amère que fût ta haine pour mes emportements de jalousie, àurais-tu pris sur toi de m’arracher mes enfants? Quel que fût ton abandon, je t’aimais assez pour croire à un retour et même à ta tendresse, à ta fidélité. Mais maintenant que tu m’as arraché tous mes enfants pour les donner à une évapo
rée que tu connaissais à peine, maintenant que tu lui as donné tous mes devoirs à remplir, toutes mes joies et toute mon autorité ; qui a le droit de disposer de mes biens les plus chers, mes enfants, qui est la compagne de mon mari, qui a conquis le droit d’entrer à toute heure, en toutes cir
constances, dans cet appartement où moi, ta femme, je n’ai plus le droit d’entrer, lors même que tu es malade?... Oh! sous un masque de légèreté et d’inconséquence il y a bien de l’intrigue et du manque de pudeur dans cette personne,
qui n’a pas de sentiments religieux, et sans eux la vertu des femmes n’est qu’un sable mouvant. Cette personne, contenue, aurait pu faire une bonne gouvernante pour l’instruction des enfants, mais en avoir fait leur mère ! vivante en
core, me condamner à me voir remplacée ! Que Dieu te par
donne ; comme chrélienne, je te pardonne ; mais tu me fais trop souffrir ; tu as brisé nos derniers liens. Tu n’as que de la haine et du mépris pour moi. N’était-ce donc pas assezde m’avoir abandonnée, de t’être créé un intérieur, des joies,
des intérêts que j’ignorais? fallait-il donc encore m’arracher mes enfants et me remplacer à mes propres yeux?... Quelle vie, hélas ! quel avenir! Femme et mère, je dois vivre et mourir seule. Dieu seul peut amener un changement à no
tre existence par une espèce de miracle; ta volonté ne suffit plus. Ta fierté ne se plierait jamais à revenir sur ce que tu as fait et à me donner une part dans ta vie ; tu n’oserais plus retirer à mademoiselle D. l’autorité absolue que tu lui as donnée sur les enfants et dans la maison, et sans cela je sens vaines toutes les promesses que je ferais d’être heureuse et contente. Non, j’en suis cerlaine, tu ne te fais pas une juste idée de mes chagrins et de leur amertume; la haine la plus féroce ne les infligerait pas. Tu m’en veux, je le conçois, de te parler avec cet emportement de ceux qui m’ont fait tant de mal ; je me le reproche souvent, mais ce sont des cris que la douleur arrache à mon cœur.Va, si ma vie n’était pas bouleversée par le succès de leurs menées, je n’aurais même pas la pensée de leur en vouloir ni d’y songer. Un jour vien
dra où nous serons toujours séparés en cette vie, et nos der
nières années se seront donc passées dans l’isolement et la rancune. Oh ! qu’après moi du moins tu ne maudisses pas ma mémoire, Théobald ; je t’ai toujours aimé, je n’ai jamais aimé que toi, je t’aime encore; je souffre, mais je t aime encore! J’ai voulu être ta compagne, ton amie de tous les in
stants, partager toutes tes occupations, tes intérêts et tes douleurs, et m’occuper ensemble de nos chers enfants, voilà comme je comprenais le mariage, l’amour, l’amitié. Hélas !
se peut-il donc que tu m’aimerais mieux préférant cette vie sans devoirs que tu m’as faite, et si je préférais le monde à mon mari et à mes enfants...
