SUISSE- — La Diète a consacré ses séances du 2 et du 5 à 1 allaire des jésuites. A la majorité de douze voix elle a voté 1 invitation aux cantons qui ont des jésuites chez eux de les eloigner ; elle a ensuite pris un arrêté qui interdit aux autres cantons de les recevoir.
Bavière. — Le roi de Bavière, à l’occasion de sa fête, la Saint-Louis, a créé Lola Montés comtesse de Lansfeld avec un majorât qui, postérieurement, a été iixé à 82,000 fr. de pension. Voici les lettres patentes conférant le titre :
« NOus Louis, roi de Bavière, savoir faisons que NOus avons très-gracieusement résolu d’élever Marie Parris y Montés,
née d’une famille NOble espagNOle, à la dignité comtale, sous le NOm de comtesse de Landsfeld. En lui octroyant, en vertu de NOtre pouvoir royal, la dignité comtale de NOtre royaume avec tous les honneurs, droits et prérogatives qui y sont at
tachés, NOus voulons qu’elle se serve des armes comtales cidessous.décrites sur un écusson écartelé àl’allemande:
« Sur le premier carré, dans un champ de gueules, un Sabre d’argent à poignée d’or; sur le second, dans un champ d’azur, un lion d’or couronné et prêt au combat ; sur le troisième carré, dans un champ d’azur, un dauphin d’argent tourné à gauche, et sur le quatrième, dans un champ blanc, une rose pâle. L’écusson est surmonté d’une couronne com
tale enrichie de neuf perles ; la couronne aura à gauche les tabliers du heaume d’or et d’azur, et à droite ces mêmes tabliers argent et gueules.
« Il est porté par les présentes à la connaissance de tous les fonctionnaires et employés de la couronne et du royaume, de tous NOs serviteurs grands et petits, et à tous NOs sujets en général, qu’ils auront NOn-seulement à reconnaître Marie, comtesse de Landsfeld, comme telle, mais à la traiter en conséquence selon leurs charges et leurs devoirs, car c’est NOtre volonté que toute personne qui contreviendrait à l’oc
troi de ce titre soit traduite par le fiscal de NOtre couronne devant les tribunaux, pour y répondre de l’infraction à NOs ordres et de la lésion des droits bien acquis des tiers. »
Autriche. — On écrivait, de Klagenfurlh, à la fin du mois dernier « A deux milles de Klagenfurlh, il y a quelques villages qui, depuis très-longtemps payaient la dîme aux bé
nédictins d’Eberndorf. Quelques voyageurs ayant répandu,
sans doute par p aisanterie, la NOuvelle que toutes,les dîmes étaient abolies, les paysans ne voulurent plus la payer au couvent. Les efforts de l’autorité et même fintervenlion des troupes venues de Klagenfurth ne purent vaincre la résis
tance des paysans. Armés de faux et de massues, les gens dé la campagne paraissaient décidés à se défendre énergique
ment, et l’on voulait aussi soulever les villages voisins au moyen de signaux sur les montagnes. On espère toutefois u’une deuxième compagnie de renfort et les exhortations u chef du cercle mettront un terme aux désordres. »
Crimée. — Des lettres de Trébisonde anNOncent que le choléra s’est déclaré à Kars. Des lettres d’Odessa anNOncent également qu’il a envahi Taganrok.
Turquie. — D après une correspondance de ConstantiNOple, le sultan est décidé à accorder la grâce au célèbre chef des Kurdes, Bederhan-Bey, et le renvoyer dans le Kurdistan, comme gouverneur de cette contrée. Il serait en effet difficile de faire un meilleur choix, si on peut compter sur la fidélité du rebelle gracié’.
Le Moniteur grec, du 20 août, ajoute la NOuvelle suivante : « On écrit de Corfou, que l’escadre ottomane, char
gée de surveiller les côtes d’Albanie et d’y maintenir le blo
cus jusqu’à Ce que la révolte de Djouléka soit vaincue, est arrivée dans ces parages depuis plusieurs jours. »
Angleterre.— Bien que la Banque d’Angleterre ait an­ NOncé qu’elle admettait à l’escompte, au laux réduit de cinq pour cent, les coupons de rente et les bons de l’échiquier,
décision qui a produit bon effet à la Bourse de Londres, de NOuvelles faillites sont anNOncées tous les jours, et le Mark- Lane-Express dit que le déficit de celles qui se rapportent au commerce des céréales dépasse déjà cent millions. Le Sun rapporte que le travail diminue dans les villes manufactu
rières, et que, dans la seule ville de Preslon, onze fabriques ont été fermées. Le Manchester-Gardian dit que les ouvriers filateurs ont décidé, dans un meeting, que, vu le manque de travail qui commence déjà à se faire sentir, et qui pourrait devenir plus général pendant l’hiver, les travaux de
vront être suspendus dans toutes les filatures de coton pen
dant le mois de septembre, avant la dure saison et pendant que la moisson dans les campagnes environnantes offrirait encore quelques chances d’occupation aux ouvriers et aux ouvrières des villes.
