— J’ai bien envie, dit tout à coup le soldat, d’aller toucher du bout de ma canne . . . . (Voir notre dernier numéro, page 394 colonne 3).
Le vétérinaire ne pouvait empêcher un sourire de monter à ses lèvres rouges, et comme il avait de la lecture il songeait inté
rieurement que tuteurs ou maris, Bartholo ou Sganarelle, sont tous les mêmes!
Pauvre commandant!... Ah I mais,un instant! Pourvu qu’il ne soit pas aussi aveugle en politique !
— Voulez-vous mon avis ? dit-il alors à Verdier.Estimez-le et aimez-le tant que vous voudrez dans la vie privée, M. de Montbrun, mais ne le dites pas trop haut. On ne doit avoir d’amitiés que dans son parti ! Et encore! Ça dépend des nuances!...
Ils étaient arrivés tout près de Robert et de Gilberte et la jeune fille demandait, en souriant, à Guénaut, s’il avait bien fait la leçon à son oncle, tandis que M. de
songeait aux conséquences de l’intrigue dont ils avaient maintenant le secret, M6 Cappois et lui!
C’était grave. Comment, grave? C’était effrayant. Et si l Anguille de Melun connaissait l’affaire, l’élection était compromise, elle était affreusement compromise, l’élection, et Garousse était capable de passer.
Guénaut songeait même qu’on aurait pu offrir « la succession Charvet » à Clément Garousse.
— Après tout, il est républicain, Garousse! Mme Herblay nous dirait qu’il n’a pas d’égide. Non, il n’a pas d’égide, Garousse! Il est même subversif! Mais le commandant en a une égide, à ce qu’il paraît ! Et elle en couvre de belles, son égide! Parlons-en!..- Ou plutôt n’en parlons pas! Car si on en parlait!
(Suite.)
DESSIN D’ÉMILE BAYARD
Le vétérinaire ne pouvait empêcher un sourire de monter à ses lèvres rouges, et comme il avait de la lecture il songeait inté
rieurement que tuteurs ou maris, Bartholo ou Sganarelle, sont tous les mêmes!
Pauvre commandant!... Ah I mais,un instant! Pourvu qu’il ne soit pas aussi aveugle en politique !
— Voulez-vous mon avis ? dit-il alors à Verdier.Estimez-le et aimez-le tant que vous voudrez dans la vie privée, M. de Montbrun, mais ne le dites pas trop haut. On ne doit avoir d’amitiés que dans son parti ! Et encore! Ça dépend des nuances!...
Ils étaient arrivés tout près de Robert et de Gilberte et la jeune fille demandait, en souriant, à Guénaut, s’il avait bien fait la leçon à son oncle, tandis que M. de
Montbrun, tête nue, s’inclinait devant son ancien capitaine. Le vétérinaire, qui se vantait d’y voir clair, trouvait que le jeune comte montrait trop de politesse et Gilberte trop d’aplomb. Ils n’avaient pas l’air de gens surpris. Oh ! mais, très forte, la petite! Et déci
dément, il ne s’était pas trompé, la veille, devant le Grand monarque! Il n’y avait plus à en douter. La nièce du candidat filait le parfait amour avec ce hobe
reau ! Diable, si le comité Verdier avait su cela avant de faire son choix, ça aurait diantrement modifié le vote!
Et Guénaut se grattait l’oreille.
Le train de Fontainebleau arrivait. M. de Montbrun n’avait que le temps de monter en wagon et pendant qu’il s’éloignait, très vite, Guénaut, un peu suffoqué,
songeait aux conséquences de l’intrigue dont ils avaient maintenant le secret, M6 Cappois et lui!
C’était grave. Comment, grave? C’était effrayant. Et si l Anguille de Melun connaissait l’affaire, l’élection était compromise, elle était affreusement compromise, l’élection, et Garousse était capable de passer.
Guénaut songeait même qu’on aurait pu offrir « la succession Charvet » à Clément Garousse.
— Après tout, il est républicain, Garousse! Mme Herblay nous dirait qu’il n’a pas d’égide. Non, il n’a pas d’égide, Garousse! Il est même subversif! Mais le commandant en a une égide, à ce qu’il paraît ! Et elle en couvre de belles, son égide! Parlons-en!..- Ou plutôt n’en parlons pas! Car si on en parlait!
Toutes ces idées s’entrechoquaient dans la tête du LA SUCCESSION CHARVET
PAR JULES CLARETIE
(Suite.)