de la portion blanche d’une surface de section transversale de la moelle est plus grand pour une section à la hauteur du renflement lombaire que pour une section à la région cervicale. Si, d’après la théorie du clavier, on admet que tou
tes les libres se rendent au cerveau, comment t’axe encéphalique, quand il n’a repu encore que les libres des régions in
térieures à l’épigastre, aurait-il un diamètre plus grand que quand toutes celles du tronc et des membres supérieurs s’y sont jointes?
L’auteur expose sommairement un certain NOmbre défaits analogues et d’observations pathologiques ou de vivisections qui lui ont semblé contraires à la théorie du clavier.
M. Brown-S-quard, passant ensuite aux phéNOmènes observés par M. Flourens, et qui ont reçu le NOm de faculté d’adaptation ou d’appropriation des contractions musculai
res à un but, se propose d’établir que c’est à cette faculté qn’ondoit rapporter les mouvements observés après l’ablation
du cerveau et du cervelet, et pris pour des mouvements voulus par suite d’une perception. L’auteur expose, en ter
minant, une doctrine qui admet la faculté de perception dans toute l’étendue de l’axe cérébro-spinal, tant qu’il y a conti
nuité dans cet axe. «Quelques objections l’ont empêché, ditil, d’admettre aussi que les voûtions peuvent s’opérer dans toute l’étendue du centre cérébro-rachidien. Il n’a pas cru devoir exposer même sommairement dans les comptes rendus les faits sur lesquels repose sa théorie. »
D’autres mémoires ont été lus par MM. Brown-Sequard, Pappenheim, Magendie et Bourgery sur différents points d’anatomie et de physiologie du système nerveux.
— Dans une NOte touchant l’action de diverses substances injectées dans les artères, M. Flourens a tait connaître les
résultats curieux d’expériences auxquelles il s’est livré. On se rappelle que ce savantacaiémieien reconnut à l’éther sul
furique injecté dans les vaisseaux la propriété d’abolir la motricité avant la sensibilité, tandis que l’éther introduit par inhalation dans l’écoNOmie abolit ces deux fonctions dans l ordre inverse. Les autres éthers et plusieurs autres liqui
des, comme l’alcool rectifié, l’acide sulfurique étendu d’eau, l’ammoniaque,ont déterminé des résultats semblab!es. L’es
sence de térébenthine a produit aussi le même effet, mais avec cette différence, que la perte du mouvement, au lieu de s’accompagner de flaccidité des muscles, comme dans les au
tres expériences, coïncidait au contraire avec une roideur tétanique.
Cherchant ensuite à obtenir l’abolition de la sensibilité sans diminuer la motricité, M. Flourens a injecté l’extrait aqueux de belladone, mais sans résultat dans un sens ou dans l’au
tre ; la poudre de belladone, au contraire, en suspension dans l’eau, a déterminé immédiatement la paralysie du mouvement, mais en même temps la sensibilité s’est trouvée tout à fait abolie.
Les poudres de ciguë, de valériane, de poivre, de tabac d’Espagne, enfin les poudres inertes, comme celles d’écorce de chêne, de lycopode, de réglisse, de tilleul, ont donné le même résultat que la poudre de belladone. C’est donc à l’é­
tat pulvérulent de ces substances, et NOn à leurs propriétés chimiques, qu’est dû l’etlet produit.
A propos de cette communication pleine d’intérêt, M. Magendie a rappelé ses expériences et ses leçons au collège de France sur l’obstruction des capillaires par les substances liquides auxquelles leur organisation ne permet pas de fran
chir l’étroit calibre de ces vaisseaux. M. Magendie a vu la
gangrène se produire à la suite d’injectious de ce genre, et rien de plus simple, puisque la circulation se trouve arrêtée. C’est à des phéNOmènes d’obstruction de ce genre que M. Magendie rapporte l’état morbide désigné sous le NOm d’in
flammation, lésion locale, dans laquelle il n’y a ni feu ni flamme, dit le savant académicien, mais obstruction des vais
seaux capillaires, et obstruction qu’on peut produire à vo
lonté en modifiant les propriétés chimiques ou physiques du sang.
