si qu’il a vécu, et c’est ainsi qu’il est mort.
Transporté à l’hospice de Lariboisière, après sa blessure, il fut amputé et supporta sans exhaler une plainte cette douloureuse opération. U alla mieux pendant deux ou trois jours, mais la fièvre arriva et le mal fit rapidement des progrès alarmants. Disons-le à son honneur, le général Re
nault sur son lit de souffrance n’a pas une fois pensé à lui. Il demandait à chaque instant des nouvelles de l’armée, du siège, des opérations militaires commencées, et il est mort, le 6 décembre, en criant : Vive la France !
Un décret du gouvernement de la défense nationale a décidé que les frais de ses funérailles seraient supportés par le Trésor public. Il a ôté enterré aux Invalides, au milieud’unefoule de gé
néraux, d’officiers et de citoyens accourus pour rendre hommage à son patriotisme, et l’arclievôque de Paris a prononcé sur sa tombe une courte oraison funèbre qui le propose, comme modèle, à tous les défenseurs du pays.
René du Merzer.
SITUATION GÉNÉRALE.
Après la lettre de M. de Moltke et l’euvoi des dépêches expédiées par nos ennemis, Paris devait naturellement discuter à fond ces informations singulières, et l’on peut dire que, toute la se
maine, l’attention générale s’est portée sur tout ce qui pouvait nous renseigner sur la situation vraie des départements.
Privé de nouvelles précises et de dépêches officielles, l’esprit public a dû se borner à se rendre un compte exact des faits et gestes de nos enne
mis, et, sur ce point, il ne faut pas perdre de vue que, depuis plusieurs jours, les Prussiens, nonseulement s’opposent à ce qu’aucune communi
cation nous arrive de la province, mais encore nous expédient de fausses dépêches. Ils ont donc
quelque chose à nous cacher, et que peut être ce quelque chose, sinon la véritable situation de t armée de la Loire ? Si cette armée était détruite ou hors d’état de nous secourir, les journaux des départements nous arriveraient en quantité. M. de Moltke n’ignore pas que sa communication ne nous a causé aucune épouvante, que nous n’y ivons ajouté qu’une foi médiocre, et il sait sur
tout que nous avons ri de sa ruse des pigeons. menteurs. Pourquoi donc, si la vérité est vérita
blement à son avantage, n’use-t-il pas des moyens si multiples qu’il tient à sa disposition de nous la taire savoir?
A cette question, le bon sens du public parisien a déjà répondu, et les informations qui nous sont ransmises par les deux dépêches officielles, que nous publions plus bas, sont de nature à nous rassurer sur le mouvement patriotique des départements.
« La France a des ressources infinies, écrivait en 1794 le roiFrédéric au ministre Pitt, qui payait son armée, et le duc de Brunswick est d’avis qu’il
ne nous reste plus qu’à faire la paix. » Cette lettre du prédécesseur du roi Guillaume s’applique, avec une vérité saisissante, à la situation actuelle. Le vainqueur de Sedan est peut-être encore trop enivré d’orgueil pour en reconnaître la sagesse;
mais ce jugement d’un roi de Prusse, porté sur la France à notre première révolution, est pourtant de nature à ouvrir les yeux à nos implacables en
nemis. Il est dans le génie de notre nation de se raidir contre le malheur. Aux temps de Vercin
gétorix, au temps de Jeanne d’Arc, à l’époque de la Révolution, comme de nos jours, la vieille Gaule a opposé aux invasions une résistance désespérée, et la nation qu’on reconnaît comme supé
rieure dans l’attaque a montré, en triomphant de ces grandes crises, qu’elle savait encore trouver une énergie plus redoutable dans le malheur.
La résistance à outrance a relevé le moral de l’esprit public, et, de tous côtés, cette amélioration de la situation générale se manifeste par dilatantes adhésions en laveur du maintien de la République. Au milieu de ces déclarations politiques, nous devons une mention particulière à l’é
tude remarquable que M. Ad. Guéroult vient de publier dans la Revue des Deux-Mondes sous ce titre : La République en France.
Quel avenir notre pays doit-il réserver à l’institution républicaine ?
Quels sont les avantages de cette forme de gouvernement ?
Quels obstacles l’ont jusqu’ici empêchée de prendre racine en France?
Quelle est, enfin, aujourd’hui, la signification qu’il faut donner au mot République?
