DE LA FORTIFICATION
Ce n’est pas le lieu ici de montrer comment se sont successivement modifiées, avec les progrès de l’attaque, les fortifications du moyen âge, les hautes murailles, les tours à créneaux, les moncharabys et mâchicoulis, les échaugettes, les bas
tilles, ni même de passer en revue les différents systèmes qui prirent naissance avec l’emploi de l’artillerie. Depuis les tracés d’Evrard, de Bar-le
En partant de la rue militaire, pour monter sur la fortification, on rencontre successivement : 1° le talus de rempart; 2°le terre-plein; 3°la ban
quette d’artillerie et son talus; 4° la banquette d’infanterie et son talus; 5° le talus intérieur; 6° la crête; 7° la plongée; 8° le talus extérieur.
Le talus de rempart gazonné a environ 5 mètres de hauteur; au sommet la terrasse ou terre-plein a de 6 à 8 mètres de largeur. On peut y circuler aussi en sûreté que le long de la route militaire, puisqu’il est bordé par la partie supérieure du
rempart qui s’élève encore à 2 mètres 50 au-dessus du terre-plein.
Après le terre-plein vient la banquette d’artillerie réservée aux canonniers chargés du service de l’enceinte. La seconde banquette, réservée à
l’infanterie, est à 0m70 au-dessus de la première et à lm30 au-dessous du sommet du parapet.
La banquette d’infanterie se relie au parapet par un talus contre lequel s’appuie le tireur lorsqu’il fait le coup de feu. Le parapet forme lui-même une sorte de digue de 6 mètres de largeur. Il se
SIÉGE DE PARIS. — Ensemble des travauxe détense d’une parte au sixieme secteur.
termine extérieurement par un talus qui descend jusque sur le mur de soutènement du rempart. La portion du parapet comprise entre le talus ex
térieur et le talus intérieur n’est pas de niveau, elle a une pente vers la campagne, c’est la plon
gée; le bord intérieur du parapet est la partie la plus élevée, c’est la crête.
Le talus extérieur du parapet aboutit au sommet du mur en maçonnerie dont le pied est au fond du fossé et que l’on nomme escarpe. Cette escarpe a 10 mètres de hauteur au-dessus du fond du fossé et constitue le principal obstacle contre J’escalade. Pour entrer dans la place il faudrait
dresser des échelles de 11 mètres de hauteur contre la muraille ou faire écrouler l’escarpe, opérations à peu près insurmontables lorsque l’enceinte est activement surveillée.
Le fossé est une excavation de 5 à 6 mètres de profondeur au-dessous du niveau du sol primitif sur une largeur moyenne d’une quinzaine de mètres au fond. Au delà, du côté extérieur, le fossé est limité par un talus très-roide, gui, par opposition au mur d’escarpe, prend le nom de contrescarpe.
Ce talus de contrescarpe se raccorde au sol par un remblai en pénte douce, pommé le glacis; q
2 mètres en contre-bas du sommet de la contrescarpe, on a ménagé une petite banquette très
étroite qui permet de circuler à l’abri des coups de l’ennemi. Telle est l’enceinte.
On s’imagine généralement que tout fossé de fortification est destiné à recevoir de l’eau; c’est une erreur depuis bien longtemps accréditée dans le public parisien. Beaucoup de forteresses trèsimportantes ont la plupart de leurs fossés à sec. A Paris, on a mis de l’eau dans les fossés qui pouvaient en recevoir ; les au très resteront dans leur état actuel. La différence de niveau des différentes parties de l’enceinte aurait obligé les in?
génieurs à exécuter des travaux considérables dont les dépenses seraient hors de toute propor
tion avec le petit avantage que produirait pour la défense la présence de l’eau dans les fossés.
La rue militaire est assez fréquentée depuis deux mois pour que tout le monde sache différentier les bastions des courtines. Les portions qui longent la ‘rue sont les courtines, celles qui s’en écartent, en comprenant entre elles un emplacement plus ou moins grand, forment les bas
tions. L’enceinte comprend 94 bastions, désignés chacun par un numéro.
Sur ces 94 bastions, 59 sont construits identi
quementsur le même type; il suffira de parler de l’un d’eux pour que tous les autres soient par cela même décrits. Un bastion se compose de quatre portions d’enceinte de longueurs inégales : deux flancs, deux faces. Les flancs touchent aux cour
tines; les faces, plus longues que les flancs, se rencontrent vers le milieu du bastion en formant un angle plus ou moins prononcé ; c’est le saillant du bastion.
L’endroit où se réunit une face à un flanc s’appelle angle d épaule; celui où se réunit le flanc à la courtine se nomme angle de flanc.
