MAURICE DENIS
M
aurice Denis nous dit lui-même qu’il a appris à faire de la peinture en faisant des
tableaux, lia refusé de s’asseoir au « motif » des Impressionnistes qui s’impose simultanément à l’œil et au cœur ; qui dicte, trop fortuitement, la poésie des rencontres du nuage et de l’eau, du citron et de la tomate.
Certes, pour être sûr que la peinture triomphe de l’objet en le remplaçant par un jeu de couleurs, par une phrase picturale elliptique, on avait eu besoin de voir un Cézanne confronter la nature et l’art. L’expérience faite, on pouvait élargir le champ de la peinture, et Maurice Denis vint dire, à propos, que l’idée charmante de la pomme n’est pas la seule qui soit traduisible en couleurs, mais aussi toutes celles qui nous hantent, et leurs groupements imprévus, tel celui qui mêle au monde familier un monde surnaturel, au libre gré d’une imagination mystique. Les musées prouvaient qu’une belle formule picturale — le système des amples courbes, des Italiens, par exemple, — peut extérioriser des idées multiples. Tandis que, de 1890 à 1898 environ, Denis applique une palette harmonieuse mate et sourde, à des compositions déco
ratives, religieuses ou profanes, inspirées par la vie, l’Italie s’infuse toujours davantage
Nu en plein air.