Telles sont les questions examinées par M. Ad. Guéroult, avec un esprit d’analyse impartiale, et le judicieux publiciste n’hésite pas à reconnaître que si le Gouvernement de la défense nationale conçoit sa tâche avec largeur, s’il ne se laisse, ar
rêter ni par la routine, ni par les préjugés des corps spéciaux, ni par des considérations d’une économie mal entendue : s’il sait tirer parti, en un mot, des admirables dispositions de l’esprit public, nous avons la confiance qu’il délivrera la France, qu’il repoussera l’étranger, et qu’au point de vue tout au moins de la partie extérieure de son pro: gramme, il aura fondé la République.
Quel gouvernement, en effet, pourrait se poser en rival de celui qui, ayant trouvé la France dans cet abîme de honte et de douleur, l’aurait relevée,
ranimée, délivrée, et portée à ce prodigieux degré de gloire et de puissance qui serait la suite naturelle d’une pareille résurrection?
En résumé, raffermissement général de notre patriotisme, et en même temps, raffermissement de l’idée républicaine dans l’opinion, tels sont les deux traits caractéristiques de la nouvelle phase qui vient de s’ouvrir pour nous avec les opérations de la nouvelle campagne.
POLITIQUE EXTÉRIEURE.
Au point de vue de la politique extérieure, nous n’avons, en réalité, à mentionner aucun acte, aucun fait de nature à modifier la situation antérieure. Quiconque a suivi, depuis quelque temps, la reproduction des articles de journaux étrangers par la presse de Paris, a pu cependant observer la persistance avec laquelle en Angle
terre, en Italie et en Autriche, les journaux de tout parti et de toute nuance s’appliquent à s’éle
ver contre la politique exorbitante et la guerre horrible que poursuit la Prusse. Mais cette voix de la presse étrangère n’a jusqu’à présent repré
senté que le rôle du chœur dans une tragédie grecque,donnant toujours de sages conseils aux guerriers engagés dans des combats mortels, et murmurant des regrets impuissants à propos des catastrophes tragiques. Nous n’avons qu’un mot à répondre à ces journaux : Agissez ou gardez le silence.
Au sujet du Mémorandum lancé d’une façon si inattendue par le prince Gortschakoff, les journaux étrangers nous ont donné quelques informations sommaires: D’après ces journaux, FAngleterre
la Turquie, T Autriche et l’Italie sont d’accord pour observer une attitude commune et décidée vis-à-vis de la démarche faite par la Russie.
Ces puissances travaillent en ce moment de concert à la rédaction d’une Note collective.
L’Opinione, de Florence, assure que l’impression produite généralement par la dénonciation du traité de Paris est qu’il existe des dispositions chez les puissances à accueillir en principe la ré
vision de ce traité, et que quelques gouvernements étaient déjà favorables à cette révision.
D’un autre côté, des renseignements qui nous viennent de Londres, de la Belgique et de la Hollande assurent que le ministère anglais aurait donné l’ordre d’armer la flotte.
Nous ne savons et personne ne peut prévoir quelle sera la solution de ce nouveau conflit qui
intéresse, autant que la guerre actuelle, l’Europe entière. Mais en présence de cet acte vraiment extraordinaire du cabinet de Saint-Pétersbourg, il est impossible de ne pas accorder une impor
tance exceptionnelle à cette question qui peut, du jour au lendemain, généraliser la guerre, et nous donnons, dams un article spécial, les antécédents de ce grave conflit qui reste, depuis un demisiècle, suspendu, comme une autre épée de Damoclès, sur la politique européenne.
La situation politique de l’Europe peut, en ce moment, se résumer par un mot prononcé par M. de Beust, qui répondait, ces jours derniers, à une délégation : — « Ne me parlez.pas de paix, car personne, aujourd’hui, ne la tient dans sa main ; ne me parlez pas de guerre, car nous serons peut-être obligés de la faire demain. »
AUG. Marc.
Tours, le 11 décembre 1870.
Gambetta à Trochu et Jules Favre.
« Je vous écris tous les jours; mais le temps est si contraire! Nous sommes également sans nouvelles depuis le 6. Ici les choses sont moins gra
ves que ne le répandent les Prussiens à vos avantpostes. Après l’évacuation d’Orléans, l’armée de la Loire a été divisée en deux parties, l’uûe sous le commandement de Chancy, l’autre de Bourbaki.
