A l Ecole Centrale : discours de M. Guillet, directeur de l école, devant le président de la République.
Aux Arts et Métiers : le général Gouraud donnant en garde à l’école de Paris
l’emblème de la Croix de guerre des six écoles.
POLITIQUE ET DIPLOMATIE
LES PROJETS FINANCIERS DU GOUVERNEMENT
Devant les commissions parlementaires et avant la rentrée des Chambres, qui a eu lieu le 25 octobre dans les formes accoutumées, ont été longuement examinés les projets financiers du gouvernement pour faire face au déficit et redresser la situation budgétaire. Le déficit du budget de 1933, primi
tivement estimé à 7 milliards, s’élèvera en réalité à une douzaine de milliards par suite d’une
diminution de 4 milliards dans le rendement des impôts et d’une augmentation des dépenses de 1 milliard consécutive aux lois votées. Déjà la
loi du 15 juillet 1932 a procuré 2.440 millions de recettes supplémentaires, auxquelles s’ajoutent les 1.800 millions de la conversion. Le déficit restant à combler est donc de 7.760 millions
environ. La trésorerie, de son côté, a émis pour 5.100 millions de bons du Trésor et les lois exis
tantes lui permettent d’en émettre encore pour 3.400 millions. Si l’on ajoute à ces 8.500 millions dépensés ou à dépenser jusqu’au 31 décembre pro
chain les 3 milliards que la trésorerie devra débourser en 1933 pour faire face à certaines échéances et les 8 milliards de déficit prévu, on arrive à un déficit de 19 milliards et demi pour la trésorerie sans faire état des 1.800 millions qui
devraient être payés aux Etats-Unis le 16 décembre prochain au titre des dettes interalliées. La situa
tion, on le voit, ne laisse pas d’être inquiétante. Le projet gouvernemental prévoit un supplément de recettes de 7.945 millions au moyen d’aménage
ments fiscaux (répression de la fraude fiscale, taxes nouvelles sur le£ successions, les transports sur route et les produits de consommation, pour 2.800 millions au total), de compressions de dépenses supportées par les retraités, les pen
sionnés et les fonctionnaires pour 1.145 millions,
et d’allégements budgétaires pour 3.700 millions, dont 2.150 obtenus par la création d’une caisse autonome des pensions et 1.550 par l’intégration
de dépenses non renouvelables à une nouvelle tranche d’outillage national financée par l’emprunt.
LE « PLAN CONSTRUCTIF » FRANÇAIS
Afin de sortir de la double impasse de la conférence du désarmement et de la revendication allemande pour l’égalité des droits, la France a pris l’initiative de proposer un « plan constructif » qui, s’il était adopté, permettrait sans doute de concilier tous les intérêts divergents et de faire accom
plir au problème du désarmement un pas décisif. Ce plan, élaboré par M. Paul-Boneour et les
techniciens du ministère de la Guerre, a été soumis au comité supérieur de la défense nationale où il a été longuement examiné et discuté. Le général Weygand, chef d’état-major général, a présenté à son sujet, comme c’était son devoir, toutes les observations qui lui semblaient nécessaires, mais, finalement, un accord complet a été réalisé, de sorte que le 28 octobre M. Herriot a pu en indiquer à la Chambre des députés les grandes lignes. Dans un magistral discours, écouté avec un intérêt passionné, le président du Conseil a posé le dilemme : ou bien la demande du réarmement de l’Allemagne aboutira à un réarmement général, ou bien un nouvel effort de désarmement doit être fait par toutes les puissances. C’est à cette dernière solution qu’il se rallie. Les suggestions françaises, dont le détail sera bientôt connu, lorsque le projet aura été déposé à la conférence de Genève, s’inspirent de la formule que nous avons toujours défendue : la liaison étroite du désarmement, de l’arbi
trage et de la sécurité. Limitation générale des armées avec le service à court terme, à l’exclusion
i
de toute armée de métier, y compris la Reichswehr, et avec une réglementation rigoureuse des forces de police ; contrôle international effectif, avec droit d’investigation dans le cadre de la Société des Nations ; pactes régionaux d’assistance mutuelle complétant les accords de Locarno ; organisation d’une force collective suffisante, dotée d’un matériel puissant, pour réprimer toute agression ; garanties générales de sécurité comme les Etats-Unis euxmêmes les envisagent ; engagement solennel de tous les membres de la Société des Nations de remplir toutes les obligations d’assistance mutuelle définies par l’article 16 du covenant ; enfin, arbi
trage obligatoire : tels sont les principes. Après un débat d’une haute tenue, la Chambre, par 425 voix contre 25, a approuvé ces déclarations dont le retentissement extérieur a été considérable. L’Allemagne elle-même semble disposée à entamer sur ces bases une conversation.
