nines sur des formes animales, des réserves ont été faites, et elles peuvent être maintenues, mais elles ne mettent que mieux en valeur la beauté
d’observation directe, la probité d’exécution qui recommandent l’œuvre fine et rare d’un artiste de ce temps. Gustave Geffroy.
LES ARTS DÉCORATIFS E
h bien? C’est notre tour d’avoir droit d’être _ fiers. Nous étions en retard sur les autres à l’Exposition Universelle.
Voilà le temps perdu regagné.
Le sentiment d’une grande satisfac
tion : tel est le résultat de la visite dessalles
d’art décoratif aux Salons de 1901. Non tant parce que l’art français s’est définitivement
mis en marche tout entier, cela devait arriver et n’était que question de temps ; mais parce que sitôt à l’œuvre, nous nous retrou
vons nousmêmes. Le gé
nie français s’é- panel clair et riant sur l’œu
vre rénovatrice commencée pé
niblement par d’autres.
Dans l’art et tout ce qui
relève du goût,
aucune force ne prévaut contre ce trait du caractère français, ce je ne sais quoi qui n’est rien et est tout : le sentiment de la mesure. La science studieuse et l’esprit méthodique des uns, l’exubérance d’imagination des autres sont des forces impuissantes à lutter contre cette grâce. Ce n’est point par le génie de nos artistes que
l’art français a conquis le monde pendant quatre siècles ; tous les peuples en ont possédé d’aussi grands. C’est par leur tact.
On devait attendre avec curiosité, presque avec anxiété, ce qu’allait être la classe d’art
décoratif au Salon de 1901, après l’orgueilleux étalage par l’Allemagne, à l’Exposition Universelle, des résultats de son énorme labeur artis
tique de dix ans. Evidemment, l’art français ne pouvait rester sous le coup d’une comparaison écrasante. Mais qu’allaient faire nos artistes?
Quelle voie prendraient-ils? Suivraient - ils
l’Allemagne dans celle qu’a prise son art, dans cette sorte de somptuosité barbare que l’Exposition nous a montrée et qui, nouvelle dans la forme,
est bien ce qu’il y a de plus ré
trograde , de
plus contraire à l’esprit de nos temps dans le fond? Et sinon, quoi?
Aujourd’hui, la réponse est faite. L’art français, avec le peuplefrançais, refuse péremp
toirement de subir l’influ
ence extérieure Ni la forme, ni le fond de ce qu’on lui a montré ne lui con
vient. Il n’en
a retenu que ce qu’il fallait retenir, à savoir: d’abord que qui n’avance pas recule, ensuite, que la raison est désor
mais un facteur nécessaire de la conception de l’œuvre d’art, et que dans l’objet, l’imagina
tion ne vaut qu’autant qu’elle prenne un solide point d’appui sur la réalité. Il a appris qu’avant d’orner, il faut construire, mieux encore, que
RENÉ LALIQUE