« Le premier tient avec un courage et une ténacité indomptables contre l’armée de Mecklembourg et l’armée du prince Frédéric-Charles de
puis six jours, sans perdre un pouce de terrain,
entre Gosne et Beaugency. Les Prussiens tentent un mouvement tournant par la Sologne. Bourbaki s’est retiré sur Bourges et Nevers. Le Gou
vernement s’est transporté à Bordeaux, pour ne pas gêner les mouvements stratégiques des armées.
« Faidherbe opère dans le Nord, et Manteuffel a rebroussé chemin de Honfleur sur Paris. Nous tenons ferme. L’armée, malgré sa retraite, est intacte et n’a besoin que de quelques jours de re
LES DÉPARTEMENTS
Trois pigeons sont arrivés hier, et ont apporté les dépêches suivantes, que nous publions :
« Gambetta à Trochu.
Vos dépêches nous sont parvenues; elles ont provoqué l’admiration pour la grandeur de l’effort de l’armée et des citoyens ; nous nous associons à vos vues et nous les servirons.
« Orléans a été évacué devant les masses de l’armée de Frédéric-Charles. Nous avons dû repren
dre sur notre gauche, avec le 16e, le 17e, le 21e et la moitié du 19e corps en formation, les positions par nous occupées avant la reprise d’Orléans, le général Chanzy commandant toutes ces forces réunies.
« Le 15e corps, commandant des Polières, est prêt à se porter à droite ou à gauche, selon les exigences de l’action.
« Bourbaki commande le 18e et le 20e corps, auxquels on envoie incessamment des renforts pour couvrir Bourges et Nevers. Nous sommes donc exactement dans les vues de votre dépêche du jeudi 20 novembre.
« A la suite de l’évacuation d’Amiens, l’ennemi a marché sur Rouen, qu’il menace d’occuper aujourd’hui ou demain.
« Le général Briand couvre le Havre.
« Le général Faidherbe, qui a remplacé Bourbaki dans le Nord, est en action.
« Les Prussiens ont levé le siège de Montmédy et de Mézières. Ils sont vigoureusement tenus en échec par Garibaldi entre Autun et Dijon.
« Gambetta. »
Transporté à l’hospice de Lariboisière, après sa blessure, il fut amputé et supporta sans exhaler une plainte cette douloureuse opération. U alla mieux pendant deux ou trois jours, mais la fièvre arriva et le mal fit rapidement des progrès alarmants. Disons-le à son honneur, le général Re
nault sur son lit de souffrance n’a pas une fois pensé à lui. Il demandait à chaque instant des nouvelles de l’armée, du siège, des opérations militaires commencées, et il est mort, le 6 décembre, en criant : Vive la France !
Un décret du gouvernement de la défense nationale a décidé que les frais de ses funérailles seraient supportés par le Trésor public. Il a ôté enterré aux Invalides, au milieud’unefoule de gé
néraux, d’officiers et de citoyens accourus pour rendre hommage à son patriotisme, et l’arclievôque de Paris a prononcé sur sa tombe une courte oraison funèbre qui le propose, comme modèle, à tous les défenseurs du pays.
René du Merzer.
SITUATION GÉNÉRALE.
Après la lettre de M. de Moltke et l’euvoi des dépêches expédiées par nos ennemis, Paris devait naturellement discuter à fond ces informations singulières, et l’on peut dire que, toute la se
maine, l’attention générale s’est portée sur tout ce qui pouvait nous renseigner sur la situation vraie des départements.
Privé de nouvelles précises et de dépêches officielles, l’esprit public a dû se borner à se rendre un compte exact des faits et gestes de nos enne
mis, et, sur ce point, il ne faut pas perdre de vue que, depuis plusieurs jours, les Prussiens, nonseulement s’opposent à ce qu’aucune communi
cation nous arrive de la province, mais encore nous expédient de fausses dépêches. Ils ont donc
quelque chose à nous cacher, et que peut être ce quelque chose, sinon la véritable situation de t armée de la Loire ? Si cette armée était détruite ou hors d’état de nous secourir, les journaux des départements nous arriveraient en quantité. M. de Moltke n’ignore pas que sa communication ne nous a causé aucune épouvante, que nous n’y ivons ajouté qu’une foi médiocre, et il sait sur
tout que nous avons ri de sa ruse des pigeons. menteurs. Pourquoi donc, si la vérité est vérita
blement à son avantage, n’use-t-il pas des moyens si multiples qu’il tient à sa disposition de nous la taire savoir?
