCHES.
Nous avons imité les Américains, qui dans la
guerre de la sécession, transportaient leurs blessés sur de grands steamers convenablement aménagés pour ce service.
Les bateaux-mouches avaient reçu l’ordre de
suspendre leur service dès le lundi 29 novembre, et le lendemain mardi ils étaient à la disposition des directeurs de nos ambulances.
L’installation des blessés dans les cabines des bateaux ne présentait assurément aucun caractère particulier. Le va-et-vient des bateaux de Paris à la Marne ressemblait au service quotidien de ces utiles véhicules.
Mais le débarquement des blessés à Paris produisait une émotion des plus vives. On avait re
quis plusieurs escouades de mobiles logés à la caserne Napoléon et un certain nombre de gardes nationaux pour aider le personnel des Mouches, et le transport de chacun des blessés produisait dans l’énorme assistance une indicible éjnotiou,
LES AMBULANCES.
Arrivons au dernier chapitre de toute bataille et de toute victoire, les ambulances. C’est le plus triste; et cette fois encore les Prussiens l’ont rendu plus affligeant, en tirant sur notre personnel, quand il s’est présenté avec le drapeau de la convention de Genève pour relever les blessés.
Le fait est attesté par la lettre suivante, que Monseigneur Baiier vient d’adresser à notre ministre des affaires étrangères.
Paris, le 3 décembre 1870.
« Monsieur le ministre,
« J’ai l’honneur de vous informer des faits suivants, qui se sont passés hier, entre dix et onze heures du soir, aux avant-postes, en avant de Champigny.
« Autorisée par le général Ducrot, une escouade
des ambulances de la presse s’est dirigée vers ce I point où nous, avaient été signalés des blessés à recueillir, des morts à enterrer.
« Désigné pour me rendre en qualité de parlementaire auprès de l’ennemi, je m’y rendis, à che
val, accompagné d’un porte-fanion et d’un trompette mis à notre disposition par le général Ducrot.
« Le personnel médical, les frères des écoles chrétiennes (nos brancardiers), attendirent à une petite distance.
« Quelques coups de feu ayant été tirés, le com
mandant français fit sonner le signal de cesser le feu; cet ordre fut aussitôt exécuté et un silence complet s’établit du côté de nos lignes.
« C’est à ce moment qu’au milieu du silence permettant d’entendre le clairon, par un clair de lune permettant de voir le drapeau de Genève, je fis sonner les quatre appels à l’usage des parlementaires.
« Craignant qu’ils n’eussent pas été suffisamment entendus, je m’avançai vers les lignes ennemies, pour les faire sonner une seconde fois.
« Au lieu delà réponse qu’obtiennent toujours les appels parlementaires entre nations civilisées, nous avons été accueillis par une vive fusillade.
« Marie-Bernard Bauer,
« Protonotaire apostolique, aumônier en chef
des ambulances delà Presse.»
Les faits signalés par cette lettre n’ont pas besoin de commentaires. Ils ne sont pas seulement la violation de la convention de Genève, iis sont contraires à tous les usages de la guerre, à tous les principes d’humanité. Faire feu sur des hommes dévoués qui vont, au péril de leur vie, secourir les blessés, c’est ajouter aux inévitables
malheurs de la lutte un acte sauvage qui pourrait devenir le point de départ de sanglantes repré
sailles. C’est à l’opinion publique qu’il appartient de faire justice de semblables procédés.
Ce service des ambulances, le plus impérieux, sans contredit, après la bataille, aurait besoin d’être exécuté, si c’était possible, avec une perfec
tion qui ne devrait laisser aucune prise à la critique. Et nous croyons qu’il serait possible d’arriver à cette perfection L’ambulance de la presse, qui a fait appel aux frères des écoles chré
tiennes, a donné les résultats les plus satisfaisants. C’est un exemple qui, nous l’espérons, sera suivi.
Il n’y a qu’une voix, parmi ceux qui ont assisté aux engagements de ces dernières nuits, sur l admirable conduite, de ces frères.