« Mademoiselle D. règne sans partage; on n’a jamais vu de position de gouvernante plus scandaleuse. C’est un grand malheur, un grand mal même, car toutes ces habitudes si intimes et si familières montrent que c’est une personne qui se croit le droit de se mettre au-dessus de toutes les bienséances Chez elle, tout cela est vanité, goût de domination
et de plaisir ; songe qu’une intimité fraternelle, je le crois, est d’une haute inconvenance à vos âges. Quel exemple à donner à des jeunes personnes que de leur montrer qu’on croit tout simple, à vingt-huit ans, d’aller et de venir à toute heure, en tout costume, dans la chambre d’un homme qui en a trentesept, de le recevoir chez soi en robe de chambre, de se mé
nager des tête-à-têtes pendant des soirées entières, de se commander des ameublements, de demander des voyages, par
ties de plaisir, etc. Elle a rompu avec ses amies atin de se donner un relief plus grand et d’accaparer davantage ta so
ciété; elle trouve toujours moyen de se débarrasser des en
fants. N’a-t-elle pas eu le front de me dire : « Je regrette, madame, qu’il ne me soit pas possible de servir de média
teur entre vous et M. de Praslin ; mais, dans votre intérêt, je vous engage à faire attention à votre manière d’être avec moi. Je conçois qu’il vous soit pénible d’être séparée de vos entants; mais, d’après la résolution de M. le duc à cet égard, je sens qu’il faut qu’il ait des raisons graves pour avoir pris un semblable parti. » Est-il possible que ta femme, qui a toujours été pure, cjui n’a jamais aimé que tes enfants et toi surtout, soit contrainte à s’entendre ainsi insultée par une gouvernante que tu connais à peine ! fl faudrait donc que je parusse approuver ce qui est blâmable pour obtenir qu’elle te permette d’être mieux pour moi; c’est bien alors que je serais méprisable d’acheter un plaisir, du bonheur même, par une lâcheté. Je ne te dis pas, comme tu parais toujours l’entendre, que mademoiselle D. soit ta maîtresse dans toute la force de l’expression. Celte supposition te révolte, et tu ne vois pas qu’aux yeux de tous, ses relations familières avec
toi, son empire absolu dans la maison et mon isolement, sont établis comme si die Tétait ouvertement. Ne sens-tu donc pas ma douleur de voir mes enfants arrachés de leur mère pour être livrés complètement, à une personne qui ne com
prend pas que la bonne conduite et la vertu ont des formes
extérieures qui ne doivent jamais ressembler à celles du vice? Comment ne pas me désoler de les voir aux mains d’une personne qui m’avoue son mépris par ce que j’ai dit plus haut, et qui établit son empire en me faisant haïr et repousser par mon mari?
« Aujourd hui, me sentant révoltée de te trouver sortant d’un tête-à-tête, encore avec mademoiselle D., j’ai cru faire un coup de maître en m’enfuyant sans rien dire, pensant éviter ainsi toute espèce de scène, et marquer doucement mon improbation. Bon Dieu ! que j’étais loin de soupçonner la fureur où t’a mis ma malencontreuse douceur! Certes, aucune violence ne t’aurait pu pousser plus loin que de me poursuivre dans les escaliers avfc des injures et des gestes insultants, et, de venir ensuite briser chez moi mon vase de Saxe, et m’enlever deux cadeaux auxquels je te
nais tant ; tu me les avais donnés lorsque je croyais que tu m’aimais, mon petit plateau rose et mes petits vases d’émail; pourvu que tu ne les aies pas donnés à elle!
L’autre jour, pour me punir de mon obstination à entrer chez toi, où elle entre tant qu’elle veut, tu es venu briser toutes mes ombrelles; aujourd’hui, parce que je te fuis sans mot dire pour éviter une scène, tu brises mes objets les plus précieux, lu me voles les souvenirs d’un amour qui a été tout mon bonheur. Tu m’as déjà fait brûler les lettres, seuls restes de cette tendresse ; tu m’as arraché mes enfants, tu m’as condamnée à toutes les douleurs pour la vie présente sans me laisser d’espoir pour un meilleur avenir, et tu m’en
lèves mon passé ! Oh ! mon Dieu, je l’aimais trop! vous avez voulu me punir : vous avez frappé juste ; je pouvais tout per
dre avec courage, avec résignation, avec joie tant que son affection me restait ! Dans l’amertume de ma douleur, je sens la preuve de votre amour par la grandeur de l’épreuve : frappez, frappez, mon Dieu, et donnez-moi la force de suppor
ter en ce monde tout ce qu’il vous plaira, comme il vous plaira..... Est-il donc vrai, ô mon Dieu, qu’il ne m’aime plus du tout?.. Quelquefois il me prend des doutes : je me figure que cela est un plan arrêté dans l’intention de me corriger; mais en réfléchissant, il faut bien se rappeler que cela dure depuis cinq ans, qu’il m’a ôté mes droits de femme et de mère... J’ai de très-grands défauts : je souffre trop pour ne pas le savoir; mais je suis convaincue qu’il me suppose des vices que je n’ai pas. Ce matin, en causant, ma
dame de Dolomieu, avant cette scène affreuse, a imaginé de mè dire : « Votre mari a un tendre dévouement pour vous,
n’est-ce pas ? » J’ai louvoyé et n’ai pu prendre sur moi de dire une chose que je ne pense plus, je le vois bien, puisque je n’ose plus m’en glorifier.
