ARRIVEE A BREST DES RESTES DU COMMANDANT RIVIÈRE
Le transport de l Etat, le Tarn, vient de rapporter à Brest les restes du commandant Rivière. Dès que le navire fut en rade, le doc
teur Anner, médecin de la Santé, se rendit à bord pour vérifier l’Etat du cercueil, y apposer les scellés et accorder la libre pratique, dont nous donnons le fac-similé ci-dessous. Notre correspondant put l’accompagner et prendre le croquis de la chapelle ardente où le triple cercueil reposait sous une tente de pavil
lon éclairée par des fanaux de batterie. Sur le couvercle de la bière extérieure le commaHdant du Tarn a fait placer une plaque de cuivre portant ces mots : « H. Rivière, ca
pitaine de vaisseau, commandant supérieur au Tonkin, mort au champ d’honneur, le 19 mai 1883.
A deux heures de l’après-midi, dimanche 24 janvier, une chaloupe à vapeur a amené à la cale de la Majorité dans le port de guerre le canot du Tarn où l’on avait chargé le cercueil. Les deux embarcations avaient leur pavillon en berne. La bière, couverte d’un pavillon tricolore, était cou
chée entre les rameurs immobiles sur leurs bancs. Dans la chambre du canot avaient pris place les olficiers de l’étatmajor du Tarn.
Le préfet maritime, accompagné du major général de la marine et du major de la flotte et de nombreux officiers de la flotte et de l’ar
mée, attendait le corps dans le port de guerre au pied de la fameuse Consulaire érigée en colonne en souvenir de la prise d’Alger. Les troupes n’étaient pas sous les armes.
Il parait qu’un règlement for
mel s’oppose à ce qu’on rende plus d’une fois les honneurs militaires aux officiers qui sont morts pour la patrie. Les honneurs avaient été rendus à Hanoï. La France était donc quitte, réglementairement.
Toutefois, le vice-amiral Laf
fon, après avoir remis le corps à la famille, a tenu à suivre avec son état-major la prolonge d’artillerie qui le transportait au chemin defer, les chevaux tenus en main par des artilleurs. Le deuil était conduit par le neveu du dé
funt et par M. de Marolles qui fut au Tonkin son aide de camp. Une grande foule, où dominaient les soldats de toutes armes, a suivi le cortège jusqu’à la gare.
portant dans son pays les présents adressés par le gouvernement français au cheikh et à la Djemmah de Tombouctou.
M. Angeli, qui l’a accompagné jusqu’à Bordeaux, en est revenu le 21, après l’embarquement de l’ambassadeur, pour organiser une mission dont il doit être le chet et qu’il doit conduire dans la capitale du Soudan.
Si-Hadji-Abd-el-Kader est âgé de trente ans environ; grand et mince, il a le type berbère le plus pur, un teint d’ébène, et porte toute sa barbe; ses cheveux sont crépus; son œil vif et intelligent. Il est vêtu du costume national, composé d’une longue tunique bleue brodée de soie, ap
pelée boubou, et d’un large pantalon écarlate, la partie inférieure descendant sur le mollet et ornée de broderies;
il est chaussé de bottines en soie bleue attachées avec des lacets dorés et coiffé d’un turban.
LÉGENDES DES ALPES VAUDOISES
Ce volume est un recueil très attachant des légendes patiemment recueillies par l’auteur, M. Alfred Ceresole, dans les Alpes vaudoises, — principalement dans les districts de Vevey, d’Aigle et du Pays-d’Enhaut, légendes qui se racontent encore le soir devant l’àtre, durant les longues heures des veillées d’hiver.
L’ouvrage comporte, outre une charmante introduction, divers chapitres consacrés aux servants, aux fées, aux mau
vais génies, diables et démons, sorciers et sorcières, aux revenants et aux trésors enfouis, à l’âge d’or et colossal, géants, chasses, légendes narquoises et autres ; aux tradi
tions superstitieuses, présages, recettes magiques, etc.
