pas été plus favorable que les sept premiers mois à NOtre commerce extérieur. Le tableau dressé par l administration des douanes présente pour les droits perçus une recette de 11,527,201; ces droits avaient produit en août 1846, 12,920,410, et en août 1845, 12,413,503.
Pour les huit premiers mois, le résultat est de 88,991,359 en 1847, contre 100,555,074 en 1846, et 101,203,157 en 1845.
Si l’on compare le mois dernier au mois d’août 1846, la diminution des droits a surtout porté sur le coton (476,000 fr.), les fils de lin et de chanvre (67,000 fr.), le suit (50,000 fr,), la houille (46,000 fr.), l’huile d’olives (94,000 fr.), les laines (128,000 fr.), les salpêtres (65,000 fr.), le plomb (95,000 fr.), le sucre étranger (594,000 fr.), les toiles (48,000 fr.), le café (200.000 fr.)
Il y a au contraire augmentation de 68,000 fr. pour la fonte, 115,000 les graines grasses, 66,000 le poivre, 610,000 le sucre des colonies.
Conseils généraux. — Les conseils généraux des départements ont tenu et clos leur session dans le mois qui vient de s’écouler. NOus jetterons un coup d’œil sur les vœux qu’ils ont émis. — Le conseil général de la Seine n’est convoqué, lui, que pour le 2 NOvembre prochain.
Afrique. — Le Sphinx, arrivé à Marseille le 22, a quitté Alger le 20. Au moment du départ du Sphinx arrivait le ba
teau du commerce le Sully, venant d’Oran, d’où il était parti le 18. A cette date, on avait reçu à Oran la NOuvelle d’un combat qui avait eu lieu sur la route de Taza à Fez, entre les troupes d’Abd-el-Kader et celles de l’empereur du Maroc. Cette rencontre a été fatale à l’émir, qui a perdu beaucoup de monde, et s’est vu forcé d’opérer un mouve
ment de retraite. Il paraît même qu’Abd-el-Kader, craignant les suites d’un échec qui pouvait changer complètement les bonnes dispositions que lui ont montrées les populations marocaines qu’il venait de traverser, a fait demander une entrevue au lieutenant de l’empereur.
Toscane. — Une grande démonstration populaire a eu lieu le 12 septembre à Florence. Plus da cinquante mille personnes ont pris part à cette fête. Il y a eu un défdé dans le
quel les étrangers, groupés par nations et avec leur drapeau respectif, ont figuré. Les Français s’y trouvaient placés entre les RomagNOls et les Américains. NOs couleurs ont été saluées par de NOmbreux vivats. Après le défilé, il y a eu échange de bannières. NOtre drapeau a été remis aux autorités tos
canes, qui ont donné à la députation française un drapeau toscan. Celui-ci a été confié à M. de Larochefoucauld, ministre de France en Toscane.
Le 13, le grand-duC Léopold a publié une proclamation pour remercier les Toscans de cette démonstration etde l’esprit d’ordre qu’ils y ont apporté. « Laissez, dit-il en terminant, laissez votre prince s’occuper sans retard de l’organi
sation nécessaire à l’institution de la garde civique, laissezle travailler à la réforme des codes, à l’amélioration des institutions municipales, à l’organisation de l’instruction publi
que, au développement, par lous les moyens possibles, des avantages moraux et matériels que NOus désirons pour NOtre patrie commune. »
Duché de Lucques. — Les hésitations que le duc de Lucques SVait manifestées au commencement de septembre se sont bientôt reproduites, et lui ont suggéré une résolution grave. Sous prétexte de santé, et après avoir institué une ré
gence, il a quitté ses Etats sans déterminer le temps de son absence. 11 a anNOncé aux Lucquois sa volonté dans un dé
cret rendu à Massa-Ducale, le 12 septembre. Ce fait a été porté à la connaissance des Lucquois par une NOtification datée du 15, et signée par M. Mazzarosa, président du conseil d’Etat.
Cette détermination a fortement irrité les esprits : dans le premier moment on voulait la considérer comme une abdication, et on parlait d’envoyer une députation à Florence,
afin d’engager le grand-duc à faire occuper immédiatement le duché de Lucques. On a reNOncé à ce parti extrême. Mais le Times n’en a pas moins raison de blâmer le parti pris par le duc de Lucques. «Les Lucquois, dit la feuille anglaise,
s’apercevront sans doute qu’ils ne vivent pas mal sans leur prince; et de là à discuter l’utilité et l’importance de ses fonctions, il n’y a qu’un pas. »
République de Saint-Marin. — Ce petit Etat vient d’é­ prouver le contre-coup des événements des autres Etats dTtalie. Il renferme une population d’environ sept mille habi
tants, tous agriculteurs. Son gouvernement se compose de deux capilaines régents, chargés du pouvoir exécutif, d’un secrétaire d’Etat pour les affaires intérieures, d’un autre pour les affaires extérieures, et d’un conseil d’Etat. Cette der
nière assemblée vient d’être convertie en une chambre de représentants NOmmée par tous les habitants, et il a été déclaré que ses délibérations seraient publiques. Cette amélioration a été introduite sans la moindre difficulté; elle n’a occasionné aucune secousse, aucun mouvement.
