Boîte, ivoire, jade et argent et boîtes écaille
Voici près de trois siècles qu’une colonie d’éventaillistes parisiens émigra en Beauvaisis.
Andeville et les villages voisins, Mèru, Noailles, le Déluge, Sainte
Geneviève les virent bientôt croître et prospérer. En peu d’années, les ateliers se multiplièrent, des ate
liers quasi familiaux. Quelques artisans travaillaient autour de l’auteur des modèles, le patron, qui n’était qu’un des leurs, plus habile et devant la maîtrise duquel ils s’inclinaient. Chacun d’eux était spécialisé. Singulièrement indé
pendants, ils accomplissaient leur tâche à domicile, dans leurs rus
tiques mais coquettes maisons entourées de beaux jardins. L’élé
gance de leur métier les inclinait naturellement vers les arts et les passe-temps de l’esprit.
Et puis, vers le Second Empire, le machinisme commence son
œuvre. D’importantes industries s’installèrent et les jeunes gens abandonnèrent la patiente besogne traditionnelle pour s’engager dans les usines.
Vers 1880, il y avait encore à Andeville une soixantaine de petits patrons. Au bout de quelques années, on n’en comptait plus guère que quatre ou cinq. La belle main-d’œuvre se perdait peu à peu.
Toutefois, par un juste retour des choses, l’électrification intensifiée qui amène la force motrice à domicile, tend, depuis la guerre, à res
susciter les mœurs d’autrefois. Les petits patrons réapparurent. Leur nombre croît de jour en jour. Et certains regagnent leur chez-eux où ils travaillent sur des tours
Nacre et argent
GEORGES BASTARD
Voici près de trois siècles qu’une colonie d’éventaillistes parisiens émigra en Beauvaisis.
Andeville et les villages voisins, Mèru, Noailles, le Déluge, Sainte
Geneviève les virent bientôt croître et prospérer. En peu d’années, les ateliers se multiplièrent, des ate
liers quasi familiaux. Quelques artisans travaillaient autour de l’auteur des modèles, le patron, qui n’était qu’un des leurs, plus habile et devant la maîtrise duquel ils s’inclinaient. Chacun d’eux était spécialisé. Singulièrement indé
pendants, ils accomplissaient leur tâche à domicile, dans leurs rus
tiques mais coquettes maisons entourées de beaux jardins. L’élé
gance de leur métier les inclinait naturellement vers les arts et les passe-temps de l’esprit.
Et puis, vers le Second Empire, le machinisme commence son
œuvre. D’importantes industries s’installèrent et les jeunes gens abandonnèrent la patiente besogne traditionnelle pour s’engager dans les usines.
Vers 1880, il y avait encore à Andeville une soixantaine de petits patrons. Au bout de quelques années, on n’en comptait plus guère que quatre ou cinq. La belle main-d’œuvre se perdait peu à peu.
Toutefois, par un juste retour des choses, l’électrification intensifiée qui amène la force motrice à domicile, tend, depuis la guerre, à res
susciter les mœurs d’autrefois. Les petits patrons réapparurent. Leur nombre croît de jour en jour. Et certains regagnent leur chez-eux où ils travaillent sur des tours
Nacre et argent