mieu, préfet d’Indre-et-Loire, M. le général Gudin, commandant le département, M. le président du tribunal civil et M. le maire de Tours, ainsi que les deux autres secrétaires généraux du congrès, MM. de, Sourdeval et Lambron deLignim, et M. Viot-Prudhomme, préposé à la vérification des pouvoirs, c’est-à-dire trésorier général du congrès.
Après deux discours, proNOncés par MM. Champoiseau et de Sourdeval, qui ont signalé les avantages du congrès et l’heureux choix de la Touraine pour lieu de cette réunion, et la lecture d’un long morceau de poésie par M. l’abbé Auber,
chaNOine de Poitiers, qui, à l’instar de Fléchier, sacrifie aux muses françaises, lesquels discours et pièces de vers ont provoqué chacun une salve d’applaudissements, il a été pro
cédé, par la voie du scrutin, au choix du bureau définitif. M. le docteur Bally, ancien président de l’académie royale de médecine et l’un des.membres courageux de la commis
sion médicale qui alla, en 1822, s’enfermer dans les murs de Barcelone pour y combattre et étudier le fléau de la fièvre jaune, a eu l’honneur d’être porté au fauteuil de la prési
dence et de l’emporter de deux voix sur M. l’archevêque de Tours. Les vice-présidents NOmmés ont été MM. de Caumont, l’importateur des congrès en France ; Richelet, du Mans ; le docteur Roux, de Marseille, et le baron Angellier,
président de la société d’agriculture de Tours. Chacune des sections a ensuite procédé à l’élection de son président spécial. Les membres désignés ont été :
Pour les sciences naturelles, physiques et mathématiques, — M. le comte de Tristan ;
Histoire et archéologie, — M. l’abbé Bourassé, de Tours ; Agriculture, — M. de Buzonnière, d’Orléans ;
Sciences médicales, — M. le docteur Bertini, de Turin ; Philosophie, littérature et beaux-arts, — M. le comte de Cussy, de Paris.
Ces élections ont clos la séance.
Le lendemain, et durant dix jours consécutifs, les sections se sont assemblées chaque matin dans les diverses salles du palais de justice pour y discuter les questions éNOncées au programme de chacune d’elles. Le soir, elles se réunissaient en une séance générale où étaient reproduites celles des dis
cussions matinales qui avaient paru le plus dignes de fixer l’attention du congrès.
Ce serait ici le lieu de suivre la réunion dans ses travaux, mais le défaut de temps et d’espace NOus interdit de songer même à aborder pareille tâche. Il devra NOus suffire de citer brièvement quelques NOms et quelques sujets d’orateurs et de discussions qui ont le plus marqué dans cette réunion encyclopédique, où le de omni re scibili était simplement à l’ordre du jour.
M. de Falloux, député de Maine-et-Loire, a fait applaudir une brillante improvisation sur le parallèle des civilisations française et anglaise. La grande question du « symbolisme dans l’art_chrétien » a été abordée avec bonheur par M. de
la Sicotiere, d’Alençon, qui, répondant sur ce sujet à M. l’abbé Crosnier, a eu le bon esprit de refréner l’abus du symbole dans l’art chrétien ou autre, en appuyant son opinion modératrice à cet égard sur un passage de saint Bernard, qui blâme l’emploi des grotesques dans l’ornementa
tion des templesacatholiques, comme dispendieux, bizarre et
inutile. Le même orateur a esquissé le caractère de Louis XI. — M. César Daly, de Paris, a développé avec chaleur ses théories sur l’esthétique. — M. Paul Huot, de Versailles, et M. l’abbé Bandeville, de Reims, ont présenté avec intérêt le récit d’excursions accomplies par la section archéologique.
Car il est nécessaire de dire à NOs lecteurs que des explora-
tions scientifiques de tout genre, des promenades géologiques, botaniques, industrielles et autres étaient venues s’adjoindre au programme, déjà si chargé, des travaux du congrès qui vient de se clore. On n’a vraiment pas plus de zèle.