A cette question, le bon sens du public parisien a déjà répondu, et les informations qui nous sont ransmises par les deux dépêches officielles, que nous publions plus bas, sont de nature à nous rassurer sur le mouvement patriotique des départements.
« La France a des ressources infinies, écrivait en 1794 le roiFrédéric au ministre Pitt, qui payait son armée, et le duc de Brunswick est d’avis qu’il
ne nous reste plus qu’à faire la paix. » Cette lettre du prédécesseur du roi Guillaume s’applique, avec une vérité saisissante, à la situation actuelle. Le vainqueur de Sedan est peut-être encore trop enivré d’orgueil pour en reconnaître la sagesse;
mais ce jugement d’un roi de Prusse, porté sur la France à notre première révolution, est pourtant de nature à ouvrir les yeux à nos implacables en
nemis. Il est dans le génie de notre nation de se raidir contre le malheur. Aux temps de Vercin
gétorix, au temps de Jeanne d’Arc, à l’époque de la Révolution, comme de nos jours, la vieille Gaule a opposé aux invasions une résistance désespérée, et la nation qu’on reconnaît comme supé
rieure dans l’attaque a montré, en triomphant de ces grandes crises, qu’elle savait encore trouver une énergie plus redoutable dans le malheur.
La résistance à outrance a relevé le moral de l’esprit public, et, de tous côtés, cette amélioration de la situation générale se manifeste par dilatantes adhésions en laveur du maintien de la République. Au milieu de ces déclarations politiques, nous devons une mention particulière à l’é
tude remarquable que M. Ad. Guéroult vient de publier dans la Revue des Deux-Mondes sous ce titre : La République en France.
Quel avenir notre pays doit-il réserver à l’institution républicaine ?
Quels sont les avantages de cette forme de gouvernement ?
Quels obstacles l’ont jusqu’ici empêchée de prendre racine en France?
Quelle est, enfin, aujourd’hui, la signification qu’il faut donner au mot République?
Telles sont les questions examinées par M. Ad. Guéroult, avec un esprit d’analyse impartiale, et le judicieux publiciste n’hésite pas à reconnaître que si le Gouvernement de la défense nationale conçoit sa tâche avec largeur, s’il ne se laisse, ar
rêter ni par la routine, ni par les préjugés des corps spéciaux, ni par des considérations d’une économie mal entendue : s’il sait tirer parti, en un mot, des admirables dispositions de l’esprit public, nous avons la confiance qu’il délivrera la France, qu’il repoussera l’étranger, et qu’au point de vue tout au moins de la partie extérieure de son pro: gramme, il aura fondé la République.
Quel gouvernement, en effet, pourrait se poser en rival de celui qui, ayant trouvé la France dans cet abîme de honte et de douleur, l’aurait relevée,
ranimée, délivrée, et portée à ce prodigieux degré de gloire et de puissance qui serait la suite naturelle d’une pareille résurrection?
En résumé, raffermissement général de notre patriotisme, et en même temps, raffermissement de l’idée républicaine dans l’opinion, tels sont les deux traits caractéristiques de la nouvelle phase qui vient de s’ouvrir pour nous avec les opérations de la nouvelle campagne.
POLITIQUE EXTÉRIEURE.
Au point de vue de la politique extérieure, nous n’avons, en réalité, à mentionner aucun acte, aucun fait de nature à modifier la situation antérieure. Quiconque a suivi, depuis quelque temps, la reproduction des articles de journaux étrangers par la presse de Paris, a pu cependant observer la persistance avec laquelle en Angle
terre, en Italie et en Autriche, les journaux de tout parti et de toute nuance s’appliquent à s’éle
ver contre la politique exorbitante et la guerre horrible que poursuit la Prusse. Mais cette voix de la presse étrangère n’a jusqu’à présent repré
senté que le rôle du chœur dans une tragédie grecque,donnant toujours de sages conseils aux guerriers engagés dans des combats mortels, et murmurant des regrets impuissants à propos des catastrophes tragiques. Nous n’avons qu’un mot à répondre à ces journaux : Agissez ou gardez le silence.