« Théobald, Théobald! ne te suffisait-il pas, pour me punir de ma jalousie, de mener cette vie qui me déchire le cœur, qui a toutes les apparences de l’infidélité? Fallait-il encore m’enlever la tendresse et la confiance de mes enfants? Tu cèdes, sans le savoir, à une influence qui t’enveloppe de tous côtés. Je meurs de chagrin; j’ai passé depuis cinq années presque toutes mes nuits à pleurer dans des convul
sions de désespoir, et bien souvent je mettais l’oreiller sur ma bouche pour étouffer mes cris... Hélas! mon caractère s’aigrit, mes forces diminuent, mon esprit s’éteint. Songe à la douleur où t’a jeté la perte de ton père ; eh bien, moi, j’ai perdu mon mari, mes enfants; je suis près d’eux, et il ne m’est point permis d en jouir. Il faudrait que je fusse bien comédienne pour me montrer aimable et gaie dans une dou
leur si amère. Le calme que j’obliens n’est dû qu’à l’opium et aux efforts violents que je fais pour dissimuler mes an
goisses devant le monde. Que de lois ai-je dû fuir le salon pour dérober à tous les yeux les sanglots que je n’avais plus la force d’étouffer!...
«Quelle triste influence s’exerce sur lui! Comme il est changé. Lui qui était si sincère, sans cesse je le surprends
faisant mille mensonges ; lui qui était si pur, il passe sa vie dans les sociétés les plus mystérieuses ; ses manières si di
gnes sont devenues de mauvais goût ; son langage gracieux et qui sentait si bien la bonne compagnie, ne donne que trop
l idée des personnes avec lesquelles il passe sa vie. Ses idées sont devenues futiles ; il devient cassant, ironique, dédai
gneux, irritable, ennuyé, violent, sans regret de l’avoir été. NOn-seulement il ne m’a jamais témoigné un regret de tout ce qu’il m’a détruit par fureur, mais encore il trouve tout cela tout naturel, il en plaisante, il en ricane. Ah ! tu n’es plus toi, tu n’es plus celui que j’aimais. Quoi ! tu es dominé à ce point d’oublier que tu as encore des devoirs vis-à-vis de moi! tu ne songes pas que ces enfants que j’ai passé les plus belles années de ma vie à mettre au monde sans un mot de plainte (lorsque tant de femmes en veulent à leur mari pour deux ou trois grossesses), j’ai, moi aussi, des droits sur eux ; qu’en me privant de ta tenüresse, tu devais m moins partager la leur avec moi. Après avoir épuisé ma rie à reNOuveler ta race, à t’assurer les jouissances du cœur m t’entourant de famille, il faut que moi, leur pauvre mère, e sois repoussée par toi, insultée par celle à qui tu donnes e prix de mon sang, les entrailles de mon cœur! Oh ! mon igonie est cruelle! Quelquefois il me semble que j’ai tant souffert que je cesse de t’aimer. Je ne t’en veux :pas, je te jardonne; je suis convaincue que ce n’est pas ta faute tout à ait, tu es faible ; mais j’ai tant souffert, je me suis fiée à toi ;i longtemps en vain!