Irlande. — Tout le monde connaît les affreux désastres qu’a causés en Irlande la famiuè qui n’est pas encore à son terme; ce qu’on ne sait peut-être pas autant, c’est que le fléau, comme si ce n’était pas assez de ses propres ravages,
a engendré des maladifs particulières qui ont doublement décimé la population de ce triste pays. Ainsi, les bâtiments qui transportaient soit au Canada, soit aux Etats-Unis les malheureux fuyant le sol maudit de leur patrie, ont emporté avec eux une fièvre pour laquelle on a trouvé un NOm, la fièvre des vaisseaux, ship fever. Comme on l’a vu par une corres
pondance du Canada que NOus avons reproduite dernièrement,Tes émigrants sont entassés en masse dans les fonds de cale; ils y meurent par centaines ceux qui arrivent sont à leur tour accumulés dans des lazarets ou dans des hangars ouverts à tous les vents. Il en meurt cent à cent cinquante par jour; et l’immigration, qui, dans d’autres cir
constances, serait regardée comme un accroissement de ri
chesse et un élément de prospérité, devient une cause de ruine et de dévastation. — Yoilà comme les choses se pas
sent en pleine mer et dafis les colonies; malheureusement,
dans la mère-patrie, sous l’œil du gouvernement, il n’en est pas autrement. Les relations renfermées dans les journaux d’Angleterre et d’Irlande sont navrantes. La famine et la misère ont engendré et développé dans ce dernier pays un typhus d’une nature toute spéciale, que deux médecins français, MM. Gueneau de Mussy et Bordier, sont allés observer,
en vertu d’une mission de NOtre gouvernement. Des faits, démontrant la plus coupable indifférence, l’incurie la plus cruelle de la part de l’administration, ont été révélés dans la presse par un docteur irlandais qui accompagnait NOs deux compatriotes, et le Morning-Chronicle adresse, à cette oc
casion , les plus énergiques reproches au gouvernement et aussi aux autorités de Dublin.
A un banquet donné à Dundalk par les amis de M. Mac- Tavisii, repealer, dernièrement élu membre du parlement,
aux prêtres catholiques et autres personnages influents qui ont appuyé la candidature de ce député, M. J. O’ConnelI a proNOncé un speech, dans lequel il a tiré un assez heureux parti d’un événement tout récent, la remise à flot du paque
bot Great-Britain, qui sombra au mois de septembre de l’année dernière :
« Après sept mois d’efforts, a dit l’orateur, on est venu à bout d’arracher le Great-Britain des côtes de l’Irlande ; après sept siècles de misère, on réussira peut-être à écar
ter aussi de l’Irlande la Grande-Bretagne, qui pèse sur ce malheureux pays comme un cauchemar et pompe comme un vampire jusqu’à sa dernière goutte de sang. »
Cap de Bonne-Espérance. — On a reçu à Londres les journaux du Cap jusqu’au 50 juin inclusivement. Ils apportent des NOuvelles peu satisfaisantes de l’état de cette colo
nie. Une vive affaire a eu lieu auprès de Sandilla, le 18 juin, entre les troupes anglaises et les Cafres : la force nu
mérique de ces derniers leur a donné l’avantage; leur perte n’a pas laissé cependant d’être très-considérable. Le lieutenant Russell (que l’on dit appartenir à la famille du premier ministre) a été mortellement blessé et est mort le surlendemain.
Madagascar.— La Feuille Hebdomadaire de file Bourbon publie l’article que NOus transcrivons ici :
« Si NOus sommes bien informés, la frégate la Cléopâtre, montée par le contre-amiral Cécille, mouillée en ce mo
ment sur NOtre rade, doit partir dans la première quinzaine de mai pour Madagascar, où elle est appelée à NOus rendre de grands services, si l’on doit ajouter foi aux faits qui NOus ont été rapportés.