Il est bien vrai qu’il n’y a pas de flamme dans le phéNOmène qu’on NOmme inflammation, mais qu’il n’y ait pas aug
mentation de chaleur dans le point enllammé, c’est ce que M. Magendie n’a pas prétendu avancer; il a touché trop de phlegmons et d’organes enflammés pour cela. Ainsi donc, s’il n’y a pas de flamme, il y a du moins un peu de feu. Ce n’est pas que NOus tenions pliis que M. Magendie à ce mot inflam
mation : c’est une image incomplète, inexacte sans doute, mais vaudra t—il mieux lui substituer une expression plus précise de médecine chimique ou d’iatrophysique? Le mot inflammation peint un symptôme; la définition obstruction des vaisseaux, en admeltant qu’elle soit toujours exacte, ex
prime un effet restreint. Quant à la force qui préside à l’un ou à l’autre, au mécanisme suivant les lois, duquel se dé
veloppent tant de phéNOmènes, ni la chimie ni la physique
ne pourront probablement en taire jamais connaître les mystères, car c’est une force, c’est un mécanisme vital. On
peut coaguler l’albumine du sang, on peut lui faire obstruer les vaisseaux, mais croire après cela qu’on a surpris le secret de la nature, c’est comme si le statuaire ou le con
structeur d’automates croyaient avoir fait des hommes. On n’a jamais produit ni sang ni chaleur animale, ni phéNOmène vital quel qu’il soit dans un laboratoire, et, tout bien considéré, autant vaut conserver de vieilles locutions, sur les
quelles tout le monde s’entend, que d’en adopter d’autres qui ne sont pas plus précises.
Au reste, M Flourens savait très-bien que c’est en agissant comme obstacles à la circulation que les poudres agissent dans ces expériences; mais, comme il l’a dit en répli
quant à M. Magendie, le phéNOmène NOuvellement observé et si remarquable sur lequel il appelait l’attention, c’est que parmi les substances injectées, les unes abolissent la sensibilité, les autres le mouvement et la sensibilité à la fois.
Médecine. — De la composition du sang dans le scorbut, par MM. Becquerel et Rodier. — Les auteurs ont fait l’ana
lyse du sang dans cinq cas de scorbut bien caractérisé chez des femmes de la Salpétrière ; ces analyses les ont conduits
aux conclusions suivantes : le sang examiné n’a présenté ni cet état de dissolution admis généralement comme caractère essentiel, ni une augmentation d’alcalinité ou une proportion plus forte des sels du sang. Ce liquide était NOta
blement appauvri en globules et en albumine soluble et par conséquent plus riche en eau ; cependant on n’avait pas observé de bruit de souffle dans les vaisseaux. La fibrine n’a­
vait pas diminué ; elle avait tous ses caractères NOrmaux ; le sang était moins dense,et cette diminution de sa densité n’é­ tait pas proportionnelle à l’abaissement du chiffre des matériaux solides qui en font partie à l’état NOrmal.
Dans la séance suivante, M. Andral a joint à la communication de MM. Becquerel et Rodier une observation tout à fait analogue, et qui lui est propre. Un scorbutique était cou
ché dans son service à la Charité, et l’on avait cru devoir le saigner pour combattre une violente congestion pulmonaire.
Le sang de ce malade présente les mêmes caractères que celui des chlorotiques. Mais la fibrine, loin d’avoir diminué, était en proportion plus forte que la moyenne physiologique,
ce qui, joint aux faits exposés plus haut, démontre que le scorbut ne tient pas essentiellement à la diminution de la fi
brine. Il en est de même, continue le savant académicien, de la fièvre typhoï le, dans laquelle l’observation montre seu
lement la fibrine d’autant plus diminuée que l’état adynamique est plus proNOncé.
A l’occasion de la communication de M. Andral, M. Magendie a présenté quelques observations sur les effets qui sont produits par la diminution artificielle de la fibrine, la défibrination chez les animaux, et les caractères physiques qu on remarque dans la fibrine de formation NOuvelle. Sui
vant M. Magendie, en saignant un animal, séparant aussitôt la fibrine du sang, puis réinjectant ce sang défibriné, on dé
termine tous les symptômes de la fièvre typhoï le, y compris la lésion intestinale. Le savant académicien en conclut que la fièvre typhoïde, et NOtamment la lésion intestinale qui l’accompagne le plus ordinairement, résultent de la diminu
tion dans la proportion de fibrine. On pourrait douter que
l’opération de la défibrination permette de dire qu’on n’agit chez l’animal qu’en diminuant la fibrine ; car saigner un chien ou un cheval, puis lui réinjecter son sang défibriné,
est-ce bien le mettre dans l’état où il serait si la nature avait diminué la quantité de sa fibrine ?
De plus, la maladie observée chez ces animaux est-elle la fièvre typhoïde de l’homme; c’est encore un point qui NOus
semble fort douteux. Mais admettons tout ce qui pourrait si bien être révoqué en doute, en résulte-t-il que la fièvre ty
phoïde soit causée par la défibrination? Point du tout, car on vous cite des cas de fièvre typhoïde dans lesquels la maladie est confirmée avant que la proportion NOrmale de fibrine ait diminué. La physique et la chimie Sont bien souvent, pour ne pas dire toujours, réduites à dire en physiologie comme en thérapeutique : scio me scire nihil; elles rendent cepen
dant un grand service en permettant d établir certains faits, mais il faut bien se garder, en médecine, de s’en tenir à la physique et à la chimie.
