La chasse des ramiers aux pantières dans les Pyrénées.
vaient journellement leur pâture. Le réservoir était recouvert d’un filet. Une fois le dernier passé, le passage se fermait, et... le reste se devine.
Les chasseurs forment une race à part, tout à fait distincte par ses mœurs et par ses ha
bitudes : ils se prétendent fils de Nemrod ;
mais .cette origine leur a été contestée, et il reste aujourd’hui prouvé qu’ils descendent en droite ligne de M. le baron de Crac. Pour s’en convaincre, il suffit de les voir et surtout de les entendre. Des volumes ont été remplis de leurs hâbleries, et, dans les soirées d’hi
ver, des milliers de foyers ne connaissent pas d’autres histoires. NOus n’ajouterons rien à ce recueil volumineux : NOus ne sommes ici
que de petits chasseurs, et NOs confrères de la haute volée n’auraient pas de peine à NOus en remontrer. A eux les brillantes aventures, à eux la niaise admiration d’un public oisif, à eux la pompe, à eux le bruit ; mais à eux aussi les sou
rires incrédules, à eux la plus grande part dans le blâme et les reproches que la chasse a soulevés. Et ces reproches sont plus NOmbreux qu’on ne saurait l’imaginer dans une grande ville. NOus avons entendu une femme charmante, femme de chasseur, il est vrai, ranger l’amour de la chasse parmi les passions les plus funestes, entre le vin et le jeu. Plusieurs peut-être trouveront qu’il y aurait bien des choses à ré
pondre. NOus ne NOus sentons pas la force d’aborder cette tâche périlleuse, même pour la chasse aux filets ; quoique moins cruelle que sa sœur, la chasse au fusil, elle offre une large part au blâme. Les écoNOmistes ne lui pardonneront pas de spéculer sur le plus cruel des besoins, la faim ; n’esl
La chasse des palombes aux filets dans les Landes.
ce pas la politique des tyrans? Les cœurs sensibles et généreux lui reprocheront d’abuser de l’amour et de l’amitié, ces deux sentiments adorables qui ne devraient mener qu’au bonheur. Les gens sérieux et sages...
Mais pourquoi rappeler ces cruels souvenirs? A quoi bon chercher une justification inutile? Tant d’autres font pis en
core, qui ne songent pas à se justifier ! Tant d’autres, comme les chasseurs, cachent le piège sous la verdure ! Tant d’au
tres couvrent la trahison de l’enchantement d’une voix amie ! Tant d’autres encore, attirés par de trompeurs appâts, perdent, comme les colombes, leur liberté et leurs ailes !
M. J. Alphonse CASTAING
voir. De jeunes canards sauvages arrachés à leurs nids aussitôt après leur naissance, étaient apprivoisés sur l’étang. Les
canards voyageurs reconnaissaient des frères et descendaient naturellement au milieu d’eux. Après les premiers élans
donnés à la fraternité, les canards apprivoisés ne manquaient pas de les conduire vers le réservoir indiqué, où ils rece
vaient journellement leur pâture. Le réservoir était recouvert d’un filet. Une fois le dernier passé, le passage se fermait, et... le reste se devine.
Les chasseurs forment une race à part, tout à fait distincte par ses mœurs et par ses ha
bitudes : ils se prétendent fils de Nemrod ;
mais .cette origine leur a été contestée, et il reste aujourd’hui prouvé qu’ils descendent en droite ligne de M. le baron de Crac. Pour s’en convaincre, il suffit de les voir et surtout de les entendre. Des volumes ont été remplis de leurs hâbleries, et, dans les soirées d’hi
ver, des milliers de foyers ne connaissent pas d’autres histoires. NOus n’ajouterons rien à ce recueil volumineux : NOus ne sommes ici
que de petits chasseurs, et NOs confrères de la haute volée n’auraient pas de peine à NOus en remontrer. A eux les brillantes aventures, à eux la niaise admiration d’un public oisif, à eux la pompe, à eux le bruit ; mais à eux aussi les sou
rires incrédules, à eux la plus grande part dans le blâme et les reproches que la chasse a soulevés. Et ces reproches sont plus NOmbreux qu’on ne saurait l’imaginer dans une grande ville. NOus avons entendu une femme charmante, femme de chasseur, il est vrai, ranger l’amour de la chasse parmi les passions les plus funestes, entre le vin et le jeu. Plusieurs peut-être trouveront qu’il y aurait bien des choses à ré
pondre. NOus ne NOus sentons pas la force d’aborder cette tâche périlleuse, même pour la chasse aux filets ; quoique moins cruelle que sa sœur, la chasse au fusil, elle offre une large part au blâme. Les écoNOmistes ne lui pardonneront pas de spéculer sur le plus cruel des besoins, la faim ; n’esl
La chasse des palombes aux filets dans les Landes.
ce pas la politique des tyrans? Les cœurs sensibles et généreux lui reprocheront d’abuser de l’amour et de l’amitié, ces deux sentiments adorables qui ne devraient mener qu’au bonheur. Les gens sérieux et sages...
Mais pourquoi rappeler ces cruels souvenirs? A quoi bon chercher une justification inutile? Tant d’autres font pis en
core, qui ne songent pas à se justifier ! Tant d’autres, comme les chasseurs, cachent le piège sous la verdure ! Tant d’au
tres couvrent la trahison de l’enchantement d’une voix amie ! Tant d’autres encore, attirés par de trompeurs appâts, perdent, comme les colombes, leur liberté et leurs ailes !
M. J. Alphonse CASTAING
voir. De jeunes canards sauvages arrachés à leurs nids aussitôt après leur naissance, étaient apprivoisés sur l’étang. Les
canards voyageurs reconnaissaient des frères et descendaient naturellement au milieu d’eux. Après les premiers élans
donnés à la fraternité, les canards apprivoisés ne manquaient pas de les conduire vers le réservoir indiqué, où ils rece