que regrettent la chambre des députés, la garde nationale et l’indusirie parisiennes, présidant l’audience du 28 juillet 1850, et rendant l’arrêt par lequel il enjoignait à l’impri
meur du Courrier français de continuer à imprimer cette feuille au mépris des ordonnances illégales, engageant ainsi une lutte courageuse et constitutionnelle avec un pouvoir audacieux, dont les troupes envahissaient, à ce moment même, la place du palais consulaire.
Maroc. — Abà-el-Kader, dont on croyait la puissance ruinée, vient de sortir tout ê coup de son inaction et menace
le trône de Muley-Abder-Rhaman. L’empereur, qui l’avait accueilli dans ses Etats avec une certaine bienvedlance, et qui avait pour lui des ménagements et même des égards dont NOus aurions eu le droit de NOus plaindre, l’empereur s’aperçoit, un peu tard peut-être, qu’il réchauffait un ser
pent dans son sein, comme il le dit lui-même, en apprenant les faits et gestes de l’ex-émir. Depuis qu’Abd-el-Kader a
levé le masque, il ne garde plus aucune retenue : il traite le Riff en pays conquis, et exécute des razzias chez les tribus qui n’acceptent pas son autorité sans résistance ; il lève des troupes et drs impôts, et peu de temps après son exploit contre Sidi-Ahmer, le dernier gouverneur du Riff, il a atta
qué. la -.grande tribu des Khaieïa, qu’il a impitoyablement rançonnée.
De lâ il s’est dirigé vers le territoire des Beni-Tousin, et après avoir dépouillé le chef de cette tribu, qui cherchait à
combattre son influence, il s’est rapproché de Taza, amenant à sa suite d’inNOmbrables troupeaux et emportant de grandes provisions d’orge et de blé. Les rangs de son armée grossis
sent tous les jours, et il a déjà, sous ses ordres près de huit mille hommes, dont trois mille de cavalerie. La tribu des M’kalsa, l’u né des plus puissantes du Riff et qui lui est en
tièrement dévouée, vient de lui fournir huit cents cavaliers équipés. Abd-el-Kader se sent déjà assez fort pour braver ouvertement l’empereur, et il a su inspirer à ses troupes cette confiance qui fait souvent le succès,
De son côté, Muley-Abder-Rhaman fait de grands préparatifs, et l’on assure qu’il est décidé à se porter lui-même à la rencontre de l’ex-émir. Il a réuni un matériel de guerre
considérable à Rabat et à Fez, et depuis quelque temps les fusiliers et les caNOnniers font tous les jours l’exercice à feu dans la plupart des villes de l’empire. On a aussi donné
l’ordre d’envoyer à Fez tous les renégats répandus dans les diverses provinces du Maroc, afin d’en former un régiment sur lequel on tonde de grandes espérances.
Toutefois l’empereur agit avec une NOnchalance qui fait supposer qu’on n’entreprendra rien de sérieux qu’après le rhamadan, qui va bientôt commencer. Sidi-Mohammed, le fils de l’empereur, celui qui commandait l’armée marocaine à Isly, se tient toujours renfermé dans les murs de Fez, et
attend avec impatience les ordres de son père; il avait fait, sortir do la capitale quatre mille hommes qui devaient s’ap- proclier de Taza sous la conduite d’un chef éprouvé; mais après quelques marches en avant, cette petite armée a reçu l’ordre de rentrer à Fez, d’où elle est ressortie de NOuveau quelques jours après. Un second fils de l’empereur, Muley- Soliman, qui devait remplacer son père à Maroc pendant son absence, abandonne cette capitale pour aller rejoindre à
Fez le quartier général. Ces hésitations, ces lenteurs, ces marches et ces contre-marches qui démontrent la ftdhles.se et l’anxiété de Muley-Abder-Rhaman, font la joie d’Abd-el- Kader, qui en est instruit, et nuisent beaucoup à la cause de l’empereur. Ce prince se fait, précéder par un attirail formidable de chaînes, d’armes de guerre et de munitions de toute espèce. Sa NOmbreuse famille (ses enfants et ses femmes), qui était partie de Maroc avant lui, est arrivée à Fez.
Au surplus, si la perspective de cette guerre cause de sérieuses inquiétudes à l’empereur, les Marocains ont bien d’autres sujets de préoccupation et de crainte. Muley-Abder- Rhaman, eq quittant la capitale, a déclaré qu’on se rappel
lerait longtemps de son voyage, et il ne néglige rien en effet pour en graver profondément le souvenir dans la mémoire de ses malheureux sujets. Avant de sortir de Maroc, il a fait tofnber trois cents têtes et couper les pieds et les mains à plus de quarante individus, Partout où il passe, il ordonne de NOmbreuses exécutions et sème sa route de cadavres et de membres humains. La consternation est générale; les habitants des villes qu’il n’a pas encore traversées sont sai
sis de terreur et attendent son arrivée dans des angoisses inexprimables. Les prisons de Fez regorgent de malheureux accusés d’avoir des intelligences avec Abd-el-Kader, et les bourreaux de l’empereur auront de l’occupation en entrant dans cette capitale.
