Temple et de la rue Barbette, tous les parents de la victime vinrent à l’église des Blancs-Manteaux visiter le corps et lui donner l’eau bénite. Le duc de Bourgogne arriva l’un des premiers, et il qualitiale crime plus sévèrement que tous les autres. « Jamais, dit-il, plus méchant et plus traître meurtre n’a été commis en ce royaume. » Au convoi, il tint un des
coins du drap mortuaire et pleura beaucoup. Mais quand il fut constant que les assassins avaient fui vers la rue Mauconseil, où était son hôtel, quand le prévôt de Paris eut dé
claré qu’il se faisait fort de trouver les coupables si on lui permettait de touiller les hôtels des princes, Jean sans Peur se troubla, et, tirant à part le duc de Berri et le roi de Si
cile, il leur dit, tout pâle : a G est moi ; le diable m a tenté. » Alors, ditM. Michelet, l’orgueil tua en lui le remords. Il se souvint qu’il était puissant; qu’il n’y avait pas de iuge pour lui ; il s’endurcit ; il avoua hautement son crime. Toutefois, il crut plus prudent de ne pas rester à Paris. Etant retourné à son hôtel, il monta à cheval et parfit au galop. Dès qu’on
Démantèlement de Bapaume. — Batterie de brèche battant la demi-lune n° 15.
cautions n’avaient point empêché le duc de Guise de s’en emparer en 1521. Mais en 1529 le traité de Cambrai la ren
dit àCharles-Quint. Assiégée en vain par le connétable duc de Montmorency, elle fut prise en 1641 par le maréchal de la Meilleraie après neuf jours de siège. La garnison espagNOle ne capitula qu’à la dernière extrémité. Le traité des Pyré
nées la céda définitivement à la France en 1659, et à dater de cette époque elle n’eût plus
d’histoire particulière.
Les fortifications de Bapaume avaient été consolidées et augmentées par le chevalier de la Ville et par Vauban. Mais depuis longtemps déjà on ces
sait de les entretenir, car elles étaient condamnées comme in
suffisantes , lorsqu’un décret impérial du 17 NOvembre 1804 ôta à cette ville son titre de place de guerre. Les ancien
nes murailles qui tombaient en ruine de tous côtés ne ser
vaient donc plus qu’à assurer la perception des droits d’oc
troi. Aussi, cette année, le gouvernement s’esl-il décidé à hâter l’œuvre du temps en faisant faire aux armes du gé
nie et de l’artillerie, sous la direction du duc de Montpensier, des expériences qui pouvaient avoir d’importants résultats pratiques.
Cette résolution prise, une commission fut NOmmée pour suivre et étudier les opérations du démantèlementdeBapaume.
Cette commission, présidée par monseigneur le duc de Montpellier, comptait quatorze offi
ciers de tous grades, pris par moitié dans les armes du génie et de l’artillerie, artillerie : MM. Piobert, colonel; Maurin, lieutenant-colonel; Perrin, commandant; Didion, comman
dant; Joli Frigola, capitaine; Bouttier, lieutenant, génie : Le commandant Leblanc, rapporteur; MM. de Cussière, colonel ; de Chabaud-Latour, co
lonel; Revel, commandant; Troetschler, commandant; Mazuel, capitaine; Geai, lieutenant. On réunit en outre à Bapaume un petit corps de troupes ainsi composé :
5 officiers, 269 sous-officiers et soldats, et 95 chevaux du 10“ régiment d’artillerie ;
7 officiers, 273 sous-officiers et soldats du 3e régiment du
génie;
le Miraumont, en est éloigné de 12 kilomètres, Cette annéelà (1414) l’été fut très-chaud. Bien que les assiégés eussent percé plus de cinquante puits, ils manquaient d’eau. Ils se virent forcés de se rendre.
Le traité d’Arras, conclu la même année, avait rendu Bapaume au duc de Bourgogne. Après la mort de Charles le Téméraire, Louis XI s’tn empara et y fit mettre le feu (1477).
sut qu’il fuyait, on le poursuivit. Cent-vingt chevaliers du duc d’Orléans coururent après lui, mais il n’y avait pas moyen de l’atteindre. A une heure il était déjà à Bapaume, siTon en croit la tradition. Ce qui est positif, c’est que, dès qu’il fut arrivé dans celte ville, il ordonna qu’on sonnât l An
gélus, ou, comme on disait alors, le pardon, en mémoire du péril auquel il venait d’échapper, et oeu anrès il fit cadeau d’une cloche à la ville, à la condition que TAngelus y serait sonné toujours à la même heu
re. Cet.Angélus s’appela long
temps TAngelus du duc de Bourgogne.
Ce n’était pas la première fois que cette ville servait de refuge à un assassin. Elle était très-ancienne, car Charles le Chauve l’avait donnée en dot à sa fille Judith, femme de Bauduin bras de fer (862).
Deux siècles plus tard, Un bandit des environs, NOmmé Béranger, s’empara du châ
teau , après avoir égorgé le seigneur qui l’occupait, et par
vint à s’y défendre jusqu’à sa mort contre les parents, les amis et les vassaux de sa victime.
En 1180, Roger, évêque de Laon, célébra à Bapaume, dans l’église de Saint-Nico
las, le mariage d’Isabelle de Hain aut avecPhi li ppe-Auguste.
En 1214, Philippe-Auguste y envoya les prisonniers qu’il avait faits à la bataille de Bo
vines. Cependant, bien qu’elle eût déjà acquis une certaine importance, c’était encore une ville ouverte, défendue seu
lement par une forteresse. Ce ne fut qu’en 1335 qu’Eudes, duc de Bourgogne , auquel appartenait le comté d’Artois dont elle faisait partie, l’en
toura d’un mur d’enceinte. Ces murailles, augmentées succes
sivement, étaient déjà assez
fortes en 1359 pour permettre 1 Enguerrand de Ilesdin et
à Oudard de Renti de s’y enfermer avec leurs hommes d’armes et de repousser les attaques des Anglais qui avaient envahil’Artois. Les BourguigNOns y eussent probablement ré
sisté avec le même succès aux Armagnacs si le siège eût eu lieu pendant l’hiver ; mais l’emplacement de Bapaume a été on ne peut plus malheureusement choisi. Il n’y coule pas le plus petit filet d’eau. Le ruisseau le plus rapproché,
Démantèlement de Bapaume. — Sapeurs mineurs chargeant un fourneau de mine.
Elle ne tarda pas à se relever de ses ruines, et Charles-Quint, qui la fortifia, afin de l’opposer à Péronne, y établit deux compagnies militaires, — des archers et des arbalétriers, — auxquelles il accorda de magnifiques privilèges (I). Cespré
(1) Vo;r VHistoire des failles de France, par M. Aristide Guil
bert, t. 1 .