HISTOIRE DE LA SEMAINE
Elections. — Conseils généraux : scrutin de ballottage. Les 149 scrutins de ballottage qui ont eu lieu dimanche dernier ont donné les résultats suivants : Ré
publicains élus, 115; conservateurs élus, 34. Total, 149. Dans ce scrutin les républicains ont gagné 19 sièges et en ont perdu 8. C’est donc 11 sièges de gagnés. En te
nant compte des résultats définitifs acquis au premier tour, le 12 août, on constate que sur 1445 élections, il y a : 1012 républicains et 431 conservateurs. Total : 1443.
Les élections de Calenzana et Salia (Corse) ne sont pas encore définitives. Résultat net : 133 sièges gagnés par les républicains, qui ont actuellement la majorité dans quatre-vingts conseils.
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20 août. — Ouverture de la session des conseils généraux et des conseils d’arrondissement.
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Décrets. — Sont fixées au 2 septembre l’élection des délégués des conseils municipaux du département de Constantine, en vue de l’élection d’un sénateur, en rem
placement de M. Lucet, décédé, et au 7 octobre prochain l’élection de ce sénateur. — Sont convoqués pour le 9 septembre les électeurs du premier arrondissement de Paris et de la deuxième circonscription de l’arrondisse
ment de Châlon-sur-Saône, à l’effet d’élire des députés, en remplacement de M. Tirard, nommé sénateur, et de M. Daron, décédé. — M. le contre-amiral Galibert est nommé commandant de la division navale des Indes, en remplacement de M. le contre-amiral Pierre, rappe é en France sur sa demande.
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Le commerce extérieur de la France. — Pendant les sept premiers mois de l’année 1883, les importations se sont élevées, du 1“ janvier au 31 juillet,à 2,801,634,000 francs, et les exportations à 1,953,304,000 francs. Ces chiffres, comparés à ceux de la période correspondante de 1882, continuent à accuser la situation peu favorable qui a été déjà signalée à diverses reprises. Si l’on peut considérer comme d’un bon augure pour le développement de notre industrie, l’augmentation des impor
tations de matières premières, 1,349,437,000 francs, au
lieu de 1,311,287,000 francs en 1882, il est à remarquer que notre consommation intérieure a été seule à en profiter, car nos exportations d’objets fabriqués sont des
cendues de 1,057,381,000 francs, en 1882, à 997,294,000
francs. Les exportations de marchandises diverses se sont, au contraire, élevées-de 98,435,000 fr. à 111,826,000
francs. L’importation d’objets d’alimentation s’est accrue dans une proportion très notable. De 881 millions 178,000 fr. en 1882, elle passe à 901,257,000 fr. Il est vrai qu’à l’exportation cette même catégorie de marchandises est en progrès d’environ trois millions. En résumé, nos importations sont d’environ 58 millions supé
rieures à celles de 1882 et nos exportations perdent environ 50 millions.
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Tonkin. — Le colonel Badens, qui commande la garnison de Nam-Dinh, a livré un nouveau combat à l’en
nemi. Il a attaqué les retranchements solidement établis par les Pavillons-Noirs au sud de ses propres positions. L’ennemi a fait d’abord mine de résister à la première charge, mais aussitôt que l’effet des fusils Gras a com
mencé à se faire sentir dans leurs rangs, ils ont fui en désordre, poursuivis par les Français. Les Annamites ont subi de grandes pertes, tandis que les Français ont eu seulement deux hommes tués et six blessés.
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15 août. — Jour fixé pour la réunion des délégués des puissances pour la ratification du traité de Londres ré
glementant ta navigation du Danube. Mais le délégué de la Turquie n’ayant pas reçu ses pouvoirs, cette première séance est renvoyée au 21 août.
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Belgique. — Chambre des députés. Adoption du projet de loi sur la réforme électorale. L’adoption du pro
jet amenait la suppression du tiers foncier qui n’avait plus de raison d’être, la nouvelle loi introduisant des sé
ries d’électeurs censitaires et d’électeurs capacitaires. Le tiers foncier est une ancienne disposition de la loi com
munale permettant au propriétaire de faire autant d’électeurs qu’il lui plaît en répartissant ses biens ruraux entre an certain nombre de ses locataires.
Italie. — Conflit avec le Maroc. Envoi d’une escadre italienne à Tanger. Voici l’origine du conflit.