Rien ne les arrête ils ramassent paisiblement les blessés sous la pluie des balles, qui ne les étonne ni ne les effraye, comme s’ils accom plis
saient, un des offices les plus habituels de leur mi
nistère Ils sont actifs, ils sont dévoués, ils sont probes, et ils sont forts, car il faut de la force pour accomplir la rude tâche qui leur a été confiée.
Ce sont des aides merveilleux, ne faisant que juste ce qu’on leur dit, sans faux empressement, sans emphase, et le faisant avec une ponctualité qui n’est jamais en défaut.
Jamais ils 11e touchent à un sac, ni à un casque, ni à quoi que ce soit dont le terrain est toujours semé,
Pour eux, ils resteraient des nuits tout entières au milieu de ces valises pleines et sans maîtres sans en ouvrir une seule.
Ils ne trouvent aucune besogne au-dessous d’eux, et alors même qu’on les oublie ils ne se plaignent pas.
C’est purement et simplement le dévouement évangélique dans toute son abnégation sainte. Pourquoi 11e pas organiser tout le service des am
bulances avec ces précieux auxiliaires ? Pourquoi ne pas faire appel à tous les autres établissements religieux ? On ne peut, nous le proclamons, faire un meilleur emploi de ces bons frères; et, certes, les services qu’ils sont appeiés à rendre aux am
bulances sont non moins périlleux et bien autre
ment utiles que ceux que l’on pourrait obtenir d’eux en les armant du fusil que certaines feuilles,
plus passionnées que réfléchies, ne cessent de vouloir leur faire mettre à la main.
Un dernier mot. Nous ne pouvons terminer cette revue à vol d’oiseau des premières batailles de Paris, sans payer un tribut aux héroïques soldats qui sont morts au champ d’honneur. Hélas! la liste en est longue. Mais on peut dire qu’en tombant, chacun a généreusement donné sa vie pour son pays.
Parmi les victimes de cette glorieuse semaine, nous devons citer :
Le général Renault, amputé après la bataille et mort après l’opération.
Le général Ladreit de la Charrière, mort des suites de sa blessure.
Le commandant Franchetti, qui conduisait depuis le commencement du siège les éclaireurs à cheval de Paris.
M. de Néverlée, officier d’ordonnance du général Ducrot, tué à côté de son général.
M. de Boisbriant, capitaine aux mobiles du Finistère, mort aux Hautes-Bruyères. Il est tombé glorieusement devant la première barricade de l’Hay, au moment où il s’élancait à l’assaut de cette barricade, en criant : « En avant ! »
Et bien d’autres, hélas! dont nous ne pouvons citer tous les noms. Sur la tombe de tous ces martyrs du devoir, nous rappellerons les nobles et touchantes paroles qu’adressait le général Trochu au Gouvernement, le soir de la bataille :
« Voilà le bilan de cette dure et belle journée. Beaucoup ne reverront pas leurs foyers; mais ces morts regrettés ont fait à la jeune République de 1870, une page glorieuse dans l’histoire militaire du pays. »
Henri Vigne.
Paris se relève, et plus d’un de nos Teutons se demande peut-être déjà s’il n’aura pas à se repentir de la guerre; mais si tous pouvaient connaître l’attitude de Paris, ils verraient qu’il ne leur reste guère qu’à pousser ce ConfiJeor jusqu au meâ culpâ.
Quelle métamorphose! Paris est méconnaissable, et je n’hésite pas à dire que, l’heure venue, le Jardin Mabille de Y Europe ira aussi loin que Sarragosse.
Les soldats redeviennent des héros, les mobiles se montrent de taille à lutter avec les soldats, et les gardes nationaux leur disputent à tous le premier rang.
Avec de tels hommes, avec de tels courages, comment ne pas espérer? Comment ne pas croire à la délivrance?
Il est impossible de tout raconter; mais il importe pourtant de rappeler et de recommander à i’histoire ces cris du cœur, ces paroles françaises qu’inspire toujours chez nous le courage, et qui sont comme les légendes de nos victoires.
Le brave général Renault est rapporté du champ de bataille grièvement blessé. A la porte de Vincennes, la foule se découvre, émue, devant le cortège; le général, oubliant sa souffrance, reprend le ipot de Henri IV et dit aux citoyens