LE REICH ET LA PRUSSE
L’ordonnance présidentielle du 20 juillet qui avait placé la Prusse sous le contrôle direct du Reich par l’institution d’un haut-commissaire, avait fait l’objet d’un recours du gouvernement prussien devant la cour suprême de Leipzig. La sentence du haut tribunal d’empire a été rendue le 25 octobre. Elle donne raison, en droit, au gouvernement prussien, dont la dissolution pour les motifs invoqués n’est pas justifiée ; mais, en fait, elle reconnaît au Reich la faculté de suspendre dans un Etat confédéré les libertés constitutionnelles, à condition qu’il s’agisse d’une sus
pension provisoire. Donc, le cabinet présidé par le socialiste Braun demeure le seul légitime, ce qui n’empêche pas le maintien temporaire du système actuel. — R. L.
DEUX VISITES DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Le président de la République, qui est un ancien de Polytechnique, a pour nos grandes écoles natio
nales une sollicitude toute particulière. Il vient, cette semaine, de la leur témoigner à deux reprises.
Boulevard Diderot, à Paris, il a inauguré la maison des Centraux ou plus exactement les nou
veaux bâtiments qui complètent cette fondation analogue à la Cité universitaire.
D’autre part, M. Lebrun présidait quelques jours après la cérémonie au cours de laquelle fut transférée à Paris la Croix de guerre décernée en 1926 aux écoles nationales d’arts et métiers. On sait que nous possédons six écoles de cette
catégorie : à Châlons, Aix, Cluny, Angers, Lille et Paris, qui a la plus récente. Successivement chacun
de ces centres eut en garde le glorieux emblème. Ces jours derniers, ce fut la capitale qui le reçut au cours d’une sobre et émouvante cérémonie.
LES « MARCHEURS DE LA FAIM A LONDRES
Les « marcheurs de la faim » britanniques, dont une gravure de notre dernier numéro montrait la progression vers Londres, sont arrivés dans la capi
tale le 27 octobre et des manifestations violentes se sont produites aussitôt à Hvde Park. Les chômeurs londoniens s’étaient joints à leurs camarades des provinces et c’est une foule de 20.000 per
sonnes environ que la police a eu à repousser. Il y a eu des charges, des bagarres et des blessés dont le nombre, heureusement, ne paraît pas supé
rieur à une vingtaine. Une autre démonstration du même genre a eu lieu à Trafalgar Square, le 30 octobre.
A Londres : la police dispersant les manifestants devant Hyde Park.
Aux Arts et Métiers : le général Gouraud donnant en garde à l’école de Paris
l’emblème de la Croix de guerre des six écoles.
POLITIQUE ET DIPLOMATIE
LES PROJETS FINANCIERS DU GOUVERNEMENT
Devant les commissions parlementaires et avant la rentrée des Chambres, qui a eu lieu le 25 octobre dans les formes accoutumées, ont été longuement examinés les projets financiers du gouvernement pour faire face au déficit et redresser la situation budgétaire. Le déficit du budget de 1933, primi
tivement estimé à 7 milliards, s’élèvera en réalité à une douzaine de milliards par suite d’une
diminution de 4 milliards dans le rendement des impôts et d’une augmentation des dépenses de 1 milliard consécutive aux lois votées. Déjà la
loi du 15 juillet 1932 a procuré 2.440 millions de recettes supplémentaires, auxquelles s’ajoutent les 1.800 millions de la conversion. Le déficit restant à combler est donc de 7.760 millions
environ. La trésorerie, de son côté, a émis pour 5.100 millions de bons du Trésor et les lois exis
tantes lui permettent d’en émettre encore pour 3.400 millions. Si l’on ajoute à ces 8.500 millions dépensés ou à dépenser jusqu’au 31 décembre pro
chain les 3 milliards que la trésorerie devra débourser en 1933 pour faire face à certaines échéances et les 8 milliards de déficit prévu, on arrive à un déficit de 19 milliards et demi pour la trésorerie sans faire état des 1.800 millions qui
devraient être payés aux Etats-Unis le 16 décembre prochain au titre des dettes interalliées. La situa
tion, on le voit, ne laisse pas d’être inquiétante. Le projet gouvernemental prévoit un supplément de recettes de 7.945 millions au moyen d’aménage
ments fiscaux (répression de la fraude fiscale, taxes nouvelles sur le£ successions, les transports sur route et les produits de consommation, pour 2.800 millions au total), de compressions de dépenses supportées par les retraités, les pen
sionnés et les fonctionnaires pour 1.145 millions,
et d’allégements budgétaires pour 3.700 millions, dont 2.150 obtenus par la création d’une caisse autonome des pensions et 1.550 par l’intégration
de dépenses non renouvelables à une nouvelle tranche d’outillage national financée par l’emprunt.