Depuis plusieurs années, le gouvernement marocain doit quelques centaines de mille francs à des sujets italiens, mais il s’est contenté de leur prodiguer des pro
messes, que ne suivait jamais aucun effet. L’année dernière, le commandeur Scovasso fut envoyé à Tanger pour offrir une transaction à l’amiable, mais ses offres
furent repoussées par le grand vizir, qui fit, paraît-il, à cette occasion, preuve de beaucoup de mauvaise foi. En même temps, on apprit que Sidi-Abdeslam, pacha de Rabat, avait causé de graves préjudices à un sujet italien et qu’il y avait encore d’autres affaires pendantes entre les autorités marjcaines et les protégés italiens. Le commandeur Scovassa, ne pouvant arriver à ses fins, adressa alors au sultan du Maroc un ultimatum, deman
dant, dans le délai de vingt jours, le paiement Intégral des sommes dues et la destitution des fonctionnaires qui avaient causé des dommages aux sujets et protégés ita
liens. C’est pour appuyer cet ultimatum qu’une escadre italienne vient d’être expédiée dans les eaux du Maroc.
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Monténégro. — Célébration, à Cettigne, au couvent métropolitain, du mariage de la princesse Zorka, fille aînée du prince régnant, avec le prince Pierre Karageorgevich.
15 août. Voyage à Constantinople, du prince de Monténégro, accompagné de ses ministres des affaires étrangères, de la guerre et de l’intérieur.
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Nécrologie. — M.Dutilleul, sénateur du département du Nord. Il était fils de l’un des chefs du parti libéral
dans ce département sous la monarchie de juillet. Chef de bataillon en 1870, conseiller général du Nord en 1871, conseiller municipal de Lille en 1874, il devint maire de sa ville natale en 1878. L’année suivante, en janvier, il fut élu sénateur du Nord. M. Dutilleul appartenait depuis 1866 à la Société des sciences et bel eslettres de Lille. Il était âgé de quarante-trois ans.
M. Bernard, sénateur de Meurthe-et-Moselle. M.Bernard, né à Château-Salins (Meurthe), le 13 décembre 1824, se fit inscrire au barreau de Nancy en 1845. Maire de Nancy en 1872, il fut élu sénateur avec M. Varroy, le 30 janvier 1876, comme candidat républicain.
L’archiprêtre Bajanof, grand aumônier de l’empereur de Russie. Sans avoir le rang de métropolite, il possé
dait une influence considérable et jouissait d’une haute considération non seulement dans le clergé, mais aussi dans le Saint-Synode, dont il était membre. L’archiprêtre Bajanof avait exercé les fonctions de grand au
mônier sous les règnes de Nicolas, d’Alexandre II et d’Alexandre III; il était âgé de quatre-vingt-trois ans.
COURRIER DE PARIS
Les Parisiens qui n’ont point quitté Paris encore (il n’y en a guère qu’un million cinq cent mille) vont, aux environs des Tuileries, voir les apprêts de la fête d’ischia. C’est une distraction comme une autre et les curieux peuvent déjà se rendre compte, par le mouvement qui règne dans le jardin, que les acheteurs de billets de tombola ne se
ront point déçus en entrant dans cette kermesse. On reviendra de Cabourg et de Trouville pour voir cela. D’ailleurs la fête sera surtout populaire. Sa Majesté la foule est conviée à boire du monte pulciano dans les osterie dessinées par M. de Nittis, M. Marchetti ou M. Tofani, et brossées par les dé
corateurs de M. Floury, et elle pourra passer de boutique en boutique et laisser son argent aux mains blanches des bouquetières, gaufrières, ven
deuses de journaux ou de rubans, le tout au profit des pauvres. Certes, les malheureux écrasés dont VIllustration donnait les images, samedi dernier, ces lugubres bouillies humaines n’ont besoin de rien dans leur repos, et encore leur faut-il des tombes ! Mais les enfants, les femmes, les pauvres vieux, les survivants, ils demandent à ne pas mou
rir de détresse et de faim ! Et c’est pour eux qu’on chantera et dansera Dimanche!
J’ai entendu un mot affreusement topique, comme on dit aujourd’hui, à propos de cette catastrophe d’ischia dont le post-scriptum est une fête.
— Il y aurait, disait un spéculateur, une rude affaire à essayer là ! Les terrains ne doivent pas y
valoir cher pour le moment. Ils remonteront, car le sol est charmant. Si l’on tentait le coup?