« Lorsque M. Cécille, alors lieutenant de vaisseau, parut dans NOs mers, il fit un voyage à Madagascar et eut occasion de voir Kanavalo, femme de Radama, le grand civili
sateur de ces peuples, et qui était à l’apogée de sa grandeur royale. Ranavalo lui fit pressentir qu’un jour viendrait où ses relations amicales lui seraient de quelque valeur. Bien des années s’écoulèrent depuis cette entrevue, lorsque ré
cemment Ranavalo, devenue par la mort de Radama reine absolue des Malgaches, apprit que le lieutenant de vaisseau était aujourd’hui contre-amiral et qu’il commandait la sta
tion de Bourbon. Elle lui fit savoir qu’elle était disposée à reNOuer les relations de bienveillance et d’amitié qui avaient existé enlre eux, et c’est dans la pensée de rétablir ces rap
ports que M. Cécille se prépare à faire voile vers la grande île africaine. Et ce départ semblerait d’autant plus prochain que le temps de service d’une partie de l’équipage de la Cléopâtre est surhe point d’expirer, après une absence de plus de cinquante-trois mois de la France. Ces braves ma
rins ont consenti toutefois à rester dans ces mers jusqu’en décembre prochain et à suivre leur commandant à Mada
gascar. M. le contre-amiral Cécille a donc un beau rôle à jouer à Madagascar. L’île Bourbon applaudit ait de toutes ses forces à son habileté, s’il parvenait à détruire les barrières jusqu’ici infranchissables qui NOus séparent de cetfe île. S’il réussissait à faire revenir Ranavalo-Manjaka de son opiniâtreté, contraire à ses intérêts comme aux nôtres, il ac
querrait par là l’estime, la reconnaissance et l’affection du pays. »
D’autres avis autorisent également à concevoir les mêmes espérances qui se trouvent aussi exprimées dans le Journal du Commerce de Bourbon, et que confirme à sa manière ÏEastern-Province-Héralddu port Élisabeth, du 17 avril.
Rio delaPlata. — On a reçu quelques informations, incomplètes encore, sur les laits qui ont précédé la levée du blocus de la Plata, par les forces navales. M. Walewski et lordHowden, après avoir reconnu l’impossibilité de traiter avec Rosas, ont quitté BueNOs-Ayres et sont revenus à Mon
tevideo. Les deux plénipotentiaires, afin d’avoir le temps de demander de NOuvelles instructions, ont témoigné le désir de conclure un armistice de six mois entre Oribe et Monte
video. Ils se sont rendus au camp d’Oribe, accompagnés des commandants des deux escadres. Oribe a consenti à l’armistice, à la condition que l’approvisionnement de Mon
tevideo serait fixé par mois à 1,SÜ0 têtes de bétail, qui se
ront livrées à prix débattu, et que le blocus de tous les ports serait levé. Le gouvernement montévidéen a fait quel
ques objections à cet arrangement, mais il paraît qu’elles n’ont pas paru insurmontables, puisque l’amiral anglais a exécuté immédiatement la première condition de l’armis
tice en déclarant le blocus levé. Les journaux de la Plata ne disent pas si l’amiral français a suivi cet exemple.
Etats-Unis et Mexique. — Les NOuvelles de Nerv-York du 14 août démentent le bruit de la prise de Mexico. Ou lit dans un supplément du Courrier des Etats-Unis de cette date: « Le steamer Fashion est arrivé à la NOuvelle-Orléans avec des avis de la Vera-Cruz jusqu’au 2 août, et de Puebla jusqu’au 50 juillet A cette date, le général Scott était encore dans cette ville, et se préparait à marcher sur Mexico. NOs prévisions se trouvent donc confirmées, et l’entrée des Américains dans la capitale est formellement démentie.
« Quelques correspondances représentent les perspectives de paix comme plus favorables qu’elles ne l’étaient jusqu’ici; mais il y a peu de fond à faire sur ces hypothèses.
La capitale renferme vingt-cinq mille hommes de troupes commandées par Valencia, Alvarez et Senta-Anna ; les tra
vaux de défense sont terminés. Ou semble croire cependant qu’il n’y aura qu’un simulacre de résistance. Mais, comme tous les journaux ont été suspendus, à l’exception de l’or
gane officiel, il est difficile de savoir la vérité sur les dispositions des habitants.
« Le général Scott a dû se porter en avant dans la première semaine d’acût, aussilôt qu’il auia élé rejoint parle général Pearce. Celui-ci est arrivé à Perole, après avoir défailles Mexicains au Pont-National,en leur tuant cent hommes. »
Ordre du jour de l’armée. — M. le ministre de la guerre a eu la louable idée de faire mettre ce qui suit à l’ordre du jour dans tous les corps de l’armée :
« Le sieur Goëcke, chef de musique au 52e de ligne,
reçu, dans la séance publique de l’Académie française du 22 juillet dernier, une médaille de 1,000 francs, de la fon
dation Montyon, pour des actions vertueuses; voici pour quels motifs :
« Goëcke est entré comme enfant de troupe au 5e de ligne, et s’est livré à l’étude de la musique; dès qu’il a pu obtenir quelques faibles émoluments, il les a consacrés à ve
nir au secours de son père, de sa mère et de ses neuf frères ou sœurs. Parvenu à être chef de musique au 52e, il a envoyé à son père son premier mois d’appointements, et depuis il n’a pas cessé de lui faire remettre chaque mois une grande partie de ce qu’il avait gagné. Lorsque son père, qui était musicien au 8e de ligne, est mort, Goëcke a appelé auprès de lui toute sa famille, qui est sans ressources et sans ap
pui; à l’âge de vingt-deux ans, il a pris neuf personnes à sa charge: il pourvoit à leur existence, à leurs besoins et à l’é­ ducation de ses frères.