« Ne crois pas que je sois assez folle pour me figurer que les prières, des lettres, des scènes puissent me rendre ton affection et ta confiance... Au point où NOus en sommes, je veux du moins pouvoir me dire, si la mort NOus surprend! :
1 saura que mon cœur et ma raison étaient autres qu’il ne les aroyait. J’éprouve donc le besoin de te faire ma profession de ’oi sur ma manière d’envisager la vie. Sans estime, l’aiïeclion d’un mari pour sa femme est nulle; la confiance arouve cette estime, et le degré de la confiance est la
mesure de l’affection. Le but de la vie d’une femme est d’ê- re l’amie, la compagne, la consolation de son mari, d’éle
ver ses enfants, de diriger l’intérieur du ménage. Ce sont là les trois missions de la femme sur la terre. Si elle ne les remplit pas, elle a manqué sa vie, elle est un être inutile et méprisable, comme l’homme qui n’a d’autre occupation que le boire, fumer, jouer ou monter à cheval. Il y a des épouses mupables qui ont bien élevé leurs enfans, car le cœur d’une mère se sanctifie et s’épure par l’amour de ses enfants.
Oui, Théobald, celle qu’on ne trouve pas digne de s’occuper d’eux, c’est qu’on la regarde comme une créature corrompue. J’ai cru longtemps qu’entraîné par ton goût pour l’in
dépendance, poussé par de mauvais conseils, éloigné par ma jalousie (à laquelle franchement tu donnais beau jeu par ton abandon), j’ai cru longtemps que si, pour tous ces mo
tifs, tu me repoussais en dehors de ta vie et de tes plaisirs, lu avais assez bien jugé mon cœur pour me revenir dans les chagrins et la souffrance. Mais lorsque je t’ai vu. souffrant me bannir, moi seule, de ta chambre, lorsque j’ai vu que tu
me fuyais dans la douleur, que tu m’enlevai tous mes enfants pour les donner à une inconnue légère, évaporée, in
trigante, alors j’ai enfin ouvert les yeux ; j’ai reconnu que dans ton cœur il n’y avait pour moi qu’aversion tempérée quelquefois par la pitié que tu ne saurais refuser à ma triste existence et à mon amour. Ah ! tu m’as dit avant-hiei un mot bien dur qui m’a percé le cœur ; tu m’as dit que. puisque je ne partageais aucun de tes intérêts, je n’avais plus de droit à tes chagrins. Tu l’as voulu, NOus ne pouvons plus être que des étrangers l’un pour l’autre. Adieu donc ; sois heureux, tu peux l’être encore ; tu as des enfants, moi je n’ai plus rien : ta haine m’a tout retiré; l’indifférence n’aurait pas fait tout cela....
« La mort vient à pas lents, mais elle arrive ; si tu savais combien je suis brisée par la douleur ! Tu ne le crois pas, j’en suis certaine; serais-tu aussi dur si tu savais combien je’ suis profondément malheureuse? Tu m’en veux d’être soupçon
neuse, de ne pas me montrer gaie et de belle humeur. Quoi ! je n’ai plus de mari, plus d’enfants, je vois ma place prise près d’eux, et je pourrais plaisanter et rire ! Mais j’ai une âme, et cette âme, froissée dans ses affections, souffre cruellement. Qu’est-ce que l indépendance, le luxe, fa fortune
toutes ces vaines choses? Ce qu’il me faut, c’est mon mari] mes enfants, leur présence, leur affection ; et que me fait le reste? J’aimais la toilette quand je sortais avec toi, le spectacle avec toi! Le monde me plaisait aussi, j’aimais les cu
riosités et les belles choses quand NOus vivions ensemble à la maison; mais tout cela, loin de toi, m’est indifférent et me pèse. Dans mon isolement tout m’est souffrance. Si tu savais ce que j’éprouve quand je vois des femmes avec leurs maris, quand elles me parlent de leur intérieur. Tu me dis de former dehors des amitiés ; et de quel droit, moi; repous
sée comme indigne, loin de mon mari et de mes enfants, irai-je demander l amitié de personnes qui vivent au milieu d’un cercle de devoirs et d’affections naturelles? Elles me diraient : « Que venez-vous chercher quand vous avez un mari et neuf enfants?» Quand on me parle de toi et d’eux,
je souffre comme l’aveugle à qui on aurait crevé les yeux et auquel on viendrait parler de la lumière et des beautés de la nature. Cher bon Théobald, ne me maudis pas quand je se
rai morte, car je vous aimais bien tous, mes pauvres chers bien-aimés. Hélas! situ avais eu plus de principes religieux, j’aurais étémoinsjalouse. Faudra-t-ildoncqueje meure pour que tu me pardonnes!»
