dans son utilité, structure et galbe sont immédiatement imposés par la géométrie. Des lignes et des plans se combinent selon une force impé
rieuse qui est la loi propre de l’objet et son rythme intérieur. Si nous étions des êtres doués uniquement de raison, ce schéma devrait nous suffire ; mais nous sommes en outre, et surtout, des créatures sensibles ; nous souhaitons que la géométrie abandonne sa rigueur, s’attendrisse un peu et se pare ; nous songeons de nouveau au décor. Seulement nous concevons main
tenant la nécessité de subordonner l’ornement à la chose, nous soupçonnons les exigences de l’adaptation. Pour un objet d’usage, la seule forme possible nous paraît être la forme nor
male, la forme adéquate à la fonction, le seul décor acceptable, le décor qui respectera cette forme, qui aidera même à cette fonction, qui se tiendra vis-à-vis de l’une et de l’autre dans une subordination constante. Une telle conception écarte le procédé du décor plaqué sur l’objet, ne s’y rattachant par aucun lien logique, appelle la fusion intime de l’ornement et de la chose à embellir. Cette fusion a été accomplie chez nous par deux maîtres admirables : Jean Dampt et Jean Baffîer, et — je suis l’heureux de l’écrire le premier dans Y Art Décoratif — par un débutant qui est presque un maître, M. Louis Boucher.
On n’a pu oublier les deux lustres élec
EDMOND BECKER
(Pour la maison Boucheron)
PIÈCES D’UNE GARNITURE DE BUREAU EN CHÊNE SCULPTÉ
triques et l’applique de M. Dampt qui figuraient à l’Exposition universelle de 1900 et qui ont reparu, d’ailleurs, cette année à l’exposition de 1’ « Art dans Tout ». Les agencements de pièces métalliques et de lampes de verre strictement requis pour distribuer dans une demeure la clarté nouvelle nous offraient par miracle des ensembles de tiges ployantes et de délicieuses corolles. Aucun détail postiche pourtant, aucun découpage de rameaux ou de feuilles. Une flexion délicate, un modelé discret de place en place, l’effleurement d’une main sensible — et la sèche armature était devenue vivante et le sculpteur avait répandu sur elle ce
«Quelque chosedebeau comme un sourire humain
versé par l’artiste grec sur le profil des Propylées. Merveilles de raison, de mesure, de grâce noble, harmonieuse et légère, les œuvres de M. Dampt réalisaient le type de l’appareil électrique Elles allaient inspirer, semblait-il,
tous les esprits tournés vers cette partie de l’art appliqué. Aux Salons de 1901 leur influence ne se rencontre guère cependant que dans une
lampe à incandescence de M. Maurice Dufrêne ; aussi, au milieu de tant d’enfantillages, de bizar
reries, de sottises, l’œuvre du jeune décorateur prend une allure de stricte élégance et de logique raffinée.
Ce rôle joué par M. Dampt vis-à-vis du luminaire moderne, M. Baffier le joue depuis longtemps déjà vis-à-vis des objets de la table. Il