Royaume lombardo-vénitien. — NOus avons dit précédemment qu’une certaine émotion populaire s’était ma
nifestée à Milan dans les journées des 9 et 10 septembre. La police, à cette occasion, a tenu une conduite telle, que le
gouvernement autrichien a cru devoir la désavouer. Il paraît que ce ne sont pas seulement quelques commissaires qui ont été suspendus, mais que le chef même de la police, le comte de Bolza, a été incarcéré par ordre du gouverneur.
Grèce. — Une bien grave et bien cruelle complication vient s’ajouter aux embarras de la Grèce. Un de ses plus grands citoyens, le plus grand, le plus dévoué, le plus cou
rageux peut-être, M. Coletti, a expiré le 12 septembre à six heures du malin. (Voir son portrait T. IV, p. 228de l’Illus
tration.) M. Piscatori, ministre de France à Athènes, avait rendu compte à M. le ministre des afiaires étrangères du progrès de b maladie de M. Coletti dans une dépêche sentie où on lisait :
« Après une lutte de quatorze jours, la plus énergique que puissent soutenir, contre un mal sans remède, une constitu
tion bien forte, une âme bien ferme, M. Coletti expire. Probablement la fin de la journée sera celle de ses souffrances et de sa vie. Pour qui l’aura vu à ses derniers moments, la mort sera une partie de la gloire de ce bon et grand citoyen. Il n’a rien perdu de sa force et de son calme. Dès les pre
miers moments il discutait son mal et le déclarait incurable ; convaincu de l’inelficacité des remèdes, il les acceptait delà main de ses amis.
« Chaque jour, le foi venait le voir. Sa Majesté a voulu demander les derniers conseils d’un homme dont elle sent profondément la perte. Hier, faisant effort pour contenir ses larmes, le roi a tenté de causer avec lui une dernière fois. M. Coletti m’a fait appeler pour le soutenir sur son séant;
mais déjà ses forces l’avaient abandonné, et prenant la main du roi :
« Sire, a-t-il dit, j’avais beaucoup à dire à Votre Majesté, mais je ne le puis plus; Dieu permettra peut être que demain j’en aie la force.
« Vous aussi, mon ami, m’a dit M. Coletti après le départ du roi, j’aurais beaucoup à vous dire ; c’est impossible.......
« Le roi vient de me dire que tout le monde, mes ennemis comme mes amis, s’intéressait à moi : cela me fait plaisir; mais mon œuvre n’est pas achevée. Si j’avais pu la com
mencer il y a douze ans, aujourd’hui je mourrais tranquille. Je ne duis plus parler; recouchez-moi, je voudrais m’endormir. »
« Depuis lors, les moments de calme et les accès de suffocation se succèdent rapidement. Dans de courts instants de délire, on l’entend redire les chants de sa jeunesse.
« Il y a dix mois, vous me disiez, monsieur le ministre, qu’il n’était pas temps que M. Coletti allât rejoindre le bataillon de Plutarque. Dieu en a jugé autrement! »
Perse. — Un autre événement paraît devoir compliquer encore la politique. On sait qu’à la suite de longues confé
rences tenues à Erzerum, les plénipotentiaires de la Tur
quie et de la Perse étaient parvenus à s’entendre au sujet des difficultés qui divisaient depuis de longues années les deux empires ; un traité est intervenu au mois d’avril der
nier, à la suite duquel les conférences ont été levées. On anNOnce que la cour de Téhéran refuse de ratifier ce traité,
et que le shah fait ses préparatifs pour entrer en campagne à la tête d’une armée de soixante mille hommes.
Angleterre. — Le NOuveau parlement avait été convoqué pour le 21 septembre. Ce jour-là le lord chancelier est entré dans la chambre des lords un peu après deux heures, et ayant pris place sur le sac de laine, il a anNOncé qu’il avait plu à Sa Majesté de proroger le présent parlement au mardi 12 octobre prochain. Le clerc de la couronne a déposé sur le bureau les umts et le résultat des élections concernant les pairs électifs d’Ecosse.