« Il y a longtemps que je n’ai écrit, et cependant rien n’est changé depuis. Elle doit partir, dit-on, lorsque NOus irons à Praslin, et en attendant, son empire s’exerce toujours plus absolu. Père et enfants, elle tient tout en charte privée ; je comprends assez son jeu, si décidément elle a toute honte bue; mais lui, je ne puis m’expliquer sa conduite .. Il était las de cette femme depuis longtemps, mais il en a peur ; c’est pour cela qu’il ne la renvoyait pas, c’est évident. Maintenant qu’on vient à son secours, son amour-propre se révolte ; c’est là son seul regret, et, en lui montrant de la dou
leur qu’il ne sent pas, il espère la calmer. Comme il était, pressé hier d’aller à Praslin et de couper court tout de suite ! Oui, comme on me Ta dit, je lui ai rendu un service réel, mais jamais il ne me pardonnera ; il se vengera sur moi, jour par jour, heure par heure, minute par minute de lui avoir rendu ce service et d’avoir eu raison quand il avait tort. L’abîme se creusera tous tes jours plus profond entre NOus ; plus il réfléchira, plus il se sentira coupable, et plus il appesantira sa vengeance sur moi. L’avenir m’effraye, je tremble en y songeant, je me sens bien faible. Mon Dieu, venez à mon aide; donnez-moi la force de supporier ces NOuvelles épreuves comme vous le voudrez, et de manière à attirer le plus de grâces sur mes enlants et sur lui, le mal
heureux! Ah ! il m’a fait une bien cruelle vie, mais je ne voudrais pas changer sa position avec la mienne. Comme il est changé! Toujours triste, morose, mécontent de tout le monde, en méfiance contre chacun, s’irritant de foutes cho
ses ! On voit que le remords est là. Moi, qui l’ai tant aimé, j’ai peine à le reconnaître : ce n’est plus le même homme. 11 valait mieux que cela ; mais lorsque, dès l’enfance, on ne vous a pas inspiré l’enthousiasme des belles et saintes cho
ses, la vie se passe à végéter jusqu’à ce que les facultés éner
vées déclinent et soient supplantées par la matière. Il souffre, il sent sa position, car tout me prouve qu’il veut l’éviter pour NOs fils. Mais est-il en état d’élever des filles, qu’il ne faut approcher qu’avec une auréole de pureté et de pudeur? Les pauvres enfants ! on les séquestrait afin que leur igNOrance des usages et des convenances rie leur fît pas apprécier les
mauvais exemples qu’elles avaient sous les yeux, 11 m’en veut et m’en voudra jusqu’à ma mort... Quels peuvent être
ses projets pour NOtre avenir?... de combien de chagrins NOn articulés il m’a menacée ! Il me disait que j’avais gâté toute ma vie par cet acte... Mon Dieu, faites entrer la lu
mière dans son esprit, le repentir dans son âme ; soutenezle, car il est aveugle et ne sait ce qu’il fait. Quant à moi, il n’entre pas de vengeance ni d’animosité dans mon cœur, et, si j’ai pris un parti qui paraît dur à mes enlants, à leur père, c’est que j’ai vu là mon devoir. Ah! j’aurais voulu, en la renvoyant d’une main, à cause de mes enfants, lui tendre l’autre pour moi, et lui dire que je lui pardonne et ne lui en veux pas. »
Tels sont les fragments les plus saillants de ces admirables lettres qui ont été, sans contredit, la principale émotion de la semaine; un regret NOus reste, c’est que NOtre cadre et l’espace laissé à NOtre Chronique dans ces colonnes, ne NOus permettent pas de les reproduire dans leur intégrité.
Le démantèlement de Bapaume.
DESSINS DE M. CHARPENTIER.
Le 24 NOvembre 1407, le lendemain du jour où le duc d’Orléans avait péri assassiné au coin de la Vieille rue du