Qui sera nommée le plus souvent? Qui fera la plus grosse recette? Conflit de vanités et lutte de sourires.
Ah! ces affiches, ces affiches! On va donc les gratter, les arracher, les jeter à la hotte, en débar
bouiller nos muraillès ! Elles m’exaspèrent encore plus que les baraques du boulevard. Elles abîment nos monuments, sans compter que les marchands de denrées coloniales et les industriels quelconques profitent de l’occasion pour se mêler aux débitants de boniments politiques. L’un vante ses habits d’oc
casion, l’autre ses chapeaux neufs, un troisième son tapioca familial, un autre ses poésies humanitaires. Les maisons de Paris avaient l’air, depuis des semai
nes, de prendre un bain de pieds rouge. Grattez, lavez, enlevez! comme dit Sapho.
Uendez-nous notre Paris, J’aime mieux ma rue,
O gué,
Ma rue
Toute nue !
Et c’est là-dessus que tombe, tombe tristement le dernier crépuscule de l’année. Election du Président, remaniement du ministère, cuisine électorale, bruits de la rue, brouhaha de la fin de décembre, je laisse tout passer, les pieds au feu, le cigare à la bouche, regardant monter en volutes, vers le plafond de ma chambre de vieux garçon, la fumée de mon havane — et je souhaite que l’an qui vient soit, à la Saint- Sylvestre, plus joyeux, moins brumeux, moins soucieux que l’an qui s’en va.
A vos pieds, Mesdames, et de tous mes souhaits, à vous, mes chers lecteurs, déjà indulgents aux causeries d’un débutant de la chronique et d’un conscrit de la chronique, tout disposé à gagner ses chevrons. Rastignac.
reposent sur un sol constitué par des poudingues, c’està-dire par un assemblage de cailloux divers agglutinés entre eux par un ciment naturel.
Depuis un certain nombre d’années, on s’est appliqué à augmenter le plus possible la profondeur de la Seine pour les besoins de la navigation. La hauteur du niveau de l’eau a été relevée au moyen de barrages ; en outre le lit a été creusé au moyen de dragages, de telle sorte que les cadres en charpente, qui se trouvaient primitivement enterrés d’environ 1 mètre, sont maintenant au-dessus du fond du fleuve. On comprend facilement que sous fac
tion du courant des fortes crues, le pied de la pile ait été complètement déchaussé. L enrochement disparu, un afïouillement considérable s’est produit sous toute la partie amont du cadre qui s’est alors afiaissée sous le poids de la construction.
Les autres piles étant intactes, il suffira probablement de consolider leurs enrochements à la base. Quant à la pile détériorée, elle devra être entièrement reconstruite, ainsi que les deux arches qu’elle supporte.Pour les démolir, on va mettre d’abord ces voûtes sur des cintres retroussés, de manière à ne pas interrompre complètement la naviga
tion. La principale difficulté sera dans la démolition et la reconstruction des fondations de la pile; en ce moment l’eau atteint en ce point une profondeur de 5 mètres.
Il est probable qu’on opérera au moyen d’un caisson à air comprimé, ou bien on entourera cette pile d’un ba
tardeau qu’on mettra à sec. Afin de ne rien changer à l’aspect du pont, la pile et les deux voûtes seront reconstruites absolument dans le même état qu’avant l’accident. Ch. T.
CHEZ LE CONFISEUR
Evidemment nous sommes à la Saint-Sylvestre : tous les retardataires s’empressent de réparer le temps perdu; il faut bien que mamans et babys aient,le lendemain matin,
leurs bonbons du nouvel an. Aussi quel brouhaha ! Quelle poussée! Quelle bousculade et quelle confusion! Il y a même dans le dessin de M. Marchetti comme un souve
nir de quelque fin brillante de féerie à grand spectacle : c’est la glorification et comme l’apothéose de la confiserie.
LES ANCIENS ALMANACHS ILLUSTRÉS ET L’INAUGU­ RATION DE LA PLACE VENDOME AU XVIIe SIÈCLE
Le croirait-on? Les almanachs, qui ne sont guère au
jourd’hui que d’insipides morceaux de carton, offrant le simple tableau des jours et des mois de l année, étaient aux xvne et xvm° siècles d’admirables planches gravées par les premiers artistes. Elles représentaient, le plus ordinairement, les principaux événements de l’année, les fêtes publiques, les divertissements de la cour, les portraits des premiers personnages de l’Etat, les nou
veaux monuments, etc. De telle sorte que si l’on pouvait réunir un certain nombre de ces almanachs, on aurait comme autant de tableaux présentant l’histoire anecdotique, pittoresque et piquante de l’histoire de deux siècles.