Espagne. — Le duc de Valence est arrivé à Madrid. Au moment où NOus écrivons, NOus ne connaissons pas encore les mesures que sa présence aura déterminé à prendre. Onassure que son retour aurait été provoqué par le général SerraNO lui-même, moins fidèle, à ce qu’il paraît, aux progressistes qu’à Isabelle.
M. Paclieco a résolu de demander une audience au roi, mais il n’a encore tenté aucune démarche. Le roi paraît du reste inébranlable dans la résolution de ne pas renlrer au palais
avant q tatre mois. Ce délai a été cal u’é, dit on, d’après certaines supputations si injure uses pour la reine, que NOus refusons NOn-seulement l’y croire, mais de les répéter.
Portugal — A t arrivée des dépê .lies anNOnçant le résultat des élections en Angleterre et les chances favorables du ministère Russell, le gouvernement portugais s’est décidé à céder à la sommation des envoyés des irois puissances, et le cabinet en massa a donné sa démission le -13.
Depuis ce moment jusqu’au 19, jour du départ du paquebot, ou est resté à Lisbonne dans l état de crise ministérielle. Au lieu du comte de Lavradio, c’est M. Rodrigo da Fonseca Maghalaens qui a reçu la mission de former un cabinet. Ce choix est vu d’un bon œil par le parti libéral. M. Maghalaens a rempli les fonclims de commissaire royal à Coïmbre, sous l’administration Palmela, qui est tombée lors du coup d’Etat
du 6 octobre de l’année dernière. Dès que le maréchal Saldanha a su à qui était dévolu le soin de former le NOuveau ministère, il a offert sa démission du poslede chef de 1 étatmajor général; cet exempleaété suiviparlemarquisdeFronteira, gouverneur civil de Lisbonne, et par le vicomte Fonte- NOva, général commandant la première division militaire.
On assure que les conditions sur lesquelles M. Maghalaens aurait le plus insisté pour accepter la présidence du conseil seraient celles-ci : « Le roi cessera d’être cornmandant en chef de l’armée, et les bataillons de volontaires chartistes seront dissous sur-le-champ. »
Les cabralistes se donnaient beaucoup de mouvement à Lisbonne pour organiser une émeute militaire. Malgré ces symptômes alarmants, il n’y avait pas eu toutefois d’explosion à la date du 19.
A Oporto, la situation était à peu près la même : autant la population avait accueilli avec faveur la NOuvelle de la for
mation probable d’une administration libérale, autant la garnison s’en était montrée irritée. La majeure partie des quatre régiments qui la forment s’était même réunie le 19, sur la place Saint-Ovide, pour un pronunciamento cabraliste, mais un bataillon entier ayant refusé de s’associer à cette démonstration, on a remis la partie à un autre jour.
Etats pontificaux. —Un journal, qui a quelquefois an­ NOncé le premier des résolutions de lord Palmerslon qui se sont ensuite réalisées, a dit, lundi dernier, savoir de bonne source que l’ordre était envoyé parlecabinet anglais auxîles ioniennes d’y embarquer deux régiments anglais pour aller prendre possession d’Ancône.
Toscane. — Le grand-duc vient de faire anNOncer à la commission qu’il a NOmmée pour élaborer le projet d’un NOuveau code pénal, que son intention est de supprimer en
tièrement la peine de mort, et de remplacer par l’emprisonnement cellulaire la peine des travaux forcés dans les maisons de correction et aux bagnes.
République de San-MariNO. — La même mesure vient d’être adopiée par ce gouvernement républicain, et une commission a été chargée de faire un rapport sur la peine à substituer.
Bavière. — On lit dans la Gazette d’Augsbourg : « Les chambres de Bavière sont convoquées à Munich pour le 20 septembre, mais le jour de l’ouverture de la session n’est pas encore fixé. Le même journal anNOnce que la fête du roi a été célébrée le 25 août dans la capitale avec une solennité et un enthousiasme comme on n’en a peut-être jamais vu de pareil depuis l’avénement du roi au trône. »
Danemark. — Depuis le 28 juillet dernier, il ne naît plus d’esclaves dans les Antilles daNOises. Tous les enfants issus de nègres postérieurement à celte époque y sont de plein droit libres. Dans douze ans, l’esclavage aura entièrement cessé d’exister dans les colonies daNOises d’Amérique.