Voilà du pur américanisme, du modernisme, du positivisme — inventez encore un mot en isme — ou je ne m’y connais pas. Mais c’était fatal. Toutes les choses de ce monde se pourront traduire en af
faires. Le Syndicat est la forme suprême de toutes les préoccupations humaines au siècle présent, et tout me porte à croire que le vingtième siècle, que M. Renan présentait, l’autre jour, aux collégiens de Louis-le-Grand comme une adorable terre pro
mise, sera plus syndiqué encore et plus américanisé que celui-ci.
Nous ne le verrons pas tous et c’est déjà uneconsolation.
Ceux des Parisiens qui, eux, ne verront point
je ne dis Das le vingtième siècle, mais la fête de Paris-Ischia — sont à Vichy ou aux Eaux-Bonnes,
à Royan ou à Bagnères-de-Luchon. à Biarritz ou à Aix-les-Bains. Aix, cette année, a fait fureur. Il y a, de la sorte, des courants. Il est de bon ton d’aller là ou là. Cela dépend de l’article d’un chroniqueur, de la présence de tel ou tel baigneur. La princesse Béatrice a donné le la. cette année.
Autrefois, on allait surtout loin de Paris pour se mettre au vert, « On ne voit personne... la vie ex
trêmement bon marché... on peut être fait comme un voleur! C est charmant! » Voilà l’idéal passé. Aujourd hui on s’en va surtout là où un courrié
riste huppé peut vous apercevoir et vous classer parmi les crémeux ou les crémeuses. Avoir son nom dans les déplacements est un rêve que poursuivent non seulement les boulevardiers nés pour le bruit, mais les bons et les meilleurs bourgeois de la rue Saint-Denis ou du boulevard Sébastopol.
Il en est même qui poussent si loin l’amour de la lettre moulée, la joie de se voir imprimés tout vifs qu’ils se déplacent durant tout l’été afin de pouvoir lire tous les deux jours à la colonne ville-, giature :
— M. et Madame Chapoton — à Aulus.
— M. et Madame Chapoton — à Bagnères. — M. et Madame Chapoton — à Tarbes. — M. et Madame Chapoton — à Pau.
— M. et Madame Chapoton — à Bayonne.
M. et Mme Chapoton prennent d’avance pour cela un billet de parcours circulaire dans les Pyrénées et envoient, de station en station, leur nouvelle adresse aux reporters qui annoncent succes
sivement ces importantes nouvelles aux populat ions, si bien qu’à la fin et par cette succession de petites notes et notules souvent répétées, M. et M le Cha
poton, francs et honnêtes merciers des environs des Halles, à l’enseigne du Dé d Argent ou des Ciseaux d’Or, finissent par faire partie du Tout- Paris. absolument comme William Busnach, M. Bischoffsheim ou Mme Judic.
Le chic vient en voyageant comme le bien vient en dormant.
M. Bischoffsheim, qu’on va nommer, diton, membre de l’Académie des sciences, Raphaël Bischoffsheim, qui a surtout, en fait d’étoiles, lorgné les étoiles d’opérettes, figurera peut-être en uniforme vert, avec les palmes de l’Institut, dans cette fête que donnera Mm= Judic lors de l’inaugu
ration de son hôtel, rue Nouvelle, fête dont les gazetiers parlent déjà avec des adjectifs flam
boyants. Le peintre Clairin achève les plafonds qui décoreront l’hôtel de la diva. Ce sera, rue Nouvelle, au haut de la rue de Clichy, une réception
tout à fait éclatante, et si l’on revient de Deauville pour la Kermesse de Paris-Ischia, on reviendra de Pétersbourg pour la crémaillère de Judic.
Mais c’est bien loin encore, tout cela ! Décembre. Niniche et Mademoiselle Nitouche ont encore, avant ce temps, à faire leur tour d’Autriche-Hongrie et à charmer les valseurs du Prater et les Tzi
ganes de Buda-Pesth. Ne craignez rien, les Tzi
ganes seront charmés. Judic mettra le feu aux poudres.
Un étranger, qui aime la France, ce qui n’est pas commun, et qui a de l’esprit, ce qui est original aussi, me disait l’autre jour :
— Vous vous plaignez quelquefois que les comédiens et les comédiennes tiennent tant de place dans le temps où nous sommes; il faut bien vous figurer pourtant que le théâtre étant une des forces incontestées de votre pays, les acteurs qui le traduisent pour les étrangers sont les représentants naturels et. par conséquent, acclamés de cette mer
veilleuse faculté française. Ce ne sont pas vos politiciens, soyez justes, qui peuvent nous enthousiasmer outre mesure. Ce sont quelquefois vos peintres