Après le lancement : la Normandie prise par les remorqueurs qui vont la conduire à la forme-écluse. — Phot. Associated Press.
tentée que si les circonstances atmosphériques étaient entièrement favorables. Le navire offrait au vent 10.000 mètres carrés de surface. On imagine sans peine la formidable poussée qu’il était exposé à recevoir si le vent, à peu près nul le matin, s’élevait soudain au moment de la pleine mer. La chose est fréquente en cette saison. La plus grande prudence s’imposait. D’ailleurs l’amour-propre
ne pouvait être en jeu : la mise à l’eau d’un navire de cette taille n’est pas un sport. En cas d’impossibilité, le lancement pouvait être remis au
lendemain, mais après il aurait fallu le reporter au printemps prochain, au retour des grandes marées favorables.
Aussi, à 14 h. 30, quand M “ Albert Lebrun, femme du président de la République, marraine du navire, monta
sur l’étroite passerelle d’où elle devait accomplir le geste traditionnel du baptême en brisant une bouteille de champagne sur l’étrave de son filleul titanesque, les milliers de spectateurs qui se trouvaient dans les tribunes et sur le terrain sentirent passer le frisson que l’on éprouve devant l’approche d un grand événement. L’angoisse fut de courte durée : à 15 heures, devançant d un quart d’heure l’heure pré
vue, le géant commença de glisser et trois minutes après, sans le moindre à-coup, il flottait tout entier sur les eaux de l’estuaire. Une immense acclamation salua la victoire que le génie maritime français venait de rem
porter. Cette victoire est due à la collaboration de MM. Coqueret et Conard, directeur et sous-directeur, et de MM. Sée, Le Cam et Réville, ingé
nieurs du chantier. Ajoutons que les plans du paquebot ont été etaDlis en
accord avec M. Romnno, ingénieur en chef de la Compagnie transatlantique. Ajoutons aussi que, parmi les 200.000 té
moins de ce magnifique spectacle venus des points les plus divers de la France
et de l’étranger, se trouvaient des représentants des grands constructeurs navals d’Angleterre et des Etats-Unis. Ils ont suivi avec une attention parti
culière et, suivant leurs propres déclarations, avec une indicible émotion la prise de contact du grand navire avec son élément. Ils ont applaudi à cette
réussite et la presse étrangère est unanime à exalter cette victoire pacifique de la France.
Mmc Albert Lebrun vient de lancer la bouteille sur l’étrave.
De ce jour mémorable des annales de la construction maritime, notre flotte de commerce pos
sède donc le plus grand navire du monde. Dans deux ans, il entreprendra sa première traversée du
Havre à New York. On prévoit qu’il effectuera le voyage en quatre jours et demi et battra sur ce parcours le record de la vitesse. Le paquebot
Normandie sera le roi de l’Atlantique. — R. Lest.
Les ouvriers achèvent le suifïage des glissières.
La Normandie vue par le travers après le lancement. — Phot. Keystone.
tentée que si les circonstances atmosphériques étaient entièrement favorables. Le navire offrait au vent 10.000 mètres carrés de surface. On imagine sans peine la formidable poussée qu’il était exposé à recevoir si le vent, à peu près nul le matin, s’élevait soudain au moment de la pleine mer. La chose est fréquente en cette saison. La plus grande prudence s’imposait. D’ailleurs l’amour-propre
ne pouvait être en jeu : la mise à l’eau d’un navire de cette taille n’est pas un sport. En cas d’impossibilité, le lancement pouvait être remis au
lendemain, mais après il aurait fallu le reporter au printemps prochain, au retour des grandes marées favorables.
Aussi, à 14 h. 30, quand M “ Albert Lebrun, femme du président de la République, marraine du navire, monta
sur l’étroite passerelle d’où elle devait accomplir le geste traditionnel du baptême en brisant une bouteille de champagne sur l’étrave de son filleul titanesque, les milliers de spectateurs qui se trouvaient dans les tribunes et sur le terrain sentirent passer le frisson que l’on éprouve devant l’approche d un grand événement. L’angoisse fut de courte durée : à 15 heures, devançant d un quart d’heure l’heure pré
vue, le géant commença de glisser et trois minutes après, sans le moindre à-coup, il flottait tout entier sur les eaux de l’estuaire. Une immense acclamation salua la victoire que le génie maritime français venait de rem
porter. Cette victoire est due à la collaboration de MM. Coqueret et Conard, directeur et sous-directeur, et de MM. Sée, Le Cam et Réville, ingé
nieurs du chantier. Ajoutons que les plans du paquebot ont été etaDlis en
accord avec M. Romnno, ingénieur en chef de la Compagnie transatlantique. Ajoutons aussi que, parmi les 200.000 té
moins de ce magnifique spectacle venus des points les plus divers de la France
et de l’étranger, se trouvaient des représentants des grands constructeurs navals d’Angleterre et des Etats-Unis. Ils ont suivi avec une attention parti
culière et, suivant leurs propres déclarations, avec une indicible émotion la prise de contact du grand navire avec son élément. Ils ont applaudi à cette
réussite et la presse étrangère est unanime à exalter cette victoire pacifique de la France.
Mmc Albert Lebrun vient de lancer la bouteille sur l’étrave.
De ce jour mémorable des annales de la construction maritime, notre flotte de commerce pos
sède donc le plus grand navire du monde. Dans deux ans, il entreprendra sa première traversée du
Havre à New York. On prévoit qu’il effectuera le voyage en quatre jours et demi et battra sur ce parcours le record de la vitesse. Le paquebot
Normandie sera le roi de l’Atlantique. — R. Lest.
Les ouvriers achèvent le suifïage des glissières.
La Normandie vue par le travers après le lancement. — Phot. Keystone.