LE « PLAN CONSTRUCTIF » FRANÇAIS
Afin de sortir de la double impasse de la conférence du désarmement et de la revendication allemande pour l’égalité des droits, la France a pris l’initiative de proposer un « plan constructif » qui, s’il était adopté, permettrait sans doute de concilier tous les intérêts divergents et de faire accom
plir au problème du désarmement un pas décisif. Ce plan, élaboré par M. Paul-Boneour et les
techniciens du ministère de la Guerre, a été soumis au comité supérieur de la défense nationale où il a été longuement examiné et discuté. Le général Weygand, chef d’état-major général, a présenté à son sujet, comme c’était son devoir, toutes les observations qui lui semblaient nécessaires, mais, finalement, un accord complet a été réalisé, de sorte que le 28 octobre M. Herriot a pu en indiquer à la Chambre des députés les grandes lignes. Dans un magistral discours, écouté avec un intérêt passionné, le président du Conseil a posé le dilemme : ou bien la demande du réarmement de l’Allemagne aboutira à un réarmement général, ou bien un nouvel effort de désarmement doit être fait par toutes les puissances. C’est à cette dernière solution qu’il se rallie. Les suggestions françaises, dont le détail sera bientôt connu, lorsque le projet aura été déposé à la conférence de Genève, s’inspirent de la formule que nous avons toujours défendue : la liaison étroite du désarmement, de l’arbi
trage et de la sécurité. Limitation générale des armées avec le service à court terme, à l’exclusion
i
de toute armée de métier, y compris la Reichswehr, et avec une réglementation rigoureuse des forces de police ; contrôle international effectif, avec droit d’investigation dans le cadre de la Société des Nations ; pactes régionaux d’assistance mutuelle complétant les accords de Locarno ; organisation d’une force collective suffisante, dotée d’un matériel puissant, pour réprimer toute agression ; garanties générales de sécurité comme les Etats-Unis euxmêmes les envisagent ; engagement solennel de tous les membres de la Société des Nations de remplir toutes les obligations d’assistance mutuelle définies par l’article 16 du covenant ; enfin, arbi
trage obligatoire : tels sont les principes. Après un débat d’une haute tenue, la Chambre, par 425 voix contre 25, a approuvé ces déclarations dont le retentissement extérieur a été considérable. L’Allemagne elle-même semble disposée à entamer sur ces bases une conversation.
LE REICH ET LA PRUSSE
L’ordonnance présidentielle du 20 juillet qui avait placé la Prusse sous le contrôle direct du Reich par l’institution d’un haut-commissaire, avait fait l’objet d’un recours du gouvernement prussien devant la cour suprême de Leipzig. La sentence du haut tribunal d’empire a été rendue le 25 octobre. Elle donne raison, en droit, au gouvernement prussien, dont la dissolution pour les motifs invoqués n’est pas justifiée ; mais, en fait, elle reconnaît au Reich la faculté de suspendre dans un Etat confédéré les libertés constitutionnelles, à condition qu’il s’agisse d’une sus
pension provisoire. Donc, le cabinet présidé par le socialiste Braun demeure le seul légitime, ce qui n’empêche pas le maintien temporaire du système actuel. — R. L.
DEUX VISITES DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Le président de la République, qui est un ancien de Polytechnique, a pour nos grandes écoles natio
nales une sollicitude toute particulière. Il vient, cette semaine, de la leur témoigner à deux reprises.
Boulevard Diderot, à Paris, il a inauguré la maison des Centraux ou plus exactement les nou
veaux bâtiments qui complètent cette fondation analogue à la Cité universitaire.
D’autre part, M. Lebrun présidait quelques jours après la cérémonie au cours de laquelle fut transférée à Paris la Croix de guerre décernée en 1926 aux écoles nationales d’arts et métiers. On sait que nous possédons six écoles de cette
catégorie : à Châlons, Aix, Cluny, Angers, Lille et Paris, qui a la plus récente. Successivement chacun
de ces centres eut en garde le glorieux emblème. Ces jours derniers, ce fut la capitale qui le reçut au cours d’une sobre et émouvante cérémonie.
LES « MARCHEURS DE LA FAIM A LONDRES
Les « marcheurs de la faim » britanniques, dont une gravure de notre dernier numéro montrait la progression vers Londres, sont arrivés dans la capi
tale le 27 octobre et des manifestations violentes se sont produites aussitôt à Hvde Park. Les chômeurs londoniens s’étaient joints à leurs camarades des provinces et c’est une foule de 20.000 per
sonnes environ que la police a eu à repousser. Il y a eu des charges, des bagarres et des blessés dont le nombre, heureusement, ne paraît pas supé
rieur à une vingtaine. Une autre démonstration du même genre a eu lieu à Trafalgar Square, le 30 octobre.
A Londres : la police dispersant les manifestants devant Hyde Park.