Cette cérémonie, à laquelle la chambre des communes n’était représentée que par ses fonctionnaires et par quelques-uns de ses messagers, n’a duré que quelques minutes.
Chine. —Le ministère de la marine a reçu des NOuvelles de la Chine du 18 juillet. La Victorieuse et la Gloire allaient partir pour les côtes de Corée et du NOrd de la Chine. Leur voyage avait pour but de demander une réponse à la lettre écrite l’année dernière par l’amiral Cécille, au sujet de la cruelle persécution exercée contre les missionnaires et con
tre les chrétiens. La Gloire et la Victorieuse devaient ensuite se rendre à Chusan, et de là à Shangaï, où le pavillon français ne s’était pas montré depuis quatre ans.
Tout était calme à Canton. Depuis le mois d’août de l’année dernière, les factoreries restaient militairement occu
pées par des forces anglaises. Cette occupation paraît devenir permanente.
Quelques officiers français, s’étant aventurés dans la ville pour aller visiter des manufactures de soieries, ont été pris pour des Anglais et insultés par la populace. Une réparation a été demandée par le commandant Lapierre, et accordée immédiatement par le vice-roi Ki-Yng.
Un vif engagement a eu lieu au large de Bornéo entre la Némésis, vapeur de la compagnie, et onze bateaux pirates de Sulo. Cinq de ces derniers ont été capturés, et le reste n’a fui que grâce au manque d’embarcations pour les poursuivre. — La perte de la Némésis est de trois morts et cinq blessés.
Haiti. — Des correspondances du Port-au-Prince avaient anNOncé l’explosion d’un complot militaire qui menaçait la vie des blancs et des hommes de couleur. D’autres lettres postérieures font connaître que cet événement n’avait pas toute la gravité que lui donnaient les premières alarmes. Il s’agirait seulement d’un conflit particulier entre les préten
tions des chefs de la force armée, et qui, ayant été suivi de quelques actes de collision, aurait effrayé la population, igNO
rante de ses véritables causes. Une lettre du 23 août assure que ces frayeurs ont été promptement calmées, et qu’il a suffi au ministre de l’intérieur de faire partir les généraux Semelien et Alerte pour le cap Haïtien, où se trouve le pré
sident, pour meltre fin au désordre et ramener la sécurité dans la capitale.
Rio de la Plata. — On a des NOuvelles de Montevideo jusqu’au 7 juillet. Le 4, les ministres avaient remis leur dé
mission entre les mains du président provisoire, qui l’avait acceptée, et avait NOmmé ministre de gouvernement D Ga
briel A. Pereira, auquel ont été adjoints D. Miguel Barreiro pour les affaires étrangères et les finances, et D. Manuel Correa pour la marine.
Le bâtiment à vapeur français le Cassini était arrivé le 6, venant de BueNOs-Ayres, avec le comte et la comtesse de Walewski, le contre-amiral Le Prédour et les membres de la légation, qui ont pris terre et se sont rendus chez le consul français.
Le 7, lord Howden était aussi débarqué, et s’était rendu, avec le comte Walewski, auprès du vice-président Soarez. On dit qu’une demande de suspension des hostilités pour six mois a été laite; le vice-président aurait répondu qu’il n’y ferait aucune objection si les conditions lui paraissaient acceptables. Un messager a été dépêché au camp d’Orihe,
sous les auspices du commodore Herbert, avec des propositions à cet effet.
Inauguration d’un monument a Napoléon. — L’Illustration a reproduit (T. IX, p. 405) le beau monument que le dévouement d’un soldat et le talent d’un artiste viennent de consacrer à la mémoire de l’empereur. Le Journal de la Côte-d’Or rend compte dans les termes suivants de l’inauguration de cette belle œuvre à Fixin :
« Dimanche dernier, 19 septembre, avait lieu une magnifique fête dans un tout petit village de NOtre côte : c’élait l’inauguration d’une statue. Mais quelle statue? celle de l’empereur. Deux hommes élevaient ce monument au plus grand homme des temps modernes. M. NOisot, ancien serviteur de l’empire, grenadier de l’île d’Elbe, a voulu consa
crer Une partie de sa fortune pour l’érection d’une statue de bronze à Napoléon; et M. Rude, NOtre grand sculpteur bourguigNOn, a contribué à cette œuvre pieuse, en donnant gratuitement son beau talent.
« Dimanche donc, dès six heures du matin, une foule immense couvrait les routes, et s’acheminait, qui à pied, qui en voiture, en chantant le Petit Chapeau et la Redingote grise, vers le village, coquettement penché sur le coteau,
au-dessus duquel était placée la statue. Trois cents hommes de la garnison de Dijon, la gendarmerie, la compagnie des pompiers de cette ville, celles des villages environnants, et même des artilleurs de Beaune, assistaient à cette solennité.