Ajoutons que le texte est orné de nombreux dessins, dus au crayon de notre collaborateur, M. Eugène Burnand, dont nos lecteurs ont été à même d’apprécier ici tout le
L AMBASSADEUR
DE TOMBOUCTOU
FAC-SIMILE DE LA LIBRE PRATIQUE ACCORDÉE AU CERCUEIL CONTENANT LES RESTES DU COMMANDANT RIVIERE
Il se nomme Si-Hadji-Abd
el-Kader. Il avait été envoyé au gouverneur du Sénégal, non par le roi de Tombouctou , mais par la Djemmah, l’assemblée des négociants maures de cette ville. Ceux-ci, — à la suite de l’expédition du commandant Gallieni qui, en 1880, a signé avec le roi Amadhou, souverain du Haut- Niger, et frère du roi de Tombouctou, un traité qui ac
corde à la France le protectorat sur le Niger, la liberté de
naviguer sur ce fleuve, l’ouverture de voies commerciales et le droit de placer un résident à Ségou, — eurent la pensée de se renseigner positivement sur ce que sont les Français, sur leur puissance et leur richesse, surtout sur leurs intentions. C’est pourquoi ils expédièrent secrètement au gouverneur du Sénégal, un des leurs, Si-Hadji-Abd-el- Kader, avec une lettre de crédit portant qu’ils étaient prêts à accueillir les Français, s’ils venaient seulement pour com
mercer, mais disant que leur terre « appartient aux Touaricks, Guillados, Berbères, Landsohrs, Bambaras, Peulhs ». Du commerce, très bien, des conquêtes, non.
C’est ainsi que l’envoyé de la Djemmah de Tombouctou partit de cette ville, à cheval, accompagné seulement de deux esclaves. Il passa par Bammakou, Koundou, Kita, et arriva à Kayes au mois d’août 1884. Il ne s’était présenté au commandant d’aucun de ces postes, sauf à celui de Kayes, prétendant qu’il n’entrait pas dans les habitudes de son pays que des ambassadeurs s’adressassent à d’autres qu’à ceux auprès desquels leur chef les envoyait.
Le commandant de Kayes prévînt aussitôt le gouverneur du Sénégal, qui, ayant reçu à Saint-Louis Si-Hadji-Abd-el- Kader, le décida à s embarquer pour la France, sous la conduite de M. Angéli, professeur d’arabe au collège de la ville. L’ambassadeur arriva à Paris le 29 décembre et fut logé à l’hôtel du Louvre, où le ministre de la marine avait fait retenir pour lui un appartement. Il fut présenté le 1e1 janvier au président de la République, le 5 au président du conseil des ministres, et repartit le 17 de Paris pour Bordeaux, où il s’est embarqué le 20 pour le Sénégal, em
talent. Nous reproduisons quelques unes de ces gravures, dont il nous reste à dire un mot.
Voici d’abord un chalet dans la montagne, très finement dessiné. Puis ce sont les démons des Diablerets, une monta
gne où les démons aiment surtout à tenir léurs assises, s y livrant à d’infernales rondes, dont le vacarme descend dans les vallées avec le bruit du tonnerre et la lumière des éclairs,
ou bien luttant d’adresse entre eux en lançant d’énormes pierres contre un rocher en forme de tour nommé autrefois,
à cause de ce jeu, la Quille du diable, et qu’on appelle aujourd’hui la Tour de Saint-Martin. Vient ensuite la caraule infernale, danse de sorciers et de sorcières, de diables et de monstres fantastiques, pendant une de ces réunions nocturnes de la sorcellerie, connues sous le nom de sabbats.
Ces sorciers et ces sorcières, disent les légendes, ne rêvaient que le mal et ne songeaient qu’à le faire. Ils appelaient sur les gens et sur le pays toutes sortes de mal
heurs. Aussi gare à quiconque passait pour sorcier! Il était sûr de son affaire. Roué ou brûlé vif, la cour de justice ne sortait pas de là. Par faveur spéciale, elle faisait couper la tête aux coupables, s’ils avaient manifesté du repentir ; mais c’était tout. Que de malheureux furent ainsi victimes de l’ignorance des temps!
La légende des fées n’a rien de commun avec celle des sorciers. Ceux-ci ne voulaient que le mal, le bien était le but de celles-là.
Les fées vaudoises habitaient les sites silencieux et écartés. C’étaient les génies doux et pacifiques de la montagne, dont elles étaient les gardiennes charmantes. Elles proté
geaient les pâturages, elles intervenaient dans les misères comme dans les joies des bergers et présidaient à tous les événements importants de leur vie. Rien d’aimable comme la figure de la fée fileuse de Chesières, filant chaque soir pour une jeune fille, qui n’en pouvait venir à bout, et dont les parents ne badinaient pas, une quenouille entière de rite. Elle lui prenait sa quenouille et, en un tour de main,
elle la fixait à la corne d’une des vaches qui paissait dans le pâturage; puis, légèrement et nonchalamment assise sur le dos de la brave bête, elle se mettait à filer au clair de
lune, au profit de sa protégée. Restons sur ce gracieux tableau, et, croyez-nous, achetez et lisez les Légendes des Alpes vaudoises de M. Alfred Ceresole, vous y trouverez grand amusement et grand profit.