Un écrivain bien connu, critique d’art, M. Victor Champier, vient de publier un album contenant la reproduction de ces almanachs, avec l’histoire complète de ces planches rarissimes, un catalogue descriptif, et un aperçu général de l’histoire du calendrier.
Nous empruntons à ce beau livre nue des planches curieuses qui l’accompagnent. Elle représente l Inauguralion de la statue de Louis XI V sur la place Vendôme au xvnc siècle. On trouve la trace de tous les prépara
tifs que nécessita cette cérémonie dans les registres du bureau de la Ville, conservés aux Archives nationales.
La Ville, qui avait déjà offert, treize ans auparavant, l’emplacement conquis par les anciens fossés de l’en
ceinte de Charles V (place des Victoires), pour y élever la statue due à Desjardins, offrit encore, pour celle de Char
don,fondue par Relier en 1692 et que nous reproduisons,les terrains de l’hôtel de Vendôme, situés à l’extrémité de la rua des Petits-Champs, entre les couvents des Feuillants et des Capucines.
Le roi donna son approbation au projet, et le Ri août 1699, la cérémonie d’inauguration eut lieu avec le plus grand éclat. Une estampe du temps intitulée : Explica
tion de la place de Louis-le-Grand. — Ordre de la Marche, montre le défilé du corps de ville devant la statue et donne , au-dessous de chaque personnage, ses noms et qualités.
« On entra, lit-on dans les Registres du bureau de la Ville, du cosic de la rue S. Honoré : l’on fit le tour et l’on vint vis-à-vis la statue, laquelle M. le Gouverneur de Paris, Léon Potier, duc de Gesvres, et M. le Prévost des marchans, messire Claude Bosc, seigneur d’Ivry-sur- Seine, saluèrent, ainsy que toute la compagnie.Pendant lequel temps, M. le Prévost des marchans jetta par di
verses fois un nombre considérable d’argent monnoyé.II y avoit, aux quatre coins de la statue, les trompettes,
hauts-bois, fifres et tambours qui se firent entendre tout le temps qu’on fut à la place,dans laquelle on avait élevé plusieurs éehafaux qui estaient remplis de quantité de personnes de qualité... »
La cérémonie une fois terminée sur la place Vendôme,
le cortège, qui était parti de l’Hôtel-de-Ville, y retourne, mais il n’oublie pas d’aller rendre à la statue de Desjardins les mêmes hommages qu’à celle de Girardon et Relier.
Comme on le voit, notre gravure — ou almanach — reproduit la cérémonie dans tes moindres détails avec les personnages qui y prirent part et dont les noms se trou
vent indiqués à droite et à gauche de la planche. H nous donne, en outre, l’intéressant tableau des fêtes qui eurent lieu sur la Seine devant le palais du Louvre. D’autres
NOTES ET IMPRESSIONS
La parole appartient moitié à celuy qui parle, moitié à eeluy qui écoute. Montaigne.
* *
11 faut se taire ou dire des choses qui valent mieux (iue le silence. Proverbe grec.
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La vie est bien dure quand nous sommes traités exactement selon ce que nous méritons.
Arvède Bartne. *
* *
On pleure parfois les illusions avec autant de tristesse que les morts. Guy de Maupassant.
*
La conscience est un phare à feux changeants.
Ernest Renan.
*
Le gouvernement d’une révolution ne la gouverne pas; on peut dire tout au plus, quand il est honnête, qu’il la retient en la suivant.
jules Simon.
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Une civilisation purement industrielle et scientifique ne serait qu’une barbarie plus affreuse que l’ancienne.
F. Brunetière.
*
* *
L’étude de l’histoire nous rend aussi indulgents pour les fautes des gouvernements et des peuples que l’expérience de la vie pour celles du commun des hommes.
* *
Il ne suffit pas d’être logique en ce monde; il faut savoir vivre avec ceux qui ne le sont pas.
G. M. Valtour.
FIG. 2. — COUPE TRANSVERSALE
rive gauche, s’est coupée à la base vers son milieu et sa partie amont s est inclinée très sensiblement en avant, en même temps qu elle se déversait du côté de l’ile de la Cité. Il en est résulté des lézardes considérables dans les deux voûtes qui s’appuient sur cette pile. Pour éviter un effondrement général, on a aussitôt allégé ces voûtes en enlevant sur cette partie tous les matériaux de la chaus
sée et des parapets. Au moyen de moellons, on a cons
titué un enrochement à la buse de la pile, et, aussitôt que l’abaissement de la crue de la Seine l’a permis, on a re
levé le barrage de la Monnaie de manière à diminuer l’intensité du courant.