La portion d enceinte comprise entre deux sail
lants voisins constitue un front. Lorsque les défen - seurs montés sur la banquette peuvent surveiller le fond du fossé du bastion voisin, on dit que ce dernier est flanqué par le premier. A Paris, les fossés de l’enceinte sont exclusivement flanqués par les flancs. Le flanc droit d’un bastion flanque le flanc gauche du bastion précédent, ainsi qu’une partie de la courtine correspondante.
Il importe surtout de ne pas oublier ce détail, car la sécurité d’un bastion dépend uniquement de la surveillance du bastion voisin.
Certains bastions diffèrent du type indiqué. Us
Duc, du chevalier Deville, de Marolais, du comte de Pagan jusqu’aux travaux de Leprêtre de Vauban, de Cormontaingne, etc., chaque époque a sa fortification et chaque grande nation son système type. Aujourd’hui, plus que jamais, la fortifica
tion se transforme, et se plie aux nécessités de la défense, sans cesse plus exigeantes devant la puissance croissante de l’attaque.
Si un exemple était nécessaire, ne suffirait-il pas de citer l’Angleterre, et de comparer à ses ouvrages de 1860 ses forteresses de granit et de fer
combinés de 1870? Et cependant ce système coûteux et complexe n’est certainement pas celui de l’avenir. Nous verrons bientôt que des progrès tout récents dans l’artillerie permettraient de revenir à des travaux plus simples, tout en augmen
tant dans de larges proportions la sécurité d’un pays. Restons dans l’actualité et jetons d’abord, à
voi d’oiseau, un coup d’œil sur la fortification de Paris.
L’enceinte continue forme un corps de place bastionné, d’après le système de Cormontaingne,
dont les fronts en ligne droite rendent l’attaque extrêmement difficile,protégée d’ailleurs en avant, par une ceinture de forts qui tient l’assaillant loin des remparts et donne à l’assiégé toute facilité pour préparer ses sorties.
L’enceinte se compose d’un rempart en terre, soutenu du côté extérieur par un mur en maçon
nerie, précédé d’un fossé; en arrière de l’enceinte existe la rue militaire qui permet de faire affluer sur chaque point de la fortification les défenseurs, le matériel d’artillerie, les munitions, etc.
Ce n’est pas le lieu ici de montrer comment se sont successivement modifiées, avec les progrès de l’attaque, les fortifications du moyen âge, les hautes murailles, les tours à créneaux, les moncharabys et mâchicoulis, les échaugettes, les bas
tilles, ni même de passer en revue les différents systèmes qui prirent naissance avec l’emploi de l’artillerie. Depuis les tracés d’Evrard, de Bar-le
En partant de la rue militaire, pour monter sur la fortification, on rencontre successivement : 1° le talus de rempart; 2°le terre-plein; 3°la ban
quette d’artillerie et son talus; 4° la banquette d’infanterie et son talus; 5° le talus intérieur; 6° la crête; 7° la plongée; 8° le talus extérieur.
Le talus de rempart gazonné a environ 5 mètres de hauteur; au sommet la terrasse ou terre-plein a de 6 à 8 mètres de largeur. On peut y circuler aussi en sûreté que le long de la route militaire, puisqu’il est bordé par la partie supérieure du
rempart qui s’élève encore à 2 mètres 50 au-dessus du terre-plein.
Après le terre-plein vient la banquette d’artillerie réservée aux canonniers chargés du service de l’enceinte. La seconde banquette, réservée à
l’infanterie, est à 0m70 au-dessus de la première et à lm30 au-dessous du sommet du parapet.
La banquette d’infanterie se relie au parapet par un talus contre lequel s’appuie le tireur lorsqu’il fait le coup de feu. Le parapet forme lui-même une sorte de digue de 6 mètres de largeur. Il se
SIÉGE DE PARIS. — Ensemble des travauxe détense d’une parte au sixieme secteur.
termine extérieurement par un talus qui descend jusque sur le mur de soutènement du rempart. La portion du parapet comprise entre le talus ex
térieur et le talus intérieur n’est pas de niveau, elle a une pente vers la campagne, c’est la plon
gée; le bord intérieur du parapet est la partie la plus élevée, c’est la crête.
Le talus extérieur du parapet aboutit au sommet du mur en maçonnerie dont le pied est au fond du fossé et que l’on nomme escarpe. Cette escarpe a 10 mètres de hauteur au-dessus du fond du fossé et constitue le principal obstacle contre J’escalade. Pour entrer dans la place il faudrait
dresser des échelles de 11 mètres de hauteur contre la muraille ou faire écrouler l’escarpe, opérations à peu près insurmontables lorsque l’enceinte est activement surveillée.