Les autorités civiles et militaires, les deux généraux de la division, le préfet, le maire, etc., etc., y assistaient également, mais en habit de ville.
« Vers dix heures du matin a commencé la cérémonie. M. NOisot et M. Rude, à la tête d’un NOmbreux cortège, qu’accompagnait la musique du régiment et de la garde na
tionale de Dijon, sont ainsi arrivés près de la statue. Là, un cercle s’étant formé autour du monument, M. NOisot a pro
NOncé un discours qui a été vivement applaudi, surtout lorsque le vieux soldat a béni la main royale qui avait fait rentrer en France les cendres de son empereur. Après ce discours, des cris de joie ont été poussés, le caNOn a tiré,
la musique a joué ses plus beaux airs, et le monument a été couvert de couronnes de fleurs.
« Toute la journée a été ensuite consacrée à des jeux, des divertissements, des bals champêtres sur la colline et dans
le vallon. Plus de dix mille curieux se sont trouvés à cette fête, et cependant il n’y a eu aucun désordre et pas le moindre accident. Le soir, le feu d’artifice, promis dans le pro
gramme, a été tiré à la plus grande satisfaction des assistants; puis tout le monde s’est retiré, lentement et en chantant, dans ses foyers respectifs.
« Deux jours après cette magnifique fête, un banquet de cent cinquante couverts était offert à M. Rude et à M. NOi
sot. Ce banquet, auquel assistaient le maire et un grand NOmbre de NOtabilités de la ville de Dijon, a eu lieu dans la salle de Flore.
«La salle était magnifiquement décorée et éclairée. Des arbustes NOmbreux ornaient cette belle salle, aux deux ex
trémités de laquelle se trouvaient le buste de M. Devosge père et celui de M. Monnier, graveur des anciens Etats de Bourgogne. Au-dessus des quatorze fenêlres se lisaient les NOms de quatorze artistes bourguigNOns; c’étaient : Renaud, Petitot, Ramey, Bornier, Dubois, tous sculpteurs; Prudhon,
Gagnereau, Quentin, Devosge fils, Lallemand, Lemuet, Lebault, Sambin et Naigeon. »
Nécrologie. — Outre la mort de M. Coletti, que NOus avons anNOncée plus haut, — outre celle de M. Frédéric Soulié, enregistrons encore la mort de M. de Rey, marquis de Saint-Géry, député sous la restauration, mort à soixantetreize ans, — et celle deM. le comte de Lambert, ancien directeur des affaires commerciales au ministère des affaires étran
gères. — A Bruxelles est mort, à l’âge de soixante-six ans, M. le comte Henri de Mérode, prince de Grimberghe, grand d’Espagne de première classe, sénateur belge ; — A Saint- Pétersbourg, à l’âge de soixante-huit ans, le célèbre orien
taliste russe, M. Schmidt, connu surtout par ses travaux sur la langue mongole et le tibétain.
L’enfance de Mozart.
L’intérêt qui s’attache aux moindres détails de la biographie des hommes célèbres NOus semble autoriser la publi
cation d un document que NOus avons trouvé parmi les
mémoires que renferment les Transactions philosophiques de Londres, et qui se rapporte aux premières années de l’illus
tre Mozart. Cette pièce figure dans le tome LXe de cette vaste
collection, année 1770, dont un espace de soixante-dix-sept ans NOus sépare aujourd’hui. Il est sans doute curieux de voir le jeune musicien présenté à la savante compagnie comme un phéNOmène digne d’un examen approfondi; mais ce qui ne l’est pas moins, c’est que dès l’âge de huit ans, et à une époque où l’art musical était loin d’être aussi déve
loppé qu’il l’est de NOs jours, Mozart, comme exécutant et comme compositeur, pratiquait déjà toutes les choses mer
veilleuses qui depuis ont fait la réputation et la fortune des musiciens les plus reNOmmés.
Ce document, dont voici une traduction abrégée, a pour titre : NOtice sur un jeune musicien trcs-remarquable. Il est extrait d’une lettre de l’hoNOrable Daimes Barrington. F. R. S. adressée à Matthieu Maty, M. D. sec. R. S., en date du 28 NOvembre 1769, et fut lu à la société royale de Londres, le 15 février de l’année 1770.
« Monsieur,
« Je vous ai adressé dans le temps une NOte relative à un enfant qui, à l âge de huit ans, avait atteint la taille de sept pieds, et vous u’«vez pas jugé cette communication indigne d’être mise sous les yeux de laiétjoyale. Je veux vous