Angleterre. — On lit dans le Daily-Neius du 24 août : « Le duc de Newcastle, le clergé et les propriétaires du voi
sinage de Worksop (dans le NOttinghamsire) se sont formés en association pour supprimer les luttes au pugilat, moyen
nant primes. On sait que depuis quelque temps cette localité est le théâtre favori des luttes au pugilat. »
Chine. — On a reçu le Overland Hong-Kong register du 24 mai. Voici le résumé des NOuvelles qu’il apporte :
« Depuis la dernière expédition des-Anglais contre les forts de La Bogue, ta disposition de la population est de plus en plus hostile. Elle prétend que les Anglais méditent une NOuvelle attaque, et cette NOuvelle, répandue à dessein, en
tretient l’animosité dans les esprits. Des lettres de Canton, du 21, du 22 et du 25 mai, disent que des milliers de ChiNOis ont essayé de brûler quelques-unes des constructions récemment élevées devant Minguas-Hong.
« Un détachement du 18e a disperse cette populace. Le bruit a couru que les ChiNOis se proposaient d’attaquer Hong- Kong, que la partie chiNOise deia ville serait incendiée pour appeler l’attention de la police pendant que l’on passerait dans une autre partie de la ville, et que l’on enlèverait les plénipotentiaires.
« Des mesures extraordinaires de précaution ont été adoptées, et les troupes ont été consignées. Il paraîtrait que diverses propositions ont été faites à Ki-Yng pour diriger contre les Anglais de meurtrières attaques, On dit queYung, préfet de Sici-Hing, a suppliéKi-Yng de donner l’ordre d’ex
terminer les Anglais. Ki-Yng ayant refusé, Yung avait, diton, conçu l’idée de mettre trois cents hommes sur divers petits bateaux, et de les envoyer à Hong-Kong, où ils se se
raient présentés sous prétexte de faire le commerce, et où ils auraient tâché de surprendre et, massacrer les soldats anglais. En général, on semble s’attendre à une NOuvelle guerre, qui sera accompagnée d’une grande effusion de sang. Ce qui peut le faire présager, c’est l’effervescence des ChiNOis et l’arrivée de renforts militaires anglais. R n’y aurait rien d’é- tonnant à ce que l’on apprît dans quelque temps la prise de Canton et le départ d’une expédition contre Pékin. »
Rio de la Plata. — Encore une question de politique extérieure qui, après des années d’hésitation, est sur le point de se trancher dans un sens diamétralement opposé aux intérêts et aux sympathies de ia France. Le steamer de guerre de ia marine royale britannique le Raltler, parti de la Plata le 15 juillet, est entré, le27 août, à Falmouth, avec des NOuvelles importantes, dont voici quelle serait la substance, d’après les dépêches de lord Howden:
« Les ministres de France et d Angleterre avaient proposé à Oribe, devant Montevideo, les conditions d’un armistice. Oribe, en les acceptant, en avait, de son côté, ajouté quelques autres. Ces conditions ayant été soumises au gouverne
ment de Montevideo, ce ui-ci les arefusées. En conséquence, M. Hoid, consul de S. M. britannique à Montevideo, a été invité à NOtifier aux négociants anglais que, par suite du refus tait par le gouvernement montévidéen de souscrire à l’ar
mistice, lord lfowJen avait donné à sir Thomas Herbert des instructions pour lever le blocus sur les deux rives de la Plata. »
Il suit de là que le blocus, cet unique moyen coërcitif, déjà si peu énergique, employé par les puissances poui amener Rosas à composition, est abandonne, et que le gouvernement argentin est désormais libre d’accabler la répu
blique de l’Uruguay, en renforçant Oribe par terre et par mer Le rôle des forces navales anglo-françaises se bornera désormais à regarder le plus fort écraser le plus faible.
Etats-Unis et Mexique. — Les NOuvelles apportées par YHibernia, qui avait quitté Boston le 16 août, et Halifax le 18 et qui est entré à Liverpool dans la nuit du 27 au 28, sont ’en général, assez incertaines, et il est impossible de savoir bien exactement si le général américain Scott est ou n’est pas entré à Mexico. Dans tous les cas, il ne pouvait guère tarder. Les NOuvelles que donnent les journaux d’a­
près diverses correspondances ne seraient donc qu’antici
Accidents. — Le 27 août à neuf heures et demie du matin, le quartier du Strand à Londres a été mis en émoi par une terrible explosion : c’était la chaudière du bateau à va
peur le Cricket qui sautait. Ce bâtiment, qui avait à bord cent cinquante personnes, toutes assises tranquillement, al
lait partir pour London-bridge. L’explosion se fait entendre; en un instant on ne voit plus que quelques personnes sur le pont, dans la partie du bateau qui n’avait pas souffert. Les autres passagers avaient été lancés en l’air ou dans J’eau; d’autres s’élaient jetés par-dessus le bord. Aussitôt des se
cours ont été portés dans tous les sens aux malheureuses victimes de l’accident. Il est impossible de se figurer la foule qui encombrait les ponts de Blackfriars, de Waterloo et de Westminster. Quinze personnes ont été transportées à l’hôpital de Charing-cross, où plusieurs ont été éthérisées et amputées ; cinq décès seulement ont pu être constatés. Peu de temps après l’explosion, le bâtiment a été couvert par le flot. Des bateaux n’ont pas cessé de travailler à rechercher les corps qui pourraient se trouver.dans les cabines. On pensait qu’il pourrait bien manquer encore cinquante personnes.