Les sondages qui ont été faits au moyen de scaphandres ont montré que les piles du Pont-Neuf sont fondées, non sur pilotis, mais sur des cadres en charpente cons
titués par de grosses poutres de 40 centimètres et un platelage transversal de 12 centimètres d’épaisseur.
Les poutres sont distantes entre elles de 1 mètre et placées perpendiculairement à l’axe du fleuve. Elles
FIG. 1. — COUPE LONGITUDINALE DE LA PILE
NOS GRAVURES
l’affaissement du pont-neuf
Commencé en 1578, sous le règne de Henri III, le Pont-Neuf fut terminé en 1604. En 1848, on abaissa la hauteur de la chaussée en
diminuant l’épaisseur des voûtes ; mais depuis la construction du pont, on n’avait
jamais touché aux fondations des piles.
Le 17 décembre dernier, à 7 heures du matin, un affaissement s’est produit dans la partie du pont jetée sur le bras gauche de la Seine. La deuxième pile, à partir de la
vignettes montrent quelques autres événements de cette même année 1699, et notamment la physionomie de la première exposition de tableaux qui se fit à Paris dans les galeries du Louvre, et qu’on peut considérer comme l’origine de notre salon annuel.
On voit que le volume publié sous le titre les Anciens almanachs illustrés n’a pas seulement un intérêt de curiosité pour les amateurs, mais qu’il a une sérieuse valeur au point de vue historique II fait le plus grand honneur aussi à l’éditeur, M.Frinzine,qui n’a rien négligé pour donner à ce livre tout l’attrait d’un luxe typographique et iconographique des plus délicats.
UNE VISITE AU MUSÉE GRÉVIN
Du nouveau ! toujours du nouveau ! n’en fut-il plus au . inonde ! — Telle est la devise que semblent avoir adopté les intelligents directeurs du Musée Grévin, cet établissement si parisien.
Aujourd’hui ils viennent de mettre en scène avec un réalisme effrayant un des épisodes les plus dramatiques de Germinal de M. Emile Zola.
Descendons dans le sous-sol du musée où M. Menessier a construit la décoration de ce drame avec une extrême habileté.
Voici l’entrée d’une véritable galerie de mine, s’ouvrant noire et profonde avec ses blocs de véritable charbon et ses étais qui ont été rapportés des profondeurs des puits d’Anzin. Tout est des plus exacts.
Avançons : tout à coup, par une large crevasse pratiquée dans la paroi, une lueur rougeâtre frange les yeux.
Un cadavre est étendu sur le sol fangeux, le crâne écrasé. A côté se détache sur le fond noir et comme un énorme rubis le bloc de charbon tout ensanglanté qui a servi à commettre le meurtre.
Allons jusqu’au bout de la galerie. Là, nous entrons en plein dans la scène si émouvante de la mort de Chavannes, un des héros de Zola.
La catastrophe vient d’avoir lieu. Chpssés parles eaux, Etienne, Chavannes et Catherine viennent de se réfugier dans une galerie sans issue.
Derrière eux, l’inondation monte sans cesse, bientôt elle va les rejoindre. Point n’est besoin de raconter la scène que tout le inonde connaît.
Menacée par Chavannes, Catherine s’est réfugiée auprès d’Etienne, qui, dans un accès de rage, a broyé le crâne à son rival avec un bloc de charbon.
Cet épisode de mort est rendu avec une réalité des plus saisissantes.
Dans le fond s’étend à perte de vue la galerie inondée, où l’eau suinte le long des parois d’où elle tombe avec un clapotis monotone : grâce à un trompe l’œil des plus ingénieux, l’eau, de la vraie eau, s’il vous plaît, semble monter, grandir et s’élever. Quelques lampes de mineur, accrochées le long des étais, éclairent le groupe.
A terre, Chavannes, le mineur robuste, à la barbe roussâtre. En face, campé avec une résolution farouche, Etienne, serrant contre sa poitrine Catherine qui, elle aussi, porte les vêtements de mineur.
Comme nous l’avons déjà dit, tout est vrai, tout est exactles blocs de charbon, les poutres, les étais, les lampes, les outils, jusqu’aux vêtements qui ont été portés par de vérirables mineurs.
Tous les jours, la foule s’empresse,curieuse et frémissante autour de ce spectacle si émouvant.
Du reste, ajoutons que le Musée Grévin inaugure sans cesse de nouvelles scènes à sensation. Citons encore l’amiral Courbet sur le pont du Bayard, une loge de danseuse à l’Opéra, Napoléon I pendant l’incendie de Mos
cou, véritables tableaux traités avec la plus grande réalité.