— Les effets si curieux de l’éther sur l’écoNOmie ont été l objet de communications NOmbreuses. MM. Marc Dupuy, Pardiappe et Pirogoff ont expérimenté l’injection des vapeurs d’éther dans le rectum; le dernier de ces observateurs a seul appliqué cette méthode chez l’homme. Elle paraît avoir réussi, sans toutefois présenter d’avantage sur celle de l’inhalation. M. Besseron, médecin en chef à l’hôpital militaire de Mus
tapha .(Algérie), voyant dans une épidémie de méningites cérébro-spinales les moyens ordinaires échouer chez la plu
part des malades, eut l’idée de tenter l’inhalation de l’éther :
ce moyen, associé du reste au,x antiphlogistiques, paraît avoir eu d’heureux effets.
MM. Ville et Blandin, s’occupant de recherches sur la respiration considérée sous l’influence de l’éther, ont reconnu
que pendant l’état d’insensibilité, résultant des inhalations éthéries, la respiration produit plus d’acide carbonique que dans l’état NOrmal, et que la proportion d’acide carbonique augmente en raison directe de l’affaiblissement.
C’est une opinion généralement reçue, comme on sait, que la section de médecine et de chirurgie ne fait point de rapports. M. Lallemand a voulu protester contre cet abus déplorable, et il a lu un rapport consciencieux et détaillé sur les travaux que M. Jobert, de Lamballe, a présentés sous ce tilre : Considérations anatomiques et thérapeutiques sur les fistules vésico-vaginales, autoplastie par glissement. Ce rapport est des plus favorables, et conclut à l’insertion du mémoire de M. Jobert parmi les travaux des savants étrangers.
PRIX DÉCERNÉS PAR L’ACADÉMIE POUR L’ANNÉE 1847.
Le grand prix des sciences physiques avait pour sujet la question suivante : Déterminer, par une étude NOuvelle et approfondie et par la description, accompagnée de figures,
les organes de la reproduction des deux sexes dans les cinq classes d’animaux vertébrés, l’analogie des parties qui con
stituent ces organes, la marche de leur dégradation et les bases que peut y trouver la classification générale des espèces de ce type.
Le prix a été partagé entre MM. Pappenheim et Vogt d’une part, et M. Martin Saint-Ange de l’autre; un accessit a été décerné à M. Lereboullet.
Un autre prix sur la question du développement du fœtus chez les oiseaux et les batraciens a été décerné à MM. Baudrimont et Martin Saint-Ange. M. Sacc de Neufchâtel a obtenu une mention hoNOrable.
Le prix de physiologie expérimentale a été obtenu par M. Bernard, pour ses expériences sur les nerfs pneumogastrique et spinal.
Les prix de médecine et de chirurgie n’ont point été décernés. L’Académie a voté comme encouragement des som
mes de 2,000 à 500 francs à MM. Guitlon, Brierre de Boismont, L. Boyer, Morel Lavallée et Maisonneuve.
Les ports de France.
II
BREST, BOCHEVOBT ÉT Ï.OR1ENT (1).
I.
BREST.
Sous Charlemagne, Louis IX, et jusqu’au quinzième siècle, la marine se réduisait à un très-petit NOmbre de bâti
ments de guerre ; à proprement parler, il n’y avait point de marine militaire en France.
A cet égard, l’Angleterre, l’Espagne et le Portugal n’é­ taient guère plus avancés que NOus.
Ce n’est qu’en 1651 que Richelieu fit mettre, à Brest, sur les chantiers plusieurs vaisseaux et frégates. Les années suivantes, le port fut approvisionné, et l’on construisit des magasins ainsi que les établissements nécessaires pour un armement de vingt vaisseaux et frégates.
En 1665, Louis XIV fit jeter à Brest, dont la position est si heureuse et si puissante, les fondements d’une marine formidable. Elle s’accrut, sous le ministère de Colbert, de plusieurs vaisseaux de 90 à 30 caNOns. En 1680. l’armée navale se trouva forte de 92 vaisseaux de 100 à 60 caNOns, NOn compris les frégates et autres bâtiments légers. C’est à cette époque que le maréchal Vauban fit commencer les fortifications ; elles furent terminées huit ans après.
LA RADE.
Le port de Brest est situé sur la partie septentrionale d’un vaste bassin formé par les eaux de la mer, qui, en pénétrant dans les terres, ne conservent qu’un passage de deux mille mètres d’ouverture et de cinq mille mètres de longueur, encaissé entre deux falaises. On appelle ce passage Goulet.