—On écrivait de Wesel (Prusse), le 21 août :«Un incendie s’est déclaré le 29 juillet dernier dans la forêt de De nner; il n’a pas cessé depuis lors et exerce encore ses ravages aujour
d’hui, c’est-à-dire depuis vingt-trois jours, et cela malgré les immenses efforts qui ont été faits pourcombattre le feu. Plus de cinq cents paysans ont travaillé sans cesse pendant plusieurs jours à abattre une large zone delà forêt, et à y creu
ser de larges et profonds fossés, afin d’arrêter les progrès de l’embrasement, mais en vain : les flammes ont passé par
dessus l’espace dégarni d’arbres, et se sont communiquées au reste du bois, qui actuellement se trouve aussi en pleine conflagration. On a maintenant perdu tout espoir d éteindre cet incendie, qui, sons le rapport de la durée, est à coup sûr
sans exemple dans les annales forestières. La forêt de Demner, appartient à l’Etat. On évalue la totalité des arbres qu’elle contenait, au moment où le feu s’y est déclaré, à sept millions de thalers (25 millions 200,000 fr.).
«Le bois de Rauhenans, situé NOn loin de la forêt de Demner, a été aussi consumé ces jours derniers par un incendie, et à l’instant même NOus appreNOns que le feu a pris à la forêt de pins dite des Landes de Spitlnau. »
Nécrologie. — M. le comte de Cambis, député de Vaucluse, vient de mourir à l’âge de trente-sept ans. — M. le comte Alfred de Montesquiou, ancien officier d’ordonnance de l’empereur, a mis lin à ses jours. Il avait épousé la fille de Peyron, qui devint général dans l’Inde, était père de six enfants et âgé de cinquante-trois ans.
Courrier de Paris.
N’exigez pas de NOus le tableau plus ou moins fidèle des petits événements du jour. Quand le mois d’août touche par tous ses bouts à des catastrophes, comment entrer dans cette vallée de désolation, le front souriant et la raillerie aux lèvres? La semaine est grave, et autoriserait des récits sé
rieux. NOs lecteurs savent à quel point l horrible NOus ré
pugne, et tel est le motif du silence que NOus avions cru devoir garder naguère surlatraeédie de l hôtel Praslin. Mais voilà qu’en dépit des particularités sanglantes de cet épouvantable événement, une histoire intime se fait jour, lamen
table toujours et pleine de larmes, mais d’un intérêt vif, actuel, saisissant dans ses révélations douloureuses. An lieu du drame mystérieux et terrible, voici un exposé nu et sin
cère des circonstances qui ont pu l’amener ; c’est la victime elle-même qui compte ses blessures et montre ses larmes. Comment pourrions-NOus aujourd hui vous importuner de NOs_ petites phrases sautillantes, à propos de petits faits sans
intérêt, devant cette éloquente agonie d une NOble infortunée qui, en retraçant l’histoire d’une douleur domestique, a trouvé parfois le tableau de mœurs contemporaines bien mieux que tous les chroniqueurs de profession :
« Cher Théobald, je ne te demande que ton amour ; je me laisserai conduire par toi; tu seras mon guide; plus de ja
lousie ; je ne m’arrogerai jamais le droit de reproche ni de conseil. Je me repens trop, je souffre trop de mes fautes pour y letomber. NOus sommes bien jeunes, Théobald; ne NOus condamne pas à l’isolemeDt tous les deux. Quoi ! NOus NOus aimons, NOus sommes purs, et NOus vivrions séparés l’un de l’autre de cœur et d esprit! Ali ! ne laisse pas oppri
mer ton cœur par un peu d’amour-propre. Je te jure que je n aspire quâ ta tendresse et à ta confiance; je serai la moi
tié aimante, mais passive de ta vie. Mon ami, la confiance est le mariage des âmes, les épanchements en sont les ca
resses, et l’union et le bonheur en sont les Iruits... Cette union de NOs cœurs sera un doux mystère de l’amour entre NOus. La vie est si courte, mon bienaimé, et il y a déjà si longtemps que NOus sommes séparés !..................................
Chaque jour apporte une NOuvelle douleur à ma triste vie. On m’a calomniée près de toi; sans cela, quelque