LE VOYAGE DE LA VEGA
Dans notre numéro du 3 avril 1880, nous avons parlé de ce célèbre voyage autour de l’Asie et de l’Europe, ew donnant un portrait de M. Nordenskiold, une carte del’itinéraire, et une vue de la Vega prise dans les glaces!’ Depuis, M. Nordenskiold a publié en deux volumes une. relation de ce voyage, traduite en français par MM. Charles Rabot et Charles Lallemand. Le premier volume, paru l’an
née dernière, s’arrêtait à l’hivernage des hardis explorateurs
au nord de la Sibérie. Dans le second volume, on voit lenavire reprendre sa course, doubler la pointe orientale dp
l’Asie, franchir le passage du Nord-Est, tenté vainement, jusque-là, puis gagner le détroit de Behring, dont les deux;
rives furent soigneusement explorées et enfin arriver au- Japon, à Yokohama, d’où il revint en Europe et en Suède.-
Nous donnons quelques gravures de ce second volumequi, comme le premier, est magnifiquement illustré. Es
quimaux de Port-Clarence : Teint clair et rose sur lesjoues, chevelure noire, luisante et dure comme du crin,
petits yeux bruns, nez court, figure plate. La plupart ont; les lèvres percées, au-dessous des coins de la bouche, de
trous dans lesquels ils passent des morceaux d’os, de verre
ou de pierre. Ils sont chasseurs et pêcheurs; leurs tombeaux se composent d’un enclos formé de montants de tentes; enfoncés en terre et entrecroisés. Les corps sont étendus sur
le sol dans cet enc’.os et ne sont protégés par aucun cercueil!
— La Konyam-bay se trouvé dans la mer de Behring, sur la côte du pays des Tschuktschis.
La gravure représente la Véga à l’ancre près de la rive sud-est de la baie que domi
nent de ce côté des montagnes de 600 mètres d’altitude en
viron. Les autres gravures ;e rapportent au Japon. L’une représente la rade de Naga
saki, les deux autres deux ty
pes de Japonais, un noble vêtu de l’ancien costume et un samurai. Les samurais ou
hommes à deux sabres étaient, des Japonais ainsi surnommés
parce qu’ils ne sortaient jamais, sans ces deux armes à la cein
ture. Les jeunes gens por
taient ces armes jusque dans, les écoles. Il en résulta de telles catastrophes, qu’aujourd’hui le port des deux armes en temps de paix est interdit au Japon.
NOUVEAUX ATELIERS DES FOURNITURES DE L’ARMÉE
(N° 58, ruedela Glacière).
Nous ne saurions trop rendre hommage à l’heureuse initiative de M le ministre de la guerre pour la modification qu’il a apportée dans le mode
d’adjudication des fournitures de l’armée,quiapermisàMM.
Lecerf et Sarda d’entrer en concurrence avec ceux qui en gardaient le monopole.
Répondant à cet appel fait à l’industrie privée, MM. Lecerf et Sarda n’ont pas hésité à fonder un vaste établisse
ment pour y réaliser des perfectionnements par eux étudiés depuis longtemps.
L’usine de la rue de la Glacière nous paraît donc mériter une attention spéciale au point de vue des services qu’elle rendra à notre nouvelle organisation militaire, construite sous l’intelligente direction de Garnier-Ramand, architecte.
Tous ces bâtiments ont été élevés en moins de cinq mois sur les catacombes, où il n’a pas fallu creuser moins de Il o puits.
Quinze ateliers peuvent recevoir deux mille ouvriers et ouvrières. L’administration, les bureaux et les caisses occu
pent un local distinct. Les salles destinées à la réception des matières premières et à la livraison, sous le contrôle de l’intendance, des effets militaires fabriqués, sont également séparées des ateliers.
Une puissante machine à vapeur met en mouvement tout l’outillage, tandis que deux générateurs de cinquante chevaux chauffent les ateliers.
Une immense marquise d’une construction toute spéciale et dont la hardiesse ajoute au mérite artistique règne autour
de la cour et permet d’opérer sans dommage et par tous les temps, le chargement et le déchargement des marchandises.
On pourra se faire une idée de l’importance de l’entreprise par le chiffre des assurances de l’immeuble s’élevant pour l’incendie seulement à la somme de 3.600.000 fr.
Si MM. Lecerf et Sarda se sont préoccupés des progrès à apporter dans la fabrication, ils n’ont pas été moins sou
cieux du bien-être et de la sécurité de leurs employés, et nous avons indiqué dans quelles conditions parfaites d’hygiène et de confort les installations avaient été faites.
Sous ce rapport l’exemple de MM. Lecerf et Sardà mérite encore d’ètre signalé et suivi. Ce qui fera l’objet de nouvelles études sur lesquelles nous reviendrons-.
NOS GRAVURES