LE
MONUMENT DE DAGUERRE
Le monde photographique ne se lasse pas d’ouvrir des souscriptions pour glori
fier la mémoire des grands inventeurs qui ont tracé la voie aux nombreux praticiens dont les œuvres se sont multipliées au point d’en couvrir le monde.
Après Nicéphore Niepce, Poitevin, voici le tour de Daguerre, l’intelligent et tenace chercheur qui a donné son nom à la pre
mière application de la reproduction par la lumière, d’une image sur plaque sensi
bilisée. Grâce à la persévérante initiative du Comité de la Société des Archives photo
graphiques, historiques et monumentales, le célèbre peintre-chimiste aura bientôt son buste dans sa ville natale de Cormeillcs-en- Parisis.
M, le ministre de l’instruction publique et des beaux-arts a bien voulu contribuer pour une large part à l’érection du monu
ment. Les Conseils municipaux de Rouen, de Cormeilles, de Paris, de Versailles, du Havre, ainsi que bon nombre de photo
graphes français et étrangers, ont tenu à honneur d’apporter leur souscription.
L’inauguration aura lieu le 26 de ce mois. M. Leclerc, architecte du palais de Versailles, un savant értidit doublé d’un artiste de goût, a été chargé de la partie décorative. M. Capellaro, l habile statuaire à qui nous devons déjà l’énergique figure de Denis Dussoubs, a modelé avec sa puis
sance ordinaire le buste de Daguerre qui figurait à la dernière exposition des Beaux- Arts et que nous reproduisons. La sil
houette de l’œuvre dans son ensemble est des plus réussies : c’est de l’art simple et grand à la fois.
Daguerre était né en 1788, à Cormeilles-en-Parisis, et il est mort en 1851. Il s’était d’abord occupé de peinture et il avait inventé, en 1822, le Diorama, spec
tacle de jour d’un genre tout nouveau et reproduit par ce procédé les plus belles vues de l’univers.
E. Carjat.
ÉDOUARD-DUBUFE
Fils de peintre, père à son tour d’un artiste qui a déjà donné plus que des pro
messes, Edouard-Dubufe, qui vient de
mourir à Versailles, était depuis longtemps déjà frappé et terrassé par le mal qui devait l’emporter.
Son père, un des derniers représentants de l’Ecole de David, était mort en 1864;
il était né, lui, à Paris en 1820. Elève de Claude-Marie Dubufe et de Paul Delaroche, il débuta au Salon de 1839 par une Annonciation 1.1 une Chasseresse, qui lui va
lurent une médaille de troisième classe. Il
exposa ensuite au Salon de 1840 le Miracle des roses de Sainte-Elisabeth de Hongrie, et
deux études, la Poésie et la Musique ; pendant cinq ans, il s’occupa de peinture religieuse et donna à différents Salons, Tolie, la Foi, la Prière du Matin.
Ces divers tableaux lui valurent successivement une seconde médaille en 1840 et une première en 1844. Après avoir exposé, de 1845 à 1848, l Entrée de Jésus à Jéru
salem et deux scènes tirées de Clarisse Harlowe, Dubufe se livra presque exclu
sivement, à partir de 1848, à la peinture de portraits, où il apporta un talent ana
logue à celui de son père. En 1846, il avait exposé un portrait de Jules Janin ; en 1853, ce furent, à côté du portrait de l’impéra
trice Eugénie, quatre autres portraits de femmes qui eurent un succès considérable. Nous citerons encore, parmi ses œuvres les plus célèbres, les portraits de la prin
cesse Mathilde, de la marquise de Gallifet, de la princesse Ghika, du général Fleury, du comte de Nieuwerkerke, d’Alexandre Dumas fils, d’Emile Augier et de nombre d’autres célébrités contemporaines.
Edouard-Dubufe avait été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1853 et officier en 1869; il laisse un fils, M. Guillaume Dubufe, écrivain en même temps qu’ar
tiste, qui est hors concours, et dont la grande composition Musique profane et Musique sacrée avait fait grand bruit au Salon de l’an passé.
DAGUERRE. — BUSTE EN BRONZE PAR M. CAPELLARO
D’après la photographie de M. Collard, photographe des Ponts-et-Chaussées.
LE MONUMENT DE DAGUERRE A CORMEILLES-EN-PARISIS
M. P.-A, COT, RÉCEMMENT DÉCÉDÉM. ÉDOUARD-DUBUFE, RÉCEMMENT DÉCÉDÉ D après la photographie de M. Mulnier.
D’après la photographie de M. Dagron.