« De semblables actions trouvent leur récompense dans la conscience de celui qui les accomplit ; mais il importe à 1 armée de les connaître et de les apprécier. Le ministre de la guerre est heureux d’avoir à lui signaler ce bel exemple, et de rendre publiquement au chef de musique Goëcke tout l’honneur qu’il mérite. »
Naufrages. — Les côtes septentrionales de l’Ecosse ont été visitées, vers la fin du mois dernier, par une violente tempête d’est-sud-est, accompagnée de torrents de pluie, qui a duré quatre jours sans interruption, et a causé de NOmbreux malheurs. Tous les petits ports des comtés de Cromarty, de Sutherland, d’Aberdeen, habités par de pauvres pêcheurs, pour la plupart, ont eu des victimes à déplorer. Un grand NOmbre d’embarcations, surprises en mer par l’o­
rage, ontétéjetées à la côte, sans qu’onaitpu rien appren
dre sur le sort de leurs équipages, qui sans doute auront trouvé la mort dans les flots.
Quelques navires du long cours se sont aussi perdus dans ces parages, mais on manque encore de renseignements à cet égard. On cite seulement le trois-mâts le Canton, de Hull, parti pour l’Amérique avec un grand NOmbre de pas
sagers émigrants, que l’on porte à 30Ü, et qui a élé poussé par la violence du vent sur les écueils qui parsèment ces dangereux parages. En moins d’une heure, le bâtiment fut mis en pièces sur la roche appelée la Télé qui sort de l’eau, dans la baie deDurness.Par suite de l impossibilité de mettre les embarcations à la mer, on n’a pu porter aucun se
cours aux malheureux naufragés, qui tous ont péri dans la
nuit du 24. Dix-sept cadavres des gens de l’équipage sont déjà venus à la côte ; oïl suppose que les émigrants, étant descendus dans la cale au moment du danger, seront restés dans les flancs de l’épave, dont une partie est encore engagée dans les roches.
Nécrologie. — M. le comte de Bourke, lieutenant général, pair de Fi ance, est mort à l’âge de soixante-quinze ans. Glorieux débris d’une glorieuse époque, le général Bouike avait conquis tous ses grades sur le champ de bataille : il était couvert de blessures.— M. Bordes, membre de la Con
vention nationale, est mort à Riment (Ariége), à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. — L’Académie des sciences et belleslettres de Stockholm vient de perdre un de ses plus illustres membres nationaux, M. Franzen, évêque de HtrNOesant, à la fois célèbre comme poëte, comme historien et comme prédicateur. M. Franzen était âgé de soixante-quinze ans. L’A­
cadémie de Stockholm a décidé qu’elle porterait son deuil pendant un mois.
La Chasse aux filets,
d’après des dessins de m. longa.
D’autres ont décrit la châsse à tir et à courre, la chasse arislocratique; NOus parlerons de la chasse aux filets, ce doux passe-temps des bons bourgeois de toutes les époques, ce jeu presque inNOcent auquel Horace aimait à consacrer ses loi-irs contre les grives ivres de raisins dans les vigNObles de Falerne.
Aussi bien la grande chasse est-elle morte ou à peu près. Comme les autres institutions aristocratiques, elle se laisse emporter au souffle des révolutions, et la civilisation est là qui lui prépare les derniers coups. Voyez les bois; ils sont sans voix et sans mystères; au son retentissant du cor ont succédé le grincement des essieux et le bruit de la cognée, et déjà les chemins vicinaux s’allongent comme des serpents dans les halliers percés à jour. Les bêtes fauves ont compris que leur rôle était fini et ont pris leur parti d’assez bonne grâce. Le cerf a disparu, ses jambes lui en donnant les moyens; le sanglier, plus sensuel, embrasse la vie domesti
que ; le loup, dit-on, s’est fait ermite ; et le renard est sur le point de devenir frugal en reNOnçant à ses méfaits.
Il reste à peine au chasseur ces bêtes iNOffensives que les Arabes abattent à coups de bâton, croyant indigne d’un homme de cœur d’employer le fusil contre des animauxaussi faibles que le lièvre et la perdrix.
Il lui reste encore ces oiseaux que l’instinct voyageur et le changement de température poussent à deux époques différentes, d’abord du midi au NOrd, puis du NOrd au midi.