Le bassin qui porte le NOm de rade de Brest reçoit, dans la partie opposée au Goulet, les eaux de plusieurs affluents,
tels que les rivières de Landerneau, du Faou, d’Alouat et de Châteaulin. Les embouchures de ces rivières sont séparées
par une chaîne de collines qui se prolongent assez avant dans la rade sous la déNOmination de Pointe de Plougastel.
Tous les vaisseaux de l’Europe pourraient se donner rendez-vous et avoir une large place dans la rade de Brest, qui est un chef-d’œuvre de la nature. En 1665, l’amiral de Beaufoft y arrivait avec 60 vaisseaux, pour établir dans le port la marine
royale. L’armée combinée de France et d’Espagne, qui se trouvait en l’an vin, au mouillage dans la même rode, était composée de 40 vaisseaux de ligne, sans compter les lrégates et les bâtiments légers.
Le Goulet sépare le port de la mer, en le mettant à l’abri de toute surprise. En outre, des fortifications puissantes le défendent contre les tentatives d’un ennemi audacieux. La batterie de Mingan se croise avec celle de CorNOuaille, et protège l’entrée de la rade. Le Mingan est. un rocher redou
table qui divise en deux parties le Goulet, et sur lequel est venu se perdre le vaisseau le Républicain, dans sa sortie forcée du 5 nivôse an m.
L’aspect toujours admirable de la rade de Brest varie à chaque instant du jour, en raison des accidents atmosphéri
ques, du calm8 ou de l’agitation de la mer. Si, par un ciel pur, le regard se promène au delà du rivage, il aperçoit à l horizon les silhouettes de barques légères, à voilure blanche comme l’aile d’un goéland, qui vont, qui viennent, se croisentdanstous les sens; et plus près, de ci, delà, partout, dou
cement bercés au roulis, un grand NOmbre de navires de forme et de dimension diverses; plus loin, le vaisseau le Borda, tranquillement embossé, élevant au-dessus des flots ses paisibles batteries, où sont installés les dortoirs et les classes de l’école navale. A côté de ce géant des mers, se ba
lance mollement la jolie corvette employée à l’instruction pratique des élèves. Au milieu de l’animation et de l’éclat de ce tableau, des milliers de voix, des cris, des sifflements bour
donnent sans cesse, et viennent se confondre avec le bruit sourd du caNOn répercuté de rocher en rocher par la côte.
« Le spectacle, dit Émile Souvestre (2), n’est pas moins étrange le soif, lorsque la lune plonge sur les flots ses lon
gues traînées de lumière. Alors le murmure moNOtone de la mer, la brise de nuit qui souffle dans les arbres, le son des cloches qui marquent le quart à bord des bâtiments à l’an
cre, mille rumeurs qui montent des anfractuosités du rivage,
forment une sorte d’accord sauvage et harmonieux, dont rien ne peut rendre la mélancolie douce et fascinante... »
Vue du Goulet, la rade de Brest présente à droite le cap des EspagNOls, l’île des Morts, sur laquelle sont établies de vastes poudrières, l’île de Triberon qui renferme le lazaret,
l’île Longue, l’île Ronde, la côte de Plougastel, si aride au NOrd-ouest, si délicieuse au midi et puis les grèves de Crozon ; sur la gauche, Saint-Matthieu, rocher NOirâtre battu par les tempêtes; le Portzic, l’anse Garin, la maison de 1 Es
pion, la baie de Lannion; la vide de Brest, avec ses toits d’ardoises dominés par la tour Saint-Louis et le dôme de l’hôpital; l’entrée du port, le Château, avec sa vieille tour de César, dont les murs blanchis servent de point de relè
vement aux navires ; la belle promenade du cours d’Ajot, planté en 1769; et au pied, sur la grève, le chantier de con
struction du commerce; au sommet des rochers que baignent les eaux de la mer, l’habitation de M. Gilbert, peintre de marine ; ensuite, le Merle-Blanc, avec ses jolies villas et ses jardins en amphithéâtre ; l’établissement des bains de
merde Poullic-Alor, l’usine au gaz, Saint-Marc, l anse de Kervallon, où sont déposés les bois de mâture de la marine ; les ruines du château de Jnyeuse-Garde, avec sa forêt poé
tique; puis enfin les sinuosités vaporeuses de l Élorn, sësrivages tantôt riants, tantôt sauvages et dépoui lés; enfin,- la chapelle de Saint-Jean, célèbre par son pardon des oiseaux,
(t) Voir Toulon, vol. VII, p. 7,159, et vol. VIII, p. 26 et 71. (2) Le Finistère en 1856.