Le fossé est une excavation de 5 à 6 mètres de profondeur au-dessous du niveau du sol primitif sur une largeur moyenne d’une quinzaine de mètres au fond. Au delà, du côté extérieur, le fossé est limité par un talus très-roide, gui, par opposition au mur d’escarpe, prend le nom de contrescarpe.
Ce talus de contrescarpe se raccorde au sol par un remblai en pénte douce, pommé le glacis; q
2 mètres en contre-bas du sommet de la contrescarpe, on a ménagé une petite banquette très
étroite qui permet de circuler à l’abri des coups de l’ennemi. Telle est l’enceinte.
On s’imagine généralement que tout fossé de fortification est destiné à recevoir de l’eau; c’est une erreur depuis bien longtemps accréditée dans le public parisien. Beaucoup de forteresses trèsimportantes ont la plupart de leurs fossés à sec. A Paris, on a mis de l’eau dans les fossés qui pouvaient en recevoir ; les au très resteront dans leur état actuel. La différence de niveau des différentes parties de l’enceinte aurait obligé les in?
génieurs à exécuter des travaux considérables dont les dépenses seraient hors de toute propor
tion avec le petit avantage que produirait pour la défense la présence de l’eau dans les fossés.
La rue militaire est assez fréquentée depuis deux mois pour que tout le monde sache différentier les bastions des courtines. Les portions qui longent la ‘rue sont les courtines, celles qui s’en écartent, en comprenant entre elles un emplacement plus ou moins grand, forment les bas
tions. L’enceinte comprend 94 bastions, désignés chacun par un numéro.
Sur ces 94 bastions, 59 sont construits identi
quementsur le même type; il suffira de parler de l’un d’eux pour que tous les autres soient par cela même décrits. Un bastion se compose de quatre portions d’enceinte de longueurs inégales : deux flancs, deux faces. Les flancs touchent aux cour
tines; les faces, plus longues que les flancs, se rencontrent vers le milieu du bastion en formant un angle plus ou moins prononcé ; c’est le saillant du bastion.
L’endroit où se réunit une face à un flanc s’appelle angle d épaule; celui où se réunit le flanc à la courtine se nomme angle de flanc.
La portion d enceinte comprise entre deux sail
lants voisins constitue un front. Lorsque les défen - seurs montés sur la banquette peuvent surveiller le fond du fossé du bastion voisin, on dit que ce dernier est flanqué par le premier. A Paris, les fossés de l’enceinte sont exclusivement flanqués par les flancs. Le flanc droit d’un bastion flanque le flanc gauche du bastion précédent, ainsi qu’une partie de la courtine correspondante.
Il importe surtout de ne pas oublier ce détail, car la sécurité d’un bastion dépend uniquement de la surveillance du bastion voisin.
Certains bastions diffèrent du type indiqué. Us
n’ont qu’une face au lieu de deux et sont d ail
Duc, du chevalier Deville, de Marolais, du comte de Pagan jusqu’aux travaux de Leprêtre de Vauban, de Cormontaingne, etc., chaque époque a sa fortification et chaque grande nation son système type. Aujourd’hui, plus que jamais, la fortifica
tion se transforme, et se plie aux nécessités de la défense, sans cesse plus exigeantes devant la puissance croissante de l’attaque.
Si un exemple était nécessaire, ne suffirait-il pas de citer l’Angleterre, et de comparer à ses ouvrages de 1860 ses forteresses de granit et de fer
combinés de 1870? Et cependant ce système coûteux et complexe n’est certainement pas celui de l’avenir. Nous verrons bientôt que des progrès tout récents dans l’artillerie permettraient de revenir à des travaux plus simples, tout en augmen
tant dans de larges proportions la sécurité d’un pays. Restons dans l’actualité et jetons d’abord, à
voi d’oiseau, un coup d’œil sur la fortification de Paris.
L’enceinte continue forme un corps de place bastionné, d’après le système de Cormontaingne,
dont les fronts en ligne droite rendent l’attaque extrêmement difficile,protégée d’ailleurs en avant, par une ceinture de forts qui tient l’assaillant loin des remparts et donne à l’assiégé toute facilité pour préparer ses sorties.
L’enceinte se compose d’un rempart en terre, soutenu du côté extérieur par un mur en maçon
nerie, précédé d’un fossé; en arrière de l’enceinte existe la rue militaire qui permet de faire affluer sur chaque point de la fortification les défenseurs, le matériel d’artillerie, les munitions, etc.