Au sujet du Mémorandum lancé d’une façon si inattendue par le prince Gortschakoff, les journaux étrangers nous ont donné quelques informations sommaires: D’après ces journaux, FAngleterre
la Turquie, T Autriche et l’Italie sont d’accord pour observer une attitude commune et décidée vis-à-vis de la démarche faite par la Russie.
Ces puissances travaillent en ce moment de concert à la rédaction d’une Note collective.
L’Opinione, de Florence, assure que l’impression produite généralement par la dénonciation du traité de Paris est qu’il existe des dispositions chez les puissances à accueillir en principe la ré
vision de ce traité, et que quelques gouvernements étaient déjà favorables à cette révision.
D’un autre côté, des renseignements qui nous viennent de Londres, de la Belgique et de la Hollande assurent que le ministère anglais aurait donné l’ordre d’armer la flotte.
Nous ne savons et personne ne peut prévoir quelle sera la solution de ce nouveau conflit qui
intéresse, autant que la guerre actuelle, l’Europe entière. Mais en présence de cet acte vraiment extraordinaire du cabinet de Saint-Pétersbourg, il est impossible de ne pas accorder une impor
tance exceptionnelle à cette question qui peut, du jour au lendemain, généraliser la guerre, et nous donnons, dams un article spécial, les antécédents de ce grave conflit qui reste, depuis un demisiècle, suspendu, comme une autre épée de Damoclès, sur la politique européenne.
La situation politique de l’Europe peut, en ce moment, se résumer par un mot prononcé par M. de Beust, qui répondait, ces jours derniers, à une délégation : — « Ne me parlez.pas de paix, car personne, aujourd’hui, ne la tient dans sa main ; ne me parlez pas de guerre, car nous serons peut-être obligés de la faire demain. »
AUG. Marc.
Tours, le 11 décembre 1870.
Gambetta à Trochu et Jules Favre.
« Je vous écris tous les jours; mais le temps est si contraire! Nous sommes également sans nouvelles depuis le 6. Ici les choses sont moins gra
ves que ne le répandent les Prussiens à vos avantpostes. Après l’évacuation d’Orléans, l’armée de la Loire a été divisée en deux parties, l’uûe sous le commandement de Chancy, l’autre de Bourbaki.
« Le premier tient avec un courage et une ténacité indomptables contre l’armée de Mecklembourg et l’armée du prince Frédéric-Charles de
puis six jours, sans perdre un pouce de terrain,
entre Gosne et Beaugency. Les Prussiens tentent un mouvement tournant par la Sologne. Bourbaki s’est retiré sur Bourges et Nevers. Le Gou
vernement s’est transporté à Bordeaux, pour ne pas gêner les mouvements stratégiques des armées.
« Faidherbe opère dans le Nord, et Manteuffel a rebroussé chemin de Honfleur sur Paris. Nous tenons ferme. L’armée, malgré sa retraite, est intacte et n’a besoin que de quelques jours de re
LES DÉPARTEMENTS
DÉPÊCHES OFFICIELLES.
Trois pigeons sont arrivés hier, et ont apporté les dépêches suivantes, que nous publions :
Tours, 5 décembre 1870.
« Gambetta à Trochu.
Vos dépêches nous sont parvenues; elles ont provoqué l’admiration pour la grandeur de l’effort de l’armée et des citoyens ; nous nous associons à vos vues et nous les servirons.
« Orléans a été évacué devant les masses de l’armée de Frédéric-Charles. Nous avons dû repren
dre sur notre gauche, avec le 16e, le 17e, le 21e et la moitié du 19e corps en formation, les positions par nous occupées avant la reprise d’Orléans, le général Chanzy commandant toutes ces forces réunies.
« Le 15e corps, commandant des Polières, est prêt à se porter à droite ou à gauche, selon les exigences de l’action.
« Bourbaki commande le 18e et le 20e corps, auxquels on envoie incessamment des renforts pour couvrir Bourges et Nevers. Nous sommes donc exactement dans les vues de votre dépêche du jeudi 20 novembre.
« A la suite de l’évacuation d’Amiens, l’ennemi a marché sur Rouen, qu’il menace d’occuper aujourd’hui ou demain.
« Le général Briand couvre le Havre.
« Le général Faidherbe, qui a remplacé Bourbaki dans le Nord, est en action.
« Les Prussiens ont levé le siège de Montmédy et de Mézières. Ils sont vigoureusement tenus en échec par Garibaldi entre Autun et Dijon.
« Gambetta. »