Ce n’est pas tout : messieurs les membres du congrès, selon le précepte d’Horace, ont voulu et pu cumuler les plai
sirs avec la science. Les bals et les concerts se sont succédé sans interruption avant, pendant, après la tenue des séan
ces, ainsi que les dîners d’apparat. Ce sont là choses qu’on entend et pratique en la bonne ville de Tours mieux qu’en nul autre lieu du monde. Les traditions rabelaisiennes y sont religieusementgardées. Les Grâces avec.toutes lesMuses se sont donc jointes pour enlacer messieurs du congrès scientifique. Flore s’en est mêlée, et ne pouvait moins faire, ac
cueillant Minerve au milieu du riant jardin de la France.
Une exposition permanente d’horticulture a été disposée en l’honneur de la réunion dans l’une des salles de la préfecture, et l’on y a remarqué, entre autres beaux produits, ceux de la colonie agricole et philanthropique de Mettray. Enfin, une autre exposition de tableaux, d’objets d’art antiques, de sculptures, d’armes, de porcelaines, s’est ouverte, à l’occasion du congrès, dans la nef de l’ancienne église des Minimes. Malgré tout le mérite de cette exhibition artistique, NOus ne
pouvons songer à en faire jouir NOs lecteurs. Qu’une courte station NOus soit pourtant permise devant une seule des toiles exposées, un Charlet, parce qu’il s’y rattache un trait de fan
taisie dans lequel se peint tout l’artiste. Ce tableau représente une marche de cuirassiers, et n’est que la rognure d’une vaste composition dans laquelle le peintre projetait de retracer l’ensemble de la grande armée. M. de la Combe, possesseur de ce fragment de toile et admirateur passionne du talent de Charlet, avait retenu ce tableau pour sa galerie, et venait chaque matin en suivre les progrès dans l’atelier du grand artiste. Un jour, M. de laCombe arrive, et trouve la grande armée, qui déjà touchait à sa fin, aux trois quarts disparue sous une couche orange qu’y promenait gravement Charlet.
L’amateur éperdu se jette sur la toile, et parvient, NOn sans peine, à sauver de cet odieux badigeon le peu de cuirassiers qui restent. Voici ce qui était simplement arrivé. Charlet avait été se promener la veille à la campagne ; il avait assisté au coucher du soleil, et, la tête remplie de ce tableau grandiose, il avait épanché ses impressions solaires sur la pre
mière toile, peinte ou NOn, qui s’était trouvée sousisamain. N’est-ce pas là le digne pendant de l’aventure de Rembrandt, voulant à toute force peindre son singe favori sous le portrait d’un bourgmestre ?
On a beaucoup remarqué à l’exposition les beaux vases de M. Charles Avisseau, de Tours, le Bernard Palissy moderne, qui a exhumé à force de talent et de recherches le grand art de l’application de l’émail à la céramique, et dont l Il - lustration a récemment fait connaître les patients travaux et les magnifiques produits. Une médaille d’honneur a, au sur
Le congrès scientifique, à Tours.
plus, été décernée à cet artiste par le congrès scientifique.
Le congrès a été clos en séance générale par un discours de M. le président Bally, qui a résumé les travaux d’assem
blée et par une allocution de M. l’archevêque de Tours. Ce prélat a payé un large tribut d’éloges au but et aux efforts du congrès, au NOm de la religion, dont la sanction est assurée, a-t-il dit, à tout ce qui tend ici-bas à répandre la lu
mière et à contribuer à la manifestation de la vérité. Ces paroles chaleureuses et celles de M. le président Bally ont été vivement applaudies.
Le congrès, en se séparant, a eu l’idée assez étrange, selon NOus, et assez peu scientifique, de faire tirer sur la prin
cipale place de la ville un feu d’artifice pour réjouir « la portion des habitants qui n’avait pu prendre sa part de cette
solennité savante. » Il est beau de coopérer à la diffusion des lumières, mais NOn de la pyrotechnie.
Les procès-verbaux des séances et les meilleurs mémoires lus seront imprimés dans un gros volume qui sera le quinzième de la collection.
Le congrès se réunira en 1848 à Nancy, et en 1849 à
Rennes. F. M.
M. le docteur Bally, président du congrès scientifique, à Tourc.